compost

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Legousia
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Message par Legousia »

Exactement, au boulot, je fais mon compost à base de paille pour le carbone et la structure et à base de déjections de volailles pour l'azote et la vie bactérienne.

En général, j'arrose mon compost quand il est inférieur à 74% d'humidité, 72% en hiver et je le retourne quand la température diminue en dessous de 75°C...

En général, c'est tous les 2 jours...
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appius
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Message par appius »

Legousia a écrit :
En général, j'arrose mon compost quand il est inférieur à 74% d'humidité, 72% en hiver et je le retourne quand la température diminue en dessous de 75°C...
ca va pas du tout, le bon pourcentage c'est 73,25 % ! :lol: :lol: :lol:

comment tu fait pour avoir ce chiffre? tu plantes une sonde un peu partout et vous faites une moyenne? c'est homogène ou pas d'ailleurs?

quand la température diminue en dessous de 75°C...
75°c, c'est énorme ! stérilisation quasi garantie! on comprend que ça soit réglé en 3 semaines !
tu fais ça dans des tambours?
Legousia
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Message par Legousia »

En fait, nous produisons 600 tonnes par semaine. Le but du jeu est évidemment de l'optenir de façon homogène. Pour cela, la qualité des matières premières doit être constante et je réalise chaque semaine une analyse physico-chimique pour en connaître les principaux critères.

Ensuite, pour l'homogénéiser, nous avons une énorme machine de 25m de long avec plusieurs rouleaux qui brassent le compost et qui mélangent la paille, le fumier de cheval et la fiente de poulets. C'est dans cette machine que nous arrosons.

Ensuite, nous faisons de longs tas longitudinaux bien espacés afin de créer un flux d'air qui peut atteindre 5m3/h/tonne. On retourne ces tas tous les 2 jours afin de l'aérer et d'y prendre les échantillons. On repasse encore une fois dans la machine pour apporter d'éventuels compléments azotés.

La deuxième semaine, nous faisons d'autres types de tas, qui sont des andains de 2m de hauts, et 2 m de larges pour 60m de long bien cubiques. La phase d'homogéinsiation est terminée et la température augmentent rapidement jusqu'à 80°C voire même parfois un peu plus. Dès que la température diminue, on retourne avec une machine qui avale et mélange les coeurs de meules (anaérobies) pour le remettre au contact de l'air...
L'extérieur étant entre 40 et 50°C, la vie bactérienne reste présente et les retournes permettent de mélanger...

A la fin de la semaine, nous entrons dans des salles de pasteurisation ou pendant une semaine, nous rendons le compost indemne des pathogènes, des graines etc...

A la sortie, on a un magnifique compost :wink:
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sauldre
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Message par sauldre »

c'est vraiment intéressant,vous pouvez continuer
sauldre
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appius
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Message par appius »

des salles de pasteurisation? comment ça marche ça?
(bon, moi je file retourner mon compost en attendant)
Legousia
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Message par Legousia »

Bon, surtout, ne pas croire que je possède la vérité car dans la science du compostage, je crois que nous en sommes encore aux balbutiements. Les relations entre les phénomènes chimiques et biologiques sont très importants et malheureusement assez peu étudié.

A titre personnel, en fait, je fais du compost à partir des matières premières citées précédemment et je réalise une floppée d'analyse chaque semaine pour contrôler l'humidité, le pH, l'azote amoniacal et total, le rapport C/N et le taux de cendre.

Tous ces paramètres me servent à maintenir des conditions adéquat pour la vie microbienne. On parle de phase 1 quand nous fabricons le compost et de phase 2 pour la pasteurisation.

Une salle de pasto, c'est un cube de béton de 25m de long, 6 de large et 7 de haut avec un planché à caillebottis par lequel on souffle de l'air. ON maintien donc des conditions aérobies et on contrôle la température au °C près afin de sélectionner un type de bactérie particulier (que nous savons être les plus aptes à dégrader la matière organique). Il faut donc faire un cycle de température en 5 phases qui sélectionne les bactos.

Au bout d'une semaine, nous sortons des salles un compost cuit, mûre, à 69% d'humidité, pH=7.5...(quand on a de la réussite :lol: )

Il y a une autre méthode que nous sommes entrain de mettre en place et qui conciste à faire toute la phase1 dans des bunkers de fermentation...la fermentation est encore plus rapide. On estime que l'on peut le faire en 10-11 jours...

