La fertilisation des artichauts.
Publié : mar. 29 déc. 2015 18:53
Bonjour à tous et toutes,
Comme les autres posts ouverts sur ce sujet "de la fertilisation de nos légumes",
je viens de finir celui sur "la fertilisation des artichauts".
L'intro qui se trouve dans ce post n'est pas, ici, répétée mais l'esprit est le même : aider chacun et chacune à vérifier ses pratiques en matière de fertilisation :


La fertilisation des artichauts



L'artichaut demande des sols profonds, plutôt limoneux qu'argileux et à pH neutre ou basique.
Pas de sol trop acide, ni de t° élevée en été avec une faible hygrométrie (les capitules s'ouvrent alors très vite).
Bref, il se plait sous les embruns Bretons et n'apprécie pas du tout le vent d'Autan du Lauragais.
Pour un rendement de 12 t. de capitules par hectare, on a autour de 60 t. de tiges, de feuilles et de drageons ! C'est assez considérable.


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Cette végétation a du toutefois être produite ... le sol va s'épuiser. Il nous faudra bien "compenser" et apporter ce dont la plante aura besoin pour produire autant, en une seule saison.

- J'ai du faire d'innombrables recherches pour trouver des articles sérieux sur la conduite des artichauts. On ne trouve que très peu de choses sur les besoins de cette plante, mais il nous faut d'abord prendre conscience de la masse de végétation assez colossale produite par des artichauts.
... cela explique le niveau des besoins à satisfaire




La culture d'artichaut est très développée au Maroc. Ce site, très spécialisé en cultures plutôt "industrielles", nous parle d'une fertilisation totale, organique et minérale, de NPK=430-270-380 ... c'est fou

Au bilan de toutes ces lectures, on arrive à un niveau de besoins de l'ordre de NPK = 11,2-5,0-18,0 par tonne d'artichauts produits.

Au jardin, il est souhaitable de planter les artichauts à 1 mètre en tout sens. On arrive à un peuplement de l'ordre de 8 à 8500 pieds /Ha.
En année 2 à 4 (ou 5), il faut pouvoir récolter autour de 8 artichauts par pied, sur toute la saison, ce qui nous amène à un rendement par hectare autour de 12 tonnes.
En croisant ces 12 t. avec les minéraux pompés par tonne, on aura à satisfaire les besoins suivants : NPK/Ha = 135-60-220.
C'est ce que nous retiendrons dans les calculs qui suivent.
- Les artichauts ont, d'autre part, de gros besoins en calcium et ne se plaisent d'ailleurs pas du tout en terrain acide, mais aussi en magnésium et en soufre.
On cherchera à apporter, pour ces 3 minéraux Ca-Mg-S = 100-40-90



- Au fil de ces investigations, je suis tombé sur une discussion, sur autre site de jardiniers et ne peux m’empêcher de vous inviter à lire les très tristes échanges où l'on rencontre ce conseil << incorporer à ta terre de jardin une bonne quantité de compost : 20 à 25 kg au mètre carré. >> incroyable de tomber sur de telles ...
et personne ne s'est étonné, d'ailleurs. !
On va tenter de faire plus sérieux et d'étayer un peu mieux le "comment faire"
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Ce compost couvre bien les besoins en azote et induit un gros excès de calcium. C'est le fait des teneurs du compost mais cela ne devrait pas induire de problèmes.
Les déficits à couvrir le sont surtout en potasse et en soufre.

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On retiendra, par an et pour 10 m², un apport de 100 gr. de chlorure de potasse (60% K²O) et un engrais riche en soufre, le Patenkali à raison de 140 gr.

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En bio, il faudrait apporter 240 gr. de binaire potassique (2-0-20) et 140 gr. de potasse organique (38% K²O) qui va satisfaire le reste des besoins en potasse mais aussi en soufre.
Les excès de magnésium aux besoins seront sans conséquence et serviront à recharger le stock du sol en cet élément minéral.



