Quand je travaillais à la SNES (Station Nationale d’essais de semences) en Laboratoire d’Analyse Physique, Pureté spécifique on utilisait les noms stabilisé ISTA lors d’identifications de semences d’autres plantes.
Je ne peux que te conseiller la référence en la matière:
http://www.ars-grin.gov/cgi-bin/npgs/ht ... anguage=fr
Je me permets de citer la Nomenclature botanique, qui permettent de définir le nom scientifique correct des plantes.
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LES TAXONS, LA TAXONOMIE
Tout ensemble d'individus regroupés sous une même description, sous un même nom est un taxon. On a défini différents rangs taxonomiques, le rang de base constituant l'espèce [qui peut être découpée en sous-espèce (= subsp.), variétés (= var.), sous-variétés (= subvar.) et formes (= f.)). Les espèces sont regroupées dans des genres, les genres dans des familles.
L'art de la classification constitue la taxonomie : un même taxon peut être considéré comme une bonne espèce par certains botanistes, comme sous-espèce ou variété pour d'autres ; de même certains genres peuvent être découpés, ou d'autres regroupés ... La taxonomie présente donc une part d'incertitude pour la désignation du "nom scientifique" du taxon.
De plus en plus, en dehors de l'utilisation des caractères morphologiques classiques pour différencier entre eux les taxons, s'ajoutent des études biosystématiques ou "chimiosystématiques", par exemple : connaissance du nombre de chromosomes, résultats d'hybridations, ressemblance dans les tests biochimiques (diagrammes de protéines, d'isoenzymes, sérologie,...), etc.
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LA NOMENCLATURE
La Nomenclature est l'ensemble des règles définissant le choix d'un nom scientifique pour un taxon déterminé : ces règles sont données par le Code International de Nomenclature Botanique sous forme d'Articles (impératifs) et de Recommandations (facultatives). Donnons ici quelques indications :
1) On a fait débuter la Nomenclature en 1753 (Linné, Species Plantarum) : cet auteur a été le premier à utiliser la nomenclature binaire (nom du genre suivi du nom de l'espèce).
2) Le nom d'un taxon est défini par le nom de genre, suivi du nom de l'espèce et éventuellement du (ou des) nom(s) de la sous-espèce, var. ... Le (ou les) nom(s) de(s)l'auteur(s) ayant donné la description doit normalement accompagner la citation.
3) Il existe un Code particulier pour les plantes cultivées, pour lesquelles les botanistes préfèrent ne pas parler de "var." pour désigner des variétés "culturales" qu'on préfère nommer "cultivars" (ou "cv.").
4) Tout taxon doit être défini par un type nomenclatural auquel il faut toujours se référer et qui règle l'application du nom du taxon :
- type constitué le plus souvent par du matériel d'herbier, parfois par une illustration (avec analyse des caractères essentiels) ;
- l'échantillon original, désigné par l'auteur (ou utilisé seul pour sa description) est un holotype ; les isotypes sont des doubles quelconques de la récolte originale ; un lectotype est un type désigné postérieurement dans le matériel original d'un auteur ; un néotype enfin est un échantillon choisi arbitrairement si tout autre type fait défaut (mais s'accordant avec les indications de la publication originale, pour la description, la localisation, ...)
5) Tout taxon ne peut avoir qu'un seul nom correct, pour un rang taxonomique donné.
6) Pour retenir un nom, il faut d'abord que celui-ci soit valide :
- validement publié (texte imprimé et rendu disponible aux botanistes, ...)
- accepté par l'auteur (les noms "provisoires" ou les citations comme synonymes sont invalides, c'est à dire nuls et non-avenus !)
- accompagné d'une description ou au moins d'une diagnose (en latin après 1935)
- après 1953 un type nomenclatural doit être désigné ; etc.
