Re: Maladies des Acer, diagnostic et soins de culture.

De part leur culture contraignante et difficile, les érables du Japon méritent leur propre forum
Misologue1
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Re: Maladies des Acer, diagnostic et soins de culture.

Message par Misologue1 »

@Opusoculi :

Avec le nouveau confinement et le télétravail, il est difficile de consacrer le temps qu'il faut à la rédaction d'une réponse détaillée... Qui plus est j'ai enfin terminé dimanche les travaux dans une partie du jardin et je peux revenir sur la discussion.

Intéressante ton intervention Opusoculi, comme d’habitude ! Mais je suis désolé, je ne pourrais te suivre jusqu’au bout sur le terrain de cette vérité pragmatique et utilitariste que tu défends dans tes trois derniers messages. Ma réaction (elle n’a nulle prétention à représenter la vérité absolue) est la suivante : ce que l’expérience, fondée sur des observations (répétables ?), tend à présenter comme lois de la nature et causes premières, n’est le plus souvent que l’effet d’accidents, d’anomalies, voire d’interprétations en rapport avec des conditions culturales encadrées et restrictives, mais que des connaissances peuvent juger discutables (néfastes ?), non seulement sur la morphogenèse racinaire et aérienne des Acer, mais aussi, par voie de conséquence, sur leur durée de vie. Malgré la clarté du propos, l’intérêt pratique indéniable des informations, il y a fondamentalement pour moi un problème de méthode (le constat empirique ne peut précéder l’explication scientifique) et placer son discours au terme de mécanismes complexes en observant des effets (hasardeux ?), dans des conditions assez problématiques, ne peut suffire à justifier une explication causale générale.

Pour y voir plus clair, je vais donc adopter une méthode exactement inverse de la tienne et rappeler ce que l’on sait, à l’heure actuelle, sur la physiologie des Acer, pour en tirer ensuite des conclusions par rapport à tes observations (intéressantes, je le répète) et à mon problème de départ concernant leur durée de vie théorique et le problème de la culture en pot (bonsaï y compris).

Nous savons que le système racinaire d’un Acer, comme celui de toute plante ligneuse, possède la triple fonction de nutrition, d’ancrage dans le sol, et de stockage des nutriments (les réserves). Le système aérien s’occupe de capter l’énergie (photosynthèse) et assure la respiration ainsi que la transpiration. Selon une approche systémique, bourgeons et feuilles jouent surtout un rôle essentiel dans la croissance, le développement et la régénération des racines (nous détaillerons cela plus loin). Il existe une corrélation entre le système racinaire et les parties aériennes d’un Acer et tout évènement traumatique qui affecte le développement aérien (producteur de glucide) a des conséquences importantes et durables (y compris sur le plan de la mémoire génétique) sur le développement racinaire. Inversement, toute destruction racinaire, même partielle, accidentelle ou volontaire (taille), entraîne une diminution de l’alimentation hydrique et minérale mais surtout de diverses synthèses essentielles à la morphogenèse. La bonne santé d’un Acer, mais aussi et surtout son développement morphogénétique, sont conditionnés par le fragile équilibre entre le développement aérien et le développement racinaire. Bref, c’est la relation entre la morphogenèse aérienne et la morphogenèse souterraine (ou rhizogenèse) qui est la clef de compréhension de la croissance et du développement d’un Acer.

Pour comprendre la morphogenèse d’un Acer et les dégâts qu’occasionnent inévitablement certaines pratiques culturales sur le modèle architecturale de son espèce, il faut donc pouvoir expliquer les corrélations de croissance, de développement et de vieillissement qui interviennent au niveau de chacun des deux systèmes concernés, racinaire et aérien, mais aussi et surtout entre eux ! Ce sont les bases de l’analyse morphologique, que l’on retrouve par exemple chez Raimbault et Tanguy (1993). L’architecture d’un Acer est le "résultat du fonctionnement de ses méristèmes apicaux, aériens et souterrains" (cf. F. Hallé). Autrement dit, les différents types d'organes d’un Acer (racines, tiges, feuilles, bourgeons, fleurs) entretiennent des relations qui stimulent, inhibent ou modifient sa croissance et son développement (rôle des phytohormones). J’en avais déjà parlé dans un autre message : ces relations, appelées corrélations de croissance, sont à l'origine de la hiérarchisation des axes qui permet à l'arbre d'avoir la morphologie et la dimension qui sont propres à son espèce, dans le milieu aérien comme dans le milieu souterrain.

