Débourrement 2021

De part leur culture contraignante et difficile, les érables du Japon méritent leur propre forum
Répondre
reggy
Fleur de pipelette
Messages : 725
Inscription : ven. 01 nov. 2019 13:25
Région : Picardie

Débourrement 2021

Message par reggy »

Des nouvelles des bourgeons?
Est-ce que les Kastura montrent des signes d'impatience?
L'année dernière celui de Christelle avait presque déjà explosé le 18/02.

La vague de froid que nous avons connu a du refreiner les ardeurs de certains.... :D
sangokaku
Fleur de pipelette
Messages : 555
Inscription : mer. 16 août 2017 12:17
Région : Ile de France

Re: Débourrement 2021

Message par sangokaku »

Ha ha,

Je me posais la question de quel cofilaire serait le plus impatient pour ouvrir l album photo 2021 😂
C est donc toi reggy ! (Christelle avait déjà des fourmis dans les pattes en relançant le fil 2020)

L année dernière à la même date jour pour jour je partageais des photos de 3 semis qui avaient débourré, les autres semis ayant suivi 1 semaine après. Cette année, rien à te montrer encore, mais de gros bourgeons partout, surtout dans les semis de 3 ou 4 ans. Je dirai pour les semis 2 semaines de décalage par rapport à l année dernière. Pour les sujets plus âgés et cultivars, c est de toute facon trop tôt

Allez, plus qu un petit mois avant la fête du printemps.

La en ce moment, c est la fin des abricotiers du Japon, le début des cognassiers du Japon, après ce sera les érables du Japon ! Hâte de les voir, de partager avec vous et de voir les nouvelles acquisitions de chacun

Bon we à tous
Sangokaku
Dernière modification par sangokaku le ven. 12 févr. 2021 17:06, modifié 1 fois.
Avatar de l’utilisateur
christelle68
Grossiste en parlotte
Messages : 3211
Inscription : dim. 19 mars 2017 12:37
Région : Rhone Alpes
Localisation : village en Nord Ardèche

Re: Débourrement 2021

Message par christelle68 »

Salut Reggy !

J'ai l'impression qu'ils sont moins pressés cette année.

Je n'ai pas de Katsura, celui qui est le plus précoce chez moi c'est Wilson'sPink ... après depuis le printemps dernier j'ai d'autres cultivars donc à voir ...
Nord Ardèche, 700 m d'altitude à la frontière de la Loire et Haute Loire.
Avatar de l’utilisateur
CHANIWA
Fleur de pipelette
Messages : 972
Inscription : sam. 05 août 2017 11:40
Région : Rhone Alpes

Re: Débourrement 2021

Message par CHANIWA »

J’ai un petit Arakawa issu de semi de l’année dernière qui a déployé ses petites feuilles.
Finalement le garage doit être confortable !
marjorie33
Graine de timide
Messages : 49
Inscription : dim. 29 mars 2020 13:31
Région : Aquitaine

Re: Débourrement 2021

Message par marjorie33 »

Bonsoir, pour ma part le Katsura est bien réveillé déjà.
Photo prise dimanche dernier (07/02), depuis il a bien évolué.
8B8A7999-89A3-4A11-BCB6-E3C5B29C010D.jpeg
Et j’ai un de mes Orange Dream et un Kotobuki qui sont sur ses traces.
Misologue1
Fruit de la jacasse
Messages : 1128
Inscription : mer. 18 juil. 2018 8:55
Région : Picardie

Re: Débourrement 2021

Message par Misologue1 »

Oula !!! Ce que vous montrez est tout à fait anormal et inquiétant ! Avez-vous gardé vos Acer dans un lieu protégé et climatisé avec une température trop haute ? Ou est-ce votre climat ? C'est une réaction typique à ce genre de traitement, inadapté à nos Acer : un Acer a besoin de froid pour débourrer normalement, un froid s'installant lentement entre novembre et février. Désolé de constater ce débourrement beaucoup trop précoce, et j'espère que vous n'aurez aucune période de gel d'ici le printemps... Dans le Nord du pays, les périodes de gel se sont succédés depuis décembre et tous mes Acers sont encore en dormance, y compris mes Katsura (en pleine terre) !

Il faut que tout le monde se calme : le débourrement, c'est pour début avril et avec des couleurs remarquables !!!
Dernière modification par Misologue1 le sam. 13 févr. 2021 8:35, modifié 2 fois.
reggy
Fleur de pipelette
Messages : 725
Inscription : ven. 01 nov. 2019 13:25
Région : Picardie

Re: Débourrement 2021

Message par reggy »

christelle68 a écrit : ven. 12 févr. 2021 17:05
Je n'ai pas de Katsura, celui qui est le plus précoce chez moi c'est Wilson'sPink ... après depuis le printemps dernier j'ai d'autres cultivars donc à voir ...
A oui! Je me suis trompé ! :mrgreen: J’avais noté parmi les retours de chacun que Wilson Pink Dwarf et Katsura était et bien précoces. Orange Dream aussi d’ailleurs...
Du coup je m’en détourne qu’en je les croise en jardinerie. Ici les gelées tardives obligerais à trop de surveillance et manipulation. Pourtant j’en vois de plus en plus en jardinerie....
En tout cas chez moi c’est calme plat. Je préfère...
marjorie33
Graine de timide
Messages : 49
Inscription : dim. 29 mars 2020 13:31
Région : Aquitaine

Re: Débourrement 2021

Message par marjorie33 »

Misologue1 a écrit : sam. 13 févr. 2021 8:31 Oula !!! Ce que vous montrez est tout à fait anormal et inquiétant ! Avez-vous gardé vos Acer dans un lieu protégé et climatisé avec une température trop haute ? Ou est-ce votre climat ? C'est une réaction typique à ce genre de traitement, inadapté à nos Acer : un Acer a besoin de froid pour débourrer normalement, un froid s'installant lentement entre novembre et février. Désolé de constater ce débourrement beaucoup trop précoce, et j'espère que vous n'aurez aucune période de gel d'ici le printemps... Dans le Nord du pays, les périodes de gel se sont succédés depuis décembre et tous mes Acers sont encore en dormance, y compris mes Katsura (en pleine terre) !

