dagda a écrit :tu as forcément tailler des racines en faisant la motte, as tu tailler en conséquence la partie aérienne ?
Traduit de cette page :
http://www.mntca.org/Reference_manual/c ... runing.htm
"La partie aérienne d'un arbre* devrait-elle être taillée à la plantation ? Il y a 30 ans, on vous aurait répondu oui. Aujourd'hui, il est plus probable que vous entendiez un mélange de oui et de non. La sagesse traditionnelle a longtemps dit qu'il fallait tailler à la plantation afin de compenser la perte de racines. Les mottes des arbres étant en effet réduites afin de faciliter leur transport, une réduction proportionnelle de la canopée semblait logique.
La "taille compensatoire" consiste à éliminer un certain nombre de branches afin d'équilibrer masse foliaire et masse racinaire. Ce ré-équilibrage concerne habituellement 1/3 de la canopée. Ainsi, on a longtemps pensé que la reprise des arbres transplantés était meilleure, qu'il en résultait moins de bois mort ("die-back") et que la santé des arbres s'en trouvait renforcée. Aussi logique que cette pratique puisse sembler, elle n'a en fait aucun fondement scientifique. Un faisceau de preuves grandissant durant ces 20 dernières années montre même que la taille compensatoire n'est pas bénéfique aux arbres transplantés.
Pour comprendre pourquoi, voyageons dans le temps et rendons-nous dans une pépinière de l'Oklahoma il y a 20 ans. Une équipe de recherche dirigée parle Dr. Carl Whitcomb travaillait alors sur la gestion des adventices en pépinière. Dans le cadre de cette étude, une série d'arbres furent transplantés - et taillés, conformément aux usages que n'importe quel pépiniériste digne de ce nom aurait respectés à l'époque.
Cependant, une météo particulièrement pluvieuse fit que les travaux de taille durent être interrompus alors que 40% des arbres restait à tailler. Le temps que les champs soient à nouveau pratiquables, les arbres avaient débourré et il fut décidé de ne pas tailler les sujets intacts. La saison qui suivit révéla quelque chose d'inattendu : les arbres taillés poussèrent plus lentement et eurent un taux de reprise inférieur à celui des sujets non taillés, ce qui ébranlait pour le moins les certitudes acquises à propos de la taille compensatoire. L'on se dit alors que ce phénomène s'expliquait sans doute par les différences entre les essences concernées. En effet, les arbres de même espèce avaient été traités de la même façon, 3 espèces avaient eu tous ses sujets taillés et 2 espèces n'avaient eu aucun sujet taillé.
On décida néanmoins de poursuivre l'expérience afin de savoir s'il s'agissait d'une simple différence de réaction selon les essences ou d'une remise en question de la taille compensatoire en général. Sur un total de 11 espèces d'arbres, on transplanta et tailla chaque arbre à raison de 45%, 30%, 15% et 0% (pas de taille) de la canopée. L'opération fut répétée 12 fois et la réaction des arbres observée sur 2 ans. Et l'inattendu se reproduisit : la taille compensatoire ne se révéla bénéfique pour aucun des sujets. Par la suite, 3 études supplémentaires furent menées dans d'autres endroits (dans l'état du Colorado et en Angleterre) par d'autres équipes de recherches et les conclusions furent les mêmes.
Les résultats obtenus en Angleterre ont été intéressants dans le sens où ils ont révélé que le fait de tailler pour compenser la perte racinaire n'était pas le point le plus critique dans le processus de transplantation. Le point le plus critique était l'arrosage. Taillés ou non taillés, les arbres en manque d'eau ont tous eu une faible croissance. Cependant, lorsque l'eau ne faisait pas défaut, les racines des arbres taillés avaient une croissance moindre, des feuilles plus petites et moins nombreuses. Les arbres non taillés et généreusement arrosés avaient, de par leur masse foliaire plus importante car laissée intacte, plus de surface de photosynthèse et une meilleure aptitude à produire des "régulateurs de croissance" ["plant growth regulators" comprenant auxines, cytokinines, gibbérellines, acide abscissique et éthylène] influançant positivement la croissance racinaire.
Alors si la taille compensatoire n'est pas la réponse, que peut-on faire pour diminuer le futur bois mort, augmenter le taux de reprise et renforcer la santé de l'arbre ? Arroser ! C'est aussi simple que ça.
Il convient de se rappeler qu'un arbre récemment transplanté a moins de surface d'absorption d'eau du fait de la diminution de sa masse racinaire, les racines doivent d'abord croître dans le sol environnant avant de pouvoir être moins dépendantes des arrosages. On considère qu'en moyenne, un arbre a repris en 1 an à 1 an et demi pour chaque inch (= 2,54 cm) de diamètre de tronc. Il faut donc 2 à 3 ans à un arbre avec un tronc de 5 cm de diamètre pour reprendre.
[...]
Bien que la taille compensatoire ne soit désormais plus recommandée, la taille de bois mort ou malade ainsi que celle des branches faibles (écorces incluses) s'avère néanmoins nécessaire. Si cette taille équivaut à supprimer 10 à 20% de la canopée, mieux vaut refuser l'arbre."
*ou d'un arbuste, le raisonnement s'applique aux plantes ligneuses en général.