Pour ce qui est des anticorps, c'est sur que le sang des invertébrés est très différent du notre, et qu'il ne contient pas de lymphocytes (
http://www.funsci.com/fun3_fr/sang/sang.htm). Mais ca n'empêche pas qu'il y ai des anticorps chez le ver de terre, produit ailleurs, car "on retrouve chez les invertébrés actuels, en particulier chez les annélides, les mollusques et les insectes, des éléments du système immunitaire qui partagent des caractéristiques communes avec ceux des vertébrés". (
http://www.snv.jussieu.fr/bmedia/ATP/coelom-ver.htm)
Cependant, tout ça ne nous dit pas si à un moment ou un autre, ce système immunitaire est mis à contribution pour la défense des plantes.
En tout cas, tout ceci me rappelle ce que Yann58 nous avait signalé il y a un an, à savoir qu'on avait observé que les vers de terre permettaient au riz de supporter les assauts des nématodes en aidant la plante à surexprimer ses propres gènes de defense immunitaire tout en contrôlant mieux celui du flétrissement.
(voir la
vidéo ). Karim Riman explique que
"
Le transit à travers le tube digestif du ver de terre perturbe les capacités physiologiques de nématodes à donner une descendance normale. Une microflore antagoniste serait activée lors du passage dans l’intestin du ver et la protéase responsable de ces perturbations dans le développement du peuplement des nématodes a été identifiée"
Sans avancer le rôle d'anticorps, on peut juste rappeler le rôle épurateur du lombric, mis en évidence par F. Raw (
Studies of earthworm populations in orchards) dans des vergers où le lombric fait disparaitre presque toutes les feuilles contaminées en une saison...
Sinon, il est connu qu'il y a des substance antibiotiques générées indépendamment des vers de terre dans le BRF ou le compost au cours de leur décomposition.
S'agissant de l'accroissement de la population de vers de terre avec le BRF, c'est vrai que c'est régulièrement affirmé mais qu'il y a rarement de comptage à l'appui. C'est sans doute très fastidieux et on préfère les témoignages indirects comme le comptage de trous de ver, ou les mesures d'infiltration d'eau (voir en particulier p.90 de l'étude de Noël dont au parle depuis le début de cette discussion). Au Canada, on a vraiment compté les vers mais c'est sur des parcelles cultivées en agroforesterie, c'est à dire où l'on alterne les cultures avec des rangs d'arbres. C'est donc un peu différent du BRF puisqu'on ne se contente pas d'épandre du bois fragmenté. L'impact positif sur les populations de vers y est constatée (
http://www.fao.org/DOCREP/ARTICLE/WFC/XII/0564-B1.HTM).
Le seul qui l'a vraiment fait, à ma connaissance, C'est Ruben Werquin. Il a étudié de façon précise l'impact du BRF sur la faune et la flore du sol et publié les résultats dans
cet article, en particulier pp. 38-42. Mais les résultats sont un peu compliqués à lire parce qu'il distinguent les 3 types de vers et que des labours interfèrent... je vous laisse regarder vous même.
Sinon, on a déjà eu plusieurs fois l'occasion de souligner la richesse des turricules de vers de terres d'après les chiffres de Blaise Leclerc.
Et il me semble qu'il est important de rappeler que toutes les matières organiques ne se valent pas. En particulier, les fumures composées de produits très affinés (complètement digérées) ne favorisent pas autant, voire pas du tout, la multiplication des vers parce qu'ils n'y trouvent pas une source de nourriture. Tout l'intérêt du BRF, des engrais verts, SSCV et autres techniques réside dans l'entretien permanent d'une espèce de litière fraiche.
Enfin, le ver de terre est une star, mais il ne faudrait pas qu'il éclipse les autres acteurs que le BRF favorise. D'après Larochelle, les sols cultivés ne contiennent que 25 à 50 % des espèces de la faune des sols forestiers. C'est aussi pour ramener de ces espèces qu'on épand un peu de forêt dans nos jardins via le BRF...