Acer dissectum seiryu.

De part leur culture contraignante et difficile, les érables du Japon méritent leur propre forum
reggy
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Re: Acer dissectum seiryu.

Message par reggy »

Merci pour toutes ces infos,
Je vais passer le pas et acheter une pince concave. Merci pour le modèle Helfrider :wink:

Tu as raison opusoculi pourquoi te demander de refaire tout le boulot! :D
Un recueil peut être une excellente alternative et puis il peut être réalisé par un travail en commun de tes « lecteurs ».
On fait une trame des divers sujets (semis, soins, maladies, description par variété etc.) et les volontaires se chargent des recherches par thèmes pour retrouver tes propos. Ensuite on compile en pdf, on le met à dispo et hop le tour et joué :veryhappy:

A réfléchir si il y a des intéressés moi je ne suis qu’un modeste vers de terre découvrant le forum :roll:
Misologue1
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Re: Acer dissectum seiryu.

Message par Misologue1 »

Un peu tardivement certes, j'apporte quelques précisions à la réponse qu'a donnée Opusoculi. J'ai hésité, mais je pense que mon intervention peut être utile…

D'abord, je tiens à dire qu'il n'y a pas de réponse générale aux questions que les amateurs d'Acer peuvent poser sur ce site. Si la vérité est générale, pourtant chacun ici, en fonction de ses goûts et de son expérience, aura tendance à répondre de façon orientée, en laissant dans l'ombre, voire en occultant complètement, des aspects pourtant importants, voire essentiels du problème : c'est la fameuse opposition entre le particulier, ce qui détermine le vécu en tant qu'il est vécu, et le général, ce qui est censé donner sens et valeur au vécu (mais qui est trop souvent ignoré…).

Donc, tout ça pour dire que, lorsqu'on est habitué à voir pousser un Acer après l'avoir placé sous un autre arbre beaucoup plus grand que lui, il ne faut pas s'étonner de lire que tel sujet "érigé" naturellement fait des pousses "à l'horizontal", ce qui traduirait une "faiblesse" (?) : 'seiryu' pousse normalement (c'est un érable du Japon pour situation "ensoleillée", expression toujours trop vague, mais qui signifie que la variété accepte sans brûlure le soleil du matin jusqu'à 11h-12h au max, car après la température pourra monter largement au-delà des 30°, sans même parler de canicule, ce qui peut être catastrophique même pour une variété très robuste), c'est-à-dire de cette façon "érigée" et il est très courant de trouver des sujets avec ces grandes pousses, ces flèches qui partent vers le ciel. Cela ne signifie pas forcément que l'arbre va abandonner ses branches basses, si du moins celles-ci reçoivent toute la lumière dont elles ont besoin : c'est donc d'abord (j'insiste), une histoire de placement, d'orientation dans le jardin. C'est pour cela qu'il est très important de déplacer un pot si la situation n'est pas optimale au cours de la journée : rien ne viendrait protéger l'Acer, lui faire de l'ombre, à partir des heures les plus chaudes ou, au contraire, l'arbre serait trop à l'ombre et il abandonnerait ses branches les plus basses ou celles qui, à l'intérieur, ne recevraient pas assez de lumière, sans même parler de la couleur, qui virerait rapidement l'été au vert, y compris chez des variétés rouges, comme 'shojo nomura'... Il ne met pas ses branches à "l'horizontal" naturellement, il existe d'autres variétés qui le font : chez les amoenum, il y a "shigarami', 'tana', 'saoshika' et plusieurs autres… Ces variétés ont un port très intéressant, naturellement en forme de nuages, sans avoir besoin d'une taille ou quasiment pas. "l'horizontalité" de certaines branches indique simplement que l'arbre cherche la lumière sur cette partie de sa ramure, cherche à passer sous l'ombre formée par les branches supérieures.

En revanche, et pour posséder deux très grands 'seiryu', un beau sujet, c'est d'abord un sujet qui a été "formé", comme le fait systématiquement, par exemple, la pépinière de la Bambouseraie : pour obtenir un grand, voir un très grand sujet, harmonieux de bas en haut (j'insiste !), il est nécessaire de "tailler" régulièrement (presque chaque année si l'arbre montre une belle vigueur) les prolongements au fur et à mesure de leur pousse ! Opusoculi est donc dans le juste avec ses conseils : il faut repérer une paire de bougeons et couper à la bonne hauteur juste au dessus pour provoquer un nouveau départ (vers l'extérieur), qui permettra à l'arbre de monter progressivement, mais en se ramifiant, et sans abandonner ses branches basses. Cette pratique consiste en fait à conserver un "tire-sève" (ne pas trop raccourcir les nouvelles pousses), tout en favorisant une ramification harmonieuse à partir des charpentières du bas. N'importe quel pépiniériste spécialisé dans les Acer, et honnête (il vendra des sujets en fonction de leur taille, sans chercher à faire du profit avec des sujets déséquilibrés, franchement laids, mais haut…), saura vous expliquer tout cela pour que vous compreniez ce qui fait la valeur marchande du sujet qu'il vous vend ! C'est ainsi que l'on arrive à obtenir des sujets de 2-3m, "érigé", c'est-à-dire au port vertical, mais non "fastigié" (érigé et étroit) : 'seyriu' peut devenir très grand, mais avec une taille approprié, il va monter en s'élargissant avec l'âge, son port va s'étaler, un pur enchantement !

C'est pourquoi, tu dois réfléchir sérieusement à ce que tu veux faire dans l'avenir. Là ou je me sépare d'Opusoculi, c'est lorsqu'il dit qu'un "Acer en pot qui perdrait toutes ses branches du bas, perdrait selon moi toute sa grâce (à moins que l’on veuille en faire un parasol)" : tout dépend de ce à quoi tu destines ton Acer ! J'ai l'impression que la majorité des participants ici sont des amateurs d'érables du Japon pour une situation en isolé, ce que je réprouve, car "selon moi" (je reprends l'expression d'Opus), un érable du Japon n'est jamais plus beau que lorsqu'il est en situation, au milieu d'un massif, en compagnie d'autres plantes autour de lui et surtout à ses pieds. Les plus beaux jardins que l'on peut visiter présentent cette configuration, certes difficile à obtenir et qui demande de la réflexion, un goût assuré pour marier les couleurs aux différentes périodes de l'année… Dans ce cas de figure idéal, il est nécessaire de posséder des sujets former sur tronc très haut (c'est ce que je recherche le plus en ce moment) avant la naissance des premières charpentières. Des sujets pourtant greffés bas est-il besoin de le préciser. Il faut donc, si l'on part d'un jeune sujet, provoquer la pousse en hauteur, couper toutes les branches basses. Toutes les variétés ne se prêtent pas à ce genre de taille bien sûr et il faut dés le départ sélectionner les sujets qui présentent un port adapté à cette taille de formation… Récemment, j'ai acquis un 'karaori nishiski' de 2m20, âgé de plus de 10 ans (c'est une variété peu vigoureuse) qui a ce port exceptionnel, alors que dans la pépinière deux autres sujets de la même variété, placé à l'ombre parce que ce sont des panachés, présentaient un port radicalement différent, beaucoup plus en touffe, franchement sans intérêt pour moi. Idem pour 'shigarami' et 'tana', 'trompenburg pourpre', 'red empereur', etc...