D’autre part, la morphologie d’un Acer dépend d’un équilibre "entre des processus endogènes de croissance et des contraintes extérieures exercées par le milieu" (cf. Oldeman), y compris le milieu humain, lequel peut évidemment provoquer un processus de vieillissement accéléré. Cette morphologie dépend donc en partie seulement des caractéristiques génétiques de l’espèce. Morphogenèse et génotype peuvent être modifiés suite à des variations des facteurs environnementaux (eau, lumière, température, hygrométrie, vent, mais aussi action de l’homme…). Toute "séquence de développement" d’un Acer, inhérente au fonctionnement normal de ses méristèmes, peut être modifiée, temporairement ou définitivement, par l’action exogène du milieu et de la main de l’homme ! Ainsi, des individus d’une même espèce peuvent avoir une morphologie différente en fonction des accidents qui jalonnent leur développement ou des interventions humaines plus ou moins traumatisantes. Un Acer verra son âge chronologique modulé, voire complètement modifié, par son âge ontogénique ou physiologique, indicateur impartial de son stade de développement. Typiquement, un bonsaï peut avoir, chronologiquement, un âge relativement jeune, paraître en bonne santé par un "rajeunissement" forcé régulier de son système racinaire et aérien (illusion formidable savamment entretenue), et pourtant être en état de sénescence avancée, voire de mort "cérébrale", comme un grand malade sous perfusion permanente…

Pour donner sens à tes observations, il convient maintenant de rentrer dans le détail du fonctionnement global d’un Acer en apportant quelques explications sur la structure et le développement de chacun des deux systèmes, aérien et racinaire. Vous verrez, vous allez au devant de grosses surprises, qui contredisent nombres de nos croyances et mettent à mal beaucoup de nos pratiques... Je ne peux malheureusement en dire plus ce matin.
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Re: Maladies des Acer, diagnostic et soins de culture.

Message par Misologue1 »

La suite des explications (pour le système aérien), les cas concrets vont suivre ainsi que les corrélations au niveau racinaire...

Il nous faut d’abord expliquer comment fonctionne un Acer non perturbé, n’ayant subi aucun accident, ni élagage, ni taille. Son développement exprime l’architecture propre à son espèce. Aucun spécimen d’Acer ne peut ressembler parfaitement à un autre individu de la même espèce, pourtant, dans des conditions similaires et en supposant qu’ils aient suivi un processus de développement normal (ni ralenti, ni perturbé), tous seront conforme au modèle architectural de leur espèce. Le développement architectural d’un Acer est composé d’étapes qui sont des séquences ordonnées d’événements morphologiques modifiant sa structure. Je vais y revenir plus loin.

A ce stade il est important de ne pas confondre la croissance d’un Acer, qui correspond à l’augmentation d’un caractère (allongement des tiges ou des racines, accroissement progressif de la hauteur de la cime et de la couronne des racines, accroissement de l’épaisseur du tronc, des branches, etc…) avec son développement, qui correspond à l’apparition ou à la disparition de caractères, c’est-à-dire à la transformation progressive de la structure et du fonctionnement de l’arbre tout au long de sa vie (formation des branches, réitération, modification des formes foliaires, floraisons, etc…).

Cette différence a son importante lorsqu’il est question de juger de l’impact des facteurs exogènes sur la structure, voire sur la santé d’un Acer : c’est à ce niveau sans doute que se situe la part d’interprétation de ce que doit être un " arbre normal ". Chaque variété et cultivar possède sa propre " séquence ontogénétique ", indépendante de l’environnement local. C’est elle qui doit normalement servir de référence à un développement optimal. Pourtant, beaucoup continue de penser que la référence, c’est l’arbre qu’ils ont acheté à partir de certains critères esthétiques subjectif, alors même que leur spécimen est déjà plus ou moins perturbé par le conditionnement/stockage et plus tard par le nouvel environnement pédologique, climatique, etc… Cette réaction humaine participe à fausser le jugement ! Evidemment, le développement d’un Acer est lui aussi touché par des facteurs exogènes, mais il est plus difficile de démêler objectivement la part qui revient à la dynamique interne de son développement de celle qui trouve son origine dans le milieu de vie… Même perturbé au départ, le développement morphogénétique peut reprendre si les conditions culturales s’améliorent, avec les déceptions qui vont alors en découler… Les apparences sont parfois trompeuses. J’aurais des exemples à vous donner. Dans les observations faites par Opusoculi, je ne pouvais oublier cette " dure " réalité…

Il faut donc d’abord tenir compte des paramètres qui évoluent en fonction des phases de développement de l’Acer, de sa jeunesse jusqu’à la sénescence.

Lors d’une première phase (la jeunesse de l’Acer : de 1 an à plus ou moins 7 ou 8 ans, parfois 10 ans pour les cultivars les plus lents), l'Acer élabore successivement tous les types d'axes que son programme morphogénétique lui permet d'élaborer (réalisation de l'unité architecturale) : son développement est strictement hiérarchisé, c’est-à-dire que les corrélations de croissance entre chacun de ses organes (racines, tiges, bourgeons, feuilles) vont hiérarchiser ses axes. Une dominance, c'est-à-dire un effet régulateur et organisateur va agir sur l'ensemble de l'arbre d’abord, puis seulement sur son sommet. La croissance est dite " accélérée ".