Il faut que tout le monde se calme : le débourrement, c'est pour début avril et avec des couleurs remarquables !!!
Bonjour Misologue,
Ils sont dans une serre fait sur mesure pour les protéger de la pluie trop abondante chez moi en cette période.
Je la laisse par contre ouverte justement pour qu’elle reste à la même température que l’extérieur.

Je pense plus que c’est la faute au climat qui a été très doux sur Bordeaux cette année. Très peu de gelées.
Après heureusement ce ne sont que 4 sur une trentaine qui s’agitent trop tôt.
opusoculi
Seigneur des paquerettes
Messages : 7501
Inscription : jeu. 01 sept. 2011 1:26
Région : Aquitaine
Localisation : Gironde

Re: Débourrement 2021

Message par opusoculi »

Misologue1 a écrit : sam. 13 févr. 2021 8:31 Oula !!! Ce que vous montrez est tout à fait anormal et inquiétant ! Avez-vous gardé vos Acer dans un lieu protégé et climatisé avec une température trop haute ? Ou est-ce votre climat ? C'est une réaction typique à ce genre de traitement, inadapté à nos Acer : un Acer a besoin de froid pour débourrer normalement, un froid s'installant lentement entre novembre et février. Désolé de constater ce débourrement beaucoup trop précoce, et j'espère que vous n'aurez aucune période de gel d'ici le printemps... Dans le Nord du pays, les périodes de gel se sont succédés depuis décembre et tous mes Acers sont encore en dormance, y compris mes Katsura (en pleine terre) !

Il faut que tout le monde se calme : le débourrement, c'est pour début avril et avec des couleurs remarquables !!!
Quel élan ! On te sent en mission.
Je me demande si c'est bon de se mettre autant en tension pour commencer la journée.

Un jeune Acer se met en végétation plus tôt que le même plus âgé; et d’autant plus un ‘katsura’.
Une serre a de l’infuence mais pas elle seule . Dans trois ans, l’adolescent se calmera.
De là à régler (modéliser) tous les débourrements de tous les Acer en avril comme dans le livre des normes, il y a un pas.
Mes érables , printemps automne 2019. http://jalbum.net/a/1973986
Année 2018. http://jalbum.net/a/1974352
Avatar de l’utilisateur
christelle68
Grossiste en parlotte
Messages : 3211
Inscription : dim. 19 mars 2017 12:37
Région : Rhone Alpes
Localisation : village en Nord Ardèche

Re: Débourrement 2021

Message par christelle68 »

Ils sont peut être moins en avance cette année mais Wilson's Pink n'attendra pas avril pour débourrer, et pourtant il est à l'extérieur juste abrité sous l'avancée de la terrasse.
Nord Ardèche, 700 m d'altitude à la frontière de la Loire et Haute Loire.
Misologue1
Fruit de la jacasse
Messages : 1128
Inscription : mer. 18 juil. 2018 8:55
Région : Picardie

Re: Débourrement 2021

Message par Misologue1 »

opusoculi a écrit : sam. 13 févr. 2021 15:46 Quel élan ! On te sent en mission.
Je me demande si c'est bon de se mettre autant en tension pour commencer la journée.

Un jeune Acer se met en végétation plus tôt que le même plus âgé; et d’autant plus un ‘katsura’.
Une serre a de l’infuence mais pas elle seule . Dans trois ans, l’adolescent se calmera.
De là à régler (modéliser) tous les débourrements de tous les Acer en avril comme dans le livre des normes, il y a un pas.
Il est bien connu que 'katsura' (ainsi que quelques autres) débourre plus tôt que la majorité des cultivars, mais la question ne se pose pas en ces termes : c’est un problème qui ne concerne pas seulement la génétique des Acer (ou leur âge), mais aussi et surtout leur physiologie en relation avec les conditions de culture, volontaire ou non (réchauffement climatique oblige).

La phase de désendurcissement au gel qui précède le débourrement fait davantage intervenir des inhibitions d’expression de gènes que des activations, comme on l’entend trop souvent… Ce que les " livres " (c’est-à-dire les résultats et conclusions d’études expérimentales objectives) nous apprennent, c’est que la désacclimatation au froid qui précède le débourrement dépend essentiellement des métabolites synthétisés ou accumulés pendant l’endurcissement. " Rater " l’endurcissement, à cause du réchauffement climatique et/ou d’un choix malheureux de gestion de la période hivernale, c’est compromettre le désendurcissement et donc le débourrement !