Si tu choisis de garder ton Acer en pot, il faudra sans doute limiter sa pousse pour ne pas être contraint d'agrandir exagérément la taille du container. D'ailleurs, j'ai déjà vu des Acer très vieux, mais poussant dans des petits pots (25-30L), avec un tronc bien costaud (30-35mn) et cela ne les a pas empêché de pousser très haut (plus de 3 m), mais en revanche le tronc a monté en se dénudant en bas complètement : le tronc faisait 1m50 de haut avant les premières charpentières. Comme déjà dit, dans un massif, avec des variétés plus petites au pied, c'est génial, cela permet de créer un étagement sur deux, voire trois niveaux, le pied !!! En revanche, en isolé, ça n'est peut-être pas l'idéal, c'est vraiment une histoire de goût…

Voilà mon point de vue, il vaut ce qu'il vaut, il est orienté clairement, c'est une opinion, mais qui se veut "droite" et généralisable, car en matière de subjectivité, la vérité "n'est qu'un croyance reconnue de tous"... :mrgreen:

PS : En pièce jointe un exemple de 'seiryu' vendu plus de 400 euros parce que très haut (2m10, j'ai mesuré), mais non taillé : une horreur sans nom avec ces prolongements sans avenir qui déséquilibrent complètement le port de l'arbre. Avec une taille de formation, il mesurerait 1m20-1m30 au max et son prix serait divisé par deux au bas mot !
Pièces jointes
seiryu5.jpg
Dernière modification par Misologue1 le dim. 10 nov. 2019 6:27, modifié 3 fois.
reggy
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Re: Acer dissectum seiryu.

Message par reggy »

Merci pour cette réponse très instructive Misologue!

C’est sympa de voir qu’ici la passion est présente, les gens ne sont pas avares de prose :D

Ça m’a fait ma lecture du petit déjeuner :top:

Et sa occupera ma tête bien des journées cette histoire de seiryu (c’est top!)
Misologue1
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Re: Acer dissectum seiryu.

Message par Misologue1 »

J'ai rajouté une photo pour montrer ce que donne un 'seiryu' non taillé...
opusoculi
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Re: Acer dissectum seiryu.

Message par opusoculi »

Misologue1 a écrit : sam. 09 nov. 2019 6:37
Donc, tout ça pour dire que, lorsqu'on est habitué à voir pousser un Acer après l'avoir placé sous un autre arbre beaucoup plus grand que lui, il ne faut pas s'étonner de lire que tel sujet "érigé" naturellement fait des pousses "à l'horizontal", ce qui traduirait une "faiblesse" (?) : 'seiryu' pousse normalement (c'est un érable du Japon pour situation "ensoleillée », .../...

.../... "l'horizontalité" de certaines branches indique simplement que l'arbre cherche la lumière sur cette partie de sa ramure, cherche à passer sous l'ombre formée par les branches supérieures.
Sur ce point de l’horizontalité des branches basses des Acer c’est plus complexe que tu le crois.
Un seyriu âgé de 30 ans et ayant poussé au soleil aura des branches clairsemées , il y a une densité de remplissage propre à chaque variété. Un jeune seyriu a beaucoup de branches, avec les années il en aura beaucoup moins (et ce n’est pas une question d’ombre ou de soleil) c’est sa densité propre à l’âge auquel il est observé.
Avec l’âge chaque branche prend une position à 45° puis une position presque horizontale, (évolution à long terme commune aux arbres).
Ce sont les Auxines (hormones synthétisées dans les Apex caulinaires) qui induisent l’inclinaison oblique puis horizontale des branches; ce phénomène biologique est nommé le plagiotropisme.
Inversement, les hormones Gibberllines (synthétisées dans les feuilles et les racines) induisent la croissance verticale des tiges et des racines; nommé orthotropisme.
Tu observes actuellement seyriu au stade de développement que l’on nomme 'croissance accélérée’, il y aura ensuite le stade linéaire puis le stade décéléré enfin celui de stabilisation proche de la fin. A chaque stade l’arbre change de forme et de densité.
Un Erable âgé n’a plus de pousses verticales, il s’étend (sauf si on l’élague pour le rajeunir). Le plagiotropisme fait la beauté des sujets âgés.

Le soleil et la lumière.
Les feuilles et les branches des arbres ne s’orientent pas vers la lumière directe du soleil (ideé communément admise) mais vers la lumière bleue du spectre soit le bleu du ciel, la lumière du nord, et la lumière réfléchie par le sol c'est le cas pour les branches basses.

Attache des branches.
La jonction d’une branche au tronc ou à une charpentière est caractérisée par un 'anneau' ou 'collier'. Cet anneau initial de la pousse de la branche est une sorte de moteur qui produit la multiplication cellulaire du développement aérien (il est lié au méristème apical du bourgeon terminal) . Chaque branche a une toute petite particularité génétique, ne pas oublier cette individuation contenue dans l’anneau de chaque branche qui la différencie du tronc et des autres branches.
Les anneaux ou colliers ne se ressemblent pas tous, certains sont ridés, d’autres étranglent le développement de la branche qui dans ce cas prend en peu d'années une position horizontale sans être une branche âgée.

De telles branches sont dites ‘branches faibles’ par les élagueurs et les praticiens du bonsaï.
Les branches dites fortes n’ont pas encore pris une position inclinée inférieure à 45°, leur anneau/collier est discret.
Les branches faibles ne sont pas provoquées par la taille , elles sont produites par des corrélations entre les organes d’inhibition des Acer du Japon sur des branches encore jeunes, on peut en voir se former en pleine lumière . Elles sont un des nombreux attraits des Acer.
Ne pas confondre avec la taille en nuage de l'arbre ’nivaki’ qui n’est obtenu que par la taille.

La conservation à long terme des branches faibles qui forment des ‘nuages’ naturels demande de ne jamais tailler les bourgeons terminaux, on peut alléger leur poids en taillant les brindilles qui se développent dessous et uniquement celles-là.

J’ai ouvert un post dédié à la croissance, biologie, morphologie et la taille avec des documents.
Mes érables , printemps automne 2019. http://jalbum.net/a/1973986
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Re: Acer dissectum seiryu.

Message par opusoculi »

Pour illustrer les propos précédents.
PHOTO 1 ET 2.
Deux Acer issus de graines plantés en lisière de bosquet au Jardin du Vastérival Hte Normandie (en lisière, très bon emplacement même si l'arbre ne se développe que d'un côté).
Après le stade 'croissance accélérée' ils entrent dans le stade de 'croissance linéaire'. Les branches se différencient nettement les une des autres, la forme ne changera plus beaucoup.

PHOTO 3.
L'image ne montre pas un seyriu, mais c'est à cette dimension et forme qu'il parviendra en pleine terre en Europe dans un sol moyen en sous-bois clair.
L'image montre des Acer adultes parvenus au stade végétatif dit 'stabilisé' après X années (3 à 4 dizaines d'années). Dans un sol argileux très compact pas très favorable mais bien arrosé en été .
Croissance ralentie, limitée à quelques entre- noeuds très courts, les branches sont moins nombreuses (densité propre aux Acer à ce stade), elles s'ouvrent et baissent vers l'horizontale. Formation de plateaux ou nuages particulièrement en bas à gauche.
Ce sont les caractéristiques des Erables du Japon à ce stade végétatif 'stabilisé' qui peut se maintenir très longtemps. Les couleurs d'automne se produisent alors très régulièrement quasi à coup sur.

PHOTO 4.
A titre de comparaison , un Acer non greffé, puissant , poussant dans un sol excellent bien arrosé en été, parvenu à son stade de développement dit 'stabilisé'.
Même caractéristiques : port des branches distinctes, retombantes avec terminaisons en bouquets ou plateaux naturels.

Ainsi , avec l'âge, évoluent les formes que prennent les Erables du Japon .
Pièces jointes
Acer de graine-0.JPG
Acer de graine-2.JPG
puissant stabilisé.jpg
Acer adulte stabilisé .jpg
Dernière modification par opusoculi le lun. 02 déc. 2019 20:16, modifié 7 fois.
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Re: Acer dissectum seiryu.

