J'espère que vous me pardonnerez ma longue prose précédente, c'était pour mieux appuyer la mise en pratique, et rappeler que certains principes se justifient techniquement.
Mes plantations au jour de l'an. Les photos ont été prises aujourd'hui :
Les salades, de plus près :
Les salades sont sous cloche, ce que j'appelle une serre froide : pas d'électricité ni de fioul pour les chauffer, juste le soleil et la terre.
La bouteille génère l'effet de serre : la lumière qui pénètre dans la bouteille frappe le sol au fond, qui est noir, et est totalement transformée en chaleur. Le sol qui se réchauffe émet des infra-rouges, mais ceux-ci ne peuvent pas traverser le plastique, ils sont renvoyés vers le sol. Autour des bouteilles, une épaisseur de paille suffisante pour isoler le sol, mais sans empêcher la lumière solaire de pénétrer, il faut trouver le bon équilibre. Ici, il y a environ 5 cm de paille au sud des bouteilles, et 10 cm au nord (çà ne se voit pas très bien). La paille :
- elle est faiblement effusive, elle transmet peu par contact la chaleur à l'air
- elle est faiblement diffusive, la chaleur la traverse lentement
- elle retient très peu l'eau, et donc reste peu conductrice de la chaleur
- elle fournit de la nourriture permanente à la pédofaune, en particulier aux lombrics (mais il y a du monde dessous, même un 1er janvier)
- elle fournira dans un second temps de la nourriture aux plantations
Au sol, au fond de la bouteille, du crottin de cheval semi-mûr (çà aurait pu être du compost ou du BRF). Pas tellement pour nourrir les salades, mais d'abord pour offrir un milieu poreux, humide sans excès, et surtout une surface noire, donc génératrice de chaleur. La bouteille est ouverte pour assurer un minimum de renouvellement d'air. Pour parfaire le tout, il y a pour l'instant un P30 par dessus. Je passerai au P17 si çà chauffe trop.
La chaleur générée diffuse lentement dans le sol et est stockée pour la nuit qui suit. Elle peut difficilement s'échapper ailleurs que dans la serre, puisque le sol est isolé. Le sol amortit en partie les fluctuations thermiques, mais à un niveau différent de la moyenne jour-nuit de l'air. Il fait 10°C le jour et 0°C la nuit en ce moment, donc une moyenne de 5°C. Mais dans la bouteille, la température le jour dépasse les 20°C. Et la nuit, elle redescend difficilement sous 5°C, toute la chaleur accumulée le jour ne pouvant ressortir que par la bouteille. La moyenne est alors plutôt aux environs de 12 °C. Largement suffisant pour les salades. Pour l'instant, elles grossissent à vue d'œil chaque jour un peu plus, elles vont bientôt être à l'étroit, il sera temps d'enlever les bouteilles.
Mais j'ai poussé le vice un peu plus loin. J'expérimente, là, je n'ai pas encore tenté si tôt dans l'année. Si vous regardez la première photo, vous remarquerez 3 rangs de bouteilles bouchées.
Si les bouteilles des salades, ouvertes, sont coupées à leur moitié, celles qui sont bouchées sont entières, sauf le fond que j'ai enlevé. Elles plongent de 20 cm sous la surface de la paille. Je vais essayer de décrire le montage, j'espère que ce ne sera pas confus.
J'ai fait un trou de 30x30, et de 30 cm de profondeur. Au fond, il y a une couche de crottin frais sur une couche de foin semis-décomposé. Dans le crottin, j'ai creusé un puits que j'ai rempli de terre de surface, en forme de petit dôme. Au sommet du dôme, 3 graines (tomates au 1er rang, aubergines au 2ème, concombres au 3ème). Ensuite, j'ai posé ma bouteille sur le dôme, et j'ai rempli autour du même sandwich vieux foin-crottin frais. Une petite couche de terre par dessus, et finition avec 10 cm de paille.
Le semis a été fait hier 31 décembre, il est ainsi à 10 cm sous la surface de la terre, mais à 20 cm sous la surface de la paille. Toute la surface enterrée des parois de la bouteille est noire et sert d'absorbeur thermique des rayons lumineux. L'ensemble est fortement isolé thermiquement de l'extérieur. Le sol se charge de chaleur en permanence, en perd très peu, et devrait voir progressivement sa température monter nettement au dessus de la température extérieure, et même au dessus de la température du sol ailleurs à la même profondeur. Le crottin et la paille vont entamer progressivement leur compostage, histoire d'ajouter un peu de chaleur à l'ensemble.
Disposant de quelques équipements de mesure au boulot, je vais tâcher de vous communiquer des mesures plus précises de température au fur et à mesure de l'avancée de l'expérience.
Reste l'aspect "végétal", qui est nettement moins mon domaine. Il va falloir, je sens, gérer en particulier le problème de l'humidité très élevée (100%, vu comme çà condense) quand les semis vont commencer à sortir, et tenir dans la bouteille jusqu'à fin février si possible

Pour l'instant, c'est tant mieux pour l'humidité, je n'ai rien arrosé, me doutant que la condensation ferait le boulot à ma place. Si tout se passe bien, je pourrais progressivement butter un peu les pousses et remonter la bouteille.