Re: Maladies des Acer, diagnostic et soins de culture.

De part leur culture contraignante et difficile, les érables du Japon méritent leur propre forum
reggy
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Re: Re: Maladies des Acer, diagnostic et soins de culture.

Message par reggy »

opusoculi a écrit : sam. 31 oct. 2020 20:53 Ce sont de belles racines, pas de quoi se plaindre.
Sur qu’il va bien pousser l’anné prochaine, et que tu vas devoir le rempoter à nouveaux fin février ! Et même couper les 2cm de racines très serrées en bas.
Merci Opus pour ces bonnes nouvelles,
Quand tu dis couper les 2 cm de racines en bas, tu fais ça comment? Un coup de ciseaux et j’ecarte avec les doigts?
C’est là où il y a les racines bien blanches.... c’est un peu flippant :D
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Re: Maladies des Acer, diagnostic et soins de culture.

Message par Misologue1 »

A ta place je ne couperais pas, c'est inutile car le système racinaire n'est pas assez dense et serré à cet emplacement : j'utiliserais simplement une griffe 3 dents pour écarter les racines, les décompacter, puis les réorienter vers l'extérieur à la main. Il est d'usage de donner 2 ou 3 coups de cutter verticalement tout autour de la motte lorsque les racines sont déjà épaisses, très serrées et encerclent le pot (chignon).

Ce que tu montres sur la photo est typique d'un manque d'arrosage l'été. Il est difficile de trouver l'été le juste compromis avec les Acer, et les racines ont tendance à filer en dessous ou sur les côtés, par les trous d'évacuation de l'eau, pour aller chercher l'humidité. Si ton substrat contient suffisamment de matériaux grossiers drainants, il ne faut pas hésiter à arroser tous les jours pour bien humidifier la motte sur toute la hauteur du pot. En cette période de plantation, je constate sur mes containers le même phénomène que chez toi : le substrat est parfois sec en profondeur, malgré les pluies incessantes de ces 2 derniers mois, et même dans les petits pots, le substrat est certes humide, mais jamais détrempé et ruisselant d'eau. C'est l'effet bénéfique des écorces de pin et de la pouzzolane (et de l'absence de tourbe... mais là il faut trouver un juste compromis pour assurer l'été une rétention d'eau suffisante...) : à hauteur de 40 à 50% dans les pots, elles empêchent l'eau de stagner !
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Re: Maladies des Acer, diagnostic et soins de culture.

Message par reggy »

Merci pour ce retour intéressant Misologue.
Oui, de (mauvaise) tradition j'arrose une fois par semaine. Cela m'arrange tout simplement et c'est plus simple, je peux m'y tenir sans oublier. La semaine c'est plus compliqué, déplacements, réunions etc...
Je vois que je devrais peut être augmenter la fréquence l'été prochain, surtout avec nos périodes chaudes et sèches actuelles. Peut être qu'un petit apport de mi-semaine suffirait.

J'avais commencé cette année par arroser un petit peu mais régulièrement mais j'ai constaté sur les grands sujets qu'ils faisaient la tronche et manquaient d'eau. La motte n'était pas complètement mouillée. Donc un bon arrosage qui laisse pisser par le dessous me semblait plus opportun. Surtout que j'ai adapté le substrat de mes acer pour y incorporer un bon niveau d'écorces (et pouzzo pour certains).

Si je griffe, cela va abimer les racines non? Si tu peux faire un petit tuto photo quand tu rempotes ces prochains jours je suis preneur! :D
ps: j'ai trouvé le terreau du père François sans tourbe, il a l'air génial, j'aime bien la texture.
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Re: Maladies des Acer, diagnostic et soins de culture.

Message par Misologue1 »

Un arrosage une fois par semaine ! Oula, c'est trop peu, à quoi bon assurer un fort drainage si c'est pour rester parcimonieux avec l'eau ? Surtout si ton substrat ne contient pas du tout de tourbe blonde qui assure une certaine rétention de l'eau. Je suis aujourd'hui partagé entre terreau universel sans tourbe ("or brun" est excellent mais cher si achat en grande quantité...) et terreau horticole (ou terreau de plantation) avec tourbe blonde. Pour les plus maniaques (comme moi), le mieux, je pense, est de rajouter manuellement au mélange (sans tourbe) 10 % de tourbe blonde pour une meilleure rétention de l'eau en été...

Quand tu observes le système racinaire sur le pourtour de la motte, tu remarques une répartition inégale, signe du mode de fonctionnement des racines : celles-ci recherche l'eau et la chaleur, elles forment des amas plus importants du côté favorable. Dans l'idéal, il faut que la motte reste constamment humide, été comme hiver, sans être ruisselante d'eau.

D'ailleurs, j'ai décidé cette année de ne pas protéger mes pots et containers de la pluie (c'est trop de travail pour ma collection de 300+ Acer) : depuis un an, je ne mets plus de pouzzolane au fond des pots et containers en guise de drainage, car j'ai remarqué que cela retient l'eau, j'assure une évacuation optimale avec des trous au fond et sur les côtés de bonne taille et j'augmente encore la quantité d'écorces de pin et de pouzzolane dans tout le substrat (entre 40 et 50% en calibre moyen pour les deux) pour que l'évacuation de l'eau soit la plus rapide possible. Avec un substrat pro (tourbe blonde irlandaise à fibre longue + écorces compostés ou fibre longue de coco + perlite), c'est encore mieux. L'important, comme d'ailleurs le répète souvent Opusoculi, est d'adapter la taille du pot ou du container à la quantité de racines pour que celles-ci puissent assurer par elles-mêmes le drainage : un érable tout jeune reçu en pot de 1,5 ou 3L et placé dans un pot trop grand pour lui, conservera forcément plus d'eau dans son substrat, car l'absence de racines bien réparties dans tout le pot ne pourra évidemment pas guider la flotte vers le fond... C'est le même principe avec les fibres longues de tourbe ou de coco !