Message par CHANIWA »

En termes de dimensions on est presque sûr du simple au double (hauteur surtout) ?
opusoculi
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Re: Acer dissectum seiryu.

Message par opusoculi »

Et même un peu plus.
J'ai ajouté deux autres images de palmatum qui font 5 m en Haute Normandie et dont les formes des branches distinctes les une des autres nous font du 'gringue; c'est à craquer.
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Re: Acer dissectum seiryu.

Message par CHANIWA »

Oh la la :love:
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Re: Acer dissectum seiryu.

Message par Misologue1 »

opusoculi a écrit : ven. 29 nov. 2019 20:26
Misologue1 a écrit : sam. 09 nov. 2019 6:37
Donc, tout ça pour dire que, lorsqu'on est habitué à voir pousser un Acer après l'avoir placé sous un autre arbre beaucoup plus grand que lui, il ne faut pas s'étonner de lire que tel sujet "érigé" naturellement fait des pousses "à l'horizontal", ce qui traduirait une "faiblesse" (?) : 'seiryu' pousse normalement (c'est un érable du Japon pour situation "ensoleillée », .../...

.../... "l'horizontalité" de certaines branches indique simplement que l'arbre cherche la lumière sur cette partie de sa ramure, cherche à passer sous l'ombre formée par les branches supérieures.
Sur ce point de l’horizontalité des branches basses des Acer c’est plus complexe que tu le crois.
Un seyriu âgé de 30 ans et ayant poussé au soleil aura des branches clairsemées , il y a une densité de remplissage propre à chaque variété. Un jeune seyriu a beaucoup de branches, avec les années il en aura beaucoup moins (et ce n’est pas une question d’ombre ou de soleil) c’est sa densité propre à l’âge auquel il est observé.
Avec l’âge chaque branche prend une position à 45° puis une position presque horizontale, (évolution à long terme commune aux arbres).
Ce sont les Auxines (hormones synthétisées dans les Apex caulinaires) qui induisent l’inclinaison oblique puis horizontale des branches; ce phénomène biologique est nommé le plagiotropisme.
Inversement, les hormones Gibberllines (synthétisées dans les feuilles et les racines) induisent la croissance verticale des tiges et des racines; nommé orthotropisme.
Tu observes actuellement seyriu au stade de développement que l’on nomme 'croissance accélérée’, il y aura ensuite le stade linéaire puis le stade décéléré enfin celui de stabilisation proche de la fin. A chaque stade l’arbre change de forme et de densité.
Un Erable âgé n’a plus de pousses verticales, il s’étend (sauf si on l’élague pour le rajeunir). Le plagiotropisme fait la beauté des sujets âgés.

Le soleil et la lumière.
Les feuilles et les branches des arbres ne s’orientent pas vers la lumière directe du soleil (ideé communément admise) mais vers la lumière bleue du spectre soit le bleu du ciel, la lumière du nord, et la lumière réfléchie par le sol c'est le cas pour les branches basses.

Attache des branches.
La jonction d’une branche au tronc ou à une charpentière est caractérisée par un 'anneau' ou 'collier'. Cet anneau initial de la pousse de la branche est une sorte de moteur qui produit la multiplication cellulaire du développement aérien (il est lié au méristème apical du bourgeon terminal) . Chaque branche a une toute petite particularité génétique, ne pas oublier cette individuation contenue dans l’anneau de chaque branche qui la différencie du tronc et des autres branches.
Les anneaux ou colliers ne se ressemblent pas tous, certains sont ridés, d’autres étranglent le développement de la branche qui dans ce cas prend en peu d'années une position horizontale sans être une branche âgée.

De telles branches sont dites ‘branches faibles’ par les élagueurs et les praticiens du bonsaï.
Les branches dites fortes n’ont pas encore pris une position inclinée inférieure à 45°, leur anneau/collier est discret.
Les branches faibles ne sont pas provoquées par la taille , elles sont produites par des corrélations entre les organes d’inhibition des Acer du Japon sur des branches encore jeunes, on peut en voir se former en pleine lumière . Elles sont un des nombreux attraits des Acer.
Ne pas confondre avec la taille en nuage de l'arbre ’nivaki’ qui n’est obtenu que par la taille.

La conservation à long terme des branches faibles qui forment des ‘nuages’ naturels demande de ne jamais tailler les bourgeons terminaux, on peut alléger leur poids en taillant les brindilles qui se développent dessous et uniquement celles-là.

J’ai ouvert un post dédié à la croissance, biologie, morphologie et la taille avec des documents.
Désolé de répondre aussi tardivement, mais mes obligations professionnelles ne m’ont pas permis de le faire plus tôt. Je profite d’un dimanche calme pour apporter ma petite contribution à la discussion.

Tout d’abord je tiens à saluer cette excellente initiatique qui consiste à utiliser des concepts scientifiques pour tenter de comprendre les mécanismes à l’œuvre dans la morphologie et la physiologie des Acer, préalable nécessaire pour expliquer leur comportement architectural. Merci donc pour toutes ces précisions, fort intéressantes et qui m’ont rappelé mes cours de biologie au lycée (terminale C à l’époque). Il me semble d’ailleurs que les différents tropismes et le rôle des phytohormones endogènes (hormones végétales) sur les mécanismes de développement des plantes ainsi que sur leur adaptation aux stimuli environnementaux, est au programme de la classe de première au lycée… J’en profite donc aussi pour me rafraîchir la mémoire…

Néanmoins, je ne peux m’empêcher de rester prudent et réservé sur la démarche méthodologique utilisée et, plus encore, sur les conclusions et résultats proposés (photos à l’appui) : même pour quelqu’un avec tes connaissances et ton expérience, la tentation est grande de simplifier les explications, d’aller à l’essentiel, en oubliant justement, comme tu le dis toi-même, la grande complexité des interactions et corrélations (c’est le maître mot ici !) à l’œuvre dans la biologie des arbres en général et des Acer en particulier. Mes propres connaissances ne sont pas complètement en accord avec les tiennes…

Cette « tentation », je la ressent moi-même à chaque fois, connaissant la grande difficulté qu’il y a à cerner les multiples facteurs, internes et externes, endogènes et exogènes, participants aux mécanismes d’inhibition corrélative : dominance apicale, hormonale et/ou par concurrence trophique (laquelle débouche sur cette fameuse notion de « vigueur » dont tu parles, car la vigueur d’un rameau est aussi lié à des facteurs externes, nutrition, géotropisme, etc…), dormance (par inhibiteurs acides et/ou par exposition au froid), pesanteur, propriétés fixées génétiquement (qui peut aussi expliquer, sur ce point tu as raison, le manque de vigueur d’un rameau), phototropisme, etc… Il est impossible, dans une réponse rapide comme celle-ci, d’en faire le tour… D’avance, je m’en excuse !

La relation entre le port de l’arbre, son aspect extérieur, l’orientation de ses branches, en bref son architecture, et l’action des phytohormones est déterminante, sur ce point nous sommes d’accord. Mais, c’est l’ordre d’importance qui me chagrine… Les hormones endogènes sont l’auxine AIA, les gibbérellines GA, les cytokinines, dont le rôle semble plus important encore que celui des gibbérellines…, l’acide abscissique, impliquée dans le phénomène de la dormance, l’éthylène, responsable en partie de l’orientation vers le bas des feuilles, les brassinostéroïde, etc... L’action des phytohormones fait partie des facteurs internes. Cependant, les études relativisent ces facteurs internes en insistant sur les facteurs externes situés dans l’environnement, comme le phototropisme (qui n’implique pas que la raie bleue du spectre lumineux…). Il est impossible de ne pas en tenir compte…

Je précise que c’est la prise en compte de tous ces facteurs qui doit guider la technique de taille des Acer (et de toutes les plantes ligneuses), si l’on veut réussir à former un port harmonieux sans perturber leur croissance et/ou menacer leur santé.

