Bonjour,
Quelques compléments d'infos sur le BRF et les apports en minéraux dont l'azote.
1. Apport minéral du BRF :
Le BRF ne contient pas que du carbone, mais aussi du calcium, etc.
Voir le site de Benoit Noel :
http://www.ctastree.be/BRF/indexbrf.htm
et télécharger la brochure : plus de carbone pour nos sols.
Un des documents les mieux faits sur le BRF , à ma connaissance, fait par un agronome belge qui a travaillé quelques temps au Québec avec l'équipe BRF. Je vous invite fortement à le lire : il est scientifique, mais très bien vulgarisé et de lecture très abordable.
Dans ce document, B. Noel a mesuré les quantités de minéraux contenus dans le BRF : CaO (calcium-chaux), P2O5 (phosphore,), K2O (potassium, potasse), MgO (magnésium, magnésie). Les teneurs sont les suivantes en kg de ces minéraux par m3 de BRF frais : respectivement 7 / 1,8 / 1,8 / 1,7.
J'ai effectué quelques calculs pour évaluer les apports pour 2 cm de BRF.
Ils sont de (en kg/10m2 ou en tonne/ha) : 1,4 CaO / 0,36 P2O5 / 0,36 K2O / 0,34 MgO.
Pour la chaux (CaO), ces doses correspondent à la quantité apportée en terre sableuse pour augmenter le pH d'une unité.
Parmi d'autres raisons, il est possible que cela explique que, quand on apporte du BRF en terre acide, on voit le pH remonter de manière significative ( de pH 5 à pH 6 en deux ans en terre argileuse).
Il serait intéressant de comparer ces valeurs avec les valeurs utilisées en agriculture (Aygues ?)
2. BRF et azote
Le BRF a un C/N de l'ordre de 70 (source B. Noel, toujours) du même ordre de grandeur que la paille. Il faut interpréter cette valeur avec prudence, car ce qui compte, c'est le C/N en contact avec le sol. Autrement dit, un BRF broyé très fin aura une grande surface d'échange, et un BRF grossier une faible. Le BRF fin va plus pomper d'azote que du grossier.
L'apport de BRF s'accompagne de l'arrivée d'une faune et d'une flore (champignons, insectes, etc.) spécifiques. Progressivement ces bestioles vont prendre le carbone dont elles ont besoin, puis le respirer (comme nous avec la digestion des spaghetti, je simplifie...). Progressivement le BRF s'appauvrit en carbone , respiré donc par la vie du sol.
Les petits bêtes du sol font leurs crottes, riches en azote. A terme donc, il y a appauvrissement du stock de carbone dans le sol, dont une partie (30% environ) est stockée dans l'humus, une partie est stockée sous forme vivante (les bestioles du sol) et l'autre partie est respirée.
3. Apports naturels d'azote
Il existe des sources naturelles d'azote, sans aucun apport ni minéral, ni même organique. La source de mes infos est : Joseph POUSSET, Agriculture naturelle, éditions agridécisions.
Les voici :
* résidus des cultures précédentes : 30 kg/ha
* mécanisme d'Ingham : 30 kg (fixation par adsorption sur les feuilles puis lessivage par les pluies de l'azote gazeux sous les formes NO2 = H2NO3)
* azotobacters : bactéries libres dans le sol fixatrices d'azote : 40 kg
* Clostridium : 15 kg
* minéralisation de l'humus : 50 kg
Ceci nous amène à 165 kg/ha d'azote. Pour info, en agriculture bio ou conventionnelle on apporte 200 kg d'azote pour faire 100 quintaux de maïs.
Sachant qu'une culture de légumineuse peut apporter en 1° année 60 kg d'azote, on a le compte. 2° année, idem. Tout l'azote n'est pas restitué immédiatement.
D'après POUSSET, on peut donc sans appauvrissement du sol cultiver sans intrants, qu'ils soient d'origine minérale ou organique (compost, fumiers). Il a des parcelles d'essai où il cultive sans intrants, mais il de donne pas de chiffres. Il dit simplement que les résultats sont "très convenables".
Les chiffres donnés plus haut correspondent à un sol vivant : travail du sol minimal, etc.
Par ailleurs, les vers de terre (les anéciques, les gros qui creusent des galeries verticales) remontent des minéraux des profondeurs. De plus ces minéraux se trouvent sous des formes plus assimilables par les plantes. Cette source minérale ne figure habituellement pas dans les bilans minéraux utilisés comme base pour la fertilisation, je ne sais pas pourquoi.
Bémol dans ce tableau presque trop rose : l'azote d'origine organique se libère parfois un peu tard, car il est lié au réveil des bactéries minéralisatrices. Ce qui explique en partie l'écart entre les rendements bio et conventionnels.
Mais les plus en avance dans les bio réduisent l'écart avec l'agriculture conventionnelle (seulement 20% de moins pour Manfred WENZ, en Allemagne)
Je reviendrai à l'occas sur le processus d'Ingham et les autres sources d'azote, cela mérite un développement.
J'ai été un peu long, on s'éloigne du buis, mais ces quelques compléments d'infos me paraissaient intéressant dans le débat.