Marcus a écrit :
Donc si je comprends bien, votre technique est de tenter de bonder un maximum le sol de nutriment assimilable directement ou indirectement par les plantes en espérant que la plante ne prendra que ce dont elle à besoin et que l' excèdent n'ira pas polluer les nappes. Mais une surdose d'élément nutritif peut nuire aussi bien à la plante qu'a la nature, comment gérez vous cette situation ?
Non, justement tu ne comprends pas, et c'est bien ça le problème.
C'est précisément l'inverse que je conseille et pratique : ne surtout pas bonder le sol de nutriments assimilables, et ne surtout pas nourrir directement les plantes !!
Et arrêter de considérer le sol comme un substrat inerte.
Des calculs comme ceux proposés par Aigues ne sont pas faux, mais valables que dans la mesure où le substrat n'interfère pas : pour une culture de tomates sur pain de laine de roche, pour une culture en conteneurs... Dans ce cas, il faudra effectivement être très précis dans les calculs NPK, car moins de fertilisation entraînera des carences, trop de fertilisation entrainera des lessivages et pollution.
Mais ici on parle d'un sol, avec ses proportions très variables de sable, limon, argile, son pH, sa quantité de calcaire actif disponible, ses minéraux naturellement présents, son taux de matière organique, mais surtout surtout la manière dont cette matière organique est liée au minéral (complexe argilo-humique présent ou non et dans quelle proportion), le type de matière organique (plus ou moins stable, à minéralisation lente ou rapide)...
Et encore plus primordial, la quantité de faune et flore présente (vers, arthropodes, protozoaires, mycètes, bactéries, et j'en oublie), qui interagit avec cette matière organique, qui a la capacité de lier humus et argile, qui a la capacité de rendre accessible des minéraux bloqués, qui a la capacité par ses mouvements et ses galeries et son action chimique de changer la structure d'un sol.
Donc je propose juste de prendre le problème dans l'autre sens. A savoir :
Au lieu de raisonner en fonction des besoins de la plante (elle a besoin de 300 U d'azote, ou 250 de potasse, apportons lui cette dose), plutôt se dire : je vais apporter de la matière à décomposer par les vers, les champignons, etc :
> sous la forme de fanes de légumes, engrais verts, mauvaises herbes laissées sur place une fois arrachée (pour la matière fraîche)
> sous la forme de BRF mis à l'automne, qui va former un humus durable et restaurer le sol fragilisé, puis avoir lentement une action fertilisante
> sous la forme d'un paillage estival ou hivernal (paille, tontes, fauches d'engrais vert...)
> en ne laissant jamais le sol à nu mais en effectuant des rotations de cultures et d'engrais vert.
Si j'ai prévu une culture gourmande, je peux en plus ajouter du compost ou du fumier, car je sais que ces plantes ont des besoins supérieurs, mais en restant dans des quantités raisonnables (1cm de fumier, 4-5cm de compost de jardin) précisément à l'emplacement de ces cultures, en ayant pris soin de prévoir un plan de plantation, de manière à ne pas en apporter sur tout le potager comme le font beaucoup de jardiniers.
Mais en aucun cas, je ne vais apporter la totalité de la dose correspondant au besoin théorique de la plante, besoin calculé en laboratoire en faisant pousser les plantes sur des substrats inertes sans quoi ils n'auraient pas pu obtenir de mesure fiable. Car je pars du principe que le sol, s'il est riche en vie et en matière organique à décomposition lente, aura encore beaucoup de réserves, et que plus mon sol est vivant, moins j'ai besoin de fertiliser.
Je préfère apporter moins, et corriger par la suite des carences constatées, plutôt qu'apporter trop.
Et je doute que l'on puisse m'accuser d'apporter trop, avec mes 3 cm de BRF, un an sur deux, avec mon saupoudrage de fumier en sac très localisé, avec mes engrais verts fauchés non enfouis, mes tontes de gazon utilisées comme paillage, et mes fanes de légumes laissées sur place, et mes trois arrosages au purin de consoude en début de culture.