L'usage de la griffe reste indispensable selon moi dans la majorité des cas : elle a l'avantage de laisser le système racinaire intact (pas de coupe) tout en permettant un très bon démêlage, il suffit de procéder avec patience et douceur. Tu enfonces les griffes dans le substrat et tu tires doucement vers toi pour détacher la terre et libérer les racines, c'est facile et beaucoup moins stressant pour la plante. Après, un certain ROEBUK, sur le forum Maples du site 'UBC Botanical Garden', explique que le raccourcissement des racines tous les 3 ou 4 ans a pour effet de régénérer le système racinaire des Acer en pot, ce qui améliore d'après lui les couleurs au cours de la saison. La taille aérienne aurait le même effet, en particulier sur les cultivars panachés. Le stress serait l'un des paramètres qui stimulent la croissance et la coloration d'un Acer. J'ai des doutes (il est facile de confondre la cause et l'effet...), mais bon, pragmatiquement pourquoi pas ??? Lorsqu'on voit la beauté de ses Acers, on veut bien le croire ! Je ne sais pas ce qu'Opusoculi en pense... S'il peut nous donner son avis puisqu'il a la même pratique.

Ok, j'ai encore quelques spécimens à rempoter, en plus de ceux que je vais recevoir en motte, je mettrais des photos avant/après.
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Re: Re: Maladies des Acer, diagnostic et soins de culture.

Message par reggy »

Fort intéressant Misologue, merci.
Je viens juste de trouver le terreau sans tourbe, donc pour l’instant ils sont tous avec terreau de plantation et écorces (sauf gros Seyriu que je dois faire cette année).
Pour l’hiver je suis comme toi (sauf que j’ai une collection ridicule :roll: ), je vais en laisser beaucoup dehors avec simplement des ardoises sur les pots pour limiter la pluie. Seuls les sujets fragiles ou blessés sur les parties aériennes seront à l’abri.
J’attends avec impatience ton tuto griffage :D tu fais bien de préciser qu’il faut y aller doucement...j’avais tendance à tout arracher comme un bourrin..... :?
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Re: Re: Maladies des Acer, diagnostic et soins de culture.

Message par reggy »

Et pour comparaison, voici le système racinaire d'un dissectum placé à trois mètres et bien à l'ombre à partir de 12h00.
On voit clairement que c'est mieux et qu'il a moins cherché l'humidité que l'Ornatum situé au soleil une bonne partie de la journée.
Bon ok il y en a quand même pas mal en bas...

Pareil: rempoté en début d'année il va également l'être de nouveau.......il a tout colonisé! :shock:

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Re: Maladies des Acer, diagnostic et soins de culture.

Message par Misologue1 »

Encore une chose concernant la taille du système racinaire (et des parties aériennes) : si cette opération paraît nécessaire pour conserver longtemps un spécimen dans le même pot et, vraisemblablement, stimuler sa croissance et ses couleurs typiques, elle n'est pas sans incidence sur sa durée de vie. Tout stress causé à un Acer (trop ou pas assez d'eau, trop de soleil, hygrométrie insuffisante, coupe des parties aériennes qui sont des portes béantes pour les bactéries, pollution de la terre, j'en passe...) participe à lui raccourcir sa durée de vie ! Les spécialistes européens le savent bien, qu'il s'agisse de Dirk van Gelderen de chez Esveld ou de Dick van der Mack : un Acer greffé en pleine terre, dans de bonnes conditions de culture, peut vivre plus de 50 ans. En fait, il n'y a pas de limites connues à cette durée de vie : j'ai vu à Boskoop, des érables greffés en pleine terre âgé de bien plus de 50 ans, 80 et plus, et en pleine santé ! Allez visiter le jardin du Vasterival ou, encore mieux, le Westonbirt arboretum en Angleterre, vous y verrez nombre d'érables greffés centenaires ! Voilà pourquoi je n'aime pas la culture en pot, qui ne devrait jamais être qu'une étape (la plus courte possible) dans l'acclimatation de l'Acer à ses conditions de vie... Il y a toute une réflexion a mener sur cette recherche effrénée de nouveaux cultivars, aux couleurs toujours plus étonnantes, mais à quel prix ! En condition "normale" de culture, ces couleurs de tiennent souvent que quelques saisons puis finissent par disparaitre une fois que l'arbre a trouvé les conditions optimales de sa croissance. Il n'y a que dans un milieu artificiel, avec des pratiques "agressives", que l'arbre est amené à réagir par des mécanismes de défense, comme des couleurs, des panachures, parfois spectaculaires...
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Re: Re: Maladies des Acer, diagnostic et soins de culture.

Message par opusoculi »

Merci pour tes réflexions.
Tu peux ne pas aimer les cultures en pots et nous pouvons les apprécier sans porter préjudice à tes goûts.
Westonbird est un lieu exceptionnel pour son sol et son étendue gigantesque en fait un milieu parfait. C’est probablement le plus bel arboretum du monde. Mais ce modèle n’est pas applicable partout.
Il n’y pas d’érable centenaire au Vastérival puisque le jardin de la Princesse Sturdza est de création plus récente; je me permets de rectifier. Les premiers érables plantés ont étés remplacés par de plus beaux et des mieux adaptés.
Notons aussi qu'il existe nombre de bonsai centenaires . Tout amateur ne peut pas espérer que ses premiers bonsai atteindront cet âge vénérable.

« Il y a toute une réflexion à mener sur cette recherche effrénée de nouveaux cultivars aux couleurs toujours plus étonnantes et à quel prix ! « 
J’en suis convaincu .
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Re: Maladies des Acer, diagnostic et soins de culture.

Message par samuel8 »

Réflexions intéressantes, débat intéressant.
Je pensais aussi aux bonsais, les bonsais d' érables Japonais sont rempotés généralement tous les 2 ans avec taille des racines, leur partie aérienne est bien entendu taillée très souvent et il y en a de très vieux.
Après, est ce une généralité ou des exceptions ? En tous cas je n'ai rien lu sur le fait que ça raccourcissait leur vie.
De ce que j'ai cru comprendre, Opusoculi, tu serais plutôt enclin à penser que la taille des racines pour les érables en pot favoriserait leur vitalité et augmenterait leur longévité, c'est bien ça ?
Mais j'aurais tendance à penser que les érables plantés en pleine terre (plantés dans de bonnes conditions) vivent plus longtemps que ceux en pots, mais c'est juste une réflexion d'amateur sans réelle preuve de quoi que se soit. Simple réflexion entre espace de culture artificiel et réduit (culture en pot) et espace naturel. Mais j'imagine qu'on peut facilement contredire ce que je viens de dire en disant qu' une très bonne culture en pot sera toujours meilleure qu'une culture en pleine terre médiocre.
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Re: Re: Maladies des Acer, diagnostic et soins de culture.

