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Potager révolutionnaire ou avec méthodes classiques ?
Publié : dim. 03 juin 2012 12:27
par Solanhom
Bonjour
En parcourant le forum, on lit beaucoup de sujets sur des manières nouvelles, décalées, non conventionnelles, bref révolutionnaires, souvent sorties tout droit de livres récents, de cultiver son potager. Culture quasi hors sol sur couches 100 % organiques, sur crottin pur, sans travail du sol même sur argile tassée, sur paillis, sur brf, avec apport massif et divers d'engrais azotés organiques sans calcul et en pleine saison, sans arrosage du tout, en carrés, en "associations", en permaculture, etc.
Je me suis même demandé si j'étais le seul à utiliser principalement les techniques et savoir faire des méthodes conventionnelles, classiques, traditionnelles, recommandées par les agronomes et qui s'expliquent par des faits et des calculs accessibles.
Il y a dans ce sujet à la fois une question : "qui utilise les méthodes classiques ?" et une petite liste de ces méthodes classiques (mais non figées ou dogmatiques) pour que les débutants comprennent ce qu'elles sont avant de voir ce qu'ils peuvent changer, au lieu de faire le chemin inverse.
C'est parti :
Qui apporte de la matière organique en automne hiver, apport à la fois carboné et légèrement azoté (du fumier pailleux principalement) de manière régulière et modérée pour construire son sol lentement sur plusieurs années (complexe argilo-humique) et non massivement au printemps ?
Qui travaille son sol sur quelques cm (bêchage et/ou motoculteur) afin d'aider les vers de terre et les bactéries à améliorer la transformation de la matière organique en humus et de l'humus en minéraux assimilables ?
Qui utilise des engrais organiques ou minéraux en calculant les doses et le moment des apports pour être sûr de ne pas balancer des nitrates et autres dans le sol inutilement ?
Qui bine les plants pour désherber et aérer le sol afin que les bactéries travaillent mieux et que les racines ne soient pas asphyxiées tout en réduisant la concurrence et en rentabilisant les amendements ou engrais ?
Qui plante en lignes et non en carrés ou "associations" ?
Qui prend plaisir à travailler le sol, à toucher la terre et à voir que cela est profitable aux plantes ?
Qui considère que certaines plantes doivent être arrachées du sol du potager ou des environs immédiats, qu'on les appelle "indésirables", "adventices" ou "mauvaises herbes", et ceci sans relâche ?
Qui pense qu'en jardinage amateur l'utilisation de produits de traitement naturels ou synthétiques n'est pas une règle mais doit rester exceptionnelle et suivre les règlements, ne pas se faire sur les conseils du voisin ou d'un site non officiel, d'un fabricant ou d'un passeur de recettes de grand-mère ?
Qui pense qu'une méthode nouvelle doit reposer sur des bases scientifiques avant d'être utilisée ?
Qui pense que les bases de la biologie et de la botaniques sont préférables pour le jardinier que l'adhésion sans réticences à certaines croyances séduisantes mais non prouvées ?
Qui pense qu'il n'y a pas de ségrégation à faire entre variétés anciennes, variétés modernes et stables et variétés F1 ?
Etc. J'oublie sans doute d'autres truc basiques, classiques, logiques et recommandés par l'agronomie depuis longtemps.
Cela fait un peu inventaire à la Prévert, mais je me pose vraiment des questions sur ce qui est ici considéré comme la base logique du jardinage.
Re: Potager révolutionnaire ou avec méthodes classiques ?
Publié : dim. 03 juin 2012 14:07
par Mon Quidam
C'est bizarre, tes questions se présentent toutes comme ayant une orientation vers une "bonne réponse", l'autre etant supposée farfelue ou sans fondement, ni scientifique, ni theorique...
Exemple, tu dis explicitement que les legumes de variétés stables doivent etre mis sur pied d'égalité avec les F1... On voit que tu ne fais pas tes graines, sinon, tu saurais que SCIENTIFIQUEMENT, c'est radicalement différent.
Re: Potager révolutionnaire ou avec méthodes classiques ?