Voilà pourquoi les Acer de Marjorie, dont le 'katsura', débourrent beaucoup trop précocement, (en condition " normale ", le 'katsura' devrait débourrer entre sept et dix jours plus tôt que les autres, pas plus, c’est-à-dire fin mars, début avril). Or, il a été placé en serre, dans un milieu protégé et régulé à une température trop haute pendant toute ou partie de la période d’endurcissement. Le bilan énergétique de ses organes (la somme algébrique de l’énergie reçue et perdue sur 24 heures en fonction de l’environnement microclimatique) a été constamment favorable, soit par l’effet de serre qui a limité les pertes énergétiques en réduisant l’amplitude thermique, soit par un faible transfert énergétique par convection avec l’air ambiant dû à l’absence de vent, à une plus faible transpiration de la plante par temps froid (refroidissement en surface), ou encore à la température du point de rosée plus facilement atteint sur les parois de la serre (chaleur restituée). L’effet d’abri de la serre, même porte ouverte, a réduit considérablement les risques de gelées blanche (refroidissement nocturne par rayonnement) ou noire (liée au vent) et donc, même si la première étape d’acclimatation au gel a bien eu lieu, provoquée par les jours courts et la baisse progressive des températures automnales, entraînant ainsi l’accumulation de plusieurs substance organiques dont principalement l’amidon, la protection de la serre n’a sans doute pas permis ensuite la seconde étape de l’acclimatation, provoquée par le froid et des températures gélives… L’augmentation du CO2 en serre participe aussi à réduire l’acclimatation.

En conséquence, avec des températures trop élevées en serre, les modifications structurales et biochimiques caractéristiques d’une reprise de la croissance se sont inévitablement déclenchés… Voilà pourquoi je ne place plus mes Acer en serre l’hiver, sauf en cas de gel sévère (en dessous de -7°) pour une courte période, comme cela vient d’arriver récemment, ou lors d'un gel tardif au printemps (dans ce cas, la serre est très utile)… La serre apporte trop de désagrément en hiver (sans compter le problème de la ventilation pour lutter contre les bactérioses).
opusoculi
Seigneur des paquerettes
Messages : 7501
Inscription : jeu. 01 sept. 2011 1:26
Région : Aquitaine
Localisation : Gironde

Re: Débourrement 2021

Message par opusoculi »

Tes exposés sont exemplaires, ils en imposent par leur autorité;
de là à ce que tous les Acer correspondent au moule , la norme en devenir autoritaire ?
Misologue1 a écrit : sam. 13 févr. 2021 8:31 .../...
Il faut que tout le monde se calme
Es-tu calme ?
Mes érables , printemps automne 2019. http://jalbum.net/a/1973986
Année 2018. http://jalbum.net/a/1974352
reggy
Fleur de pipelette
Messages : 725
Inscription : ven. 01 nov. 2019 13:25
Région : Picardie

Re: Débourrement 2021

Message par reggy »

Petite question subsidiaire au passage:

Est-ce qu'un Acer s'adapte à son nouvel environnement?
Si oui comment? (mémoire?) et peut-il le faire rapidement ou cela prend plusieurs saisons?

Je pense au caractère précoce de certains sujets, sans attribuer ce caractère à un cultivar en particulier, qui pourrait se "calmer" en étant cultivé par la suite dans une région plus septentrionale que son lieu de naissance et lieu de développement avant achat.

Exemple: Un sujet Italien, habitué à un certain climat, est acheté par un Cht'i... Ce sujet peut-il "ajuster" son comportement végétatif ou est-il contraint par des caractères acquis dès sa naissance?
Dans la nature les arbres voyage peu :wink: la nature n'a pas prévu ce déplacement totalement anthropique. On voit que certains arbres ont déjà du mal à s'adapter au changement climatique et aux remontées rapide des lignes de températures vers le nord.

:?
levivaio
Bourgeon de bavard
Messages : 352
Inscription : ven. 26 avr. 2019 23:42
Région : Provence Alpes Côte d'Azur

Re: Débourrement 2021

Message par levivaio »

Bonjour a toutes / tous,
Tous me erables ont passé l'hiver dehors, j'ai mes palmatum type et sangokaku qui se reveillent deja , je mettrai des photos.

Même si l'hiver a été plus froid cette année c'est certainement du a la douceur de mon climat. Ici aucuns problemes de gelées tradives, le vent
restant la contrainte principale de ma region.
A suivre.
opusoculi
Seigneur des paquerettes
Messages : 7501
Inscription : jeu. 01 sept. 2011 1:26
Région : Aquitaine
Localisation : Gironde

Re: Débourrement 2021

Message par opusoculi »

L’exposé de Misologue1 est du point de vue scientifique juste .
Il faut noter que le substrat des pots se réchauffe toujours plus vite que la pleine terre.
L’abri de murs (moins de vent) et le soleil sur un pot , hâtent l’évolution des bourgeons, les écailles s'écartent mais ce n’est pas le débourrement.
Sur les érables en pots on observe des stades de l'évolution des bourgeons plus précoces et qui durent plus longtemps ,
(en arboriculture, on distingue stade pointe A, pointe B, pointe C etc) . Il peut se passer plusieurs semaines entre stade pointe C (bout du bourgeon vert) et le débourrement véritable qui est le début de l’allongement et l'apparition des feuilles avant leur déploiement.
https://www.syngenta.fr/agriculture-dur ... s-a-pepins

L’évolution vers le printemps ne se produit deux fois de la même façon, d’une année à l’autre, les intervalles entre les stades n’ont jamais la même durée ; et ce n’est pas une anomalie par rapport à une ‘normalité’, c’est nous qui la supposons fixe.
En japonais ancien il y avait 11 mots (kanji) pour désigner autant de stades échelonnés printaniers différents; les japonais ne les utilisent plus. La richesse des mots d'une langue sollicite nos observations; les nuancer , c’est prendre la mesure du temps.
Dernière modification par opusoculi le mar. 16 févr. 2021 20:43, modifié 1 fois.
Mes érables , printemps automne 2019. http://jalbum.net/a/1973986
Année 2018. http://jalbum.net/a/1974352
Avatar de l’utilisateur
christelle68
Grossiste en parlotte
Messages : 3211
Inscription : dim. 19 mars 2017 12:37
Région : Rhone Alpes
Localisation : village en Nord Ardèche