Message par opusoculi »

C’est un peu plus complexe, car il faut tenir compte de l’aptitude à durer de chaque cultivar; les espèces entières ont l’aptitude de durer, mais pour les cultivars certains oui et pour d’autres c’est plus incertain.

Tu nous as communiqué les problèmes récurrents rencontrés par un maître de bonsai avec Acer palmatum ‘deshojo’. Il constatait après un petit nombre d’années que des problèmes apparaissaient sur tous les sujets. Il décrivait une maladie (pourriture des branches) dès que l’air est humide et des branches qui périclitent de façon imprévue. Il avertissait , la durée dans le temps de ce cultivar n’est pas garantie.
J’ai un ‘deshojo’ en pleine terre depuis 17 ans, il pousse sans maladie mais sa forme de grand buisson se dégarnit n’importe oû , les abandons le défigurent. J’envisage de le rabattre pour le rajeunir ou de le remplacer si je n’obtiens pas une sorte de rénovation , à moins que la forme redevienne intéressante à voir.

Acer palmatum ‘katsura’ est un magnifique cultivar. Quand il est jeune la force de ses pousses produit des couleurs printanières dorées, mais avec l’âge il est moins glorieux. Il faut diminuer le nombre des branches et des pousses pour prolonger quelques années le spectacle; encore faut-il lui donner une forme qu’il ne prend pas tout seul. Il n’est pas facile d'obtenir longtemps à la fois la couleur des jeunes pousses et une belle forme de petit arbre.

Au contraire, linearilobum ‘koto no ito’ montre dans des milieux différents une aptitude à durer et avec une forme assez haute et naturellement gracieuse. Un plant greffé planté en sous-bois clair se colore régulièrement en automne.
Le cultivar italien linearilobum ‘villa Tarento’ n’est pas des plus séduisants quand il est jeune, ses couleurs d’automne paraissent modestes. J’ai vu des grands sujets bien implantés qui montrent que ce cultivar se révelle avec l’âge autant par sa couleur que par la forme qu’il prend tout seul; il abandonne les branches du bas, il suffit de l’accompagner.

Les dissectum âgés sont des pièces impressionnantes de beauté dans les arboretum et dans les jardins aussi. Quand on peut voir de vieux sujets déracinés pour les transplanter (je n’ai vu que des photos), il est surprenant de voir que leurs nombreuses racines restent groupées, elles ne s’étendent pas loin de l’aplomb du feuillage comme le font celles des palmatum type. Dans ce cas de racines nombreuses, serrées et assez courtes, la qualité du sol compte beaucoup dans ces cas de réussite de vieux sujets. Je me demande toujours s’ils sont greffés et sur quel porte greffe ou si ce sont des sujets obtenus de semis sélectionnés.
(Note: Les dissectum obtenus de graine ont une pousse très lente, leur observation montre que leurs racines sont courtes et moins longues que celles des palmatum. Avec quelques années leurs racines se multiplient mais ne paraissent pas conquérantes; comparaison: un peu comme celles des cornus.
Avec un dissectum greffé sur palmatum et en pot on ne peut pas faire cette observation).

Ces quelques observations incomplètes (20 ans et 30 sujets ne suffisent pas) mais j’avance que les Acer sont des arbres avec d’importantes variations et aptitudes selon les groupes et cultivars. Il me parait difficile d’obtenir partout de tous les sujets leur complet développement dans la durée.

On sait quel sol/substrat est favorable à leur croissance, on sait quelles maladies les atteignent et on sait quels cultivars ont fait leurs preuves.
Je fais avec ça sans me lancer tête baissée dans la plantation de nombreux sujets dans mon jardin , la terre ne convenant qu’à quelques endroits je me contente d’une dizaine en pleine terre. Les autres sont en pots, particulièrement les amoenum. Ce sont aux Japon, des arbres assez hauts ; ici le vent et l’air sec les dessècherait en fin d’été; je ne connais pas d’amoenum haut de 7 à 8 m en France (il y a peut être une raison)(il y en à Westonbirt). Je les cultive bas , en pots, et tous de graine; les variations colorées sont étendues et intenses, il est même assez facile d’obtenir un sujet semblable au réputé ‘hogyoku’.
Si quelqu’un obtient des grands amoenum de 20 ans qui conservent leurs feuilles et se colorent en automne, je tirerai mon chapeau et le féliciterai de bon coeur.
Mais rassurez-vous,
il est possible de cultiver beaucoup d'érables en pleine terre même si le sol n’est pas parfait. Dans ce cas leur développement sera lent , il faudra des années et il faudra accepter cette durée au cours de laquelle ils paraitront décevants. J’illustre ce cas avec l’arboretum de Emery en basse Normandie posté sur UBC. Il est en train de devenir magnifique, pas tant par la beauté de chaque arbre que par la diversité et la rareté des espèces plantées; l’ensemble deviendra surement superbe.
Et puis, il peut se produire des surprises comme cet énorme ’sango kaku’ âgé âgé de 45 ans dans le Hampshre GB, postée par Acerotic sur UBC forum; sans que l’arbre ait des branches corail en hiver comme on les souhaiterait, mais quand même ... (la vignette ne peut pas s’agrandir)

Ce sont ces succès pas toujours immédiats que je vous souhaite à toutes et tous.
Pièces jointes
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Re: Maladies des Acer, diagnostic et soins de culture.