Les Acer possèdent une croissance monopodiale orthotrope : le " contrôle apicale ", c’est-à-dire l’inhibition exercée par l’apex de la tige sur les bourgeons latéraux, provoque la reprise de la croissance la saison suivante des bourgeons terminaux de chaque axe, lesquels synthétisent une substance appelée auxine qui est cause du port plagiotrope (plus ou moins horizontal ou oblique) des ramifications secondaires dominées. Ce processus rythmique donne les différents axes : l’axe un (le tronc), qui grandit rapidement, les axes deux, composés des branches principales (les charpentières), enfin les axes trois et supérieurs, constitués des rameaux soumis à l’hypotonie (Sur ces axes, les bourgeons de la face inférieure se développent en général plus vigoureusement que ceux de la face supérieure) et à l’acrotonie (Les bourgeons axillaires, c’est-à-dire latéraux, d'un rameau se développent plus vigoureusement à son extrémité qu'à sa base).

Sur les Acer, l’acrotonie est généralement faible, mais elle est d’abord déterminée par l’âge et la vigueur de l’individu et, sur un même individu, par la vigueur du rameau : plus un Acer est jeune et plus ses ramifications seront nombreuses et longues (acrotonie faible), le stade adulte apportant des ramifications de plus en plus courtes, même sur des rameaux vigoureux. Mais un rameau peut être jeune et peu vigoureux avec une forte acrotonie, doublée d’un port fortement plagiotrope : c’est une façon de les reconnaître (utile pour la taille).

L’hypotonie agit lorsque le contrôle apical de l’axe un est actif et domine l’axe deux, qui lui-même domine l’axe trois, etc… C’est le cas en phase de jeunesse et, bien évidemment, lorsque l’apex terminal n’a pas été sectionné (coupure de l’axe dominant), volontairement ou accidentellement. La phase de jeunesse, en situation non perturbée, est donc marquée par une hypotonie généralisée plus ou moins forte selon l’espèce.

Pendant cette première phase, l’Acer a développé prioritairement son tronc en prenant rapidement de la hauteur. Il s’est ramifié abondamment et à constitué un houppier provisoire qui lui permet d’augmenter sa capacité photosynthétique et de stimuler son système racinaire.

En pépinière, c’est aussi une phase de « formation » qui s’accompagne souvent de plusieurs transplantations très perturbantes pour l’Acer. En fonction de son âge, l’arbre reçu à la maison aura développé une charpente par plusieurs tailles successives et il sera déjà très différent d’un individu du même âge non taillé.

Les cas concerts vont suivre...
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Re: Maladies des Acer, diagnostic et soins de culture.

Message par Maxtod »

La bactériose vue par Opusoculi sur mon Skeeters Broom commence à descendre sur la branche (elle devient noire).

Je vais tailler à 1 cm au dessous de la bactériose demain matin puis retraiter à la BB dans la foulée. Peu de pluie et pas de gelée prévue ces prochains jours.
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Re: Re: Maladies des Acer, diagnostic et soins de culture.

Message par opusoculi »

Supprime, si tu pouvais couper plus bas 5cm ou même un peu plus, ce serait mieux.
Puis pulvérisation abondante de BB ou Nordox passée en tous sens.
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Re: Maladies des Acer, diagnostic et soins de culture.

Message par Maxtod »

Je vais faire ça, merci :top:
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Re: Re: Maladies des Acer, diagnostic et soins de culture.

Message par Maxtod »

Bonjour,

Voici le fautif coupé ce matin :
Image

Donc en gros, si on laisse faire, cela descend et fini par coloniser toute la plante qui va mourir?
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Re: Re: Maladies des Acer, diagnostic et soins de culture.

Message par opusoculi »

Ta photo est très caractéristique d’un jeune Acer sensible aux bactérioses (Pseudonomas syringae principalement).
Comment ça se passe ?
-1° stade à la fin de l’été, les fins de poussent ont tendance à cramer au soleil, mais pas seulement; les pluies apportent les germes de Pseudonomas , ils se développent sur le bord des feuilles qui noircissent.
Sur ta photo, c’est la petite partie du sommet entièrement sèche recroquevillée .C’est la première contamination, sur les jeunes plants elle est quasi inévitable.
-2° stade en automne, Pseudonomas se développe sur le début de la tige dessous le premier double bourgeon, la tige noircit, le double bourgeon noircit.
L’atteinte peut s’arrêter là ou continuer en descendant au cours de l’hiver.
-C’est le 3° stade . En coupant dessous le noircissement, tu arrêtes la contamination. La pulvérisation préventive de BB ou Nordox inhibe les spores qui pourraient se développer.
-4° Les atteintes les plus graves ce sont les taches noires qui apparaissent directement sur des bois âgés de plusieurs années et particulièrement dans la région de la greffe. Ces atteintes ne commencent pas par le bout des tiges . C’est pourquoi il faut bien observer l’arbre en entier pour les détecter tôt.
En recouvrant au pinceau ces taches dès leur apparition avec de la BB épaisse ou du Nordox (1+9 d’eau) elles ne s’étendent généralement pas.
-5 Quand de nouvelles taches noires apparaissent ailleurs sur les bois, c’est que la bactériose à Pseudonomas est interne. Une contamination a peut-être été introduite accidentellement lors de la greffe oubien le porte greffe n’était pas sain (hypothèse).
Heureusement ces accidents sont peu nombreux; pas de panique !

