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Belladone - Morelle Endormante

Publié : ven. 10 mars 2006 19:37
par Neyrelle
Belladone - Morelle Endormante
Par Caroline Tully, traduction et adaptation Lune (c'est mon autre pseudo ;))

L'article d'origine est en anglais et provient du site Shadowplaysine http://www.shadowplayzine.com/Articles/belladonna.htm

“Atropa Belladonna” est le nom latin d’une plante inhabituelle. Le grand naturaliste, Linneaeus, la nomma ainsi ; il est célèbre pour avoir été si familier avec la nature et les propriétés des plantes, qu'il était presque toujours capable de trouver des noms étonnamment appropriés pour celles-ci.

Atropa Belladonna est un bon exemple à cause du nom générique qui fait référence à l’une des Parques, l’inflexible, qui coupe le fil de la vie. Le nom de l’espèce est quelque peu débattu ; « Belladonna » signifie en espagnol « belle dame » et de même en italien. Cela fait probablement référence au fait que les dames de la cour espagnol utilisaient le jus de la plante qui contient de l’atropine, dissoute dans de l’eau, et l’ingéraient, pour dilater leurs pupilles qui leur faisait un regard plus rêveur et beau.
Christian Elling, dans son livre "Shakespeare, an insight into his world and its Poetry", 1959, dit que : "Le nom de Belladonna prend son origine du fait que les dites gouttes donnaient à la femme qui désirait plaire, les grands yeux, fixes et hypnotiques d’une Médusa.

Avant l’époque de Linneaus, la morelle furieuse était ajoutée au genre des solanacées et était connue sous un nombre de noms spécifiques, dont certains font état d’abus, ceci rapporte la réputation qu’a acquis la plante au cours du temps. En voici quelques-uns : furiale (ndlt : en français que l’on pourrait rapprocher de morelle furieuse) ; raving (ndlt : en français délire) ; mortiferum ; fatale, laethale ; mortelle, hypnoticon ; hypnotique ou envoûtante et somniferum ; soporifique. Les noms communs étaient du même type, tels que Sorcerer’s cherry (ndlt : la Cerise du Sorcier), Witches (ndlt : Sorcières) ; berry (ndlt : baies), murderer’s berry (ndlt : baie meurtrière) et Dwaleberry (ndlt : dwale -> déception, erreur, doute ; berry : baie).

Dwaleberry est un très ancien terme et un nom anglais médiéval pour la plante comme le mot dvale (transe) prend ses origines dans le vieux norrois, ceci est concevable car cette plante était employée dans le Nord avant que se produise l’émigration des Scandinaves pour l’Angleterre.

John Gerard, un herboriste, a écrit que le nom Belladonna faisait reference au fait que les dames utilisaient une solution du jus pour supprimer les rougeurs de leurs joues. Une autre source maintient que le jus rougeâtre-pourpre a été utilisé comme rouge pour rendre le rouge aux joues.

Une tradition populaire dit que la plante est appelée Belladonna car c’est une herbe magique qui parfois se transforme en une superbe dame dont sa rencontre est malheureusement mortellement dangereuse. On a aussi prétendu que les Romains avaient consacré cette herbe à la déesse Bellona, dont le prêtre buvait le jus de belladone avant les rituels liés à son culte. Avec l'apparition du Christianisme, la déesse a été oubliée et le nom a été déformé de Bellona à Belladona.

Jules Michelet, qui a également écrit sur les sorcières, avec compréhension, était de l'avis que le nom était différent parce que la belladone était l'herbe "des bons", "des belles femmes", que sont les femmes sages et les sorcières.