Re: Débourrement 2021

Message par christelle68 »

tes dires confirment ce que j'avais remarqué, à savoir que mes érables en terre débourrent plus tardivement ....
de plus mon Wilson's pink avait commencé à débourrer tôt mais ça avait stagné longtemps avant que les feuilles apparaissent ...
Nord Ardèche, 700 m d'altitude à la frontière de la Loire et Haute Loire.
Avatar de l’utilisateur
AlainK
Fleur de pipelette
Messages : 635
Inscription : sam. 09 nov. 2019 13:29
Région : Centre

Re: Débourrement 2021

Message par AlainK »

opusoculi a écrit : mar. 16 févr. 2021 13:41 (...)
Sur les érables en pots on observe des stades de l'évolution des bourgeons plus précoces et qui durent plus longtemps ,
(en arboriculture, on distingue stade pointe A, pointe B, pointe C etc) . Il peut se passer plusieurs semaines entre stade pointe C (bout du bourgeon vert) et le débourrement véritable qui est le début de l’allongement et l'apparition des feuilles avant leur déploiement.
https://www.syngenta.fr/agriculture-dur ... s-a-pepins
Très intéressant une fois de plus.

La plupart de mes Acer palmatum/amoenum en sont encore au stade de la dormance, sauf les quelques-uns que tout le monde a observés comme "précoces" et dont les bourgeons montrent un peu de vert.

Katsura :
.
acerpkat02_210216a.jpg
.
Orange Dream :
.
acerp_orangedream03_210216a.jpg
.
D'autres espèces d'érables sont encore plus précoces :
.
Acer laevigatum (photo du 5 février, rentré au garage pendant la vague de froid) :
.
acer-laevigatum02_210205a.jpg
.
D'autres, restés dehors, photos d'aujourd'hui :
Acer tegmentosum :
.
acer-teg_210216a.jpg
acer-teg_210216b.jpg
.
Acer elegantulum :
.
acer-eleg02_200216a.jpg
.
Acer rubescens :
.
sem_acer-rubescens_210216a.jpg
.
opusoculi a écrit : mar. 16 févr. 2021 13:41 L’évolution vers le printemps ne se produit deux fois de la même façon, d’une année à l’autre, les intervalles entre les stades n’ont jamais la même durée ; et ce n’est pas une anomalie par rapport à une ‘normalité’, c’est nous qui la supposons fixe.
En japonais ancien il y avait 11 mots (kanji) pour désigner autant de stades échelonnés printaniers différents; les japonais ne les utilisent plus. La richesse des mots d'une langue sollicite nos observations; les nuancer , c’est prendre la mesure du temps.
11 kanji ? Mazette !!! ... :o

Sinon, que l'évolution vers le printemps et les intervalles entre les stades soient différents, c'est bien vrai. Par exemple mes 'Little Princess' ne montrent pas vraiment de signe de débourrement alors qu'eux aussi sont en général assez précoces, mais j'ai retrouvé cette photo du 6 févier 2016 :
.
acerp-mapi01_160206a.jpg
Alain K. - Près d'Orléans
levivaio
Bourgeon de bavard
Messages : 352
Inscription : ven. 26 avr. 2019 23:42
Région : Provence Alpes Côte d'Azur

Re: Débourrement 2021

Message par levivaio »

opusoculi a écrit : mar. 16 févr. 2021 13:41 L’exposé de Misologue1 est du point de vue scientifique juste .
Il faut noter que le substrat des pots se réchauffe toujours plus vite que la pleine terre.
L’abri de murs (moins de vent) et le soleil sur un pot , hâtent l’évolution des bourgeons, les écaillent s'écartent mais ce n’est pas le débourrement.
Sur les érables en pots on observe des stades de l'évolution des bourgeons plus précoces et qui durent plus longtemps ,
(en arboriculture, on distingue stade pointe A, pointe B, pointe C etc) . Il peut se passer plusieurs semaines entre stade pointe C (bout du bourgeon vert) et le débourrement véritable qui est le début de l’allongement et l'apparition des feuilles avant leur déploiement.
https://www.syngenta.fr/agriculture-dur ... s-a-pepins

L’évolution vers le printemps ne se produit deux fois de la même façon, d’une année à l’autre, les intervalles entre les stades n’ont jamais la même durée ; et ce n’est pas une anomalie par rapport à une ‘normalité’, c’est nous qui la supposons fixe.
En japonais ancien il y avait 11 mots (kanji) pour désigner autant de stades échelonnés printaniers différents; les japonais ne les utilisent plus. La richesse des mots d'une langue sollicite nos observations; les nuancer , c’est prendre la mesure du temps.
Merci pour ces explications.
" Nuancer, c'est prendre la mesures du temps" , j'aime beaucoup cette idée, ca peut s;appliquer a pas mal de choses.
Bonne soirée.
Misologue1
Fruit de la jacasse
Messages : 1128
Inscription : mer. 18 juil. 2018 8:55
Région : Picardie

Re: Débourrement 2021

Message par Misologue1 »

reggy a écrit : lun. 15 févr. 2021 15:34 Petite question subsidiaire au passage:

Est-ce qu'un Acer s'adapte à son nouvel environnement?
Si oui comment? (mémoire?) et peut-il le faire rapidement ou cela prend plusieurs saisons?