Les jeunes Acer présentent souvent les attaques 1, 2 et 3, c’est habituel et pas grave. Cette vulnérabilité de jeunesse disparait avec l’âge.
Plus un Acer a de racines mieux il résiste et inversement , une erreur de culture peut affaiblir l’arbre, dans ce cas il y a malnutrition, on voit apparaitre des taches noires.
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Re: Re: Maladies des Acer, diagnostic et soins de culture.

Message par Rom01984 »

Bonjour à tous! Juste une petite question:
Est ce qu'il faut rempoter tous les ans?
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Re: Re: Maladies des Acer, diagnostic et soins de culture.

Message par opusoculi »

Pour des plants jeunes peu développés vendus dans des petits pots:
On rempote dès que les racines apparaissent sur les bords du substrat, ce qui correspond en moyenne à un petit agrandissement annuel.

Pour voir où en sont les racines d’un sujet, ne pas hésiter à sortir la motte du pot, c’est possible en toute saison sans préjudice pour la plante.
En plus on voit si l’humidité est suffisante ou excédentaire, s’il y a des oeufs d’escargots, des limaces qui passent la journée au fin du pot, un nid de fourmis ou autre chose. Remettre le capot

Agrandir mais pas trop. Mettre tout de suite dans un grand pot n’est pas un bon plan, un grand pot conserve trop d’eau pour un jeune Acer.
Agrandir de quelques centimètres chaque année est la meilleure technique , les racines serrées conduisent l’eau vers le fond , ainsi elles sont en meilleure santé et le feuillage se développe bien.
Même si nous trouvons ce développement des premières années trop lent et que les bouts des tiges peuvent noircir en fin d’été/automne.

Le substrat doit à la fois laisser passer l’eau et être nourrissant.
Mélanger au terreau de la perlite ou de la pouzzolane pour allées donne un bon résultat (l’écorce de pin fine n’est pas assez souvent proposée à la vente).
Ajouter 10% de fertilisant Or Brun pour nourrir, ou arroser avec l’engrais géranium liquide avec oligo éléments (dilué à la dose indiquée).

Les jeunes plants doivent passer la mauvaise saison à l’abri des pluies hivernales, si non ils perdent des racines (contre un mur exposé à l’est, sous un auvent, garage non chauffé etc.)
Mes érables , printemps automne 2019. http://jalbum.net/a/1973986
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Re: Re: Maladies des Acer, diagnostic et soins de culture.

Message par Rom01984 »

opusoculi a écrit : jeu. 12 nov. 2020 20:51 Pour des plants jeunes peu développés vendus dans des petits pots:
On rempote dès que les racines apparaissent sur les bords du substrat, ce qui correspond en moyenne à un petit agrandissement annuel.

Pour voir où en sont les racines d’un sujet, ne pas hésiter à sortir la motte du pot, c’est possible en toute saison sans préjudice pour la plante.
En plus on voit si l’humidité est suffisante ou excédentaire, s’il y a des oeufs d’escargots, des limaces qui passent la journée au fin du pot, un nid de fourmis ou autre chose. Remettre le capot

Agrandir mais pas trop. Mettre tout de suite dans un grand pot n’est pas un bon plan, un grand pot conserve trop d’eau pour un jeune Acer.
Agrandir de quelques centimètres chaque année est la meilleure technique , les racines serrées conduisent l’eau vers le fond , ainsi elles sont en meilleure santé et le feuillage se développe bien.
Même si nous trouvons ce développement des premières années trop lent et que les bouts des tiges peuvent noircir en fin d’été/automne.

Le substrat doit à la fois laisser passer l’eau et être nourrissant.
Mélanger au terreau de la perlite ou de la pouzzolane pour allées donne un bon résultat (l’écorce de pin fine n’est pas assez souvent proposée à la vente).
Ajouter 10% de fertilisant Or Brun pour nourrir, ou arroser avec l’engrais géranium liquide avec oligo éléments (dilué à la dose indiquée).

Les jeunes plants doivent passer la mauvaise saison à l’abri des pluies hivernales, si non ils perdent des racines (contre un mur exposé à l’est, sous un auvent, garage non chauffé etc.)
merci pour tout ces conseils Opusoculi ! mince j'ai mis mes 2 érables acheté en pot de 6,5L et 3L dans des pots de 40L c'est peut être trop gros pour commencer... d'ailleurs j'ai reçu mon Shigitatsu (6,5L)de chez Maillot avec 2 trés grandes branches (1mètre chacune) donc elle retombe, je peux les couper fin février ou je laisse comme ça?
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Re: Re: Maladies des Acer, diagnostic et soins de culture.