Donc, les études ont montré que l’architecture d’un Acer est surtout déterminée par ce que les biologistes nomment la « dominance apicale », dont la vitesse et le rythme varient, dans une certaine mesure, avec l’âge de la plante. Je rappelle que la dominance apicale explique l’inhibition (plus ou moins forte) des bourgeons axillaires (latéraux) par l’auxine sécrétée par le méristème apical (le bourgeon terminal). L’action de l’auxine est considérée comme la plus importante dans le contrôle de la croissance des Acer. Elle n’agit jamais seule mais en combinaison ou en opposition avec d'autres hormones : les cytokinines surtout, dont les effets sont antagonistes à ceux de l’auxine. Sécrétées par les racines en croissance, elles sont véhiculées par la sève jusqu’à l’apex caulinaire. La croissance orientée résulte de l'équilibre entre les effets de ces deux hormones (balance hormonale). En fonction de la balance hormonale, l'auxine peut soit stimuler une réponse soit l'inhiber. Si le rapport auxine/cytokinine est élevé, l’auxine empêche ou retarde le réveil des bourgeons axillaires sur les jeunes pousses et constitue le facteur endogène de l’horizontalité des jeunes rameaux. Si ce rapport est faible (ce qui est souvent le cas des Acer), Les cytokinines réveillent les bourgeons et engendrent la verticalité des rameaux. Ainsi, dans le cas des Acer, le rapport auxine/cytokinine est suffisamment équilibré pour autoriser la formation orthotrope (verticale) des axes principaux et dominants (les charpentières), lesquelles au fil des années vont s’allonger, grossir, se ramifier, et s’organiser lentement en fonction des facteurs internes (endogènes) et externes (environnementaux).

Les interactions entre les hormones participent donc à former le port de l’arbre. C’est ce qui explique que la plupart des ramifications latérales non inhibées sont plagiotropes (elles réagissent négativement à la force de gravité en formant un angle à 45°). En fait, plagiotropisme et inhibition par hormone s’excluent mutuellement : ou bien un bourgeon est inhibé, ou bien il engendre une tige plagiotrope. Comme déjà dit, l’inhibition est faible dans le cas des Acer, car ce sont d’abord les bourgeons orthotropes dominants qui déterminent le plagiotropisme des bourgeons non inhibés secondaires. Autrement dit, un contrôle apical durable, mais plus ou moins équilibré, hiérarchise les axes primaires (plus ou moins orthotropes) et les ramifications secondaires (plus ou moins plagiotropes).

Mais ce qui montre la complexité du contrôle apical dans le cas des Acer, c’est la vigueur du rameau, déterminante pour la croissance des bourgeons végétatifs. Or, au moins 2 facteurs interviennent ici : d’une part, ce concept de « vigueur » met en jeu le port vertical (et non horizontal) du rameau, et d’autre part, les facteurs externes, comme l’eau et les nutriments, la chaleur et l’humidité de l’air et du sol, jouent un grand rôle dans le rapport auxine/cytokinine. Autrement dit, si l'angle normal de croissance est dû à la pesanteur (dans le plagiotropisme, les branches latérales forment un angle défini avec la verticale), sa direction résulte d'un équilibre entre la pesanteur, facteur externe, et des facteurs internes de type hormonal : plus le système racinaire de l’Acer est étendu et vigoureux (si les conditions de culture n’ont pas trop endommagé les racines en hiver lors de la dormance) et plus le contrôle apical sera faible, favorisant une croissance orthotrope dense (cas typique de ‘seiryu’ et de la grande majorité des Acer érigés). Avec le développement des racines au printemps, la sécrétion de cytokinines devient abondante (facteur endogène de levée d’inhibition) ce qui, sur des plantes principalement acrotones comme les Acer, a pour effet de doper la croissance des rameaux sur tous les gradients longitudinaux (basitonie et médiatonie), donnant un port dense avec de nombreux rameaux latéraux.

D’autre part, la levée de la dormance au printemps résulte aussi d'une modification des concentrations relatives en acide abscissique et en gibbérellines. Le « débourrement » des bourgeons correspond à une élévation de la teneur en gibbérellines au printemps, après action du froid de l'hiver, ce qui a pour effet de lever la dormance induite par une accumulation d'acide abscissique en automne.

Encore faut-il que la plante ne souffre pas de carence au moment du débourrement et juste après : si les racines en phase de croissance ne peuvent se nourrir suffisamment, la dominance apicale sera forte, ce qui montre bien l’importance du facteur trophique dans la dominance. En l’absence d’une nourriture suffisante, l’une des propriétés principales des cytokinines, qui est de mobiliser les métabolites vers les bourgeons secondaires, est détournée au profit du bourgeon terminal (l’apex), lequel capte alors l’essentiel du flux des métabolites. Autrement dit, la croissance est vigoureuse (nombreuses tige orthotropes) et prend le dessus sur l’inhibition corrélative (facteur endogène du plagiotropisme) si, dans l’apex, l’alimentation est suffisante pour permettre le débourrement et la croissance simultanée de plusieurs méristèmes. Il en va de même si l’eau vient à manquer, car dans ce cas, c’est un flux d’acide abscissique qui amplifierait le phénomène. Un sol trop pauvre, en provoquant parfois un contrôle apical très fort, explique dans le pire des cas l’absence complète de ramifications latérales et l’obtention d’un axe orthotrope dominant vigoureux.

Les Acer de 2m et plus que l’on trouve parfois en pépinière, avec un tronc très haut et droit et une couronne relativement modeste, dans un petit pot, sont l’exemple typique de ce mauvais traitement.

Avec l’action de la gravité, il n’est pas étonnant qu’ils prennent ensuite une forme évasée en avançant en âge…

Cela dit, je te rejoins pour signaler l’absence de corrélations sur les rameaux peu vigoureux : les études manquent à ce sujet, mais il est plus que probable que des propriétés fixées, totalement indifférentes à la levées des inhibitions par corrélations (si l’on coupe le bourgeon apical par exemple), expliquent le faible développement d’un rameau et de ses bourgeons, sans doute dû à son potentiel de croissance fixé génétiquement le long de son axe… Dans ce cas, il est en effet impératif de ne pas raccourcir la tige dans l’espoir de déséquilibrer la balance hormonale (supprimer l’auxine, favoriser provisoirement la cytokinine) pour augmenter le nombre de tiges orthotropes, car cela restera sans effet et risque même d'affaiblir encore plus la branche !

Le comportement de ‘skeeter’s Broom’ illustre très bien la complexité du mécanisme d’inhibition par corrélation :

Comme la majorité des Acer, ses ramifications répondent au principe de l’acrotonie, c’est-à-dire se développent par une succession d’axes acrotones ou à partir de bourgeons situés à l’extrémité des branches. Il a donc une tendance très marquée à former de longues flèches (comme seiryu…). Mais, par ailleurs, son patrimoine génétique le prédispose à former de nombreuses croissances sur chaque rameau tout le long des gradients longitudinaux (basitonie et médiatonie), ce qui montre bien une faible inhibition des bourgeons sur l’ensemble de la ramification. De plus, sur les rameaux obliques, la dominance des bourgeons de la face supérieure (épitonie), et leur croissance verticale, participent à former une architecture « buissonnante » et touffue, quel que soit son âge.