Publié : dim. 03 juin 2012 15:27
par Solanhom
Mon message était un appel pour voir si d'autres jardiniers pensent que les méthodes alternatives ou non conventionnelles ne sont pas les seules et qu'il y a un intérêt à redécouvrir le jardinage conventionnel, classique, si c'est le fruit d'une réflexion.
Donc, oui, tu peux sentir dans mes questions une préférence, évidemment, puisqu'il s'agit de mes choix, réfléchis et faits au bout de plusieurs années de comparaison et d'expérience.
Note bien que je n'emploie pas le terme de "farfelues".
J'ai mal dû m'exprimer sur le passage des variétés.
Je fais mes propres semences pour 3 variétés anciennes et stabilisées qui m'apportent un plus. Je ne vois pas comment tu peux déduire de ce que j'écris que ce n'est pas le cas.
Ce que je veux dire, c'est que cela ne doit pas m'empêcher de cultiver aussi des variétés plus modernes et des F1, différentes dans leur mode d'obtention, mais qui ont droit de cité dans un potager classique par la régularité de leur production, leur résistance à certaines maladies, leur précocité et leur vigueur.
Certains jardiniers ont décrété l'excommunication des F1 du potager sans les avoir essayées. Ils les prennent pour des monstres (j'exagère à peine) alors qu'il y a un intérêt pour l'amateur à avoir à la fois des variétés anciennes ET des F1. Le choix n'est pas exclusif, accepter les différences entre ces diverses variétés, c'est ce que j'appelle "ne pas faire de ségrégation". Je vais même tenter cette année des F2 à partir de F1 du commerce pour ne pas me fermer à un type de variétés (inconnues) qui pourraient être intéressant, elles sont encore en godets.
Bon, je crois que tu ne fais pas partie de ceux qui emploient les méthodes classiques, ce n'est pas une critique.
Re: Potager révolutionnaire ou avec méthodes classiques ?
Publié : dim. 03 juin 2012 15:33
par Mon Quidam
Mon livre de jardinage de chevet s'appelle "le jardinier d'artois" ecrit en 1740 environ...
Pas traditionnel, en effet...
Comme disent les americains " it's so old that it's new again" .

Re: Potager révolutionnaire ou avec méthodes classiques ?
Publié : dim. 03 juin 2012 15:44
par Mon Quidam
Solanhom a écrit :
Bon, je crois que tu ne fais pas partie de ceux qui emploient les méthodes classiques, ce n'est pas une critique.
Ceci dit, note que je prends ta remarque comme un compliment, même si elle démontre que tu confonds le "classique" avec le "tout phytosanitaire" qui n'existe que depuis l'après guerre.

Re: Potager révolutionnaire ou avec méthodes classiques ?
Publié : mer. 06 juin 2012 15:56
par jfb
Post très intéressant, bien qu'un peu (volontairement ?!) provocateur.
J'ai une position intermédiaire sur le sujet, me rappelant que les meilleures idées ont toutes été un jour expérimentales... Les pires aussi !
Mon point de vue, c'est en tant que jardinier amateur nous n'avons pas d'objectifs de production et rendement impératifs. C'est pour moi une bonne raison d'opter pour des techniques quelques peu alternatives. Alternatives ne signifie pas révolutionnaires. Même si je suis bien content de déguster mes cultures, je fais passer le plaisir avant la récolte. Et à quoi bon cultiver par soi même si c'est pour obtenir des produits similaires, cultivés dans des conditions comparables ?
Mon coté classique : J'approuve et pratique les points énoncés ci-dessus.
Je ne rejette cependant pas certaines techniques différentes comme l'associations de cultures, l'intérêt du paillage, l'usage de matériaux, traitements et produits d'origine naturelle par préférences à ceux du commerce.
En fait, certaines techniques considérées comme classique le sont pour des raisons qui se rapportent à l'agriculture de masse. Elle peuvent être envisagées sous un angle différent dans le jardin amateur. La sélection des variétés, l'hybridation ... ont permis de standardiser la production de faciliter les emballage, transport, stockage revente. Quelle est la place de ces problématique dans mon jardin ? Aucune, je veux au contraire des légumes originaux, qui ne ressemblent à aucun autre.