Message par Rom01984 »

Qu'en pensez vous? une taille fin février sera nécessaire?
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Re: Re: Maladies des Acer, diagnostic et soins de culture.

Message par opusoculi »

Réduire la longueur des prolongements (photo jointe).
Grandeur du pot: Il vaut mieux rempoter dans un volume moins important et mettre ce pot dans le grand.
Pièces jointes
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Re: Re: Maladies des Acer, diagnostic et soins de culture.

Message par Rom01984 »

merci pour ta réponse! j'en prends note :top:
reggy
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Re: Re: Maladies des Acer, diagnostic et soins de culture.

Message par reggy »

Bonjour,
Ce matin mauvaise surprise sur sangokaku.
Une Vilaine tâche noire sur le tronc.....
Un avis ? Nordox direct ?
Merci d'avance pour vos conseils.

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Re: Re: Maladies des Acer, diagnostic et soins de culture.

Message par opusoculi »

opusoculi a écrit : ven. 13 nov. 2020 18:11 Réduire la longueur des prolongements (photo jointe).
Grandeur du pot: Il vaut mieux rempoter dans un volume moins important et mettre ce pot dans le grand.
Question sur la nourriture :

Au rempotage, le terreau nourrit au printemps les Acer les trois premiers mois .
-On peut ajouter en mélange du sang séché et de la corne grillée qui libèrent très lentement un peu d’azote et d’acide phosphorique; c’est un apport très doux sans risque de surdosage et la durée de libération est assez longue. (on participe ainsi au recyclage des déchets animaux).
Autres façons pour fertiliser:
-le fertilisant concentré type or brun ou autres marques . C’est un ’super terreau’, très décomposé, ne jamais dépasser 10% d’apport en mélange avec le substrat.
On peut l’utiliser en diluant 1 poignée dans 10 l d’eau pour arroser et nourrir en juin par exemple.
MAIS il ne faut pas utiliser tous ces moyens tous ensemble. Ce serait un surdosage comparable à celui des cultures ‘boostées à l’azote’.

Engrais liquide géranium liquide avec oligoéléments dilué à la dose indiquée sur le paquet.
Dans la mesure où le substrat est fait d’une bonne proportion de terreau, que les racines sont développées , son apport en arrosage régulier est un complément nutritif complet sans risque de déséquilibre ni de brulure .
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Re: Re: Maladies des Acer, diagnostic et soins de culture.

Message par opusoculi »

reggy a écrit : sam. 14 nov. 2020 8:55 Bonjour,
Ce matin mauvaise surprise sur sangokaku.
Une Vilaine tâche noire sur le tronc.....
Un avis ? Nordox direct ?
Merci d'avance pour vos conseils.

Image
Oui, il y a quelque chose. Recouvrir préventivement au pinceau de BB épaisse ou Nordox.
Une piqure d’insecte ou autre chose peu aussi avoir provoqué la mort de cellules.
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Re: Re: Maladies des Acer, diagnostic et soins de culture.

Message par Rom01984 »

opusoculi a écrit : sam. 14 nov. 2020 12:00
reggy a écrit : sam. 14 nov. 2020 8:55
Oui, il y a quelque chose. Recouvrir préventivement au pinceau de BB épaisse ou Nordox.
Une piqure d’insecte ou autre chose peu aussi avoir provoqué la mort de cellules.
D'ailleurs une petite question:
Ou peut on trouver le produit cicatrisant a base de cuivre que tu mets sur les branches coupés? (j'envisage de tailler légèrement mon atropurpureum)
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CHANIWA
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Re: Maladies des Acer, diagnostic et soins de culture.

Message par CHANIWA »

Le pompon sur la cerise du gâteau ! :shock:

Aureum vient de me sortir des bourgeons tous velus. Ça va lui faire drôle dans pas longtemps
:smoke:
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Re: Re: Maladies des Acer, diagnostic et soins de culture.

Message par opusoculi »

Rom01984 a écrit : sam. 14 nov. 2020 12:24
opusoculi a écrit : sam. 14 nov. 2020 12:00
reggy a écrit : sam. 14 nov. 2020 8:55
Oui, il y a quelque chose. Recouvrir préventivement au pinceau de BB épaisse ou Nordox.
Une piqure d’insecte ou autre chose peu aussi avoir provoqué la mort de cellules.
D'ailleurs une petite question:
Ou peut on trouver le produit cicatrisant a base de cuivre que tu mets sur les branches coupés? (j'envisage de tailler légèrement mon atropurpureum)
Sur les coupes des branches taillées mettre de la BB ou du Nordox épais suffit, ni insectes ni maladies ne s’y mettront.
Les mastics n’ont de cicatrisant que le nom.

Le Nordox se trouve en jardinerie, soit sous son nom, soit pour "Cloque du pêcher « , vérifier le nom du produit actif sur la tranche du paquet.
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Re: Maladies des Acer, diagnostic et soins de culture.