Ce phénomène s’observe sur tous les cultivars issus de « balais de sorcière », comme ‘shaïna’, ‘pixie’, ‘Englishtown’, etc… Les études montrent qu’un agent cécidogène exogène (une bactérie ou un champignon) est à la source du développement des galles, appelées cécidies, lesquelles déclenchent un phénomène d’inhibition de l’allongement des axes (ce qui explique les branches courtes), et surtout d’inhibition des actions corrélatives (croissance verticale, port compact et architecture dense et touffue).

Ce qui montre la complexité des interactions concernées, c’est que les propriétés fixées génétiquement sur ces cultivars par les mycocécidies et bactériocécidies proviennent de relations trophiques (exogène donc et non strictement hormonales, l’hôte détournant les nutriments à son profit) en relation avec la production de cytokinines par le parasite qui inverse le rapport auxine/cytokinines. Il en va de même lorsque l’agent pathogène est un champignon, car ceux-ci produisent de l'AIA et des cytokinines mais, là encore, en inversant la balance hormonale, provoquant une croissance verticale (orthotrope) de l’arbre jusqu’à sa sénescence.

Dans le cas de ‘seiryu’, tu n’as pas complètement tort d’insister sur son port qui s’étale avec l’âge, ce qui est commun à de nombreuses variétés d’Acer, mais il fait partie, malgré tout, des variétés qui ont une dominance apicale faible. Tu parles de l’âge de l’arbre, mais plus sûrement encore, c’est l'accroissement de ses dimensions et la complexification de son système ramifié, qui expliquent le phénomène de géotropisme : si l'acrotonie subsiste, son effet devient plus faible avec la distance (bien avant qu’il n’entre en sénescence…) et du coup la force de gravité peut accentuer son action, expliquant l’étalement des branches à l’horizontal…

L’âge en soi n’est pas un critère, car bien avant d’atteindre les « 30 ans », de nombreux ‘seiryu’ présentent cette forme évasée ou étalée, dû principalement à l’action de la gravité, mais aussi à la prise d’autonomie des branches, tant sur le plan physiologique que morphogénétique. Le facteur externe induit là encore une inhibition corrélative (facteur endogène), à la fois hormonale et par concurrence trophique, car avec l’âge l’intensité de la dominance apicale s’affaiblie beaucoup (et devient résiduelle) : entre la photoactivation d'un pigment récepteur, le déplacement physique d'une particule mobile, et l'asymétrie du transport de l'auxine, il y a bien sûr des relations concomitantes qui expliquent le plagiotropisme issu de la dominance apicale, mais son intensité baisse avec l’âge, ce qui amène cette autonomie (relative) des branches, plus ou moins incapable de réagir négativement à la force de la gravité.

Je m'arrête là pour aujourd'hui… je reviendrais sur le cas du phototropisme plus tard, lui aussi loin d'être aussi simple...
Dernière modification par Misologue1 le lun. 09 déc. 2019 5:53, modifié 10 fois.
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Re: Acer dissectum seiryu.

Message par Misologue1 »

opusoculi a écrit : lun. 02 déc. 2019 16:43 Pour illustrer les propos précédents.
PHOTO 1 ET 2.
Deux Acer issus de graines plantés en lisière de bosquet au Jardin du Vastérival Hte Normandie (en lisière, très bon emplacement même si l'arbre ne se développe que d'un côté).
Après le stade 'croissance accélérée' ils entrent dans le stade de 'croissance linéaire'. Les branches se différencient nettement les une des autres, la forme ne changera plus beaucoup.

PHOTO 3.
L'image ne montre pas un seyriu, mais c'est à cette dimension et forme qu'il parviendra en pleine terre en Europe dans un sol moyen en sous-bois clair.
L'image montre des Acer adultes parvenus au stade végétatif dit 'stabilisé' après X années (3 à 4 dizaines d'années). Dans un sol argileux très compact pas très favorable mais bien arrosé en été .
Croissance ralentie, limitée à quelques entre- noeuds très courts, les branches sont moins nombreuses (densité propre aux Acer à ce stade), elles s'ouvrent et baissent vers l'horizontale. Formation de plateaux ou nuages particulièrement en bas à gauche.
Ce sont les caractéristiques des Erables du Japon à ce stade végétatif 'stabilisé' qui peut se maintenir très longtemps. Les couleurs d'automne se produisent alors très régulièrement quasi à coup sur.

PHOTO 4.
A titre de comparaison , un Acer non greffé, puissant , poussant dans un sol excellent bien arrosé en été, parvenu à son stade de développement dit 'stabilisé'.
Même caractéristiques : port des branches distinctes, retombantes avec terminaisons en bouquets ou plateaux naturels.

Ainsi , avec l'âge, évoluent les formes que prennent les Erables du Japon .
Intéressant, mais l'âge n'est pas en soi le critère de jugement : lire mon explication plus haut…
Pièces jointes
seiryu de plus de 30 ans, idem que précédemment… le plagiotropisme est un phénomène très complexe...
seiryu de plus de 30 ans, idem que précédemment… le plagiotropisme est un phénomène très complexe...
seiryu de plus 40 ans, bien nourri lui aussi, mais encore dense...
seiryu de plus 40 ans, bien nourri lui aussi, mais encore dense...
seiryu de 15 ans max, encore en croissance (en pot mais bien nourri), mais soumis au géotropisme...
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Re: Acer dissectum seiryu.

Message par opusoculi »

Que ne nous as-tu pas fait ce brillant exposé plus tôt ? Nous nous serions plus vite entendus.

Je ne souhaite pas alimenter d’autre rivalité mimétique.
Obligé de signaler une petite erreur de nomination , elles sont courantes sur des images prises sur le web.
1°Illustration codée en php. Examinée agrandie 300%, feuilles pas découpées, ce n’est même pas un dissectum.
La 3° oui c’est seyriu.

Edit orthographe
Pièces jointes
erreur probable.php.jpg
Dernière modification par opusoculi le lun. 09 déc. 2019 12:38, modifié 1 fois.
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Re: Acer dissectum seiryu.

Message par reggy »

Merci pour cette passade de haut niveau. Qui plus est un dimanche matin et sans fautes orthographe... chapeau! :shock: :top:
Cela complexifie néanmoins la réflexion du petit lézard que je suis sur l'évolution de son Seiryu...

En effet le sujet que tu as présenté (Cf. ci-dessous) est également très joli sans les nuages de "bas étage" si je peux me permettre l'expression (car c'est une forme très jolie).
Si je peux arriver à le former ainsi ce serait super. La coupe des "cornes" que mon sujet est en train de faire pourrait-elle aider à recentrer la densification sommitale où est-ce une autre stratégie qu'il faut appliquer dans ce cas?

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Re: Acer dissectum seiryu.

Message par opusoculi »

La réduction des prolongements latéraux (cornes) est indispensable, et c’est très peu de chose à faire
Tout réside dans le rempotage régulier; tous les deux ans dans le cas de ton Acer. Un peu de nourriture et tout ira bien. S’il veut pousser du haut il le fera.

Profites-en tant que tu peux, il est très beau, il sera très beau même en poussant modérément. N’aspire pas trop vite (en pot) à son gigantisme.

Imagine qu’il soit devenu comme celui de l’image (elle vient du site coniferkingdom.com USA Oregon) , comment tu le rempotes tous les trois ans ? As-tu des engins de levage ? Du personnel ?
Si tu veux le conserver en pot, songe à fabriquer un conteneur solide en bois démontable sur place, avec tous les côtés indépendants et vissés de l’extérieur. Ainsi tu pourras démonter sans aide, sortir un tiers du substrat tout seul et remonter ton conteneur aisément sans avoir eu à bouger la motte.
Dans 4 ou 6 ans le problème va se poser. Soit tu résous la question du conteneur , soit tu le plantes.
Mais pour la forme il va se débrouiller tout seul; juste un coup de sécateur discrètement de temps à autre.
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Re: Acer dissectum seiryu.