Ma conclusion : le beau et l'originalité ont leur place au jardin amateur, mais certaine techniques éprouvées de l'agriculture restent nécessaire pour obtenir un minimum de résultats.
Re: Potager révolutionnaire ou avec méthodes classiques ?
Publié : mer. 06 juin 2012 19:00
par Solanhom
Mon Quidam a écrit :Ceci dit, note que je prends ta remarque comme un compliment, même si elle démontre que tu confonds le "classique" avec le "tout phytosanitaire" qui n'existe que depuis l'après guerre.
As-tu lu mon message avant d'y répondre ?
C'est justement à la lecture de certains messages préconisant d'utiliser un peu tout et n'importe comment que j'ai décidé de lancer ce sujet.
J'ai lu des réponses à des messages qui pronaient l'utilisation non justifiée de toute sorte de produits : bouillie bordelaise dès qu'il y a une tache sur une feuille, avant même d'en avoir identifié la cause, soufre, purin d'ortie plusieurs fois par mois et obligatoire, décoctions diverses là aussi sans connaître la cause du problème, produit phyto interdit sur tomate mais recommandé tout de même, etc.
Non seulement je ne confonds pas le classique et le tout phyto-sanitaire, mais je pense qu'une partie des méthodes non-classiques ne sont en fait qu'une ré-écriture de la méthode tout phytosanitaire et qu'elles relèvent de la même façon d'aborder le jardinage.
On part d'emblée dans les deux approches sur l'idée qu'il faut ajouter sans calcul des produits quasi magiques, naturels ou non, parfois même des plantes aux vertus idéalisées à mêler aux autres, et que le travail physique et mécanique régulier (binage, travail du sol, arrachage des adventices, etc.) est ringard ; quant au travail intellectuel (recherche de travaux d'agronomes, calculs des apports, etc.) il est carrément tabou, indigne d'un jardinier. Oser calculer combien de grammes d'azote on apporte avec une couche de 10 cm de fumier ou le passage de purin d'ortie 2 fois par mois, c'est impensable pour certains adeptes des méthodes nouvelles.
Je reste persuadé que certaines personnes qui ont cette approche-là ont la même conception du jardinage que ceux qui ajoutaient des produits chimiques dans les années 70 ou 80. Ils ont les mêmes réflexes, mais le font avec des produits naturels, et peuvent donc balancer tout et n'importe quoi sur leurs plantes et leur sol, ils ont bonne conscience, c'est naturel.
C'est la même chose que pour la santé, au lieu d'aller faire du sport, de surveiller son alimentation, de moins regarder la télé, d'aller se coucher tôt, certains comptent sur l'effet magiques de médicaments, de potions ou autres produits.
Bref, je suis désolé d'en heurter certains, mais n'y aurait-il pas dans l'explosion de ces nouvelles méthodes, un dénominateur commun qui est de penser que le résultat que l'on obtient ne dépend pas de son travail intellectuel ou physique mais de l'usage d'un produit ou de l'application d'une méthode miracle ?
Si cela peut amener ne serait-ce qu'un jardinier à se poser des questions sur la raison de l'adoption de telle ou telle méthode, mon message aura eu un effet positif, bousculer un peu les consciences de ceux qui sont trop certains de tout savoir faire mieux que les autres en reniant ce qui est classique.
Re: Potager révolutionnaire ou avec méthodes classiques ?
Publié : mer. 06 juin 2012 19:09
par Solanhom
jfb a écrit :Post très intéressant, bien qu'un peu (volontairement ?!) provocateur.
Si tu veux.
À vrai dire, je trouve tellement conformistes et lassants les messages où on conseille systématiquement des méthodes innovantes, que j'ai sans doute tourné mon interrogation d'une manière que l'on peut ressentir comme provocante pour faire réagir.
Re: Potager révolutionnaire ou avec méthodes classiques ?
Publié : mer. 06 juin 2012 19:44
par Mon Quidam
Disons que tu as mal rédigé, alors...

Re: Potager révolutionnaire ou avec méthodes classiques ?