Je veux bien essayer de répondre aux questions sachant que ce que je fais dans mon métier, c'est pas tout à fait ce que l'on fait dans son jardin et surtout, que beaucoup de choses sont encore non connues dans ce domaine... :wink:
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appius
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Message par appius »

Et quelle est la qualité de ce compost par rapport à un autre muri plus lentement, à température un peu moins élevée? parce qu'il me semble que plus la température est élevée, plus le dégagement d'azote ammoniacal (NH3) est fort, et peut-être aussi le carbone sous forme de CO2.
Et la chaleur? elle est captée, réutilisée?
IShot

Message par IShot »

Vu comme ça (sans avoir exactement tout ce qui entre en jeux pendant le processus), ca semble demander énormément d'énergie pour produire du compost. Vu les outils qu'il faut pour déplacer autant de matière, la machinerie, le transport, l'électricité, etc... ca semble très poluant. Sans compter les dégagements d'azote et de co2 comme dit appius, ca doit pas sentir la rose...
Legousia
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Message par Legousia »

C'est sûr que c'est une énergie importante pour en produire autant. Mais la consommation d'énergie est proportionnelle au volume produit et il faut voir, certes le problème dans sa globalité, mais aussi rapporté à une unité plus petite par exemple l'énergie/kg de compost produit par exemple.

Je pense, de toute façon, que chaque activité humaine engendre son lot de pollution et j'imagine assez mal un sac de compost d'une enseigne de jardinage être produit de façon " non polluante". Il ne faut pas de voiler la face :wink:

Il faut y voir la balance entre le gain et la perte et la comparée avec les autres techniques d'amendements...je n'ai aucun chiffre à proposer, mais 25T/ha permet de réduire de 50 unités l'azote chimique que l'on met habituellement sur une parcelle de maïs.

En ce qui concerne les dégements de CO2 et de NH3, je pense qu'ils sont les même que du compostage au fond du jardin, toute proportions gardées. :wink:

Pour les odeurs, c'est un problème uniquement quand le compostage est anaérobie car c'est le méthane et les acides produits qui sentent le plus mauvais. Le CO2 est inodore mais pas l'ammoniac qui peut quand même déranger le voisinage et c'est pour cela que nous allons mettre en place un filtre à air permettant, 1) de réduire les emissions et 2) de réutiliser l'ammoniac pour le remettre dans le process...
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sauldre
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Message par sauldre »

Merci langousia très intéressant tes explications
sauldre
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Message par capucine33 »

merci pour les infos !
intéressant, il est évident que l'on ne peut comparer les techniques et les effets quand le compost est produit par des professionnels ou par des particuliers . de plus , les professionnels ont souvent ( il me semble ) le soucis de préserver leur outil de travail , tout comme les particuliers ont ( il me semble aussi :wink: ) le soucis de produire un compost de qualité :arrose:
bon dimanche !
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Message par bce1970 »

Piero, tu peux nous en dire plus sur ton "compost de surface". Tu privilégies l'épandage direct plutôt que la mise en tas ou c'est plus compliqué que ça?
Blandine
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Legousia
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Message par Legousia »

capucine33 a écrit :les professionnels ont souvent ( il me semble ) le soucis de préserver leur outil de travail , tout comme les particuliers ont ( il me semble aussi :wink: ) le soucis de produire un compost de qualité :arrose:
L'outil de travail est bien entendu quelquechose à préserver...c'est une évidence. Mais comment préserver son outil, si ce n'est en remplissant le cahier des charges des clients?

Un produit n'est de qualité que s'il satisfait celui qui l'utilise. A partir du moment où l'on comble l'utilisateur. Et à partir où l'on comble l'utilisateur, alors, on préserve son outil de travail cqfd.

La recherche de qualité est évidemment une priorité et si notre contrôle qualité est si rigoureux, ce n'est pas pour faire beau :wink:

Bon cela dit, je ne suis pas là pour faire ma pub (je ne vous dis pas où je bosse) mais bien pour apporter ma botte de paille au tas de compost...
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appius
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Message par appius »

en pensant aux volumes et à la chaleur que dégage le compostage, je me demandais ce que vous en faisiez. elle s'échappe? elle est maintenue pour la pasteurisation du compost?
Parce qu'autant de chaleur, ça pourrait être réutilisé. on pourrait imaginer avec un chauffage de serres, elles-mêmes fournit en compost par votre production...

enfin bon... je rêvasse tout haut...
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capucine33
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Message par capucine33 »

bonjour,
est ce par ce phénomène de dégagement de chaleur que nos anciens associaient souvent compost et couche : pour profiter de cette douce chaleur pour éveiller les semis au printemps ... comme quoi , y avait de l'idée là derrière :wink: :wink: :wink: ;
alors , de nos jours comment adapter cette technique avec nos bacs de compost en matière plastique ( :cry: ) pour y accoler une couche ?
l'idée et mise en œuvre m'interresserait / quelqu'un a t il une proposition à partager ?
bonne journée à tous :coucou:
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appius
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Message par appius »

oui, c'est ça, le procédé de la "couche chaude" : un lit de fumier frais sous la terre d'un chassis. ça permet d'avoir 2-3 semaines de chaleur pour faire des semis précoces. Mais une fois que c'est "éteint", difficile de recharger en fumier avec les semis dessus.
Personne n'a essayé de mettre son composteur directement dans sa serre, comme un poêle? (moi j'ai pas de serre)
IShot

Message par IShot »

Mon chat squatte le dessus du tas de compost qui est actuellement couvert de paille avec juste une bache tendue entre les supports. Il s'y est fait comme un petit nid histoire d'avoir bien chaud. La chaleur n'est pas perdue pour tout le monde. :lol:

Les jardiniers de je ne sais plus quel roi, utilisaient le fumier frais dans des tranchées autour des butes à asperges pour en produire (des apserges, pas du fumier) pendant le plein hiver. Le fumier était changé tous les jours ou plusieurs fois par jour en fonction des besoins. Je suppose que ce fumier reste compostable par la suite une fois la température retombée.