Je pense au caractère précoce de certains sujets, sans attribuer ce caractère à un cultivar en particulier, qui pourrait se "calmer" en étant cultivé par la suite dans une région plus septentrionale que son lieu de naissance et lieu de développement avant achat.

Exemple: Un sujet Italien, habitué à un certain climat, est acheté par un Cht'i... Ce sujet peut-il "ajuster" son comportement végétatif ou est-il contraint par des caractères acquis dès sa naissance?
Dans la nature les arbres voyage peu :wink: la nature n'a pas prévu ce déplacement totalement anthropique. On voit que certains arbres ont déjà du mal à s'adapter au changement climatique et aux remontées rapide des lignes de températures vers le nord.

:?
Pour tenter de répondre à ta question, il convient d’abord de distinguer " acclimatation " et " adaptation ".

Comme la plupart des autres plantes, nos Acer possèdent une plasticité phénotypique : ils ont la capacité individuelle (mais déterminée génétiquement) de s’adapter à des conditions environnementales différentes (lors d’une transplantation par exemple), parfois défavorables, en régulant leur physiologie interne pour que celle-ci reste stable malgré les contraintes. Cette capacité se nomme homéostasie. On peut donc considérer qu’un Acer est un système homéostatique capable de percevoir les signaux environnementaux, favorables ou défavorables à son équilibre, afin de modifier son métabolisme en conséquence. L’Acer est capable d’adapter son environnement interne aux changements qui affectent son environnement externe. A partir d’un " point limite " provoqué par des changements dans son cycle de vie, se déclenche dans le métabolisme de l’Acer une cascade de réponses homéostatiques permettant aux informations de circuler dans tous les organes jusqu’à l’intérieur des cellules.

Mais deux processus interviennent à des échelles de temps différentes et en fonction de l'hérédité pour faire face à ces changements environnementaux : l’acclimatation et l’adaptation.

L’acclimatation se définit comme un changement physiologique, anatomique, biochimique de l’individu au cours de son cycle de vie, lorsque celui-ci est exposé à un nouvel environnement. L’acclimatation permet aux individus d’ajuster immédiatement leur physiologie aux conditions environnementales locales, avec cependant des variations importantes selon l’espèce considérée et son habitat d’origine. Ces modifications sont réversibles et n’affectent pas le génotype. Cette capacité est souvent considérée comme une étape du processus d’adaptation génétique. Cependant, face à des variations climatiques extrêmes ou à des variations très rapides et nombreuses, la réponse homéostatique peut se montrer insuffisante si la demande dépasse la fenêtre d’élasticité qui correspond à une gamme de variation environnementale déterminée génétiquement. Seule une réponse évolutive est alors en mesure de prendre le relais : c’est l’adaptation.

L’adaptation est un processus évolutif qui permet, à partir d’un trait ou d’un ensemble de trait spécifique de l’individu, d’améliorer la valeur sélective et reproductive de cet individu. C’est un processus irréversible inscrit dans le patrimoine génétique de l’espèce. Comme c’est une modification héréditaire de la structure ou de la fonction, l’adaptation peut être observée au niveau de la population. Contrairement à l'acclimatation, l'adaptation entraîne des modifications irréversibles du génome.

Mais par quels mécanismes un Acer peut-il ajuster et optimiser ses différents processus physiologiques qui lui permettent de s’acclimater et de s’adapter aux modifications de son environnement, à court terme, mais aussi sous l’effet plus durable du réchauffement climatique ?

En l’état actuel des recherches en la matière, nous savons qu’acclimatation et adaptation font intervenir des ajustements dans les mécanismes physiologiques et moléculaires. Mais ces mécanismes sont essentiellement " contradictoires " : les processus vitaux d’un Acer sont dépendants de variables très aléatoires dont les actions s’opposent ! L’hydratation d’un Acer varie énormément en fonction du rayonnement solaire et de la sécheresse de l’air. Sa température peut varier chaque jour de dizaines de degrés, suivant le rayonnement (qui réchauffe la plante) et la transpiration (qui la rafraîchit). La photosynthèse dépend du rayonnement et de la teneur en CO2 de l’air, mais aussi de la transpiration : les caractères qui réduisent la transpiration (économie d’eau) réduisent aussi la photosynthèse (moindre biomasse)… Ce ne sont là que quelques exemples qui montrent la difficulté pour la plante à optimiser son cycle vital.

Avec le réchauffement climatique ou simplement une modification phénologique, un Acer peut raccourcir son cycle végétatif pour le placé hors de périodes à forte probabilité de stress hydrique ou thermique, mais ce sera au prix d’une réduction du processus de la photosynthèse et donc d’accroissement de sa biomasse.

De la même façon, la stratégie pour optimiser les échanges " eau-gaz carbonique " vont favoriser, selon les cultivars, soit la croissance en conservant plus longtemps les stomates ouverts (les stomates permettent, en se fermant, de contrôler la perte hydrique, mais aussi contradictoirement, en restant ouvert, l’entrée de gaz carbonique pour la photosynthèse) au prix du risque de stress hydrique, soit la survie, dans un processus inverse de celui décrit précédemment, mais au prix de la croissance… Vous pouvez tous constater le choix de telle ou telle stratégie sur nos cultivars !