Publié : lun. 25 juin 2012 12:37
par emille
Tu ressent probablement en lisant ce forum que si tu ne pratiques pas la culture dite naturel sans travail du sol, tu es ringard et que tu n'as pas compris les techniques d'aujourd'hui.
Le non travail du sol était déjà à l'essai en agriculture dans les années 1970. Parler de nouveauté est donc un peu exagéré. Tout comme les recommandations de Soltner qui dans ces mêmes années défendait aussi ces sujets.
Personnellement, et cela n'engage que moi, j'ai toujours été un adepte de la culture raisonnée. Non au tout bio et non au tout chimique. Il faut profiter des avancées nouvelles sans pour autant en abuser au risque de mal mener notre environnement.
Enfin, j'aime bécher, travailler la terre, l'ensemencer lorsqu'elle amoureuse...
Dernier point sur lequel aucun des adeptes du non travail du sol n'a su répondre: Pourquoi les agriculteurs continuent ils à labourer ? Le gasoil est il bon marché, l'heure de main d’œuvre est elle peut couteuse, l'achat et l’usure du matériel sont ils insignifiant?
La réponse est toute simple: les rendements supérieurs couvrent les frais engagés! C'est pas plus compliqué que ça? Alors l'histoire des microbes aérobies et anaérobies qui ne savent pas s'adapter...
Re: Potager révolutionnaire ou avec méthodes classiques ?
Publié : lun. 25 juin 2012 13:50
par Ayn
Je me suis même demandé si j'étais le seul à utiliser principalement les techniques et savoir faire des méthodes conventionnelles, classiques, traditionnelles, recommandées par les agronomes et qui s'expliquent par des faits et des calculs accessibles.
Qu'appelles-tu conventionnel ?
j'ai l'impression que tu confonds le conventionnel d'après guerre, et le traditionnel (avant guerre, voire même avant 1900).
Il faut savoir qu'actuellement on entend par agriculture conventionnelle celle qui utilise des pesticides et du labour profond, en opposition à l'agriculture bio d'un coté, et aux techniques culturales simplifiées de l'autre.
Quel intérêt vois-tu à conserver la même manière de faire sans évoluer dans ses pratiques?
> parce qu'elle fonctionne bien ?
> parce que tu penses que si on a fait d'une manière pendant des années, c'est la meilleure ?
> parce que si ça marche bien chez les uns, c'est censé marcher aussi bien chez les autres ?
> parce que tu trouves les agronomes des années 50 plus dignes de foi que ceux des années 2000 ? ou plus faciles à comprendre ?
Il y a dans ce sujet à la fois une question : "qui utilise les méthodes classiques ?" et une petite liste de ces méthodes classiques (mais non figées ou dogmatiques) pour que les débutants comprennent ce qu'elles sont avant de voir ce qu'ils peuvent changer, au lieu de faire le chemin inverse.
C'est parti :
Qui apporte de la matière organique en automne hiver, apport à la fois carboné et légèrement azoté (du fumier pailleux principalement) de manière régulière et modérée pour construire son sol lentement sur plusieurs années (complexe argilo-humique) et non massivement au printemps ?
je n'apporte pas de fumier pailleux, car je ne connais pas d'éleveur pour m'en procurer (je vis dans une zone dédiée aux grandes cultures essentiellement, il y a très peu d'élevage). Je n'ai pas d'agriculteurs dans mes connaissances et relations. Et pas le temps de faire le tour des fermes.
J'apporte du compost 1/2 mûr à l'automne, suivi d'un semis d'engrais verts pour éviter les pertes par lessivage.
Je complète au printemps par un apport localisé de compost mûr et de fumier en granulés compressés du commerce.
J'apporte également du BRF en automne-hiver.
Qui travaille son sol sur quelques cm (bêchage et/ou motoculteur) afin d'aider les vers de terre et les bactéries à améliorer la transformation de la matière organique en humus et de l'humus en minéraux assimilables ?
Je suis en non travail du sol depuis 4 ans après avoir travaillé ce même sol les 4 années précédentes. Actuellement, le seul travail effectué se fait au croc sur les 10cm de surface, et juste avant mise en culture.