Message par reggy »

opusoculi a écrit : mar. 10 déc. 2019 2:29 La réduction des prolongements latéraux (cornes) est indispensable, et c’est très peu de chose à faire
Tout réside dans le rempotage régulier; tous les deux ans dans le cas de ton Acer. Un peu de nourriture et tout ira bien. S’il veut pousser du haut il le fera.

Profites-en tant que tu peux, il est très beau, il sera très beau même en poussant modérément. N’aspire pas trop vite (en pot) à son gigantisme.

Imagine qu’il soit devenu comme celui de l’image (elle vient du site coniferkingdom.com USA Oregon) , comment tu le rempotes tous les trois ans ? As-tu des engins de levage ? Du personnel ?
Tous les deux ans?! Et bien on y est..... jusqu'à présent je faisais au felling.... avant de découvrir ce forum. J'ai eu du bol en quelque sorte et comme le Seiryu est résistant il a plutôt aidé.
Mais tu as tout à fait raison, vu comment j'ai galéré avec le rempotage de mon dissectum c'est une question qui me turlupine! (d'où mon poste sur le surfaçage d'ailleurs...). Pas d'engin de levage mais je peux y réfléchir héhé!



Comment fais-tu pour ton magnifique Arakawa par exemple? :shock:



opusoculi a écrit : mar. 10 déc. 2019 2:29 Si tu veux le conserver en pot, songe à fabriquer un conteneur solide en bois démontable sur place, avec tous les côtés indépendants et vissés de l’extérieur. Ainsi tu pourras démonter sans aide, sortir un tiers du substrat tout seul et remonter ton conteneur aisément sans avoir eu à bouger la motte.
Dans 4 ou 6 ans le problème va se poser. Soit tu résous la question du conteneur , soit tu le plantes.
Mais pour la forme il va se débrouiller tout seul; juste un coup de sécateur discrètement de temps à autre.
J'ai commencé à faire ainsi pour mon récent Sangokaku. Tout démontable par l’extérieur. Pour le Seiryu j'avais réutilisé des vieux volets pour faire le pot. Malheureusement j'ai mis des charnières à l'intérieur comme un idiot! :roll: Ceci dit ce pot peut être détruit partiellement pour opérer (disqueuse aux niveau des charnière par exemple)....
Je vais le garder en pot. Je tourne tous les matins autour pour voir où je vais tailler :wink: les voisins (et ma femme) doivent me prendre pour un fou! :D
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Re: Acer dissectum seiryu.

Message par opusoculi »

"Je tourne tous les matins autour pour voir où je vais tailler :wink: les voisins (et ma femme) doivent me prendre pour un fou! :D "

Tu te sens coupable de perdre du temps à une occupation inutile ? Ne pas préjuger de ce que les autres pensent de ton comportement et sois sans préjugé sur les autres, à long terme ils te le rendront.

Pour rempoter arakawa je choisis une journée couverte sans vent. Je commence par le coucher horizontalement du côté qui a moins de branches. Je le cale et je retire le pot en le faisant glisser ; les grands pots légèrement côniques se démoulent sans presque aucune résistance.
En tirant sur le haut du tronc, l’effet levier bascule l’ensemble aisément, pour cela je prends place à l’intérieur des branches couchées.
Trouver une façon de caler le pot couché de sorte qu’en tirant le tronc la motte sorte.
Une machette me sert à réduire le pourtour de la motte et le chignon du fond, etc.

Lors des opérations attention à ne pas casser les branches.
Un voisin veut bien m’aider, il a des doutes sur les capacités physiques de mes 51 kg; il est vrai qu’il pèse le double , il a du goût pour l’effort qui ne lui coûte rien; il a tant de plaisir à me démontrer son efficacité qu’il va trop vite, ses larges épaules ne s’embarrassent pas, appuyant sur les branches cassantes ... "Prends ton temps, rien ne presse » mais rien n’y fait, sa force est toujours aussi pressée de s’exercer, alors que pour ménager la-mienne, j’utilise leviers et cales pour en utiliser le moins possible .

Chronique d’une vie de quartier et d’un agréable voisinage apprécié.
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Re: Acer dissectum seiryu.

Message par reggy »

opusoculi a écrit : mar. 10 déc. 2019 15:09 "Je tourne tous les matins autour pour voir où je vais tailler :wink: les voisins (et ma femme) doivent me prendre pour un fou! :D "

Tu te sens coupable de perdre du temps à une occupation inutile ? Ne pas préjuger de ce que les autres pensent de ton comportement et sois sans préjugé sur les autres, à long terme ils te le rendront.
Ah non je m'en fiche pas mal! :D les gens se révèlent même admiratifs de me voir parfois scotcher sur un oiseau... ils ne savent pas ce qu'ils loupent à observer autour d'eux... bref!

opusoculi a écrit : mar. 10 déc. 2019 15:09 Pour rempoter arakawa je choisis une journée couverte sans vent. Je commence par le coucher horizontalement du côté qui a moins de branches. Je le cale et je retire le pot en le faisant glisser ; les grands pots légèrement côniques se démoulent sans presque aucune résistance.
En tirant sur le haut du tronc, l’effet levier bascule l’ensemble aisément, pour cela je prends place à l’intérieur des branches couchées.
Trouver une façon de caler le pot couché de sorte qu’en tirant le tronc la motte sorte.
Une machette me sert à réduire le pourtour de la motte et le chignon du fond, etc.

Lors des opérations attention à ne pas casser les branches.
Un voisin veut bien m’aider, il a des doutes sur les capacités physiques de mes 51 kg; il est vrai qu’il pèse le double , il a du goût pour l’effort qui ne lui coûte rien; il a tant de plaisir à me démontrer son efficacité qu’il va trop vite, ses larges épaules ne s’embarrassent pas, appuyant sur les branches cassantes ... "Prends ton temps, rien ne presse » mais rien n’y fait, sa force est toujours aussi pressée de s’exercer, alors que pour ménager la-mienne, j’utilise leviers et cales pour en utiliser le moins possible .

Chronique d’une vie de quartier et d’un agréable voisinage apprécié.
Je peux raconter la même histoire dans le sens inverse! :veryhappy: mon presque quintal étant porté sur châssis haut d'ancien sportif je suis tout précautionneux quand je travaille. Je refuse régulièrement l'aide du beau frère, véritable chat maigre qui s'acharne à me prouver que le gabarit ne compte pas. Il enchaîne les tours de force, de façon remarquable d'ailleurs, non sans se blesser régulièrement..... :shock: :)

Coucher l'arbre sur le côté n'est pas toujours aisé, mon dissectum au houppier très élargi s'aplatissait sur le sol, j'avais peur que les branches ne cassent. J'ai du mettre des cales pour avoir un angle permettant de soulager l'appui des branches par terre.....
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Re: Acer dissectum seiryu.

Message par Misologue1 »

reggy a écrit : lun. 09 déc. 2019 9:32 Merci pour cette passade de haut niveau. Qui plus est un dimanche matin et sans fautes orthographe... chapeau! :shock: :top:
Cela complexifie néanmoins la réflexion du petit lézard que je suis sur l'évolution de son Seiryu...

En effet le sujet que tu as présenté (Cf. ci-dessous) est également très joli sans les nuages de "bas étage" si je peux me permettre l'expression (car c'est une forme très jolie).
Si je peux arriver à le former ainsi ce serait super. La coupe des "cornes" que mon sujet est en train de faire pourrait-elle aider à recentrer la densification sommitale où est-ce une autre stratégie qu'il faut appliquer dans ce cas?