L’Acer peut également répondre aux fluctuations de son environnement en modifiant son architecture : sa plasticité phénotypique est telle qu’au sein d’un même génotype il est possible de rencontrer des architectures très différentes, au point qu’on se demande parfois s’il s’agit de la même variété. L’Acer adapte sa physiologie pour étendre sa surface foliaire et/ou son système racinaire dans des proportions considérables. Plus de surface foliaire, c’est un meilleur processus de photosynthèse, mais au prix d’une plus grande consommation d’eau et de nutriments… Un système racinaire très développé, c’est une bien meilleure absorption des nutriments, une capacité à faire des réserves plus importante, mais cette consommation en carbone a pour effet négatif de réduire le développement des organes aériens…

En un seul cycle de vie, il est possible d’observer ces stratégies sur de nombreux individus issu de la même zone géographique. La part d’adaptation génétique joue également un grand rôle chez les hybrides : en fonction des conditions les plus fréquentes dans un lieu donné, un changement géographique trop brusque amène à des stress trop sévères que l’Acer ne peut dominer…

Nos conditions de culture sont ici en cause : voilà pourquoi je plaide contre ceux qui, faisant valoir leur expérience (par ailleurs indéniable !), ont des pratiques " dépensières " : la culture en pot, avec des déplacements " forcenés " au cours de la saison, des tailles de " complaisances ", l’usage de plus en plus courante de la serre, etc… tout cela amène à des acclimatations " déraisonnables " : nos pratiques " coûtent " à la plante avec des cycles plus longs, des surfaces foliaires plus importantes, des systèmes racinaires plus réduits…

La suite plus tard, je n’ai plus le temps aujourd'hui… Il y a encore beaucoup à dire !!!
Dernière modification par Misologue1 le mer. 17 févr. 2021 11:20, modifié 3 fois.
Misologue1
Fruit de la jacasse
Messages : 1128
Inscription : mer. 18 juil. 2018 8:55
Région : Picardie

Re: Débourrement 2021

Message par Misologue1 »

opusoculi a écrit : mar. 16 févr. 2021 13:41 L’exposé de Misologue1 est du point de vue scientifique juste .
Il faut noter que le substrat des pots se réchauffe toujours plus vite que la pleine terre.
L’abri de murs (moins de vent) et le soleil sur un pot , hâtent l’évolution des bourgeons, les écailles s'écartent mais ce n’est pas le débourrement.
Sur les érables en pots on observe des stades de l'évolution des bourgeons plus précoces et qui durent plus longtemps ,
(en arboriculture, on distingue stade pointe A, pointe B, pointe C etc) . Il peut se passer plusieurs semaines entre stade pointe C (bout du bourgeon vert) et le débourrement véritable qui est le début de l’allongement et l'apparition des feuilles avant leur déploiement.
https://www.syngenta.fr/agriculture-dur ... s-a-pepins

L’évolution vers le printemps ne se produit deux fois de la même façon, d’une année à l’autre, les intervalles entre les stades n’ont jamais la même durée ; et ce n’est pas une anomalie par rapport à une ‘normalité’, c’est nous qui la supposons fixe.
En japonais ancien il y avait 11 mots (kanji) pour désigner autant de stades échelonnés printaniers différents; les japonais ne les utilisent plus. La richesse des mots d'une langue sollicite nos observations; les nuancer , c’est prendre la mesure du temps.
Beaucoup trop simpliste, désolé ! Il y aura beaucoup à dire !!! Je dirais même que c'est l'inverse qui se produit souvent ! Il convient de savoir placer les pots en hiver (pas en serre, ni au garage), comme vous le faites en été, pour justement ne pas provoquer un réchauffement qui pourrait avancer la période de débourrement : lisez ce qui concerne la plasticité phénotypique des Acer... Attention aux vieilles lunes. C'est à chacun de savoir trouver le microclimat favorable en été... mais aussi en hiver pour tenir compte des variations climatiques très nombreuses.
levivaio
Bourgeon de bavard
Messages : 352
Inscription : ven. 26 avr. 2019 23:42
Région : Provence Alpes Côte d'Azur

Re: Débourrement 2021

Message par levivaio »

Une photo de Sangokaku aujourdhui.
Il est reveillé.
Il a 6/7 ans, il a passé l' hiver dehors ( je suis en Paca) comme tous les autres. ( sauf les tous petits).
Bonne soirée à tous/tes
Pièces jointes
unnamed.jpg
Misologue1
Fruit de la jacasse
Messages : 1128
Inscription : mer. 18 juil. 2018 8:55
Région : Picardie

Re: Débourrement 2021

Message par Misologue1 »

Par quels mécanismes d’acclimatation et/ou d’adaptation un Acer peut-il sortir de la dormance hivernale et commencer son cycle végétatif ? Pour répondre à cette question, il faut au préalable expliquer comment les Acer, comme les autres plantes ligneuses, sont affectés par les variations des conditions environnementales. Il faut cerner les évènements biologiques qui apparaissent au cours de l’année et qui sont influencés par l’environnement et, en particulier, par les variations de température, le froid surtout.

L’impact des conditions hivernales est minimisé par une réponse adaptative impliquant de multiples mécanismes d’acclimatation. C’est le fameux endurcissement, dont j’ai déjà parlé, c’est-à-dire la résistance au froid intense, résultat d’une plasticité phénotypique transitoire, cette fameuse acclimatation dont nous parlons.

Il existe deux grandes stratégies de résistance au froid : l’évitement du stress ou de la contrainte (1) et la tolérance au stress (2). Les Acer, comme toutes les plantes, sont des organismes poïkilothermes, c’est-à-dire dont la température varie avec celle de leur environnement. Ils n’ont donc pas la possibilité d’éviter le stress dû aux basses températures.

