bigre ! je vois que vous avez fait la bringue jusqu'à point d'heure !
aygues31 a écrit :le compost, ce n'est que de la matière organique, certes indispensable à la vie et aux échanges du sol ... et cela ne nourrira pas nos légumes
Ce n'est que de la matière organique, mais la matière organique
est tout!
Dans la nature, c'est elle et les micro-organismes qui la dégrade et la minéralisent qui fournissent le NPK (il n'y a que le N qui peut en même temps provenir directement de l'air et être fixé par la foudre ou par les bactéries des légumineuses)
Et je suis un peu sceptique, basti1, lorsuque tu dis que "la minéralisation se fait surtout en fin de printemps mais en majorité en automne, alors que les besoins principaux des cultures se situe en sortie d'hiver." En effet, cette minéralisation se fait sous l'effet de bactéries et de protozoaires qui sont, pour partie, localisée directement dans la rhizosphère, ce qui fait que leur nombre et leur activité est étroitement liée à l'activité de la plante. De même pour les champignons, en particulier les mychorizes. Quant à la dégradation de la matière organique en surface, tout ceux qui font des paillis les ont vus fondre doucement tout l'hiver, et sont obligés d'en remettre en ce moment aussi : je vois une grande activité de mon sol en ce moment, dès que je soulève un peu les débris végétaux que j'y ai mis.
Qui n'a pas déjà vu ce que donne un pied de citrouille qui pousse sur un tas de compost? n'est ce pas là qu'on obtient les plus grosses (et les plus gouteuses) citrouilles?
Et, pour reprendre un exemple cité par Bourguignon, que dire des "rendements" extraordinaires des forêts tropicales depuis des millions d'années, sans un apport d'engrais? Et j'ajouterais moi-même que l'on sait que ce ne sont pas des terres si "riches" que ça : lorsqu'on les défrichent pour en faire des terres agricoles (et qu'on casse donc ce cycle de la matière organique) on a vite des rendements ordinaires, preuve en est que la fertilité d'un sol ne se résume pas à N, P et K ...
Rappelons, en citant encore Bourguignon, que 94% de ce qui constitue la plante est issue de la météo (eau + air)! elle ne tire que 6% du sol ! En revanche, c'est bien du sol que vient le gout des légumes, grâce à des enzymes fabriqués à partir d'oligo-éléments qui dépendent des micro-organisme, et non du NPK...
On connait les rendements d'une agriculture qui n'utilise aucun engrais de synthèse grâce à étude suisse comparative menée sur ... 21 ans!
voyez par exemple :
Rendements en grain du blé
d’automne
C2 et M = conventionnel D2 = bio-dynamique O2 = Organo-biologique N = Non fertilisé
Rendements en tubercules
de pommes de terre
C2 et M = conventionnel D2 = bio-dynamique O2 = Organo-biologique N = Non fertilisé
Rendements des prairies
artificielles (mélanges de
graminées et de légumineuses)
en 1ère et en 2ème année
d’utilisation principale
C2 et M = conventionnel D2 = bio-dynamique O2 = Organo-biologique N = Non fertilisé
Accéder au rapport complet
Par rapport à une terre fertilisée aux engrais minéraux, l'écart est
en moyenne de 20 %. Il est plus grand sur la pomme de terre, pour une raison qui rejoint de que dit basti1 sur la disponibilité des fertilisants : l'importance de l'écart peut "s’expliquer par le fait que les grands besoins nutritifs de cette culture sont concentrés sur une période relativement courte et par la grande sensibilité des pommes de terre aux maladies." En effet, dans les parcelles bio et bio-dynamiques, ont n'a pas appliqué de pesticides conventionnels évidemment. Auquel il faut ajouter, pour toute les cultures, "la possibilité offerte aux systèmes conventionnels de faire des traitements phytosanitaires directs (y. c. désherbage) en fonction des besoins a permis aux systèmes conventionnels d’atteindre une stabilité de rendement légèrement supérieure."
On peut disserter sur ces 20 % de rendement inférieur au conventionel, en particulier sur leur nécessité (alors qu'une partie de notre SAU est consacrée à des friches et bientôt aux agro-carburant), sur leur cout (en énergie pour produire et transporter les engrais, en érosion des sols), et sur l'aspect sanitaire (santé, qualité et goût des produits)... en tout cas, par rapport à la terre non fertilisée, on voit que les fertilisations biologiques ne sont pas exactement du pipeau !
Dans nos jardin, a-t-on vraiment besoin de ces 20%? sinon pour se voir un jour en photo dans le journal local avec une énorme courge entre les bras (et pleine de flotte!) ...
Personnellement, je songe à la vigne qui donne ce qu'elle a de mieux quand elle n'est pas fertilisée, et je préfère donc au jardin une production un peu moins importante mais de qualité certaine.
Sans compter que j'adore élever les bactéries!!
basti1 a écrit :c bourguignon sa technique peut se résumer à engrais vert, glyphosate systématique puis semis direct.
ca me surprend beaucoup de lire que Bourguignon recommande l'utilisation de glyphosate, de la part de quelqu'un qui dénonce d'habitude l'utilisation massive (il n'est pas contre une utilisation modérée apparemement) des pesticides parce qu'ils contribuent à l'érosion des sols. En tout cas, ni dans son bouquin, ni dans les conférences filmées qu'on peut voir de lui, je ne le vois recommander le glyphosate.
Faites vous plaisir en jetant justemetn un oeil a cette conférence de Claude Bouguignon en deux parties:
partie 1
Partie 2
si vous ne regardez pas tout (c'est un peu long), voyez donc le début de la 2nde partie, Bourguignon est passionnant.
(En plus il est vétu d'un superbe pull d'extra-terrestre que lui a tricoté la grand mère de Mister Spoke.

)