J'ai autrefois travaillé mon sol à la fourche-bêche, à l'époque où l'avais un jardin assez sableux facile à retourner. ça fonctionnait bien, ça produisait bien. J'avais de la chance : une bonne terre de départ, fertile et facile à travailler. Donc aucune raison de chercher une autre méthode que celle connue chez mes parents et grands parents. Quand ça marche, pourquoi changer ?
Suite à un déménagement, je me suis retrouvée avec un sol argilo-calcaire, très dur, compacté par les engins de construction, pratiquement sans terre arable, dans lequel j'ai cassé 2 fourches et une bêche.
Pendant quatre années, mon mari a passé le motoculteur dans le potager, impossible avant la mi-mai vu l'état collant du sol avec les pluies d'hiver. Le jardin ne produisait presque rien. Et je devais me contenter des légumes d'été. C'était décourageant et inefficace. Ce sol accueillait peu de vie. Et le compost apporté ne suffisait pas à couvrir toute la surface pour avoir une action fertilisante correcte.
Puis j'ai découvert les techniques alternatives de non travail du sol. J'ai installé des carrés, des allées permanentes, j'ai paillé très épais avec tout ce que j'avais sous la main, et j'ai vu les vers de terre se multiplier en quantité conséquente en moins d'un an. En quatre ans, mon sol est redevenu fertile. La petite surface des carrés me permet d'apporter une couche épaisse de compost. Le paillage nourrit la vie du sol et protège la terre de l'érosion. D'une couleur ocre, ma terre a pris une teinte brun sombre sur les 20cm de surface. L'évolution a été vraiment bénéfique et visible. Je peux maintenant y produire des légumes toute l'année, même des légumes d'hiver, même des carottes.
Qui utilise des engrais organiques ou minéraux en calculant les doses et le moment des apports pour être sûr de ne pas balancer des nitrates et autres dans le sol inutilement ?
j'apporte à la plantation du fumier compressé en granulés localement, uniquement pour les légumes gourmands (tomates, cucurbitacées, choux). Il m'arrive aussi d'apporter en cours de culture un mélange de corne broyée + sang séché pour booster les cultures gourmandes. Je suis les recommandations du sac, sans pour autant sortir la balance. Je me fie à la couleur et au développement des plantes pour répondre à leur besoin de façon ponctuelle en cas de carence constatée.
Qui bine les plants pour désherber et aérer le sol afin que les bactéries travaillent mieux et que les racines ne soient pas asphyxiées tout en réduisant la concurrence et en rentabilisant les amendements ou engrais ?
Je préfère pailler épais, car je travaille, j'ai trois enfants, une grande maison à entretenir, et pas 3h par jour à consacrer au binage du potager. Je ne suis pas retraitée en manque d'activité. Mon jardin serait totalement couvert par les adventices faute de temps à y consacrer si je devais laisser la terre à nu.
Les bactéries travaillent mieux avec de la matière organique à décomposer. Les racines ne sont pas asphyxiées car les vers sont très actifs sous le paillage. Les pluies ne provoquent pas de croûte de battance grâce au paillage, donc le sol reste meuble sans avoir besoin d'être biné. Je gagne en temps et en efficacité. Et c'est prouvé agronomiquement.
Qui plante en lignes et non en carrés ou "associations" ?
Je fais les deux. Des lignes de poireaux, de tomates ou de choux. Mais des carottes et radis semées à la volée. J'associe les cultures en fonction de leurs besoins respectifs (en eau, en fertilisation, en ombre ou ensoleillement...).
Qui prend plaisir à travailler le sol, à toucher la terre et à voir que cela est profitable aux plantes ?
j'aime prendre la terre dans mes mains, constater l'action des vers et de la vie du sol après l'hiver. J'aime voir sa couleur, sentir son odeur, et la voir évoluer vers un sol de plus en plus fertile après être partie d'un sol ingrat et inculte. J'aime comparer sa structure à celle que j'avais 8 ans plus tôt.
Qui considère que certaines plantes doivent être arrachées du sol du potager ou des environs immédiats, qu'on les appelle "indésirables", "adventices" ou "mauvaises herbes", et ceci sans relâche ?
Je n'ai pas de cesse d'arracher le liseron, encore et encore... mais il revient sans cesse ! C'est un plaie.
