Bonjour à tous !
Oui, je confirme, tous les dissectum : 'garnet', 'inaba shidare', 'tamuke yama', 'Crimson queen', 'viridis', 'ornatum', 'orangeola', 'pendulum julian', 'pink filigree', ainsi que des variété panachées plus rares, comme 'hana matoï' ou son clone 'Toyama nishiki', sont des variétés qui aiment le soleil et ne conservent leur couleur que dans ces conditions. En revanche, sur mes 2 'garnet', le premier, un (très) gros sujet pourtant, a totalement perdu ses feuilles cet été à cause d'une seule journée pendant laquelle un vent très chaud et sec à soufflé : effet impressionnant sur le moment, mais sans danger, car aujourd'hui l'arbre est de nouveau en feuilles.
Comme souvent dit, 4 facteurs sont déterminants pour la santé de nos érables et pour la beauté de leur couleur tout au long de la saison, mais, ce qui complique singulièrement la tâche, ils ne valent pas séparément, mais ils se complètent et se renforcent mutuellement, l'un pouvant corriger ou aggraver l'autre :
- D'abord, l'intensité de l'ensoleillement et sa durée : par 20° à l'ombre, la température peut monter de plus de 10° en plein soleil, catastrophique lors d'une canicule pour tous les jeunes sujets et si les autres conditions ne sont pas remplies pour les sujets âgés. Mais surtout la durée d'ensoleillement apporte un paramètre supplémentaire qu'il convient de gérer avec parcimonie et habileté : toutes les variétés n'apprécient pas la même durée pour avoir de belles couleurs, les réticulés en particulier, et cela varie encore avec la période de l'année… Je pense de plus en plus que les érables du Japon, dans leur grande majorité, n'ont besoin que de 2 ou 3 heures max de soleil direct/jour (
je dis bien soleil et non pas lumière !) et encore un soleil "léger" du matin ou de fin de journée. Selon mes lectures, c'est une histoire d'intensité, mais aussi de longueur d'onde, qui favorise l'apparition des couleurs types de chaque cultivar… Il faudrait rédiger un article sur ce sujet passionnant pour comprendre le mécanisme de la coloration des feuilles de nos érables... Pendant le reste du temps le filtrage est nécessaire (une palissade, le feuillage d'un arbre au dessus de lui, etc...). Pour illustrer mon propos, voici 2 photos de la même plante ('Ariadne', une variété au feuillage rouge/orange), espacées de quelques jours seulement, la première avec soleil direct, la seconde à l'ombre claire :
Impressionnant, non ? Et notez bien qu'il a fallu bien moins que les 12 jours de décalage entre les 2 photos, 2-3 jours seulement !!!
La meilleure exposition du jardin pour les érables du Japon selon moi : Nord ouest, le soleil du matin inonde les plantes, puis en tournant les arbres derrières les érables filtrent et apportent l'ombre nécessaire, l'érable devant se situer en bordure du couvert végétal, comme dans les forêts au Japon en fait… Et ça tombe bien, c'est exactement ce qu'aime aussi les rhodo, les azalées, les hydrangea 'aspera' et 'quercifolia', toutes les plantes "d'ombre" en fait...
- Ensuite, la taille du sujet avec son système racinaire bien développé et, plus important encore, le diamètre du tronc et des grosses charpentières, qui sont capables d'apporter au sommet l'eau et les nutriments nécessaires au plus fort de la chaleur (jamais un petit érable n'aura la capacité de le faire). Mais ce système racinaire développé implique aussi un arrosage conséquent, pas seulement lorsque le sujet se trouve dans un pot (toujours bien penser à la profondeur de ce pot et au temps qu'il faut pour que l'eau pénètre jusqu'au fond : la porosité du substrat est primordiale), mais aussi en pleine terre : j'en ai fait l'expérience cette été avec mon 'bloodgood' : il n'a pas été arrosé pendant 10 jours, sous prétexte que son système racinaire était suffisamment étendu (un diamètre de 2-3m autour du tronc) et, du coup, la moitié de sa ramure à grillée faute d'une humidité suffisante. Même si l'arbre possède des racines profondes, ne jamais oublier qu'un érable s'alimente d'abord par son "chevelu" superficiel...
- mais surtout, c'est l'hygrométrie ambiante qui détermine la fréquence des arrosages : en milieu humide et frais, typiquement en sous-bois ou au milieu d'une végétation dense, l'évapo-transpiration de l'ensemble des plantes profite énormément aux érables et la chaleur est beaucoup mieux supportée.
- Et enfin, la nature du sol : je suis intimement convaincu, exemples à l'appui, que les érables du Japon ont besoin d'un substrat franchement acide pour révéler toute la subtilité de leur couleur, sur ce point je me démarque d'Opusoculi qui recommande un ph de 6,8... tous mes érables en pot bénéficient d'un ph inférieur ou égal à 6...