Re: Venez ! Ici, c'est la Discothèque AuJardin !!!
Publié : lun. 27 juil. 2009 9:08
connaissais pas 

Forum jardin et jardinage
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Pour la collaboration avec Roussel, tu me parles bien de Bashung ?.Prokofiev a écrit :Bashung, j'aime pas tout . Surtout dans les derniers albums, il y a quelques perles avec de très beaux arrangements . Je n'aime guère sa façon de chanter, mais il sait s'entourer de très bons musisciens . je trouve par exemple que sur son dernier album, Roussel se montre bien plus talentueux qu'avec son groupe "louise attaque"
explication que j avais trouvé sur internet (d un fan )L'infirmier de minuit distribue le cyanure
et demande a Noé si le charter est prêt
Oh mec il manque encore les ours et les clônures
mais les poux sont en rut faut décoller pas vrai
et les voila partis vers d'autres aventures
vers les flèches ou les fleurs flashent avec la folie
et moi je reste assis les poumons dans la sciure
a filer mes temps morts à la mélancolie
soleil soleil
n'est ce pas merveilleux de se sentir piégé
Paraît que mon sorcier m'attend a Chihuaha
ou bien dans un clandé brumeux de Singapour
mais je traîne les PMU avec ma gueule de bois
en rêvant que la barmais viendra me causer d'amour
et je tombe sur l'autre chinetoque dans cette soute à proxos
qui me dit vient prendre un verre tu m'as l'air fatigué
laisse tomber ta cuti devient ton mécano
c'est depuis le début du monde que l'homme s'est déchiré
soleil soleil
n'est ce pas merveilleux de se sentir piégé
Adieu Gary Cooper adieu Che Guevara
on se fait des idoles pour planquer nos moignons
maintenant le vent s'engouffre dans les nirvânas
et nous sommes prisonniers de nos regards bidon
les monstrer galactiques projettent nos begaiements
sur les murs de la sphère où nous rêvons d'amour
mais dans les souterrains les rêveurs sont perdants
serions-nous condamnés à nous sentir trop lourds
soleil soleil
n'est ce pas merveilleux de se sentir piégé
c est énorme je trouve !!Bon à la demande d’un p’tit nouveau, voici une explication rapide de la chanson Soleil Cherche Futur...
C'est sommaire et n'a pas grande valeur...
Mais voilà ce que je peux en dire comme ça, en quelques minutes...
Déjà, le titre évoque un passé ancestral (le Soleil, astre ancien, vénéré dans tous les cultes dits-primitifs et notamment au Mexique, d'où revient tout juste HFT à l'époque...) et un avenir hypothétique...
C'est presque un nom de Science-fiction (n'oublions pas que HFT est un ultra-fan de Soleil Vert !!!)... Une vision hallucinée, une anticipation...
Bref, quel avenir pour un soleil (symbole de la vie dans quasi tous les cultes...) après un Alligator 427, par exemple ?
C'est une interrogation et un constat à la fois...
Comment avec notre passé, envisager notre futur...
"L'infirmier de minuit" évoque d'emblée la douleur (très liée à l'insomnie d'ailleurs, chez Thiéfaine... Cette indigestion de l'âme), la médicalisation d'un monde en souffrance ("Mais les manufactures ont beau se recycler, il n'y aura jamais assez de morphine pour tout le monde..." scandait le prophète d'Alligator...)... Bref, de la morphine (pour calmer...) on est passé au Cyanure... Plus expéditif...
On peut y voir une image Apocalyptique...
L'infirmier de minuit, ne serait-ce pas Dieu, lui-même, qui rappelle ses brebis auprès de lui (n'entend-on pas des moutons, et un berger en intro de la chanson ?) Cette hypothèse se voit redoublée par l'image biblique de Noé et de l'Arche... Celle-ci est devenue un Charter (Prix réduit !), on y a déjà installé les ours (animal noble dans la tradition occidentale) et les "clônures" (mot-valise construit à partir de Clone et de Raclure ! Valeur péjorative évidente...) Vision prophétique du clonage (Tiens, n'est-ce pas une brebis, Dolly, qui a été clonée pour la première fois ?), ou pourquoi pas, au sens plus commun, une évocation des moutons de Panurge ? (tous identiques, qui courent en masse, d'un seul mouvement vers le ravin, vers le précipice...) Une métaphore de l'homme qui court à sa perte ? Bref...
Ensuite, une autre bête, en rut celle-là : les poux... Etrange animal, parasite, qui s'installe et se nourrit sur le crâne de sa victime... Tout de suite moins noble que le fauve Ours... La mise en relation du haut et du bas, du "noble" et du "vulgaire" évoque irrémédiablement le carnavalesque, le renversement des valeurs, comme chez Rabelais...