La belladone est une vivace à tige vigoureuse qui peut atteindre jusqu’à 3 pieds de hauteur, les feuilles ont une forme ovale elliptique, de couleur vert moyen et ses fleurs en forme de cloche sont d’un brun pourpre. Ses baies d’un noir brillant font environ 1 centimètre de diamètre et contiennent un grand nombre de graines et un jus très doux, noir d’encre. Toutes les parties de la plantes sont poison. Le principal alcaloïde est l’hyoscamine et l’herbe contient également de petites quantités d’atropine et de belladonnine, qui ont des effets quelque peu différents. Le goût sucré des baies sont d’une grande tentation pour les enfants et les animaux, et, peuvent être fatales s’ils en mangent quelques unes de trop.
Les effets d’une ingestion de cette herbe sont, selon certains récits qui restent en mémoire, un sentiment de bonheur et le même sentiment d’intemporalité et de pensée philosophiques traversant votre esprit, de la même façon que la première étape d’intoxication au hashish. Ensuite vient un sommeil qui est accompagné de rêves érotiques. Une dose moyenne de belladone produirait une sécheresse de la bouche et des démangeaisons, des irritations, qui seraient suivies de nausées et de vertiges, puis d’un profond sommeil. Un empoisonnement sévère causerait de la colère poussée à son paroxysme, une cécité et une paralysie, ensuite survient un coma, habituellement suivit de mort par paralysie du système respiratoire. Il faudrait manger une multitude de baies pour atteindre cette étape.

L’herbe est active fraîche ou sèche, cependant l’hysoscyamine dans la plante fraîche se transforme en atropine lorsque celle-ci est sèche. Néanmoins, la différence entre les deux alcaloïdes est tellement mince qu’elle ne peut être exprimée dans les formules chimiques.

Il est rapporté que les Ménades aux pupilles dilatées des orgies Dionysiaques se jetaient elles-mêmes dans les bras des fidèles masculins et que, en d’autres temps, avec leurs « flamboyants de sauvagerie », elles se jetaient sur tous les hommes qu’elles rencontraient sur leur chemin pour les écarteler et les dévorer. Cette sauvagerie peut indiquer le mélange de jus de belladone à leur vin. Elles ajoutaient certainement du jus de datura au vin, qui est une autre herbe mortelle.

Selon le docteur anglais et herboriste, Nicholas Culpeper (1616-1654), il existe un étrange exemple de conséquences funestes dans « History of Scotland » de Buchanan qui décrit la destruction de l’armée de Sweno après qu’elle ait envahie l’Ecosse. Cela arriva grâce aux Ecossais, en accord avec les conditions de l’armistice, qui envoyèrent de l’hydromel aux Danois, qui, néanmoins, « avait été mélangé au jus d’une herbe vénéneuse, qui pousse en Ecosse, appelée « Sleepy Nightshade », Morelle Endormante. Les Danois ont été si ivres en buvant cet hydromel que les écossais furent capables de tomber sur les Danois et d’en tuer une bonne majorité tandis qu’ils dormaient, mais pas la totalité pour s’assurer qu’il y en ait assez pour rapporter ce qu’il s’était passé à leur roi. Le Roi Danois Sweno était en réalité Svein Knutson, Roi de la Norvège (1030-1035) qui tenta de s’emparer de l’Ecosse de Duncan 1er. Le dirigeant des Ecossais, à cette occasion, était Earl Macbeth, celui qui inspira la tragédie de Shakespeare du même nom, dans laquelle on retrouve les scènes des célèbres Sorcières, les trois étranges sœurs.

En 1943, il fut découvert par les Alliés que les Allemands avaient fabriqué un terrible cyanogène, qui était à la fois inodore et incolore ; l’Atropine, de la Belladone était le seul antidote contre ce gaz. Heureusement, ils n’eurent jamais recourt à cela car l’ennemi n’utilisa jamais ce gaz sur eux.

La belladone était utilisée dans divers brouets de sorcières et particulièrement dans de nombreuses recettes d’onguent de vol d’Allemagne et de France.

L’herbe pousse à l’état sauvage en Australie, cependant elle est souvent difficile à trouver. J’en ai trouvé une grande quantité qui poussait dans un parking de la banlieue de St Kilda, néanmoins, la commune l’a finalement faite enlever. A Guildford, j’ai épié quelques plants qui poussaient à l’état sauvage, au sommet d’une colline, dans la souche d’un vieil arbre, à l’abri des bouteilles de désherbant du fermier.

L’herbe se cultive mieux à mi-ombre sur un sol calcaire, bien fertile, à l’abri du vent. Elle a tendance à se faner en été, ainsi lui vaporiser un peu d'eau lui ferait certainement du bien. Comme le taux de germination est très bas, il est plus pratique de faire des semis en pots ou en terrines pour les replanter plus tard dans un endroit bien clôturé, afin d’éviter tout empoisonnement accidentel. Tenez éloignez des enfants et des animaux - l'ingestion peut être fatale.