Et puis surtout, c'est une evidence qu'il faut des vers de terre, des bestioles partout, du compost, des rotations de cultures et des jachères (si possible)

oui et non... c'est pas évident pour tout le monde, et ça dépend de la culture de chacun.
Je t'avouerai que je jardine depuis toute petite avec mes parents. je n'ai jamais eu peur des vers de terre et je les respectais, mais j'ignorais une bonne partie de leur rôle. J'ai ensuite fait des études de biologie (où en gros j'ai beaucoup appris à raisonner "chimique" et remédiation aux symptômes, mais pas analyse des causes initiales, et entendu beaucoup de dénigrement des écolos). Puis j'ai fait un BTS horticole, où j'ai reçu des bonnes bases d'agronomie, mais que je considère aujourd'hui comme largement incomplètes. La texture, la structure, la porosité, le CAH, le procédé d'humification et de minéralisation, etc... mais trop peu de lien avec la vie du sol et rien sur le rôle des vers de terre dans la formation du CAH !!! Sans compter les cours sur le travail du sol sous toutes les coutures, et rien du tout sur le non-travail du sol.
Il a fallu que je déménage, que je me heurte à un sol vraiment ingrat, de lotissement neuf, tassé par les engins, trop d'argile, pas assez de matière organique, pH élevé, rien qui pousse correctement, que mon analyse de sol me donne des infos, mais pas de remédiation, que mes connaissances d'agro et de bio ne me suffisent pas à trouver des solutions, que les engrais chimiques ne donnent aucun bon résultat, que les produits phyto n'empêchent pas mes plantes d'être maladives en permanence, pour que j'apprenne enfin à raisonner autrement. A raisonner justement "vie du sol" en premier. Avant le reste.
Redonner vie à un sol agonisant, voila ce que je fais depuis deux ans, après 4 ans de bidouillage où le jardinage façon parental ne convient pas, où les données scientifiques ne suffisent pas. Et j'en vois enfin les fruits, avec un sol qui s'ameublit, dont la couleur fonce, dont la population de vers de terre a été multipliée au moins par dix, et des plantes saines sans aucun traitement.
C'est pour ça que je parle de vie du sol. Avant toute chose. Comme premier raisonnement à avoir : est-ce que mon sol est vivant ? Pourquoi ai-je trop de larves dans mon sol = parce qu'ils n'ont pas de prédateurs, ou parce que mes plantes sont fragiles et donc plus sensibles aux attaques ? Dans les deux cas, je peux raisonner écosystème à ré-équilibrer pour voir leur population diminuer.
Et je suis bien d'accord avec toi : laisser le potager en jachère pendant 1 an sous cartons / BRF / engrais vert, c'est pas toujours satisfaisant, surtout quand on a attendu de pieds ferme l'occasion d'avoir enfin son jardin à soi. J'avais emménagé en mars, et en mai je plantais déjà des tomates et des courgettes dans un coin du jardin grossièrement motoculté, parce que je ne voulais pas attendre l'année suivante. ça n'a pas bien donné, mais le peu que ça a donné, je me suis régalée avec.
Tu plantes, tu vois si ça pousse, si ça pousse mal, ce qui se plaît mieux ou moins bien. Puis tu t'adaptes l'année suivante, et tu n'as pas nécessairement perdu ton temps. Il sera toujours temps de semer des engrais verts plus tard, ou de mettre du carton ou du BRF l'hiver suivant, sans te priver cette année.
Mais ça n'empêche pas d'aborder les différents soucis rencontrés sous l'éclairage de la vie du sol et du jardin (les plantes environnantes aussi sont importantes : vivaces, arbustes, plantes arômatiques, qui hébergent des insectes auxilliaires, des pollinisateurs, etc).
Quand on comprend que tout passe par l'équilibre de l'écosystème de notre jardin, on se prend moins la tête, et on cherche avant toute chose à rendre le sol vivant en lui donnant à manger, au lieu de chercher comment résoudre tel ou tel soucis précis rencontré (maladie, parasite, pH trop bas ou trop haut, carence minérale, sol trop lourd ou trop léger, trop gorgé d'eau ou trop drainant).
Parce qu'il existe une solution universelle, qui marche pour tout à la fois, c'est presque magique : apporter de la matière organique !!! Du coup, c'est pas compliqué, c'est même très simple.