Pour les autres adventices, ça dépend du type et de la culture : je retire tout ce qui fait concurrence, par sa taille, par sa capacité à envahir rapidement une zone (gros laiterons par exemple). Je laisse ce qui me plaît pour sa floraison, ou qui se trouve en bordure sans nuire aux cultures: coquelicots, géraniums sauvages, nigelles...
Je laisse aussi enherbé toute zone pas encore cultivée, quand la saison ne se prête pas à la mise en culture (avant plantation des légumes d'été craignant les gelées tardives par exemple). De cette manière j'évite le lessivage et le tassement des zones non cultivées. Ensuite, cet enherbement sauvage est fauché, laissé à sécher 1 bonne semaine, avant que la surface ne soit griffée pour planter. En fait, je m'en sert comme engrais vert naturel.
Qui pense qu'en jardinage amateur l'utilisation de produits de traitement naturels ou synthétiques n'est pas une règlemais doit rester exceptionnelle et suivre les règlements, ne pas se faire sur les conseils du voisin ou d'un site non officiel, d'un fabricant ou d'un passeur de recettes de grand-mère ?
J'utilise très peu de produits de traitement. ça reste très exceptionnel.
Un peu de savon noir (en respectant la dose prescrite) sur aubergines et choux, uniquement si les coccinelles n'ont pas suffis à contrôler la population.
Jamais de bouillie bordelaise.
Jamais de BT ni de pyrèthre au potager (uniquement de façon exceptionnelle au jardin d'ornement).
Un peu de purin d'ortie et de consoude faits maison, quand j'ai le temps d'en fabriquer.
J'ai une haie variée et des bandes fleuries autour du potager afin d'attirer un maximum d'auxiliaires. J'ai mis en place une cabane à mésange et des nichoirs à insectes. J'ai de moins en moins de soucis avec les ravageurs.
Qui pense qu'une méthode nouvelle doit reposer sur des bases scientifiques avant d'être utilisée ?
Je le pense, je suis d'ailleurs scientifique de formation et formatrice en horticulture. Et tout ce que j'applique au jardin est tiré d'ouvrages sérieux et d'études sérieuses, et conforté par l'expérience d'internautes avec lesquels j'échange sur les difficultés rencontrées et les solutions trouvées.
Je ne fais rien d'irrationnel, uniquement sur la base de croyances. Il ne me viendrait pas à l'idée de me lever les nuits de pleine lune pour chanter des cantiques en espérant que ça pousse mieux !
Qui pense que les bases de la biologie et de la botaniques sont préférables pour le jardinier que l'adhésion sans réticences à certaines croyances séduisantes mais non prouvées ?[/b]
j'ai un niveau Bac+5 en biologie et un BTS horticole, ça me paraît suffisant comme bases scientifiques pour du jardinage non professionnel. Je n'hésites pas à tester toute nouvelle méthode qui ne soit pas en contradiction avec mes connaissances. Mais je n'hésite pas non plus à remettre mes connaissances à jour et à les étoffer grâce aux échanges sur le net entre autres.
Qui pense qu'il n'y a pas de ségrégation à faire entre variétés anciennes, variétés modernes et stables et variétés F1 ?
J'utilise les variétés F1 tout autant que les variétés anciennes, mais pas dans le même but. Mais j'ai une préférence pour les semences certifiées AB afin de préserver la vie de mon sol.
J'ai des connaissances suffisantes en génétique pour savoir comment est sélectionnée une plante.
J'ai même les compétences pour fabriquer des OGM en laboratoire. Ce qui ne veut pas dire pour autant que je cautionne tout et n'importe quoi dans ce domaine.
Etc. J'oublie sans doute d'autres truc basiques, classiques, logiques et recommandés par l'agronomie depuis longtemps.
oui, tu oublies beaucoup :
- qui respecte des saisons et un calendrier de plantation précis
- qui respecte correctement les besoins en eau de chaque type de plante et qui arrose toute la surface du potager par aspersion quotidiennement
- qui apporte la même quantité de fumure sur toute la surface et qui répartit les apports suivant les besoins précis des plantes ?