Malgré tout, des stratégies existent pour conserver et restituer la chaleur : la première consiste en une atténuation du refroidissement radiatif par isolation thermique des organes sensibles. C’est le cas des écailles des bourgeons qui prennent en glace en premier libérant de la chaleur pour les méristèmes ou celui des racines dont la protection est assurée par la grande inertie thermique du sol par rapport à l’air, mais aussi par la litière de feuilles mortes ou encore par la présence d’un manteau neigeux ayant un fort effet isolant. La morphologie de l’Acer joue également un grand rôle dans la résistance aux conditions hivernales : il suffit d’observer l’écorce d’un Shirasawanum ou, à l’opposer, d’un palmatum (et a fortiori d’un ‘bi-hoo’…), pour constater à quel point son bois est mieux adapter au gel et à ses conséquences !

Parmi ces stratégies d’évitement de l’exposition aux contraintes climatiques, nous trouvons la phénologie, c’est-à-dire la coordination des évènements biologiques avec les variations climatiques tout au long de l’année. Celle-ci constitue un facteur crucial dans l’adaptation des Acer aux contraintes climatiques.

Une étude phénologique des Acer concerne ainsi, au premier chef, l’apparition des feuilles parce que celle-ci conditionne la photosynthèse et qu’elle affecte directement la croissance des individus et donc leur survie en hiver (débourrement des bourgeons au printemps, sénescence foliaire à l’automne…).

D’une bonne coordination de la phénologie foliaire de l’individu avec les variations climatiques dépend ses performances végétatives. En effet, les dates de débourrement et de sénescence foliaire contrôlent la durée du cycle végétatif et par conséquent la croissance des individus. L’adaptation des Acer à la température repose sur un compromis entre l’optimisation de la durée de saison de croissance et l’évitement des dommages engendrés par le froid, via une régulation des dates d’entrée en dormance à l’automne et de levée de dormance au printemps.

Les Acer se sont adaptés à leur environnement local en minimisant la fréquence de dommages par le froid, tout en maximisant la durée de leur période de croissance. L’initiation des ébauches foliaires doit avoir lieu le plus tôt possible, afin d’accroître la durée de saison de croissance et, dans le même temps, les feuilles doivent éviter les gelées tardives qui les endommageraient. De plus, il existe une saisonnalité de la capacité de résistance au froid qui conditionne l’importance des dégâts dus à un gel potentiel. Les bourgeons et ébauches foliaires sont particulièrement sensibles pendant la période de débourrement où le potentiel de croissance est au plus haut alors que la capacité de résistance au gel s’approche du minimum.

Les dates de sénescence foliaire ont aussi une forte valeur adaptative car elles sont associées à la remobilisation des nutriments. Elles peuvent ainsi être vues comme le résultat d’un compromis entre une remobilisation optimale des nutriments, en particulier l’azote, et un allongement de la période de croissance. En effet, les arbres qui entrent en sénescence précocement seront plus efficients pour remobiliser l’azote aux dépends de la production photosynthétique. A l’inverse, les arbres qui entament leur sénescence tardivement produiront plus de composés carbonés mais auront un risque accru que les feuilles gèlent et tombent avant que la remobilisation des nutriments ne soit complète, particulièrement les années où le gel automnal est précoce. De plus, les arbres qui finissent plus précocement leur croissance à l’automne acquièrent une meilleure résistance au froid.

Le concept de " normalité " est donc directement tributaire de cette plasticité phénologique, mais celle-ci est de plus en plus souvent perturbée par les changements climatiques extrêmes et aléatoires, ainsi que par certaines conditions de culture inadaptées…

La suite très bientôt, nous rentrerons dans le détail de ces mécanismes...
acerarno
Bourgeon de bavard
Messages : 271
Inscription : ven. 12 mai 2017 14:26
Région : Haute Normandie

Re: Débourrement 2021

Message par acerarno »

Chez moi , Katsura commence à debourrer , profitant de la douceur de ma serre .
Les autres se tiennent tranquille pour le moment .
Misologue1
Fruit de la jacasse
Messages : 1128
Inscription : mer. 18 juil. 2018 8:55
Région : Picardie

Re: Débourrement 2021

Message par Misologue1 »

Nous le constatons dans nos jardins en observant le cycle annuel de nos Acer et les études du GIEC (Groupe Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat) l’ont démontré, le réchauffement climatique, qui résulte des émissions croissantes des gaz à effets de serre (GES) imputables aux activités anthropiques, est une triste réalité et a des effets non négligeables sur la vie de nos plantes ! Face à ce réchauffement climatique de plus en plus rapide, les Acer, cultivés dans des environnements artificiels imposés, n’ont pas la possibilité de migrer vers des latitudes plus froides ou des altitudes plus élevées (sauf si nous décidons nous-mêmes de migrer en emportant nos chers protégés…). D’où la nécessité de comprendre comment un Acer peut se maintenir grâce à ses capacités adaptatives inhérentes (en tenant compte aussi des variations qui existent entre les différentes variétés).

Contrairement à certains propos, il est crucial d’acquérir des connaissances sur les stratégies fonctionnelles des Acer, sur leurs processus biologiques prépondérants, comme la phénologie foliaire, si nous désirons adapter nos pratiques à ces changements climatiques. Une " modélisation " de ces processus est un incontournable !

Comme dit dans mes précédents messages, la capacité adaptative d’un Acer repose, d’une part sur ses caractéristiques génétiques, et d’autre part sur sa plasticité phénotypique. Le réchauffement climatique modifie le cycle de vie de nos Acer et ce phénomène inquiétant est particulièrement sensible sur les évènements phénologiques foliaires.