7) Les noms illégitimes doivent être rejetés :
- un nom validement publié peut être illégitime parce que postérieur à un autre représentant le même taxon. Exemple : Alopecurus myosuroides Hudson (1762) est correct contre A. agrestis L. (1762). Linné citait Hudson (F1. Anglica, 1762) dans sa publication qui est donc postérieure !
- Un nom doit être rejeté parce qu'il est superflu du point de vue nomenclatural, car différent du nom qu'il aurait fallu obligatoirement adopter, selon les règles. Exemples :
. Festuca hirsuta Host (1802) - Host cite "Festuca halleri All." (1785) comme synonyme, nom qu'il aurait dû adopter, bien qu'il décrivît une autre espèce !
. Poa silvatica Pollich (1776) est un Festuca, mais on ne peut faire le transfert de l'"épithète" silvatica dans le genre Festuca en raison de l'existence d'un Festuca sylvatica Hudson (1762) pour une autre espèce. Le nom correct dans Festuca est F. altissima All. (1785).
. Triticum vulgare Vill. ou T. sativum Lam. sont superflus, car ils incluent les T. aestivum L. et T. hybernum L. (1753).
- Certains noms peuvent être rejetés, parce qu'ils constituent une source permanente de confusion, notamment quand ils ont été utilisés longuement dans un sens excluant le type nomenclatural. Exemples :
. Phleum nodosum L. a été généralement retenu pour désigner la "Fléole noueuse", diploïde (2n = 14) - espèce à gazon - alors que le type de Linné représente un P. pratense (hexaploïde, 2n = 42) un peu rabougri ! Ce nom P. nodosum est à rejeter (et à inclure dans la synonymie de P. pratense). Le premier nom correct pour la fléole diploïde semble P. bertolonii DC. (1813), dont le type d'herbier correspond sensiblement à ce taxon.
. Festuca elatior L. (1753) a été utilisé indifféremment pour désigner la Fétuque des prés (F. pratensis Hudson) et la Fétuque élevée (F. arundinacea Schreb.). On a pu établir, après discussions que le type de F. elatior L. correspondait à F. arundinacea, mais en définitive, ce nom "F. elatior" est rejeté unanimement comme "source de confusion permanente".
L'indication "auct., non" indique une erreur d'identification, "nom. ambig." dénote un nom ambigu (source de confusion) à rejeter et "nom. illeg." un nom illégitime.
8) Cas des divisions ou des réunions de taxons
Quand un taxon est divisé en plusieurs espèces (ou en taxons "infra-spécifiques"), le nom original doit rester pour la partie correspondant au type nomenclatural :
Festuca ovina L. : ce nom a été souvent utilisé au sens large. Si l'espèce est divisée en plusieurs espèces distinctes, le nom F. ovina L. doit rester pour la partie correspondant au type (espèce diploïde du Nord de l'Europe, décrite de Laponie).
Si Festuca pratensis Hudson est divisé en sous-espèces, il se crée automatiquement un F. pratensis subsp. pratensis correspondant au type de Hudson, décrit d'Angleterre qui est la Fétuque des prés diploïde (2n = 14).
Lors de la réunion de noms de même date, le choix effectué par le premier auteur ayant retenu un des noms en les réunissant doit être suivi. Exemple :
Linné avait créé un Triticum hybernum L. et un T. aestivum L. (1753) correspondant tous deux au blé tendre. Le nom correct cité actuellement serait T. aestivum L., Fiori et Paoletti (1896) ayant été supposés les premiers à avoir regroupé les deux noms en choisissant T. aestivum L. (incluant une var. hybernum). A vrai dire, le nom correct devait être T. hybernum L, Mérat (1824) ayant antérieurement regroupé les deux noms sous T. hybernum L. (incluant var. aestivum) !
Toutefois, pour certains noms d'espèces économiquement très importantes, il a été décidé que des noms "incorrects" pouvaient être conservés contre les règles, ce qui est le cas pour T. hybernum !
