discours du Maître, aphorisme 25
Pourquoi faire quelque chose quand on peut ne rien faire ?
développement explicatif par son disciple préféré :
Nous sommes dans une société où l'humain montre sa grande maitrise de la nature en la travaillant un maximum. Dans le cas des jardins, le summum a été atteint par les jardins à la Française, comble de l'artifice. Une analyse sociologique simpliste, mais hélas vraie, montre que ceci reposait sur le travail d'une nombreuse main d'œuvre, peu chère, bien sûr.
Parallèlement, le jardinage à but productif a poussé le système encore plus loin.
Dans les deux cas, le développement naturel des plantes n'était pas pris en compte, et on allait jusqu'à arracher et remplacer les arbres dès qu'ils ne produisaient plus ou qu'il étaient trop grands et déparaient la rigueur du jardin.
Nous n'avons pas réellement quitté cet état d'esprit : il existe encore des gens qui - même dans un jardin dit d'agrément - estiment que pas le moindre brin d'herbe ne doit dépasser, et qu'il faut tailler, soumettre allais-je dire, cette nature qui ne se contente pas de faire là on on lui dit de, et comme on lui dit de.
Alors qu'on peut très bien laisser faire les plantes et le temps (au double sens du terme), ce qui ne veut pas dire l'anarchie au sens habituel du mot, mais
guider, proposer.
exemple pratique dans le jardin d'En Galinou :
Beaucoup de gens qui viennent ici regardent les grands rosiers grimpants, qui escaladent le toit de la maison, ou qui font plier les bambous de l'allée centrale? et ces gens nous disent qu'on doit avoir un travail phénoménal à diriger tout ça, à enlever les fleurs, à tailler encore et toujours, autrement dit à forcer les plantes à entrer dans le schéma que NOUS avons décidé pour le jardin.
Il est tellement ancré dans l'idée des gens que ce travail est absolument obligatoire, que certains refusent de nous croire quand on leur dit que non, ce n'est pas beaucoup de travail, vraiment, et qu'il n'est en aucune manière indispensable de tailler, traiter, nettoyer les rosiers en se rendant esclaves des choses qui devraient être pur plaisir.
Revenons aux rosiers : eh bien NON, je n'enlève pas les roses fanées suer les grimpants. (mais je les enlève sur les gros buissons hybrides de thé, rosiers qui sont en disparition dans le jardin car ils ont été conçu justement pour correspondre à cette idée que le travail c'est bon pour la santé, et s'ils ne sont pas soignés énormément ils meurent) NON je ne taille pas soigneusement les branches en hiver pour qu'il reparte 'mieux' au printemps. Je LAISSE FAIRE.
En 2006 les grands rosiers de l'entrée étaient très mal en point, parce qu'ils souffraient depuis 3 ans d'un été très sec, et d'un printemps en fait guère mieux. Beaucoup de branches mortes, alors là OUI, en une après midi on a tout coupé puis brulé sans réfléchir plus avant, et laissé trois jeunes lianes comme tire sève. En plus on l'a fait en janvier, vu que c'est à ce moment là que ça nous a pris.
Pas de fleurs cette année-là bien sûr. Et puis les lianes sont repartis comme des bêtes
On n'a plus rien fait depuis, sinon couper les branches qui trainent au sol où qui nous gênent quand on passe dessous. Peut-être que dans deux ans on devra nettoyer à nouveau vigoureusement, mais pas tant que le printemps sera super humide comme ces dernières années (depuis 2008).
Dans la grande allée des grimpants, nous prévoyons cet été s'il ne fait pas trop chaud, sinon cet hiver, ou bien une autre fois, de refaire l'allée, en changeant tous les bambous cassé par le poids des rosiers, et sans doute en taillant vigoureusement tout ce qui dépasse. Sinon on laisse tel quel, on ne va pas passer des heures à nettoyer ces roses pour qu'on ait une toile cirée.
...
bon je n'insiste pas, en gros : 80% de travaux du jardin d'agrément peuvent être évités, à condition que tu admettes que le jardin ne fera pas exactement ce que tu veux, mais qu'il s'agit d'une sorte de dialogue entre lui et toi.
Bien sûr si, comme certaines personnes que je connais, tu prends ton pied à bosser 5 heures par jour dans le jardin, alors tu peux te créer plein de boulot, mais là c'est une autre histoire.