Nous n'avons pas assez de compost pour en mettre aux artichauts. Quelle fertilisation apporter aux plantes ?

- 450 gr. de ternaire "courant" (6-15-30), 220 gr. de patenkali qui va satisfaire les besoins en soufre et 350 gr. de cendres de bois. On pourra apporter le tout en 2 fois, au cours de l'hiver au moment du nettoyage des pieds et l'autre moitié au début de la formation des capitules.
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- Il faudra aussi apporter 340 gr. d'ammonitrate pour satisfaire les besoins en azote que l'on épandra en 3 doses identiques : au début de printemps, à la formation des capitules et à mi-récolte.

- 900 gr. d'organo-minéral (3-7-15), 200 gr. de potasse organique (38% de K²O) qui va aussi satisfaire les besoins en soufre (45% de S) et 400 gr. de cendres de bois. On pourra apporter le tout en 2 fois, au cours de l'hiver au moment du nettoyage des pieds et l'autre moitié au début de la formation des capitules.
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- Les besoins en azote seront satisfaits avec un épandage de 850 gr. de sang séché que l'on apportera dissous dans l'eau d'arrosage, en 3 doses analogues : au début de printemps, à la formation des capitules et à mi-récolte.

On trouve parfois une longue ligne de pieds d'artichauts dans nos potagers mais aussi des pieds isolés plantés ça et la au gré de nos humeurs et de nos espaces disponibles.
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Après le dernier artichaut récolté, il ne faut pas hésiter à nettoyer tous les pieds en les taillant au ras du sol. Pour celui qui ne l'a jamais fait : un sécateur ne suffira pas, il faut une bonne scie égoïne !
C'est à cette époque qu'une bonne couche de BRF est utile quand on en a sous la main afin de bien couvrir le pied ... il va vite repartir et refaire des feuilles. Il se peut même, si le climat accompagne bien cette repousse, qu'une autre petite récolte soit possible au mois d'octobre.

La plante est grande et ses besoins en eau sont assez conséquents, en particulier entre la phase de croissance et celle de grossissement des capitules. Si l'eau vient à manquer à ce moment la, cela provoque des entre-nœuds très courts et des capitules de petit calibre avec des bractées ouvertes. et très piquantes.
Les exploitations agricoles spécialisées tablent sur des besoins de 15000 m³ par Ha et par an (soit 1500 l. par pied d'artichaut).

Sans aller jusque la pour nos jardins, nous allons voir qu'on en n'est pas très loin !
Les besoins en eau sont de l'ordre de 85 litres par m² et par mois en pleine production ! Faut-il les assurer quand la pluie n'est pas au rendez-vous ! J'ai retenu la pluviométrie moyenne de Toulouse et Clermont-ferrand et regardé ce qu'il fallait apporter à ces artichauts entre avril et septembre ... voila les résultats !
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Prenons le mois de juin à Toulouse : s'il pleut 64 mm, il va manquer 21 mm pour atteindre les 85 mm de besoins. Ces "mm d'eau" sont aussi des "litres / m²" et donc par artichaut. Il faudra 5 litres d'eau par pied et par semaine, en plus de la pluie.
Il faudrait aussi compenser l'évaporation et parler en ETP ... je ne suis allé jusque la et laisse à chacun le soin de bien pailler ses plants afin d'éviter, le plus possible, ce phénomène.
Dans la colonne total, on a pour cette période de 6 mois, les sommes de pluviométrie et de déficit. Dans la ligne "arrosage", j'ai calculé le total des litres d'eau à apporter par pied !!! c'est assez conséquent : 700 à 800 litres d'eau par pied et par saison !
Toutefois, même si on arrose avec l'eau du réseau, chère à 3 € le m³, 800 l. par pied et pour 8 artichauts, cela ne nous met l'artichaut qu'à 0,30 € pièce.

A chacun maintenant de témoigner sur ses propres pratiques,
d'intervenir sur les questions qu'il se pose à la lecture de cette fiche
mais aussi de proposer les améliorations de son contenu qu'il juge opportunes.