9) Cas de changement de genre ou de changement de hiérarchie
Une espèce peut changer de genre, une variété changer de rang, être élevée par exemple au rang de sous-espèce ou d'espèce, ou inversement une espèce peut être considérée comme simple variété d'une autre espèce. Par convention, lors du transfert, on rappelle toujours, entre parenthèses, le nom de l'auteur qui a donné la première appellation légitime (ou "épithète" légitime).
Le transfert doit respecter certaines règles : il faut qu'il soit possible, c'est à dire qu'il n'existe pas déjà un homonyme antérieur représentant un autre taxon ; il est en outre interdit de répéter la même épithète pour le nom de genre et de l'espèce. Exemples :
- Arundo phragmites L., transféré dans le genre Phragmites ne peut devenir Phragmites phragmites (L.) Karsten. Le nom correct est P. australis (Cav.) Steudel.
- Festuca maritima L. (1753), transféré dans le genre Nardurus devient Nardurus maritimus (L.) Murb. (Murbeck étant le premier à avoir proposé la "combinaison"), mais dans le genre Vulpia, il devient V. unilateralis (L.) Stace, basé sur Triticum unilaterale L. (représentant le même taxon) en raison de l'existence d'un Vulpia maritima Gray (1821) validement publié pour une toute autre espèce.
- Medicago polymorpha var. rigidula L. devient, au rang d'espèce, M. rigidula (L.) All
- Festuca apennina De Not., considéré comme sous-espèce de Festuca pratensis Hudson devient F. pratensis subsp. apnnina (De Not.) Hegi (sous-espèce tétraploïde, 2n = 28)
- Agrostis vinealis Schreber (1771), considéré comme une sous-espèce tétraploïde (2n = 28) de A. canina L. (diploïde) ne doit pas s'appeler A. canina subsp vinealis (Schreber) ..., mais A. canina L. subsp. montana (Hartm.) Hartm. (basé sur A. canina var. montana Hartm.), car l'épithète montana est la première disponible au rang de sous-espèce. Une épithète n'a de priorité que dans son propre rang.
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CONCLUSION
Il est difficile de s'étendre davantage sur l'ensemble des règles de la Nomenclature : certains cas posés sont assez difficiles à résoudre et il existe encore des discussions pour essayer d'améliorer la clarté de plusieurs articles du Code !
Il est cependant difficile de souscrire à l'opinion de certains pour lesquels ces discussions pour la recherche des noms corrects ne sont d'aucune utilité, ou bien ne constituent pas la "Science" ! En effet, la définition des noms acceptables par tous pour une dénomination correcte des taxons est un travail essentiel pour les échanges d'informations scientifiques pour la constitution de listes "stabilisées" du point de vue international (par exemple : listes de l'ISTA, Association Internationale d'Essais de Semences), mais également de listes nationales (par exemple : liste des espèces dont les cultivars sont inscrits au catalogue officiel du Comité Technique Permanent de la Sélection - CTPS - et figurant dans le Journal Officiel), car il convient que les noms adoptés ne soient pas en désaccord avec ceux qui seraient adoptés par un consensus international !
Faute d'appliquer les règles strictes du Code de Nomenclature, on pourrait voir un même nom utilisé par divers auteurs pour désigner des taxons très différents ; parfois, au contraire, on pourrait retenir pour un même taxon des synonymes différents (selon les habitudes, par exemples, des flores nationales plus ou moins anciennes dans chaque pays !).
Par exemple, le nom Festuca glauca Lam. a été utilisé par de nombreux auteurs pour désigner diverses Fétuques plus ou moins glauques, dont aucune ne correspondait d'ailleurs avec le véritable F. glauca Lam. ! On conçoit bien la confusion qui peut en résulter !
La recherche d'une stabilisation des dénominations est absolument nécessaire : même si cela ne constitue pas de la "Science", l'utilité en semble évidente.
Cette nouvelle version est issue d'un travail collectif de :
M.R. MANNINO
L. DRAGOS – P.PANNETIER
et de l'ensemble du personnel du laboratoire de pureté spécifique.