Message par opusoculi »

CHANIWA a écrit : sam. 14 nov. 2020 21:33 Le pompon sur la cerise du gâteau ! :shock:

Aureum vient de me sortir des bourgeons tous velus. Ça va lui faire drôle dans pas longtemps
:smoke:
Il vaut mieux les supprimer, tailler dessous.
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Re: Maladies des Acer, diagnostic et soins de culture.

Message par Misologue1 »

Moment de liberté en ce dimanche maussade, je reprends donc mes explications (si vous avez oublié le problème initial, vous aurez un zéro pointé ! :lol: :mrgreen: ) :

A ce stade du développement d’un Acer (phase de jeunesse), très peu d’opérations sont nécessaires au risque de modifier qualitativement sa morphologie, mais aussi son fonctionnement en provoquant un vieillissement accéléré.

Il faut rappeler que dans sa phase de jeunesse, le système de ramification d’un Acer, à axe principal prédominant et à axes latéraux subordonnés, est un système de croissance monopodiale acrotone : la ramification se fait dans l’ensemble " vers le haut " et " vers l’extérieur ", ce qui permet une utilisation optimale de la lumière par les feuilles de la couronne. Ce type de croissance donne une architecture globale pyramidale (pour d’information, le stade adulte donnera une architecture plutôt arrondie, le stade de la maturité donnera un houppier irrégulier et éclaté en une multitude de petites cimes, et enfin le stade " sénescent " donnera un houpier disloqué).

Qu’est-ce qui permet d’expliquer qu’un Acer s’éloigne, provisoirement ou définitivement, de son type architectural ?

Sur un jeune Acer, les branches sont corrélées dans leur développement, elles s'équilibrent mutuellement. La taille d’une branche ou d'un rameau, même légère, provoque une réaction dans l'arbre entier. C’est ce qui explique, par exemple, qu’un Acer " couronné " (taillé au sommet pour présenter des branches de longueur égale) développe dans la partie inférieure de son houppier des ramifications que l'on ne retrouve pas chez un arbre non taillé. La suppression du contrôle apicale par ablation de l’apex caulinaire va avoir deux effets par rapport à l’unité architecturale de son type : produire deux rameaux subégaux définitivement orthotropes qui vont constituer deux flèches, et lever l’inhibition de certains bourgeons latents (axillaire) qui vont alors développer sur le tronc ou à la base des charpentières des rameaux orthotropes vigoureux (des rejets). J’ai mis en photos plusieurs exemples.

Imagecoupe de la flèche sur 'kawara no midori' (pépinière Maillot)
Imagenaissance des rejets qui se développeront vigoureusement au printemps prochain
Imagecoupe de l'axe dominant sur shirasawanum 'jordan'
Imagerejets sur le tronc

Dans ce cas de figure, il ne faut pas s’étonner de constater un développement anarchique de rameaux basitones qui donne une structure touffue et un port en boulle. Il faut bien comprendre qu’un tel développement n’a souvent rien à voir avec celui de l’espèce ou du type : il est la conséquence d’une taille inappropriée, intervenue trop drastiquement et/ou trop tôt (hors cas spéciaux des " balais de sorcières "). Ceci est vrai pour 'katsura', par exemple… Nous sommes tellement habitués à le voir sous un aspect perturbé que nous finissons par oublier a quoi ils devraient ressembler…

Image'katsura' non perturbé, port orthotrope vigoureux !

De même, une croissance trop rapide des axes principaux s’explique, non par un processus endogène, mais par des conditions culturales contraignantes et inadaptées : c’est la qualité de la lumière (ombre trop importante ou culture en serre très filtrante avec un rapport de transmission R./R.L. - rouge clair/rouge sombre - élevé) qui provoque un fort allongement des entre-nœuds et une croissance disproportionnée. Il n’est pas rare de constater un phénomène d’étiolement de la tige privée du Par (Photosynthetically Active Radiation = RAP = Rayonnement actif sur la photosynthèse) ce qui bloque sa ramification et allonge l’intervalle entre deux feuilles successives (entre-nœud long pour retrouver au plus vite la lumière). Logiquement, la taille va alors déséquilibrer une seconde fois le développement normal de l’Acer (explication au-dessus), nécessitant au final de nombreuses tailles successives pour tenter de rééquilibrer l’ensemble.

La suppression du sommet d’un axe dominant devrait toujours rester une opération exceptionnelle, justifiée seulement dans quelques cas très particuliers, car elle va causer à l’Acer un stress très puissant qui va l’affaiblir pour longtemps, voire parfois définitivement, et perturber gravement toute son architecture. Elle est malheureusement très souvent pratiquée en pépinière dans le but de provoquer une ramification dont on estime que l’arbre seul ne serait pas capable…

Imagesuppression de la flèche sur 'akebono' (pépinière Maillot) : plusieurs rejets autour du point de coupe

Je me suis rendu compte que la pépinière Maillot effectue presque systématiquement cette suppression de la flèche de chaque axe dominant, provoquant au niveau du point de coupe la formation de rejets vigoureux... Pratique beaucoup plus rare chez Esveld, Choteau ou même Fontin... Je me demande quelles conséquences sur l'architecture de l'Acer une telle pratique va avoir, car à l'évidence elle modifie sa morphologie !

