co33 a écrit :Pour l'érable tu peux le tailler maintenant car la sève commence à redescendre.
Si, comme le précise la question, il ne s'agit que d'une taille de bois mort, ça peut se faire n'importe quand.
S'il s'agit de bois vivant, extrait de "La taille des arbres d'ornement, du pourquoi au comment" (1) :
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L'influence des saisons sur les réserves
Les réserves d'un arbre sont souvent plus concentrées dans certains organes ou tissus spécialisés. Le système racinaire, par exemple, est une zone de réserves privilégiée, car la densité des cellules parenchymateuses (2) susceptibles d'accueillir des réserves y est généralement plus élevée que dans la partie aérienne. Schématiquement, ces réserves sont mobilisées puis reconstituées selon le cycle annuel suivant (Frossard et al., 1988, Wargo, 1979).
• Au printemps, les bourgeons consomment leurs propres réserves et puisent sur celles du tronc et des racines. Ces réserves sont utilisées tant que la machine photosynthétique n'est pas opérationnelle, c'est-à-dire du gonflement des bourgeons jusqu'au développement complet des premières feuilles. Tailler à cette période, c'est supprimer une grande quantité de réserves alors même que l'arbre se trouve dans l'incapacité d'en produire de nouvelles.
• Pendant toute la période de croissance active estivale, les assimilats produits sont en grande partie consommés. À partir de fin juin, des tailles estivales modérées (il ne s'agit pas de retirer tout le feuillage) contrairement à celles du printemps, permettent d'éviter l'épuisement en réserves de l'arbre. Par ailleurs, il a été constaté qu'une taille estivale légère chez Tilia platyphyllos provoque une reprise d'activité immédiate des feuilles entrées en phase de sénescence à la base des pousses. Cette stimulation de l'activité photosynthétique par la taille est suivie d'une réaction très rapide puisque, quinze jours après les coupes, il apparaît au niveau du houppier et du tronc une augmentation de 35 à 45% de la quantité de réserves. Ce phénomène a aussi été observé chez le merisier et chez le platane (Bory et al., 1997).
• Vers la fin de l'été, lorsque la demande énergétique décroît, les glucides migrent du feuillage vers les zones de réserves de l'arbre. Il est alors préférable d'attendre la chute des feuilles avant de tailler.
• En hiver, l'essentiel des réserves est stocké dans certains organes spécialisés de l'arbre (racines, base du tronc, têtes de chat...). Une intervention de taille épargnant ces sites riches en amidon permet en hiver de considérablement limiter les pertes de réserves. Chez les conifères (Pinus, Picea, Sequoiadendron, Taxus), les vieilles aiguilles sont des sites d'accumulation de réserves énergétiques utilisées dans le développement des nouvelles pousses. Des tailles sévères ou des défoliations, même en hiver, constituent donc une perte considérable de réserves et peuvent entraîner des troubles physiologiques conduisant à la mort de l'arbre (Ericsson, 1980).
(...)
Recommandations pratiques
D'une manière générale, les travaux de taille ne doivent pas être pratiqués durant deux périodes :
- en période de débourrement (période variable selon le lieu et l'essence), car le feuillage n'est pas fonctionnel et mobilise une grande partie des réserves de l'arbre,
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en période de descente de sève (de fin août à la chute des feuilles) lorsque les glucides migrent du feuillage vers les zones de réserves de l'arbre.
(...)
Tableaux
Les atouts d'une taille estivale modérée :
• Meilleure compartimentation, donc meilleure résistance aux pathogènes.
• Meilleure fermeture des plaies, donc meilleure restauration mécanique du bois.
• Reprise d'activité photosynthétique immédiate du feuillage restant, donc rapide reconstitution des réserves.
• Rejets peu vigoureux.
Les atouts d'une taille hivernale :
• Les rameaux sont dépourvus de feuilles productrices de glucides et contiennent peu de réserves.
• Bonnes conditions de visibilité pour travailler.
• Période correspondant souvent à un moment de creux dans le calendrier des travaux d'espaces verts.
• Rejets vigoureux.
• Certains agents pathogènes ont une activité ralentie par le froid : il est ainsi recommandé de tailler les platanes en hiver dans les régions à chancre coloré, et de ne pas intervenir sur les pins maritimes entre mai et août en raison des risques de parasitisme par la pyrale (
Dioryctria sylvestrella).
Quelques exemples d'opérations
En été :
• Taille de formation des jeunes arbres.
• Élagage modéré des branches basses.
• Tonte des arbres taillés en rideaux, marquises et autres formes architecturées.
En hiver :
• Recépage.
• Coupe des taillis.
• Émondage des arbres têtards.
• Suppression des rejets pour les arbres d'ornement entretenus sur têtes de chats.
• Recalibrage des arbres taillés en rideaux, marquises et autres formes architecturées. »
(1) Christophe Drénou, "La taille des arbres d'ornement, du pourquoi au comment", éditions IDF (Institut pour le Développement Forestier).
(2) Parenchyme : tissu végétal constitué de cellules peu spécialisées et dont les parois restent généralement minces.