Message par opusoculi »

Misologue1 a écrit : mar. 03 nov. 2020 5:12 .../...
un certain ROEBUK, sur le forum Maples du site 'UBC Botanical Garden', explique que le raccourcissement des racines tous les 3 ou 4 ans a pour effet de régénérer le système racinaire des Acer en pot, ce qui améliore d'après lui les couleurs au cours de la saison. La taille aérienne aurait le même effet, en particulier sur les cultivars panachés. Le stress serait l'un des paramètres qui stimulent la croissance et la coloration d'un Acer. J'ai des doutes (il est facile de confondre la cause et l'effet...), mais bon, pragmatiquement pourquoi pas ??? Lorsqu'on voit la beauté de ses Acers, on veut bien le croire ! Je ne sais pas ce qu'Opusoculi en pense... S'il peut nous donner son avis puisqu'il a la même pratique.
En pot, le raccourcissement des racines des Acer d’un certain âge simplifie la longueur du parcours de la sève, c’est le but principal.
-D’une part, la longueur des racines enchevêtrées exige un effort que nous n'imaginons pas , si vous deviez depuis votre balcon aspirer une boisson avec une paille et que cette boisson se trouve au rez de chaussée, vous vous rendriez compte de la lenteur du débit et de l’effort à produire; vous préfèreriez vous rapprocher de votre boisson. C’est ce que l’on fait en raccourcissant le parcours des racines des érables en pot.
-D’autre part, cette opération permet de renouveler le substrat plus ou moins épuisé. Le bénéfice est certain.
Sur ce plan 2 méthodes: on peut alterner les deux.
*la première incomplète consiste à couper le fond (galette) et à réduire le volume global en coupant ou griffant les bords. J’interviens sur des sujets de 7 ans, pas avant.
*la deuxième plus profonde consiste à démèler puis à enlever complètement le vieux substrat avec un jet d’eau pour dénuder entièrement les racines ce qui permet de re-ordonner leurs divisions , de diminuer leur longueur et de remplacer le substrat au centre de l’ancienne motte. C’est ce que fait ‘Roebuck' UBC forum.
Ce renouvellement est particulièrement efficace, c’est la méthode appliquée pour les bonsai et je l’applique aussi mais c’est du boulot !
Jamais de puis 20 ans, je n’ai eu de problème de reprise avec cette façon de faire, ‘Roebuck' comme les spécialistes des bonsai non plus. C’est ce qui permet de conserver un Acer en pot longtemps , c.a.d avec un système racinaire jeune et efficient; dans mon cas ça s’arrêtera quand je ne pourrai plus faire le boulot ...

Nous avons tous une sorte d'appréhensions, probablement culturelles, à toucher ce qui est ordinairement caché, les racines-mystère => "moi pas leur faire de mal". Un processus souterrain, difficile à expliquer provoque des hypothèses, des thèses, nous nous livrons à des explications plus ou moins justes.
Une longue compagnie avec les racines des arbres de toutes sortes me les rend depuis plus de 50 ans presque familières.
-Il y a t-il stress suite à la réduction des racines pendant la dormance? Peut-être, ou peut-être le disons-nous par commodité de langage. Je préfère dire que toute suppression sur un arbre provoque le remplacement. Quand on coupe une racine d’arbre en pleine terre, il s’en produit 2 qui se développent à 90° par rapport à l’axe coupé (cas général), en pot c’est moins systématique et les nouvelles racines s’orientent vers le côté le plus chaud. Et quand on taille une branche on sollicite un nouveau prolongement, parfois 2. Voila ce que nous provoquons en réduisant racines et branches.
- Est ce que cela améliore directement la couleur des pousses ? Je ne le dirais pas comme ça. La taille des branches simultanée à la réduction des racines diminue le nombre de bourgeons à nourrir et des pousses mieux alimentées sont un peu plus colorées (peut-être se détachent-elles mieux et nous paraissent plus belles) quoiqu’il en soit , mon but est d’abord de conserver des érables en pots longtemps en bonne santé; quand les racines vont tout suit.
La taille de simplification des branches supprime nombre de bourgeons qui se seraient mis à fleur, ce qui donne un meilleur aspect général aux pousses de printemps d’un arbre âgé , cette amélioration est plus visible encore la deuxième année après l’intervention car des petits rejets se produisent en amont des terminaisons florales; ces rajeunissements donnent une impression de fraicheur, vivacité, netteté, couleur a un arbre qui commence à avoir un aspect âgé.
Pour cette dernière taille, j’applique ce que l’on fait sur les arbres fruitiers à pépins pour rajeunir des branches fruitières trop longues et obtenir moins de fruits mais plus beaux.
Rappel pour les nouveaux lecteurs:
les arbres débourrent au printemps en utilisant les réserves de nourriture concentrées dans le tronc, les branches et les grosses racines principales également, les jeunes racines se forment peu à peu en utilisant le surplus de sève qui redescend des bourgeons se déployant (tout le circuit se met en route du bas en haut et du haut vers le bas sans que les jeunes racines blanches commencent à nourrir les bourgeons.
‘Roebuck’ fait des rempotage dès la chute des feuilles, en hiver jusqu’en février . Le nombre impose un échelonnement je pense.
Je fais 15 gros rempotages fin février jusqu’au 10 mars dernier dernier délai vraiment.

-Opérer par temps couvert de préférence, jamais au soleil ni au vent.
-Ne pas commencer tant que tous les matériaux et outils ne sont pas à disposition.
-Le lavage des racines consomme de l’eau, choisir un endroit où l’eau pourra s’écouler.
-Quand les racines sont nues , leur longueur apparait, la sinuosité de leur parcours saute aux yeux, il est plus facile de comprendre où tailler.
-Le sécateur doit être aiguisé et réglé pour faire des coupes franches et nettes. Utiliser un vieux sécateur ébrèché rouillé est une mauvaise économie
-Le chevelu est souvent abondant surtout en haut de la motte. Ce sont des racines quasi annuelles , on peut en supprimer les 2/3 sans crainte. Un nouveau chevelu se développera à partir de celui que l’on laisse. (Le chevelu se développe par périodes, par temps très humide et assez chaud, il contribue à nourrir pendant un moment favorable puis meurt ensuite, il peut il y avoir plusieurs périodes favorables par an. Ceci n’est pas spécifique aux cultures en pots).
-Ne pas couper trop court les grosses racines principales et leurs divisions, ce sont elles qui absorbent de l’eau ; les racines jeunes dites blanches absorbent les nutriments, chaque type de racine a une fonction.
mais si on remarque qu’un pivot central s’est formé allant vers le bas, il vaut mieux le supprimer. En bonsai on ligature le pivot et il dépérit.
-Il faut veiller à remplir de substrat les vides entre les racines, on pousse avec une baguette ou un bâton plus gros si nécessaire pour tasser un peu mais pas trop fort. On secoue le tronc pour faire passer le substrat.
-L’arrosage est immédiat, par couches pour aider au tassement dans les grands conteneurs sans inonder.
-Puis on taille, la réduction des branches est proportionnelle à la réduction des racines, si on ne le fait pas l’arbre peut se trouver en peine dès avril et réduire sa pousse avec des feuilles qui restent plus petites que la normale..
-Je mets le pot à l’abri des courants d’air et du soleil pendant 10/15 jours environ. Le soleil pourrait provoquer une liquéfaction de la sève trop rapide.
Je n’arrose pas pendant ce délai à l’issue duquel je place au soleil.