Rappelons d’abord les fondamentaux :

Les Acer utilisent de façon cyclique les signaux environnementaux tels que la durée du jour et la température, afin de coordonner leurs phases de croissance et de repos. En fonction de la température et de la photopériode, les Acer ont la capacité de suspendre et de reprendre leur croissance saisonnière. Ainsi, à la fin de l’été, ils forment de nouveaux bourgeons, qui ne s’ouvriront qu’au printemps suivant. Les bourgeons possèdent une morphologie et une physiologie capables de protéger l’Acer lors de la mauvaise saison. Sur le plan anatomique, ils possèdent une carapace formée d’écailles et/ou des poils qui permet de protéger du gel les ébauches foliaire produits par le méristème apical sous-jacent. Mais de plus, pendant la période hivernale, ils entrent dans une phase physiologique particulière qui augmente leur résistance : la dormance. La notion de dormance est primordiale pour comprendre l’influence de l’environnement sur les évènements phénologiques foliaires comme la date de débourrement. Gregory Lang en 1987 proposa une définition pragmatique de la dormance : " La dormance est l’arrêt temporaire de croissance visible de toute structure de la plante contenant un méristème ". Sur la base de cette définition, Lang distingue 3 types de dormance :

- La paradormance, qui correspond à une inhibition de croissance provoquée par un autre organe de la plante, distinct et éloigné du tissu dormant. La paradormance la mieux connue est la paradormance apicale, c'est-à-dire que le méristème apical de la plante inhibe la croissance de l’ensemble des bourgeons axillaires (inhibition corrélative). Cette paradormance a couramment lieu à la fin de l’été avec la diminution de la photopériode.

- L’endodormance, encore appelée dormance au sens strict, qui est une inhibition de croissance liée à des facteurs endogènes au tissu dormant. Durant ce stade, la croissance demeure impossible même si les conditions redeviennent favorables. Il semble qu’elle soit initiée en partie par la réduction photopériodique qui a lieu en automne. La levée de l’endodormance a lieu lorsqu’une quantité suffisante de températures froides (appelée " chilling temperatures ") a été atteinte.

- l’écodormance ou quiescence, qui est une inhibition imposée par les contraintes environnementales. A ce stade, la croissance devient possible dès que les conditions environnementales redeviennent favorables. Plus précisément, le développement ontogénique du bourgeon aura lieu lorsqu’une quantité suffisante de chaleur accumulée (appelée " forcing temperatures ") sera atteinte.

Mais commençons par le début, c’est-à-dire par la fin et la sénescence foliaire : La sénescence foliaire est un processus important qui permet de remobiliser progressivement les nutriments des feuilles au cours de leur dégradation. Smart (1994) définit ce processus de manière imagée comme étant " le dernier souhait et testament de la feuille dans lequel elle lègue les derniers nutriments qu’elle a fabriqués au reste de la plante ". Le contrôle de la sénescence est régit par des facteurs exogènes (environnementaux) et endogènes (physiologiques) à la plante. Les principaux facteurs endogènes qui peuvent réguler la sénescence foliaire sont de trois ordres : génétiques, hormonaux et physiologiques.

Commençons par la perception des facteurs environnementaux : température et photopériode.

Pour s’adapter aux contraintes environnementales, l’Acer est capable de percevoir certains signaux comme la température et la photopériode. Une réponse physiologique (l’acclimatation) est rendue possible par la perception qui est une étape convertissant un paramètre physique en paramètre biochimique par l’intermédiaire d’une (ou plusieurs) voies de transduction du signal.

Pour résumer, plusieurs processus corrélatifs entrent en action au niveau cellulaire en ce qui concerne la température : Le signal froid semblerait, dans un premier temps, causer la rigidification de la membrane cellulaire et, par conséquent, une réorganisation du cytosquelette permettant l’ouverture des canaux calciques et l’influx de Ca2+, ce qui a pour effet, par activation de phospholipases, d’induire l’expression de gènes de réponses aux basses températures et au final une accumulation de protéines protectrices.

La perception de l’évolution de la photopériode est effectuée par différents récepteurs selon la longueur d’onde du signal lumineux. Il faut distinguer les phytochromes, absorbant dans le rouge et le rouge lointain, les cryptochromes, absorbant les UV-A et le bleu, et les phototropines. La lumière rouge exerce un effet sur différents phytochromes (phyA, phyB, phyD et phyE), alors que la lumière bleue sur ZTL, cry1 et cry2 permettant l’entrainement de l’horloge biologique. En absorbant des photons, ces protéines changent de conformation et de localisation cellulaire, ce qui leur permet d’activer ou d’inhiber des voies de transduction du signal. A l’interface entre ces différents mécanismes d’activation/inhibition se retrouve le gène CO et la protéine CO dont l’expression rythmique est un marqueur de l’horloge circadienne. En clair, l’intensité lumineuse dans les domaines rouge et rouge lointain augmente à l’automne et induirait l’arrêt de croissance.

Je vous laisse digérer cela, je n’ai plus le temps aujourd’hui, la suite demain…
Avatar de l’utilisateur
CHANIWA
Fleur de pipelette
Messages : 972
Inscription : sam. 05 août 2017 11:40
Région : Rhone Alpes

Re: Débourrement 2021

Message par CHANIWA »

J’adore les conférences de Miso et d’Opus !

J’avoue souvent devoir fouiner dans le dico...
Répondre

Revenir à « Aux érables du Japon »