(A noter également que le pou est un animal qui occupe une place de choix dans l’œuvre de Lautréamont, auteur phare de HFT, un animal monstrueux, démesurément exagéré qui suce l'homme à mort)
Image de danger, donc...
"Faut décoller", impératif, urgence de la situation, mais sous forme de question... "pas vrai ?"
Cette phrase résonne pour moi comme "On est foutu, pas vrai ?"
Puis on bascule dans la fiction narrative, dans le délire visionnaire avec cette phrase magistrale, pastiche des ressorts narratifs éculés...
"Et les voilà partis vers d'autres aventures")
(Comment ne pas penser à Jacques le Fataliste de Diderot ?)
La proposition suivante est plus sibylline...
"Les flèches ou les fleurs flashent avec la folie"
Déjà, on peut noter la magnifique allitération en "F" (qui n'a rien à envier à celle d'Oreste dans l'Andromaque de Racine : "Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes?")
Le "flash" évoque la lumière (artificielle) qui fait un écho au Soleil (naturel)... Soleil qui est d'ailleurs source de vie pour les fleurs, qui les nourrit, les fait croître...
Bref, ces fleurs flirtent avec la démence (pour moi, cela évoque Nietzsche, qui concevait la pensée comme une flèche qu'on lance dans le cosmos... Pensée qui on le sait croisa la folie dans l’œil d'un cheval à Turin...)
Puis vient le premier "Je"...
Implication directe du narrateur dans le texte
"Et moi je reste assis, les poumons dans la sciure
A filer mes temps morts à la mélancolie"
Le poète, lui, ne décolle pas...
Il reste à terre... (Albatros maladroit ?)
Les organes conservés dans la sciure...
Consacrant ses "loisirs" à ses rêveries mélancoliques...
(Allusion évidente au Sturm und Drang... La figure du poète romantique qui reste vissé à la terre en pleine tempête, rempli de sombres humeurs... Figure récurrente de l’œuvre de Thiéfaine...)
Vient enfin le Refrain...
Sorte d'incantation mystique...
Un appel à l'astre de vie : "Soleil ! Soleil !"
(Lazare ! Lazare !)
Puis cette interrogation terrible (qui me donne des frissons à chaque fois !)
"N'est-ce pas merveilleux de se sentir piégé"
Constatation cynique de l'avenir que l'on se réserve !
("Sur cette autoroute hystérique...")
A noter aussi l'invocation à Ra, dieu du Soleil dans les mythes égyptiens... Il y a une personnification de l'astre qui nous renvoie à nos propres origines mythologiques (Il faut savoir que la fusion des mythologies grecque, latine et égyptienne a été le terreau dans lequel a pris racine le monothéisme... Le christianisme est un dérivé du néo-platonisme...)
Nous arrivons au second couplet...
Le Sorcier, à son tour, vient renforcer l'image de culte ancien...
Et l'évocation de Chihuahua, ville mexicaine au pied de la Sierra Madre nous renvoie au culte solaire des Mayas (inventeur du calendrier solaire de 365 jours...)...
Puis de nouveau, une association du "sacré" et du "profane" puisque le dit-sorcier attend notre narrateur soit dans un lieu de culte, soit dans un "clandé brumeux" (à savoir, un bordel, un "sombre tripot") "de Singapour" (changement de continent, en route pour l'Asie, dans un des tout premiers ports du monde... Et voilà qu'on retrouve un lien avec l'Arche de Noé...)
Mais ce voyage-là non plus notre narrateur n'est pas prêt à le faire...
Il reste là, à traîner les "PMU" (élément fort pittoresque, loin des images classieuses d'Un Cabaret Ste Lilith...) Ici, c'est un rade "des plus cradingues" qui vient casser l'imagerie romantique qui suit : "En rêvant que la barmaid viendra me causer d'amour"...
Ce passage rappelle un peu les pérégrinations de Señor Malcolm Lowry tout en relayant les thèmes récurents de la poésie d'HFT... Alcool, désespoir, solitude... ("Dans cité X, y'a une barmaid qui lave mon linge..." etc... Voir Ad Orgasmum Aeternum dans le même album...)
Un nouveau personnage fait irruption dans le récit hallucinatoire du chanteur... "L'autre chinetoque dans cette soute à proxos"...
Le chinetoque rappelle évidement Singapour (ville regroupant nombres d'origines mais essentiellement des chinois...) tandis que la "soute" continue de nourrir le champ lexical de L'arche (ou du "Charter" qui sont, notez-le de presque anagrammes...) et "proxos" fait écho au "clandé" bien entendu !
Ce n'est donc pas la barmaid qui viendra causer d'amour mais ce "chinetoque" rêvé ("Mais que devient le rêveur quand le rêve est fini ?" Thème cher à la tradition asiatique... "Est-ce Lao-Tseu qui rêve qu'il est un papillon, ou le papillon qui rêve qu'il est Lao-Tseu ?")