Note: ‘Roebuck’ a un sol exceptionnel et nourrissant, tout réussit parfaitement et vite. Pour les pots il utilise de très bons substrats vendus en Grande Bretagne. Il a montré des arbres lors de leurs rempotage, nombre de racines qui partent du collet forme des touffes impressionnantes et très faciles à étaler , des vieux dissectum qui prouvent qu’il sait conduire les racines sur le long terme. En pleine terre il remanie assez souvent ses plantations , ce qui aère le sol tout en renouvelant les racines.
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CHANIWA
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Re: Re: Maladies des Acer, diagnostic et soins de culture.

Message par CHANIWA »

Merci Opus, très intéressant !
Je te souhaite de pouvoir faire ces opérations le plus longtemps possible, quelque part c’est aussi te faire du bien à toi-même.

Qu’entends-tu par : « En pleine terre il remanie assez souvent ses plantations , ce qui aère le sol tout en renouvelant les racines.«  ?

Est-ce qu’il déplace ses érables, ou creuse autour pour remplacer les jeunes racines et en profiter pour combler par un substrat plus riche pour stimuler les nouvelles racines ?
Tomasan
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Re: Maladies des Acer, diagnostic et soins de culture.

Message par Tomasan »

Ha oui super intéressant ! Je me pose les mêmes questions que Chaniwa....

Si un jour tu as besoin d’aide 😉 je pense ne pas habiter trop loin !
opusoculi
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Re: Re: Maladies des Acer, diagnostic et soins de culture.

Message par opusoculi »

CHANIWA a écrit : sam. 07 nov. 2020 9:05 Merci Opus, très intéressant !
Je te souhaite de pouvoir faire ces opérations le plus longtemps possible, quelque part c’est aussi te faire du bien à toi-même.

Qu’entends-tu par : « En pleine terre il remanie assez souvent ses plantations , ce qui aère le sol tout en renouvelant les racines.«  ?

Est-ce qu’il déplace ses érables, ou creuse autour pour remplacer les jeunes racines et en profiter pour combler par un substrat plus riche pour stimuler les nouvelles racines ?
‘Roebuck' déplace ses érables, mais attention, pas tous les ans !
Lors de l’arrachage, la majorité des racines viennent presque en même temps, serrées en touffe . Cela est du à la granulométrie du sol qui ne colle pas et
l'épaisseur de terre arable semble être 40/50 cm. Quand il pleut beaucoup, il poste des photos de flaques, mais il se met au boulot peu de temps après, le sous-sol a absorbé.
Dans un sol argileux collant, les racines ne restent pas aussi groupées à partir des racines principales, elles filent et se dispersent assez loin. Si dans une terre argileuse on déplaçait les érables, une grande partie des racines seraient coupées à 40 cm du tronc, il en resterait trop peu. Sans un très bon sol de jardin, il est hors de question de faire la même chose que ‘Roebuck'.
Il les déplace pour, dit-il , améliorer l’ensoleillement ou le modérer selon ce qu’il a obtenu l’année précédente et en le faisant il favorise le regroupement des racines bien organisées en éventail dense. Et comme, au cours de la transplantation, le sol est aéré et enrichi, les bénéfices se conjuguent.
Le résultat est admirable mais la méthode ne peut pas être appliquée partout ; d’autant que le climat humide et frais du Yorkshire tourné vers la Mer du Nord en face des Pays Bas est aussi un avantage. (illustration)

La photo de l’arboretum de Emery en basse normandie montre ce qui se passe dans un sol argileux de prairie, c’est plus ingrat. Les arbres soufrent dans une prairie ensoleillée, les colorations automnales sont plus précoces que dans une bonne terre de jardin pourtant plus au nord .Ce n’est pas le même projet, il faut plus de temps .

Merci pour vos agréables mots .
@Tomasan. Pourquoi pas ! Une journée à l’autre bout de la Gironde, si ça te tente, ça me plairait de te rencontrer.

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Tomasan
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Re: Re: Maladies des Acer, diagnostic et soins de culture.

Message par Tomasan »

opusoculi a écrit : sam. 07 nov. 2020 12:48 Merci pour vos agréables mots .
@Tomasan. Pourquoi pas ! Une journée à l’autre bout de la Gironde, si ça te tente, ça me plairait de te rencontrer.
Avec Grand plaisir ! Je ne manquerai pas de te faire signe en période plus sereine, je serais ravi de te rencontrer et te donner un coup de main !!
Misologue1
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Re: Maladies des Acer, diagnostic et soins de culture.

Message par Misologue1 »

@Opusoculi :

Avec le nouveau confinement et le télétravail, il est difficile de consacrer le temps qu'il faut à la rédaction d'une réponse détaillée... Qui plus est j'ai enfin terminé dimanche les travaux dans une partie du jardin et je peux revenir sur la discussion.