Pourquoi pas un petit système de pompe à eau (ou autre fluide plus performant) et un tuyau qui court à travers un gros tas de fumier ou de compost. Ce tuyau chauffant une couche juste à côté... Enfin, c'est juste une idée comme ça, d'échangeur thermique...
Legousia
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Message par Legousia »

Dans un contexte où l'on laisse le compost en tas, cet échangeur serait idéal...mais quand il faut retourner le tas tous les 2 jours, c'est une autre histoire...

Cela dit, cette question me trotte dans la tête depuis déjà pas mal de temps et nous avions étudié l'idée de faire des serres juste à coté...ça n'a pas fonctionné.

Par contre, dans le cadre d'un compostage indoor, les tuyaux qui circuleraient dans le béton seraient parfaitement capable de capter la chaleur...
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Message par Legousia »

appius a écrit :Et quelle est la qualité de ce compost par rapport à un autre muri plus lentement, à température un peu moins élevée? parce qu'il me semble que plus la température est élevée, plus le dégagement d'azote ammoniacal (NH3) est fort, et peut-être aussi le carbone sous forme de CO2.
Et la chaleur? elle est captée, réutilisée?
Si on se place dans le cadre d'un recyclage des effluents d'élevage, l'intérêt d'aller vite dans le compostage, c'est de composter un maximum d'effluent. Nous consommons plus de 100 tonnes de fientes par semaine, ce qui permet aux éleveurs du coins de se débarrasser rapidement des déjections de leurs animaux.

D'un point de vue qualité, le fait que le compost chauffe à 80° permet de tuer un grand nombre de pathogènes et d'adventices. Entre la température ambiante et 65°C, on assiste à une élévation biologique de la température. Au delà de 65°C, les réactions chimiques remplacent les bactéries et on constate un phénomène assez flou pour le moment : la caramélisation.

La température élevée permet aussi de dégrader les pailles.

Enfin, à haute température, on observe effectivement un relargage de NH3. Cela dit, le pH influence beaucoup la réaction transformant NH4+ en NH3.

Or, NH4+ est soluble dans l'eau alors que NH3 est un gaz. Ainsi, en travaillant sur le pH et en le maintenant à un niveau précis, on est certain de limiter les émanations de gaz.
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collad
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Message par collad »

Legousia a écrit :
appius a écrit :Et quelle est la qualité de ce compost par rapport à un autre muri plus lentement, à température un peu moins élevée? parce qu'il me semble que plus la température est élevée, plus le dégagement d'azote ammoniacal (NH3) est fort, et peut-être aussi le carbone sous forme de CO2.
Et la chaleur? elle est captée, réutilisée?
Si on se place dans le cadre d'un recyclage des effluents d'élevage, l'intérêt d'aller vite dans le compostage, c'est de composter un maximum d'effluent. Nous consommons plus de 100 tonnes de fientes par semaine, ce qui permet aux éleveurs du coins de se débarrasser rapidement des déjections de leurs animaux.

D'un point de vue qualité, le fait que le compost chauffe à 80° permet de tuer un grand nombre de pathogènes et d'adventices. Entre la température ambiante et 65°C, on assiste à une élévation biologique de la température. Au delà de 65°C, les réactions chimiques remplacent les bactéries et on constate un phénomène assez flou pour le moment : la caramélisation.

La température élevée permet aussi de dégrader les pailles.

Enfin, à haute température, on observe effectivement un relargage de NH3. Cela dit, le pH influence beaucoup la réaction transformant NH4+ en NH3.

Or, NH4+ est soluble dans l'eau alors que NH3 est un gaz. Ainsi, en travaillant sur le pH et en le maintenant à un niveau précis, on est certain de limiter les émanations de gaz.
Eh bien ça donne envie de se procurer le compost que vous produisez... Vous le vendez en jardineries ou c'est pour les professionnels?
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appius
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Message par appius »

j'ai trouvé d'intéressants graphiques autour de la température du compost et de ce qui l'influe :

Image
Jo Readman, Ces mauvaises herbes qu'on dit mauvaises, Terre Vivante 2007. p.45.

L'auteur rappelle aussi que si la proportion de carbone descend en dessous de 20 pour 1 d'azote, "le tas deviendra visqueux et pourra s'échauffer trop fortement, voire prendre feu. C'est le carbone qui fait la substance du compost mûr."
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