- qui respecte les rotations de culture et qui remet les mêmes plantes à la même place d'année en année ?
- qui intègre la notion de famille botanique dans ses rotations ?
- qui utilise les engrais verts ?
- qui rencontre des doryphores sur ses pommes de terre tous les ans ?
- qui traite en préventif et qui traite uniquement en curatif et qui ne traite absolument jamais ?
et aussi :
- combien de temps passez-vous au jardin par semaine ?
- quelle surface fait votre potager ?
- êtes vous actif ou retraité ?
- êtes vous un homme ou une femme ?
ou encore :
- si vous avez renoncé au motoculteur / bêche / travail profond du sol, pour quelle raison ?
Cela fait un peu inventaire à la Prévert, mais je me pose vraiment des questions sur ce qui est ici considéré comme la base logique du jardinage.
Bon, j'espère avoir répondu de façon assez complète à ton questionnaire, que je trouve incomplet.
Si tu veux comprendre pourquoi certains ne cultivent pas avec un motoculteur et une bineuse, encore faut-il commencer par leur demander pourquoi. Savoir ce qui a poussé les gens soit à changer de méthode, ou à en adopter une alternative dès le départ. Je trouve que c'est une question intéressante car les réponses peuvent être très différentes.
J'ai récemment rencontré un agriculteur qui a opté pour le non travail du sol en grande culture. Il m'a avoué ne pas l'avoir fait pour des raisons environnementales au départ, mais uniquement pour raisons financières : réduire ses coûts (intrants et carburant notamment). Il a atteint son but, sa production est rentable, lui dégage un revenu décent tout en lui libérant plus de temps libre. Il a constaté une amélioration notable de la structure de son sol et de la vie de son sol, ce qui l'a ensuite sensibilisé aux conséquences de l'agriculture conventionnelle sur le plan écologique. Mais c'est intéressant d'entendre que l'on peut choisir une méthode alternative pour d'autres raisons que purement écologiques. Il est soutenu par la chambre d'agriculture et l'INRA et d'autres organismes (association BASE notamment). Ce n'est pas une démarche individuelle. Il a choisi cette transition il y a presque 15 ans, et maintenant il forme d'autres agriculteurs.
Ces méthodes sont donc reconnues et plebiscitées par les agronomes actuels, sur la base d'observations et d'études comparatives sur le terrain. Je pense personnellement que les conseils des agronomes d'il y a 30,40,50,60 ans méritent d'être révisés à la lumière des connaissances d'aujourd'hui.
Si elles ne sont pas plus suivies, c'est parce qu'elles sont plus difficiles à mettre en oeuvre et demandent plus de connaissances, ainsi qu'un temps d'adaptation du sol. N'importe qui peut labourer, il suffit de savoir conduire le tracteur. N'importe qui ne sait pas cultiver de façon rentable sans travail du sol.
Les dérives que tu cites (épaisseur de fumier abusive, traitements trop répétés, etc...) sont avant tout le fait de connaissances insuffisantes. Toute personne qui constate qu'une méthode fonctionne la reproduit, la conseille aux autres, et doute de l'efficacité de toute alternative. Si la méthode en question a des effets secondaires non visibles, elle sera malgré tout poursuivie tant que les désagréments ne sont pas visibles et mesurables.
Pour se remettre en question et changer de façon de faire, il faut d'abord se retrouver face à un échec. C'est malheureux à dire, mais c'est le fonctionnement du cerveau humain qui veut ça : apprentissage par l'erreur.
Re: Potager révolutionnaire ou avec méthodes classiques ?
Publié : lun. 25 juin 2012 21:21
par rikyu
Méthode classique ça ne veut rien dire, le potager en carré par exemple, a été crée au moyen âge. Et puis classique pour qui ? Tous les pays ne cultivent pas de la même façon. Parfois une chose parait nouvelle parce qu'elle n'est pas connue ou oubliée. Dans le cas de l'agriculture, l'après guerre a fait beaucoup de mal. Ce qui est intéressant, c'est de voir que dans beaucoup de domaines autres que le potager on revient aux anciennes méthodes. Les gens recommencent même à moudre leur café au moulin à main après la folie Senseo !
emille a écrit : Pourquoi les agriculteurs continuent ils à labourer ? Le gasoil est il bon marché, l'heure de main d’œuvre est elle peut couteuse, l'achat et l’usure du matériel sont ils insignifiant?