Intéressante ton intervention Opusoculi, comme d’habitude ! Mais je suis désolé, je ne pourrais te suivre jusqu’au bout sur le terrain de cette vérité pragmatique et utilitariste que tu défends dans tes trois derniers messages. Ma réaction (elle n’a nulle prétention à représenter la vérité absolue) est la suivante : ce que l’expérience, fondée sur des observations (répétables ?), tend à présenter comme lois de la nature et causes premières, n’est le plus souvent que l’effet d’accidents, d’anomalies, voire d’interprétations en rapport avec des conditions culturales encadrées et restrictives, mais que des connaissances peuvent juger discutables (néfastes ?), non seulement sur la morphogenèse racinaire et aérienne des Acer, mais aussi, par voie de conséquence, sur leur durée de vie. Malgré la clarté du propos, l’intérêt pratique indéniable des informations, il y a fondamentalement pour moi un problème de méthode (le constat empirique ne peut précéder l’explication scientifique) et placer son discours au terme de mécanismes complexes en observant des effets (hasardeux ?), dans des conditions assez problématiques, ne peut suffire à justifier une explication causale générale.

Pour y voir plus clair, je vais donc adopter une méthode exactement inverse de la tienne et rappeler ce que l’on sait, à l’heure actuelle, sur la physiologie des Acer, pour en tirer ensuite des conclusions par rapport à tes observations (intéressantes, je le répète) et à mon problème de départ concernant leur durée de vie théorique et le problème de la culture en pot (bonsaï y compris).

Nous savons que le système racinaire d’un Acer, comme celui de toute plante ligneuse, possède la triple fonction de nutrition, d’ancrage dans le sol, et de stockage des nutriments (les réserves). Le système aérien s’occupe de capter l’énergie (photosynthèse) et assure la respiration ainsi que la transpiration. Selon une approche systémique, bourgeons et feuilles jouent surtout un rôle essentiel dans la croissance, le développement et la régénération des racines (nous détaillerons cela plus loin). Il existe une corrélation entre le système racinaire et les parties aériennes d’un Acer et tout évènement traumatique qui affecte le développement aérien (producteur de glucide) a des conséquences importantes et durables (y compris sur le plan de la mémoire génétique) sur le développement racinaire. Inversement, toute destruction racinaire, même partielle, accidentelle ou volontaire (taille), entraîne une diminution de l’alimentation hydrique et minérale mais surtout de diverses synthèses essentielles à la morphogenèse. La bonne santé d’un Acer, mais aussi et surtout son développement morphogénétique, sont conditionnés par le fragile équilibre entre le développement aérien et le développement racinaire. Bref, c’est la relation entre la morphogenèse aérienne et la morphogenèse souterraine (ou rhizogenèse) qui est la clef de compréhension de la croissance et du développement d’un Acer.

Pour comprendre la morphogenèse d’un Acer et les dégâts qu’occasionnent inévitablement certaines pratiques culturales sur le modèle architecturale de son espèce, il faut donc pouvoir expliquer les corrélations de croissance, de développement et de vieillissement qui interviennent au niveau de chacun des deux systèmes concernés, racinaire et aérien, mais aussi et surtout entre eux ! Ce sont les bases de l’analyse morphologique, que l’on retrouve par exemple chez Raimbault et Tanguy (1993). L’architecture d’un Acer est le "résultat du fonctionnement de ses méristèmes apicaux, aériens et souterrains" (cf. F. Hallé). Autrement dit, les différents types d'organes d’un Acer (racines, tiges, feuilles, bourgeons, fleurs) entretiennent des relations qui stimulent, inhibent ou modifient sa croissance et son développement (rôle des phytohormones). J’en avais déjà parlé dans un autre message : ces relations, appelées corrélations de croissance, sont à l'origine de la hiérarchisation des axes qui permet à l'arbre d'avoir la morphologie et la dimension qui sont propres à son espèce, dans le milieu aérien comme dans le milieu souterrain.

D’autre part, la morphologie d’un Acer dépend d’un équilibre "entre des processus endogènes de croissance et des contraintes extérieures exercées par le milieu" (cf. Oldeman), y compris le milieu humain, lequel peut évidemment provoquer un processus de vieillissement accéléré. Cette morphologie dépend donc en partie seulement des caractéristiques génétiques de l’espèce. Morphogenèse et génotype peuvent être modifiés suite à des variations des facteurs environnementaux (eau, lumière, température, hygrométrie, vent, mais aussi action de l’homme…). Toute "séquence de développement" d’un Acer, inhérente au fonctionnement normal de ses méristèmes, peut être modifiée, temporairement ou définitivement, par l’action exogène du milieu et de la main de l’homme ! Ainsi, des individus d’une même espèce peuvent avoir une morphologie différente en fonction des accidents qui jalonnent leur développement ou des interventions humaines plus ou moins traumatisantes. Un Acer verra son âge chronologique modulé, voire complètement modifié, par son âge ontogénique ou physiologique, indicateur impartial de son stade de développement. Typiquement, un bonsaï peut avoir, chronologiquement, un âge relativement jeune, paraître en bonne santé par un "rajeunissement" forcé régulier de son système racinaire et aérien (illusion formidable savamment entretenue), et pourtant être en état de sénescence avancée, voire de mort "cérébrale", comme un grand malade sous perfusion permanente…

Pour donner sens à tes observations, il convient maintenant de rentrer dans le détail du fonctionnement global d’un Acer en apportant quelques explications sur la structure et le développement de chacun des deux systèmes, aérien et racinaire. Vous verrez, vous allez au devant de grosses surprises, qui contredisent nombres de nos croyances et mettent à mal beaucoup de nos pratiques... Je ne peux malheureusement en dire plus ce matin.
Misologue1
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Re: Maladies des Acer, diagnostic et soins de culture.

Message par Misologue1 »

La suite des explications (pour le système aérien), les cas concrets vont suivre ainsi que les corrélations au niveau racinaire...

Il nous faut d’abord expliquer comment fonctionne un Acer non perturbé, n’ayant subi aucun accident, ni élagage, ni taille. Son développement exprime l’architecture propre à son espèce. Aucun spécimen d’Acer ne peut ressembler parfaitement à un autre individu de la même espèce, pourtant, dans des conditions similaires et en supposant qu’ils aient suivi un processus de développement normal (ni ralenti, ni perturbé), tous seront conforme au modèle architectural de leur espèce. Le développement architectural d’un Acer est composé d’étapes qui sont des séquences ordonnées d’événements morphologiques modifiant sa structure. Je vais y revenir plus loin.

