Pas besoin de théorie du complot, la classification des espèces est par essence arbitraire et répond donc à des choix. On peut aussi bien classer les espèces en fonction des organes sexuels (méthode linnéenne) que par n'importe quel autre critère (ordre des bleuales, ordre des rougeales, famille des feuilles-simplacées, famille des feuilles-lobacées, etc.).
L'objectif des taxonomistes n'est pas tant de laisser leur nom à la postérité (à part Linné, quel taxonomiste a jamais laissé son empreinte dans l'histoire ?) mais de décrire au mieux la "réalité" à partir de critères rationnels et de permettre à tous les botanistes de parler un même langage.
Dans ce fil de discussion il y a deux sujets qu'il ne faut pas mélanger :
D'un coté il y a Bourru, qui sort de la préhistoire

, et découvre tout d'abord que le nom scientifique s'écrit en latin depuis 1865 et que les noms de familles ont été normalisés par les règles Vienne en 1906. Pour mémoire, la flore Bonnier / de Layens, c'est 1886, et les innombrables rééditions n'ont jamais vraiment mis à jour la taxonomie.
Cela fait donc 110 ans que toutes les familles sont constituées par le genre typique suivi du suffixe -aceae, à de très rares exceptions près. Donc depuis 1906 les ombellifères se nomment Apiaceae.
Mais comme il y a quelques réactionnaires ici ou là

, on admet généralement l'utilisation de "synonymes usuels" en langue vernaculaire, comme les ombellifères ou les guttiferacées / onagrariées / onagracées pour les Oenotheraceae.
Ca c'est pour le premier volet, pouvoir se comprendre entre botanistes.
Ensuite il y a le sujet soulevé par daniele, qui concerne la classification.
Nous avons tous appris une classification basée sur le phénotype. En général on connait la classification de Cronquist, à peu près fixée en 1981.
Depuis les années 1990 la génétique est venue s'en mêler. Les analyses génétiques permettent de comprendre les relations de parenté entre les espèces (phylogénétique). Désormais au lieu de compter les poils au revers de la feuille on vérifie si les populations sont génétiquement distinctes et quel point.
Une branche de la taxonomie a donc commencé à penser qu'il était plus logique de classer les espèces en fonction de leur parenté réelle qu'en fonction de leur nombre de pattes actuel. Les deux approches se défendent : l'une permet de comprendre les relations entre les espèces, l'autre permet d'identifier l'espèce sur le terrain.
Bref il existe aujourd'hui deux systèmes de classification, la classification classique et la classification phylogénétique, qui en est à sa troisième version. Cette dernière est encore jeune et il reste encore des zones d'ombre à éclaircir, à la fois sur la méthode pratique (quels gènes sont pertinents pour évaluer le degré de parenté) et sur la méthode de classification (ou s'arrêtent les familles).
L'un des exemples les plus spectaculaire se trouve chez les vertébrés : génétiquement, les crocodiles ont plus proches des oiseaux que des lézards, qui ont divergé très longtemps avant l'apparition des oiseaux, entre le carbonifère et le permien. Les lézards vont avec les tortues et les serpents dans le groupe des Lepidosauromorpha, tandis que les crocos rejoignent le groupe des Archosauromorpha avec les piafs et et les dinosaures.
Du point de vue d'un taxonomiste, classer crocos et lézards ensemble parce qu'ils ont des écailles, 4 pattes et une queue, ça revient à classer ensemble les poules et les kangourous parce qu'ils marchent sur deux pattes et ont des yeux marrons.
Le problème évident, c'est que la classification change en permanence. Mais ce n'est pas nouveau : elle change en permanence depuis Aristote et à chaque génération on râle contre la nouvelle mode, y compris contre la classification linnéenne à l'époque. Certaines nouveautés finissent par être adoptées, d'autres sont rejetées.
Le système APG III reste peu satisfaisant pour certains groupes: personnellement j'ai aussi beaucoup de mal avec les scrophulariaceae / plantaginaceae, mais aussi avec les fougères où les familles me paraissent parfois abracadabrantes. Par contre les Aceraceae (et les Hippocastaneaceae) dans les Sapindaceae, ce n'est pas une grosse surprise et c'est probablement définitif.
Ce qui l'est certainement moins , c'est le découpage des anciennes Liliaceae, découpage qui change à chaque nouveau système sans forcément paraître beaucoup plus probant.
Quoi qu'il en soit, l'APG III est la norme actuelle, en attendant mieux