"Laisse tomber ta cuti deviens ton mécano"
Il y a dans cette phrase une exhortation au changement (sexuel, une invitation à l'homosexualité...) qui n'est pas sans évoquer Platon... En effet, "Deviens ton mécano" peut-être lu comme le "Connais-toi toi-même" du philosophe grec dont on connaît les tendances amoureuses...
La suite est encore plus parlante... "C'est depuis le début du monde que l'homme s'est déchiré" allusion claire au mythe fondateur de l'androgyne tel qu'il est énoncé dans Le Banquet de Platon...
Encore une fois, une confrontation à un passé mythologique...
A une histoire a-temporelle, fondatrice de notre culture...
De nouveau le refrain...
Je n'y reviens pas, ça me parait clair...
Puis, le meilleur moment selon moi, cette vague qu'on se prend en pleine gueule à chaque écoute !
"Adieu Gary Cooper adieu Che Guevara
On se fait des idoles pour planquer nos moignons"
Splendide évocation d'un autre choc, celui de deux blocs (soviétique et américain...) Gary Cooper, incarnation de l'Amérique virile, forte et dominatrice et Ernesto "Che" Guevara, révolutionnaire d'Amérique du Sud, icône communiste s'il en est, symbole de toute révolution contestataire !
Des Idoles qui cachent nos meurtrissures et nos douleurs honteuses (voir Le Crépuscule des Idoles de Nietzsche, premier livre du renversement de toutes les valeurs !), qu'on brandit comme des épouvantails désarticulés, pour créer l'illusion...
Image, nouvel opium du peuple ?
Mais le "Vent" n'a "pas d'amis quand il vient lécher les statues", il s'engouffre, indifférent, dans les Nirvânas (Incroyable! par son suicide en 94 Kurt Cobain, leader de Nirvana, deviendra lui aussi une véritable idole de la jeunesse américaine et occidentale... C'est fortuit, bien entendu, nous ne sommes qu'en 83, mais c'est le genre de hasards qui me mettent en joie!)
Mais ici, l'évocation des Nirvânas, encore une fois, renvoie aux mythes fondateurs... Bouddhistes, cette fois-ci... L'extinction de la douleur, la fin du cycle...
Pourtant, nous restons inexorablement "prisonniers de nos regards bidons", incapables de sortir de nos "automatismes" (au sens où l'entend Artaud dans Pour en Finir avec le Jugement de Dieu"), des illusions qui nous sont chevillées aux organes...
Mais le rêve, déjà bien sombre n'est-ce pas, va virer au cauchemar avec l'arrivée des "monstres galactiques" (qui côtoient très certainement les mygales, les ptérodactyles ou les alligators qui peuplent le bestiaire imaginaire de HFT...)...
Alors, que font-ils, ces monstres galactiques tout droit sortis d'un film de Science-Fiction ?
Ils "projettent nos" balbutiements, nos tentatives de parole, nos difficultés à dire sur "les murs de la sphère où nous rêvons d'amour"...
Cet amour qui n'est qu'une "pulsion des glandes endocrines", ce "Chagrin des Glandes" qui respire "la vieille guenille et l'épicier cafard", une illusion de plus ?
Puis, cette sublimissime évocation de Céline pour finir :
"Mais dans les souterrains les rêveurs sont perdants
Serions-nous condamnés à nous sentir trop lourds"
Céline, éternel rêveur qui lui non plus n'a cessé d'halluciner sa vie sur la page, qui disait avoir eut l'idée de son style dans le souterrain d'un métro parisien, ce Louis Ferdinand qui déclara à propos des hommes, dans sa toute dernière interview, "Qu'est-ce qu'ils étaient lourds..."
Voilà...
En conclusion, cette chanson (une danse avec la mort...) évoque pour moi la réunion carnavalesque, grand-guignolesque de notre passé le plus lointain, nos origines culturelles et notre avenir incertain, notre devenir vacillant...
C’est une vision prophétique (très proche, bien que plus générale, d’Alligator 427) de la condition humaine et de son devenir…
Bon, le style est certainement trop scolaire (eh oui, qu'il est difficile de se départir de son parcours universitaire…), cette explication n’est évidement pas exhaustive, elle a été faite en vitesse, sans y avoir vraiment réfléchi, à la demande d’un compagnon de la Planète…
C’est une analyse personnelle et elle n’engage que moi…
ce n est pas de moigrace a écrit :Merci Piero pour ton explication de texte, j'ai bien aimé, je vais écouter la chanson sur dezzer et voir ce que j'en pense. je ne connais pas bcp Thiefaine. Je dois certainement l'écouter à travers d'autres artistes.
Je n'aime pas l'écrivain L F Céline, il écrit de magnifiques choses mais ses pensées ne me conviennent pas. Je préfère de loin Aragon, Sartre et dans un autre registre A. Rimbaud.