A ce stade il est important de ne pas confondre la croissance d’un Acer, qui correspond à l’augmentation d’un caractère (allongement des tiges ou des racines, accroissement progressif de la hauteur de la cime et de la couronne des racines, accroissement de l’épaisseur du tronc, des branches, etc…) avec son développement, qui correspond à l’apparition ou à la disparition de caractères, c’est-à-dire à la transformation progressive de la structure et du fonctionnement de l’arbre tout au long de sa vie (formation des branches, réitération, modification des formes foliaires, floraisons, etc…).

Cette différence a son importante lorsqu’il est question de juger de l’impact des facteurs exogènes sur la structure, voire sur la santé d’un Acer : c’est à ce niveau sans doute que se situe la part d’interprétation de ce que doit être un " arbre normal ". Chaque variété et cultivar possède sa propre " séquence ontogénétique ", indépendante de l’environnement local. C’est elle qui doit normalement servir de référence à un développement optimal. Pourtant, beaucoup continue de penser que la référence, c’est l’arbre qu’ils ont acheté à partir de certains critères esthétiques subjectif, alors même que leur spécimen est déjà plus ou moins perturbé par le conditionnement/stockage et plus tard par le nouvel environnement pédologique, climatique, etc… Cette réaction humaine participe à fausser le jugement ! Evidemment, le développement d’un Acer est lui aussi touché par des facteurs exogènes, mais il est plus difficile de démêler objectivement la part qui revient à la dynamique interne de son développement de celle qui trouve son origine dans le milieu de vie… Même perturbé au départ, le développement morphogénétique peut reprendre si les conditions culturales s’améliorent, avec les déceptions qui vont alors en découler… Les apparences sont parfois trompeuses. J’aurais des exemples à vous donner. Dans les observations faites par Opusoculi, je ne pouvais oublier cette " dure " réalité…

Il faut donc d’abord tenir compte des paramètres qui évoluent en fonction des phases de développement de l’Acer, de sa jeunesse jusqu’à la sénescence.

Lors d’une première phase (la jeunesse de l’Acer : de 1 an à plus ou moins 7 ou 8 ans, parfois 10 ans pour les cultivars les plus lents), l'Acer élabore successivement tous les types d'axes que son programme morphogénétique lui permet d'élaborer (réalisation de l'unité architecturale) : son développement est strictement hiérarchisé, c’est-à-dire que les corrélations de croissance entre chacun de ses organes (racines, tiges, bourgeons, feuilles) vont hiérarchiser ses axes. Une dominance, c'est-à-dire un effet régulateur et organisateur va agir sur l'ensemble de l'arbre d’abord, puis seulement sur son sommet. La croissance est dite " accélérée ".

Les Acer possèdent une croissance monopodiale orthotrope : le " contrôle apicale ", c’est-à-dire l’inhibition exercée par l’apex de la tige sur les bourgeons latéraux, provoque la reprise de la croissance la saison suivante des bourgeons terminaux de chaque axe, lesquels synthétisent une substance appelée auxine qui est cause du port plagiotrope (plus ou moins horizontal ou oblique) des ramifications secondaires dominées. Ce processus rythmique donne les différents axes : l’axe un (le tronc), qui grandit rapidement, les axes deux, composés des branches principales (les charpentières), enfin les axes trois et supérieurs, constitués des rameaux soumis à l’hypotonie (Sur ces axes, les bourgeons de la face inférieure se développent en général plus vigoureusement que ceux de la face supérieure) et à l’acrotonie (Les bourgeons axillaires, c’est-à-dire latéraux, d'un rameau se développent plus vigoureusement à son extrémité qu'à sa base).

Sur les Acer, l’acrotonie est généralement faible, mais elle est d’abord déterminée par l’âge et la vigueur de l’individu et, sur un même individu, par la vigueur du rameau : plus un Acer est jeune et plus ses ramifications seront nombreuses et longues (acrotonie faible), le stade adulte apportant des ramifications de plus en plus courtes, même sur des rameaux vigoureux. Mais un rameau peut être jeune et peu vigoureux avec une forte acrotonie, doublée d’un port fortement plagiotrope : c’est une façon de les reconnaître (utile pour la taille).

L’hypotonie agit lorsque le contrôle apical de l’axe un est actif et domine l’axe deux, qui lui-même domine l’axe trois, etc… C’est le cas en phase de jeunesse et, bien évidemment, lorsque l’apex terminal n’a pas été sectionné (coupure de l’axe dominant), volontairement ou accidentellement. La phase de jeunesse, en situation non perturbée, est donc marquée par une hypotonie généralisée plus ou moins forte selon l’espèce.

Pendant cette première phase, l’Acer a développé prioritairement son tronc en prenant rapidement de la hauteur. Il s’est ramifié abondamment et à constitué un houppier provisoire qui lui permet d’augmenter sa capacité photosynthétique et de stimuler son système racinaire.

En pépinière, c’est aussi une phase de « formation » qui s’accompagne souvent de plusieurs transplantations très perturbantes pour l’Acer. En fonction de son âge, l’arbre reçu à la maison aura développé une charpente par plusieurs tailles successives et il sera déjà très différent d’un individu du même âge non taillé.

Les cas concerts vont suivre...
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Re: Maladies des Acer, diagnostic et soins de culture.

Message par Maxtod »

La bactériose vue par Opusoculi sur mon Skeeters Broom commence à descendre sur la branche (elle devient noire).

Je vais tailler à 1 cm au dessous de la bactériose demain matin puis retraiter à la BB dans la foulée. Peu de pluie et pas de gelée prévue ces prochains jours.
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Re: Re: Maladies des Acer, diagnostic et soins de culture.

Message par opusoculi »

Supprime, si tu pouvais couper plus bas 5cm ou même un peu plus, ce serait mieux.
Puis pulvérisation abondante de BB ou Nordox passée en tous sens.
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Re: Maladies des Acer, diagnostic et soins de culture.

Message par Maxtod »

Je vais faire ça, merci :top:
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Re: Re: Maladies des Acer, diagnostic et soins de culture.

Message par Maxtod »

Bonjour,

Voici le fautif coupé ce matin :
Image

Donc en gros, si on laisse faire, cela descend et fini par coloniser toute la plante qui va mourir?
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Re: Re: Maladies des Acer, diagnostic et soins de culture.