Certains commencent à labourer de moins en moins, la technique s'appelle "le semis direct", il y a pas mal de vidéos sur youtube à ce sujet. La plus part c'est plus parce qu'ils se sont rendus compte que ça leur permettait de moins sortir le tracteur, donc économie de fuel, que par souci écologique.
Re: Potager révolutionnaire ou avec méthodes classiques ?
Publié : jeu. 28 juin 2012 10:59
par emille
rikyu a écrit :Méthode classique ça ne veut rien dire, le potager en carré par exemple, a été crée au moyen âge. Et puis classique pour qui ? Tous les pays ne cultivent pas de la même façon. Parfois une chose parait nouvelle parce qu'elle n'est pas connue ou oubliée. Dans le cas de l'agriculture, l'après guerre a fait beaucoup de mal. Ce qui est intéressant, c'est de voir que dans beaucoup de domaines autres que le potager on revient aux anciennes méthodes. Les gens recommencent même à moudre leur café au moulin à main après la folie Senseo !
emille a écrit : Pourquoi les agriculteurs continuent ils à labourer ? Le gasoil est il bon marché, l'heure de main d’œuvre est elle peut couteuse, l'achat et l’usure du matériel sont ils insignifiant?
Certains commencent à labourer de moins en moins, la technique s'appelle "le semis direct", il y a pas mal de vidéos sur youtube à ce sujet. La plus part c'est plus parce qu'ils se sont rendus compte que ça leur permettait de moins sortir le tracteur, donc économie de fuel, que par souci écologique.
Vous essayez de généraliser une méthode de culture qui reste assez marginal. Dans le nord de la France (au dessus de Paris) la technique du semi direct est bien connu mais réservé à quelques cas particuliers.
Les agriculteurs ont, pour bcp, le matériel necessaire qui permet le semi direct mais l'utilise assez peu.
Derrière pdt, pour semer du blé ils préfèrent en effet le semi direct. Pourquoi? Pour éviter d'enfouir les pdt afin qu'elles puissent subir les rigueur de l'hiver et ne pas repousser au printemps dans le blé.
Un blé semé derrière betteraves sera par contre toujours labouré car les verts de betteraves sont gênants.
Pour faire simple, le labour permet de recréer une structure du sol qui a été dégradé lors de la récolte de la culture précédente.
Un peu plus haut j'ai lu "labour profond"

Il y a bien longtemps que les agriculteurs ne font plus de labour profond. Au contraire, il essaient de descendre le moins profond possible (18 à 20 cm maxi)
Depuis tjs les agriculteurs font des essais. Ils veulent d’optimiser au maximum le rapport cout/investissement/rentabilité. Je pourrais citer des dizaines d'exemples. Celui qui vous parle le plus et le semi direct mais il y a également la réduction des quantité d'eau utilisé pour traiter les pdt par exemple. Dans les années 70 ils utilisaient jusque 1000l à l'ha aujourd'hui ils se lèvent à 4h du matin et traitent avec 50l d'eau à l'ha.
Les doses de produits (pas tous) ont également sensiblement diminué.
Bref, l'agriculteur d'aujourd'hui est un gestionnaire qui recherche en permanence l'amélioration de ses performances.
Re: Potager révolutionnaire ou avec méthodes classiques ?
Publié : jeu. 28 juin 2012 11:27
par Ayn
quand je vois la taille des socs de charrue utilisés dans les champs par chez moi en février, je t'assure que le labour profond se pratique encore ! Pas par tous, mais par beaucoup.
Mais je te rejoins entièrement sur le fait que les agriculteurs cherchent encore et toujours à améliorer leurs performances et évoluent en permanence dans leurs pratiques.
D'où le fait que les jardiniers cherchent eux aussi à suivre le mouvement et à bénéficier des enseignements qui peuvent être tirés des essais en grande culture, quand c'est transposable (ce qui n'est pas toujours le cas).