Tailler après une transplantation (réduction du système racinaire), un gros rempotage avec démêlage important des racines chignonées, le renouvellement partiel ou total du substrat, ou encore après une première taille trop rapprochée, est un geste traumatisant et inutile : il faut parfois attendre plusieurs années avant de retrouver une croissance annuelle vigoureuse ! C’est cette croissance qui doit guider notre décision et non un choix esthétique ou tout autre raison non physiologique…

Si celle-ci a lieu, il est envisageable d’accompagner l’arbre par un élagage raisonné favorisant un développement conforme à son potentiel génétique et à l'action du milieu environnant non contraignant. La taille ne devrait jamais modifier le port naturel de l’espèce, mais accompagner la forme du houpier pyramidal du jeune Acer !

Certaines variétés d’Acer présentent naturellement une basitonie compensée : ils ont un développement arbustif et tandis que leur tronc se ramifie précocement et vigoureusement (basitonie), les branches plus âgées ont une ramification acrotone. Dans ce cas, il peut être utile en effet de rabattre les branches concurrentes de la branche principale mais aussi vigoureuse qu’elle et qui déséquilibre le port naturel de l’arbre. Des coupes infimes permettent à l’arbre de choisir en deux ou trois ans ses axes dominants conformes à son développement ontogénique.

Autre cas favorable, lorsque l’on veut renforcer un ou plusieurs axes en l’absence d’un axe dominant (plusieurs années auparavant, le jeune Acer a été " couronné ", volontairement ou accidentellement) : en l’absence d’une dominance apicale forte sur les Acer, l’arbre se retrouve avec plusieurs flèches de longueurs inégales et un houpier désorganisé à l’avenir incertain et inesthétique. Accompagner l’arbre peut nécessiter dans ce cas de supprimer l’une des branches concurrentes (celle dont le diamètre est le plus faible), afin de privilégier la branche la plus vigoureuse, celle dont la croissance est la plus rapide et qui possède une capacité de photosynthèse meilleure que ses rivales. Souvent, cette branche sélectionnée est aussi celle qui présente plus haut sur le houpier un groupe de flèches dont il faudra, dans quelques années, " rabattre sur bois court " les concurrentes les plus faibles pour aérer et éclaircir l’ensemble. Quasiment tous les cultivars d’Acer entre 4 et 6 ans présentent un tronc et des axes un (les charpentières) concurrencés de cette manière à des degré divers… voir les photos. Restaurer la dominance prendra alors des années en commençant par le niveau le plus bas, sans garantie de rétablissement…

Imagegroupe de flèches sur 'taro yama'

Une autre opération a souvent lieu en pépinière sur des Acer en phase de jeunesse : supprimer les branches basses autour du tronc ou des charpentières pour rehausser le houppier. C’est ce que font, par exemple, les pépinières de la Bambouseraie et que l’on constate sur les Acer achetés en container de 50L (fin de la phase de jeunesse). C’est peut-être ce qui explique la grosse épaisseur du tronc sur ces spécimens, car la technique appropriée consiste à tailler en deux fois : le jardinier sectionne au ras les axes secondaires qui concurrencent l’axe principal, mais coupe à quelques centimètres les autres branches afin de provoquer la formation de rejets destinés à faire grossir le tronc par l’apport de nutriments localement. Une ou deux années plus tard les chicots ramifiés sont éliminés.

Imagetraces de suppression des branches basses sur 'momoiro Koya san'

L’opération la plus traumatisante pour un Acer consiste à tailler les branches de niveau deux dans le but de sélectionner ou de renforcer un axe principal sur la branche en privilégiant les rameaux hypotones (ceux dont la croissance va vers l’extérieur et le bas). La finalité n’est pas seulement esthétique : il s’agit de rajeunir physiologiquement l’arbre en prolongeant sa formation... L’axe dominant est en effet souvent concurrencé par des rameaux hypotones et la solution la plus efficace est de défourcher en supprimant l’axe principal pour faire basculer la dominance sur le rameau hypotone concurrent qui devient alors le nouveau rameau terminal. Le bénéfice serait multiple : la croissance des rameaux de la nouvelle branche dominante augmente de façon significative pendant plusieurs années, la branche reprend son port orthotrope sur toute sa longueur (alors qu’en absence de taille elle tend à prendre un port plus plagiotrope, conforme à son développement physiologique normal…), et enfin le fonctionnement hypotone est prolongé de plusieurs années, ralentissant le passage au stade adulte suivant caractérisé par l’épitonie (des rameaux se développent vigoureusement sur la face supérieure de la branche, d’abord à la base, puis au sommet).