Message par opusoculi »

Ta photo est très caractéristique d’un jeune Acer sensible aux bactérioses (Pseudonomas syringae principalement).
Comment ça se passe ?
-1° stade à la fin de l’été, les fins de poussent ont tendance à cramer au soleil, mais pas seulement; les pluies apportent les germes de Pseudonomas , ils se développent sur le bord des feuilles qui noircissent.
Sur ta photo, c’est la petite partie du sommet entièrement sèche recroquevillée .C’est la première contamination, sur les jeunes plants elle est quasi inévitable.
-2° stade en automne, Pseudonomas se développe sur le début de la tige dessous le premier double bourgeon, la tige noircit, le double bourgeon noircit.
L’atteinte peut s’arrêter là ou continuer en descendant au cours de l’hiver.
-C’est le 3° stade . En coupant dessous le noircissement, tu arrêtes la contamination. La pulvérisation préventive de BB ou Nordox inhibe les spores qui pourraient se développer.
-4° Les atteintes les plus graves ce sont les taches noires qui apparaissent directement sur des bois âgés de plusieurs années et particulièrement dans la région de la greffe. Ces atteintes ne commencent pas par le bout des tiges . C’est pourquoi il faut bien observer l’arbre en entier pour les détecter tôt.
En recouvrant au pinceau ces taches dès leur apparition avec de la BB épaisse ou du Nordox (1+9 d’eau) elles ne s’étendent généralement pas.
-5 Quand de nouvelles taches noires apparaissent ailleurs sur les bois, c’est que la bactériose à Pseudonomas est interne. Une contamination a peut-être été introduite accidentellement lors de la greffe oubien le porte greffe n’était pas sain (hypothèse).
Heureusement ces accidents sont peu nombreux; pas de panique !

Les jeunes Acer présentent souvent les attaques 1, 2 et 3, c’est habituel et pas grave. Cette vulnérabilité de jeunesse disparait avec l’âge.
Plus un Acer a de racines mieux il résiste et inversement , une erreur de culture peut affaiblir l’arbre, dans ce cas il y a malnutrition, on voit apparaitre des taches noires.
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Re: Re: Maladies des Acer, diagnostic et soins de culture.

Message par Rom01984 »

Bonjour à tous! Juste une petite question:
Est ce qu'il faut rempoter tous les ans?
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Re: Re: Maladies des Acer, diagnostic et soins de culture.

Message par opusoculi »

Pour des plants jeunes peu développés vendus dans des petits pots:
On rempote dès que les racines apparaissent sur les bords du substrat, ce qui correspond en moyenne à un petit agrandissement annuel.

Pour voir où en sont les racines d’un sujet, ne pas hésiter à sortir la motte du pot, c’est possible en toute saison sans préjudice pour la plante.
En plus on voit si l’humidité est suffisante ou excédentaire, s’il y a des oeufs d’escargots, des limaces qui passent la journée au fin du pot, un nid de fourmis ou autre chose. Remettre le capot

Agrandir mais pas trop. Mettre tout de suite dans un grand pot n’est pas un bon plan, un grand pot conserve trop d’eau pour un jeune Acer.
Agrandir de quelques centimètres chaque année est la meilleure technique , les racines serrées conduisent l’eau vers le fond , ainsi elles sont en meilleure santé et le feuillage se développe bien.
Même si nous trouvons ce développement des premières années trop lent et que les bouts des tiges peuvent noircir en fin d’été/automne.

Le substrat doit à la fois laisser passer l’eau et être nourrissant.
Mélanger au terreau de la perlite ou de la pouzzolane pour allées donne un bon résultat (l’écorce de pin fine n’est pas assez souvent proposée à la vente).
Ajouter 10% de fertilisant Or Brun pour nourrir, ou arroser avec l’engrais géranium liquide avec oligo éléments (dilué à la dose indiquée).

Les jeunes plants doivent passer la mauvaise saison à l’abri des pluies hivernales, si non ils perdent des racines (contre un mur exposé à l’est, sous un auvent, garage non chauffé etc.)
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Re: Re: Maladies des Acer, diagnostic et soins de culture.

Message par Rom01984 »

opusoculi a écrit : jeu. 12 nov. 2020 20:51 Pour des plants jeunes peu développés vendus dans des petits pots:
On rempote dès que les racines apparaissent sur les bords du substrat, ce qui correspond en moyenne à un petit agrandissement annuel.

Pour voir où en sont les racines d’un sujet, ne pas hésiter à sortir la motte du pot, c’est possible en toute saison sans préjudice pour la plante.
En plus on voit si l’humidité est suffisante ou excédentaire, s’il y a des oeufs d’escargots, des limaces qui passent la journée au fin du pot, un nid de fourmis ou autre chose. Remettre le capot

Agrandir mais pas trop. Mettre tout de suite dans un grand pot n’est pas un bon plan, un grand pot conserve trop d’eau pour un jeune Acer.
Agrandir de quelques centimètres chaque année est la meilleure technique , les racines serrées conduisent l’eau vers le fond , ainsi elles sont en meilleure santé et le feuillage se développe bien.
Même si nous trouvons ce développement des premières années trop lent et que les bouts des tiges peuvent noircir en fin d’été/automne.

Le substrat doit à la fois laisser passer l’eau et être nourrissant.
Mélanger au terreau de la perlite ou de la pouzzolane pour allées donne un bon résultat (l’écorce de pin fine n’est pas assez souvent proposée à la vente).
Ajouter 10% de fertilisant Or Brun pour nourrir, ou arroser avec l’engrais géranium liquide avec oligo éléments (dilué à la dose indiquée).

Les jeunes plants doivent passer la mauvaise saison à l’abri des pluies hivernales, si non ils perdent des racines (contre un mur exposé à l’est, sous un auvent, garage non chauffé etc.)
merci pour tout ces conseils Opusoculi ! mince j'ai mis mes 2 érables acheté en pot de 6,5L et 3L dans des pots de 40L c'est peut être trop gros pour commencer... d'ailleurs j'ai reçu mon Shigitatsu (6,5L)de chez Maillot avec 2 trés grandes branches (1mètre chacune) donc elle retombe, je peux les couper fin février ou je laisse comme ça?
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