Image

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Salut Reggy !

Pour être honnête, je ne suis pas un grand spécialiste de la taille, je n’ai pas l’expérience d’Opusoculi en la matière : soit mes jeunes érables sont trop petits, soit mes sujets plus âgés sont grands et je les ai achetés pour le port qu’ils offraient et qui me plaisait (ils ont été formés dans la pépinière qui me les a vendus). Je n’ai taillé, légèrement, que quelques sujets, ceux qui, comme ton ‘seiryu’, présentaient un déséquilibre évident (des plantes de jardinerie souvent…) ou qui avaient besoin d’une petite taille d’entretien (suppression du bois mort, des suppléants indésirables, etc…). Avec mes 90kg de barbaque je n’ai aucune difficulté à rempoter mes grands sujets dans des containers toujours plus larges, donc je ne pratique pas la taille, ni du système racinaire, ni des parties aériennes, pour équilibrer le tout, comme le font les collectionneurs qui cultivent leurs pensionnaires dans des pots de taille relativement réduite. Enfin, vu leur nombre, j’ai décidé de planter quelques sujets (de taille différente pour créer un étagement sur plusieurs niveaux), en soignant l’harmonie des architectures et des couleurs et donc, dans ce cas, aucune taille de formation n’est nécessaire (forme naturelle ou libre), il faut juste assurer la taille d’entretien.

Cela étant dit, si tu as bien compris les actions et les interactions des phytohormones et le rôle prépondérant quelles jouent dans le comportement et l’architecture des Acer, tu n’auras aucun mal pour saisir les quelques principes de base permettant d’effectuer la taille de formation, laquelle, comme son nom l’indique, cherche à conduire la forme en s’appuyant sur le fonctionnement de ces hormones et la réaction que provoque inévitablement les différentes techniques de taille (c’est le déséquilibre provisoire de la balance hormonale induite par la taille qui provoque un changement dans le comportement architectural de la plante).

Concernant, tout d’abord, la conduite de la forme de ton Acer, tu as le choix entre plusieurs méthodes. Sans les passer toutes en revue, sachant qu’elles ne sont pas toutes adaptées au cas des Acer qui, je le rappelle, sont des plantes essentiellement acrotones (voir mon précédent message…), tu peux choisir :

- soit la « forme naturelle », qui est une forme libre sans aucune taille (ni de formation, ni d’entretien : ton sujet se développe selon son patrimoine génétique mais aussi en réagissant aux contraintes environnementales, comme le climat, la nature physique et chimique du sol, la concurrence végétale, avec le phototropisme, le fameux « syndrome d’évitement de l’ombre, etc…),

- soit la « forme libre », qui est identique à la précédente, c’est-à-dire repose sur l’influence du milieu, et ne nécessite que les opérations d’entretien courant,

- soit la « forme libre accompagnée » ou « contenue », et enfin la forme « jardinée ». Les deux dernières sont proches et ne différent que par la maîtrise du volume et de la direction des branches dans le cas de la forme « jardinée », puisque le jardinier cherche alors à mettre en valeur une architecture spécifique (introduction de la transparence, par exemple, formation d’un tronc simple sur 2 ou 3 charpentières, etc…), toujours en douceur et dans le respect du mode de ramification, afin de conserver un aspect esthétique « naturel »... La forme « contenue » est préconisée pour les sujets soumis à des contraintes spatiales (manque de dégagement physique dans un petit jardin, passage d’usagers, etc…) ou cultivés en pot (problème de déplacement et d’entretien intensif, etc…). Comme le houppier ne peut se développer naturellement pour atteindre toute sa dimension à l’âge adulte, il convient de diminuer la longueur des branches devenant trop longues.

Et c’est là que doivent intervenir des techniques de tailles adaptées afin de ne pas créer de traumatismes irréversibles…

Pour les 3 derniers cas cités, trois techniques s’imposent :

- La « suppression d’axes sur charpente » destinée, comme son nom l’indique, à éclaircir une charpente, à lui donner de la transparence : elle consiste à sectionner un axe dominé dans la charpente, par exemple une branche latérale inesthétique le long d’une charpentière ou directement sur le tronc. J’apprécie beaucoup cette technique qui permet de former un bel arbre sur quelques grosses charpentières bien dégagées.

- La « réduction d’axes sans relais » : dans le cas d’un houppier déséquilibré comme ton ‘seiryu’, avec des axes secondaires partant vers l’extérieur (et soumis fortement au géotropisme) et un centre plus ou moins dégarni et vide, la technique de taille adaptée consiste à supprimer totalement la dominance apicale et le contrôle apical en sectionnant un rameau à n’importe quel endroit le long d’un entre-nœud long nettement au-dessus d’un bourgeon visible ou latent. Cette technique provoquera la formation d’un chicot qui va sécher et que l’on pourra supprimer plus tard. Mais surtout son but est de créer un fort déséquilibre hormonal dans le rapport auxine/cytokinine en favorisant la production des cytokinines qui vont réveiller les bourgeons axillaires situés sous la coupe. Ainsi, sur des plantes acrotones, cette technique permet de densifier le houppier en réorientant les nouveaux rameaux vers l’intérieur et vers le haut (comportement orthotrope). Relire mon message précédent pour comprendre le mécanisme…

- Enfin, la « réduction d’axes sur relais potentiels » : Cette fois, il ne s’agit plus de perturber le fonctionnement hormonal, mais d’observer le comportement naturel de l’Acer pour identifier les axes dominants qui détournent à leur profit les nutriments, afin de favoriser le développement de l’axe secondaire mieux orienté (plus orthotrope et vertical, participant à densifier le houppier). La technique consiste alors à sectionner la branche à l’aisselle (juste au-dessus) d’un rameau secondaire qui va devenir le nouvel axe principal. Il s’agit bien sur de choisir un prolongement assez vigoureux pour remplacer l’axe dominant et capable de former à son tour des rameaux latéraux tout aussi vigoureux. De même, il est possible de supprimer les relais dominants lorsque ceux-ci perdent leur vigueur au profit des rameaux médians : cette technique est subtil, car elle consiste à accompagner la plante en sélectionnant les relais présentant l’orientation souhaitée pour densifier la partie médiane du houppier…
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Re: Acer dissectum seiryu.

Message par reggy »

Merci pour ces précisions Misologue,

De toutes façons je pense qu'avant de jouer du sécateur je vous demanderais confirmation sur mon plan d'attaque :wink:
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Re: Acer dissectum seiryu.

Message par opusoculi »

Il est toujours difficile de se rendre compte du volume et de l’espace sur photos.
Et avant de jouer du sécateur je te demande de m’aider à comprendre la répartitions des branches avec de nouvelles photos.

Les branches charpentières sont nombreuses, divisions localisées dans un cercle jaune; ça c’est bien.
Dans la forme générale, 3 branches se sont lancées vers l’extérieur. Ce sont ces 3 qui exercent leur dominance apicale au préjudice de la cime.
Je vois bien d’où part la branche 3 en bleu foncé.
Je ne vois pas d’où proviennent les deux branches marquées 1 et 2 en rouge.

Il faudrait des photos qui montrent leur départ et leur circuit avec les divisions s’il y en a, tu nommeras ces 2 branches respectivement 1 et 2 .
Et de nouvelles photos du départ des branches principales, vues en te baissant pour voir leur force au départ; et m’indiquer quels sont les départ de 1 et de 2.

Rétrospectivement . Si ces 3 branches avaient été épointées il y a 3 ans et au cours de leur développement, elles se seraient divisées et n’auraient pas filé si loin.

