
La première vidéo m'a rappelé un vieux voisin et son épouse.
Les belles journée de printemps, nous le regardions passer devant nos fenêtre "fier comme Artaban", le ventre en avant et les pouces coincés dans les emmanchures de son gilet. Qu'il avait fière allure notre "Totor". Derrière, trottinant dans des bottes en caoutchouc trop grandes pour elle et dans une envolée de superposition de jupes et jupons, dont l'un cachait les trous de l'autre, venait son épouse. Elle poussait une brouette sur laquelle trônait une chaise de cuisine en formica.
Cette femme avait là un rôle difficile, puisque malgré l'étroitesse du chemin qu'elle devait parcourir derrière son "maître", elle se devait de le dépasser dans les dernier instant afin qu'il n'eut point à attendre trop longtemps avant de poser son séant.
A partir de ce moment, pendant qu'il sortait un grand mouchoir blanc pour s'essuyer le front embué de ce gigantesque effort, elle disposait enfin du temps nécessaire pour aller chercher son "hoyau". Le temps que notre jardinier, se couvre la tête du grand mouchoir afin de protéger son crâne du soleil brûlant, sous l'ombre bienfaitrice d'un prunier malingre son esclave commençait à travailler en plein cagna. L'outil, au manche raccourci, l'obligeait à se pencher dans une position des plus inconfortable pour gratter l'herbe. Le dos cassé par cet outil si mal adapté, elle grattait les sillons les uns après les autres, endurant tout sans se plaindre.
Avant de s'assoupir béatement, notre jardinier chef n'était pas avare d'encouragement hurlé à la cantonade:
"Tu vas t'dépécher saloprie..."
"J'te nourrie et d'pain blanc encore!"
Vers 17h00, une fois réveillé, ce tendre époux, après l'inspection du jardin qui donnait lieu à des reproches nécessitant un surcroit de grattage, sonnait l'heure de déguerpir. La procession prenait donc le chemin du retour. Monsieur en tête, dans la position du travailleur fier du devoir accompli, suivi de Madame, qui, après avoir rangé l'instrument de sa torture, remettait la chaise sur la brouette et se dépêchait de rattraper son "maître". C'est qu'elle devait le suivre puis le précéder au dernier moment afin de lui ouvrir la grille, pour qu'il entre à la maison sans encontre....
Heureusement, la suite des petits films m'ont donné l'impression que le siège n'est pas une position de travail privilégié du maître des écoles... Ouf!
En toute cordialité bien entendu...