Imagetaille sur rameau hypotone : suppression de l'axe sur 'ueno yama'. Rejets au point de coupe.

Toutes ces réactions seraient le signe d’un rajeunissement salutaire en plus d’offrir l’esthétique désirée. C’est malheureusement une illusion ! Il faut rappeler la différence entre l’âge chronologique, ontogénique et physiologique : si la taille intervient vers la 4e année de l’âge chronologique, elle provoque une accélération du vieillissement ontogénique (l’âge de la branche depuis sa naissance ne change pas, mais sa croissance se trouve accélérée par la taille), même si l’âge physiologique est ralenti par le maintien de certains caractères de la phase de jeunesse. Le rajeunissement physiologique ne peut rattraper et compenser le vieillissement ontogénique accéléré par les tailles répétées qui n’annulent pas l’âge absolu depuis la naissance de la branche. Cette illusion fonctionnera pendant la phase de jeunesse uniquement car, en vertu des corrélations entre les différents axes (rôle des phytohormones), la taille de l’axe dominant provoque un regain de vigueur sur la branche hypotone dominée qui reprend alors le même cycle, mais retardé, que l’axe dominant supprimé…

La notion de jeunesse ne concerne pas seulement, ni même d’abord, le fonctionnement corrélé des organes de l’arbre et son stade de développement, mais surtout la vitesse à laquelle fonctionne ces organes dont on va vite épuiser les ressources. Au-delà de la compréhension du fonctionnement physiologique de l’Acer et des stades de son développement, il convient aussi de prendre en considération la question de la gestion de l’énergie dont il a besoin pour croitre et se développer, donc la question connexe du stockage de ces ressources, de leur localisation et donc, au final, la question de l’appauvrissement généralisé des réserves que provoque toute taille, même légère, et du vieillissement que cela implique forcément… Le rôle du système racinaire va alors s’inviter dans la réflexion et apporter son lot de complications pour tous les stades de développement de l’Acer…

C'est ce qu'il va falloir examiner dans la suite, après avoir passé en revue les autres stades de développement...
Pièces jointes
coupe16.jpg
coupe2.jpg
coupe17.jpg
coupe15.jpg
coupe10.jpg
coupe11.jpg
coupe7.jpg
coupe.jpg
katsura2.jpg
Dernière modification par Misologue1 le dim. 15 nov. 2020 12:32, modifié 16 fois.
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CHANIWA
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Re: Re: Maladies des Acer, diagnostic et soins de culture.

Message par CHANIWA »

En gros la nature fait très bien les choses et nous devrions nous en tenir à des tailles de « propreté ».

Ou alors laisser passer la jeunesse !
reggy
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Re: Re: Maladies des Acer, diagnostic et soins de culture.

Message par reggy »

Excellent post Misologue ! Merci beaucoup.
Cela pose beaucoup de question et de réflexion autour de ce que l'on fait. C'est très intéressant.
Après avoir vu une vidéo de Nova plants où ils taillent systématiquement des la première année et obtiennent de tes beaux sujets je pensais essayer pareil sur mes semis.... Là je m'interroge du coup...
Comme le résume bien Chaniwa la nature fait bien les choses, c'est un bon résumé.
En pots on réalise finalement du pseudo bonsaï et donc on s'éloigne du naturel qu'on atteindra jamais. Dans ce cas j'imagine que la taille permet d'obtenir des sujets plus esthétiques?
Réflexions réflexions....
Misologue1
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Re: Maladies des Acer, diagnostic et soins de culture.

Message par Misologue1 »

Vos réflexions sont intéressantes, mais attendez les explications concernant les autres stades de développement. Il ne faut pas confondre le défourchage au stade de jeunesse (qui ne peut que modifier radicalement la morphologie ontogénique et rendre nécessaire ensuite plusieurs tailles d'équilibrage...) et le défourchage au stade adulte jeune, puis mature : ni les raisons, ni les effets ne sont les mêmes. Au stade adulte, le développement se poursuit mais par réitérations sylleptiques, ce qui signifie que les axes dominants deviennent physiologiquement indépendants. L'épitonie a remplacé l'hypotonie et il devient important d'éclaircir les charpentières par défourchage des extrémités... A +
reggy
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Re: Re: Maladies des Acer, diagnostic et soins de culture.

Message par reggy »

On attend la suite !
Petite réflexion de base tout de même : vu qu'on travaille a 80% avec des sujets greffés quel est l'impact sur ce que tu décris avec précision ? Parce que en termes de stress il n'y a pas pire non ??
Sur certaines espèces la branche greffée conserve son axe de croissance originelle qu'elle avait que son arbre mère. Ce n'est pas le cas sur les érables mais on doit bien être un peu différents des dispositions naturelles que tu nous présentes non ?
Voilà, juste pour alimenter les réflexions sur ce sujet passionnant. Bonne soirée.
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