J’espère ainsi t’aider à mieux voir comment ton arbre répartit ses forces. Les conclusions viendront après.

Edit: J’ajoute une branche nommée 4 (soulignée en rose thyrien) d’où part-elle ?
Pièces jointes
question 2.jpg
questions.jpg
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Re: Acer dissectum seiryu.

Message par Misologue1 »

@Reggy : sur ton 'seiryu' se sont les axes 2 (les axes 1 étant les charpentières) qui déséquilibrent le port : les lignes rouges. Ton arbre n'a reçu aucune taille de formation et les axes secondaires ont pris naturellement le dessus en partant à l'extérieur. Comme dit Opusoculi, si les pointes avaient été supprimées sur les axes 2, les rameaux latéraux se seraient redressés et le port serait aujourd'hui plus vertical et plus dense au sommet. Rien n'est perdu bien sûr, mais je prévois une taille assez sévère sur le tien fin février pour le rééquilibrer… Bon, il est jeune, cette taille va le booster ! Dès que je pourrais, je ferais quelques photos de l'un de mes 'seiryu' qui présente des traces d'une taille de formation assez radicale sur les axes 2 à mi hauteur et qui, donc, a pu se ramifier de façon à monter sans s'élargir exagérément...
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Re: Acer dissectum seiryu.

Message par Misologue1 »

Comme annoncé, j’aimerai vous parler du rôle de la qualité de la lumière au sens de sa composition spectrale, sur la croissance et le développement des Acer et sur l’élaboration de leur architecture aérienne. Bien entendu, étant donné la complexité des mécanismes en jeu, je ne pourrais que survoler la question et apporter une réponse très synthétique, à partir des études les plus récentes que j’ai pu lire. L’explication reste longue néanmoins et je l’ai donc divisé en 2 (voire en 3...) pour la rendre plus « digeste » :

D’une manière générale les Acer, comme d’autres plantes reposant sur le modèle architectural de Champagnat, c’est-à-dire caractérisé par des axes 1 (les charpentières) à croissance monopodiale, portant des ramifications orthotropes et acrotones (modulées par le gravitropisme, axes 2, 3, etc…), possèdent de fortes propriétés d’adaptation à leur environnement lumineux.

Cependant, en condition normale de culture, cette adaptabilité se manifeste dans une situation « naturelle » de mi-ombrage, c’est-à-dire lorsque les parties aériennes de la plante sont soumises à une fluctuation de la composition spectrale de la lumière, incidente ou réfléchie, mais sans que la quantité globale de lumière ne baisse forcément (c’est la différence avec l’ombre vraie) car, dans leur stratégie d’évitement de l’ombre, les Acer (comme toutes les plantes ligneuses) ont la capacité de détecter les concurrents voisins, signes précoces qui indiquent une évolution de leur environnement vers des conditions plus défavorables.

Que son feuillage reçoive la lumière directe du soleil dans un habitat ouvert située dans une zone géographique tempérée, ou qu’il bénéficie d’une couverture végétale le protégeant du soleil brûlant, l’Acer doit faire face à des changements quotidiens et saisonniers de la composition de la lumière. La composition spectrale du rayonnement solaire est certes constante pendant la journée, mais elle s'enrichit considérablement en longueurs d'onde bleues et rouges au matin et au crépuscule. La composition de la lumière change également au cours de l'année, en particulier aux hautes latitudes lorsque le soleil reste bas à l'horizon.

Mais surtout, en situation protégée, en bordure immédiate d’un couvert végétal dense ou au niveau du sous-étage forestier, c’est-à-dire dans des environnements non-homogènes donnant un accès transitoire à la lumière du soleil non filtrée, selon sa position dans le ciel ou l'heure de la journée, un Acer doit s’adapter à une diminution plus ou moins forte du rapport Rouge clair/Rouge sombre (R/FR), et à un appauvrissement du spectre bleu (B), capté par réflexion sur le sol (pour les parties basses et médianes de la ramification) ou grâce aux trous éventuels de la canopée (pour les parties hautes). La signature spectrale des tissus végétaux entourant un Acer a donc une grande influence sur la composition de la lumière dont il peut disposer. Bref, dans un contexte écologique où l’Acer est rarement isolé, il doit faire face à une concurrence élevée pour la lumière !

Il n’est d’ailleurs pas délirant de penser que le port très fortement plagiotrope des très vieux érables, formant avec le temps des plateaux spectaculaires et très esthétiques, puisse aussi s’expliquer, en dehors du gravitropisme, par cette adaptation aux conditions de luminosité induite par la masse des feuilles formant ces plateaux et filtrant fortement le spectre lumineux utile.

Quoi qu’il en soit, ces conditions très variables et changeantes, induisent plusieurs photoréactions débouchant sur une série d'adaptations morphologiques qui sont censées aider la plante à dépasser ses concurrents : allongement de la structure des axes principaux, élévation des feuilles, ainsi que ramification secondaire réduite, mais aussi phototropisme (port des axes tournés vers la lumière). De tels changements morphologiques et développementaux sont associés à une amélioration de la condition physique dans des environnements concurrentiels, mais se produisent au détriment de la production de biomasse.

Les études les plus récentes montrent que le « syndrome d’évitement de l’ombre » et le « phototropisme » sont 2 phénomènes intimement liés, comme nous allons le voir.

Les Acer dans leur milieu naturel sont confrontés à une couverture végétale souvent inégale, que se soit en bordure des grands arbres ou au niveau du sous-étage de la forêt. Ils ont un accès transitoire à la lumière du soleil non filtrée. Ces taches de soleil inhibent la réponse d'évitement de l'ombre, surtout lorsqu'elles se produisent l'après-midi. Les trous dans la canopée offrent un accès potentiel à la lumière du soleil non filtrée et représentent une bonne occasion pour les Acer d'obtenir des quantités plus élevées de lumière pour la photosynthèse. Dans de telles conditions, les Acer ont tendance à réorienter leur croissance vers l'environnement lumineux plus favorable. Ceci est particulièrement visible au bord d'une canopée où les plantes sont soumises à un gradient de lumière latérale stable, déclenchant une croissance directionnelle ou un phototropisme, avec des structures des axes se pliant pour repositionner les organes photosynthétiques afin d'optimiser l'absorption de la lumière...

Voici pour la présentation générale, la suite permettra de mieux comprendre (Je l'espère...) les mécanismes biologiques en action...
reggy
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Re: Acer dissectum seiryu.

Message par reggy »

Bonjour,

merci à vous deux pour tous ces détails!
j'ai fait un exercice de pseudo ordination sur le réseau de branches afin d'y voir plus clair.... mais j'ai l'impression que ça complique plutôt les choses... :shock:

Du coup j'ai fait le tour en photo de mon seiryu sans ses feuilles histoire d'avoir, j'espère, une vue 3D du sujet et sa tendance à "corner" et délaisser son centre et ses nuages (notés N dans l'ordination, il y en a trois selon moi, le n°3 ne se voit pas sur la photo 1, il est à l'arrière).

Je suis curieux de voir tes coupes "franches" permettant de rattraper ton sujet Misologue

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Misologue1
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Re: Acer dissectum seiryu.

Message par Misologue1 »

Voici les photos :
Pièces jointes
seiryu 6.JPG
seiryu 5.JPG
seiryu 4.JPG
seiryu 3.JPG
seiryu 2.JPG
seiryu 1.JPG
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christelle68
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Re: Acer dissectum seiryu.

Message par christelle68 »

là je suis un peu larguée, trop complexe pour moi :lol:
Nord Ardèche, 700 m d'altitude à la frontière de la Loire et Haute Loire.
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