Bon, évidemment, je n'arrive pas à le mettre sur le site... Alors, je vous le retape. Il date du 30 octobre 1996 et est paru dans un hebdo qui n'existe plus " Nekepell ". C'était justement la période où elle cherchent un partenaire dans le coin...
" Ni serpent, ni lézard... Mystérieuse salamandre
ça y est, elle est de sortie, la bête, et on va pouvoir l'observer durant quelques semaines avant qu'elle ne passe à son sommeil d'hiver, sous terre, profondément tapie pour résister au froid.
Pour l'instant, elle est là, couleur de nuit et de feu, tête levée à la croisée des chemins, attendant on ne sait quoi, aux premières heures de la nuit, dès que la pluie fait son apparition. Qui est-elle, mytérieuse salamandre, ni serpent, ni lézard, ni crapaud mais un peu tout cela à la fois ?
Que fait-elle, imprudente bestiole travestie en feuille morte au milieu de la route, placide et lumineuse ?
En fait, elle chasse. Impressionnant, le guet de la salamandre, qui observe, impassible, le débonnaire " buzug " * qui sort, lui aussi pour profiter de l'averse. Soudain, la chasseresse lance la tête et gobe sa proie comme s'il s'agissait d'un vulgaire spaghetti, avec vivacité et lenteur à la fois, et s'en va retrouver sa grotte souterraine pour digérer !
Curieuse salamandre qui ne craint pas d'entrer dans la maison quand le froid se fait plus rude pour s'installer dans un interstice de l'âtre, histoire de passer l'hiver au chaud. C'est sans doute pourquoi la légende a longtemps couru que la salamandre résistait aux flammes, les mêmes qui courent sur son brillant manteau. C'est elle qui a donné son nom au poële rond à pattes palmées " la salamandre ".
Magique, elle l'est, petit phénix silencieux qui renaît de ses cendres. Celle de mon potager, la même depuis des années, reconnaissable à son cocard jaune ( elles sont toutes différentes ) avait eu les doigts de la patte arrière coupés, par qui, par quoi ? Mystère, mais en quelques semaines, à l'abri d'un sac de peau transparente, les doigts ont repoussé, jusqu'à l'ouverture de la poche. Et c'est une belle demoiselle, ( ou peut-être un beau jeune homme, comment le savoir ? ) toute neuve, qui a repris son affût au milieu de mes salades.
Attention quand même, sous son air placide, la salamandre sait se défendre si on l'embête ! Les petites taches de rousseur, de chaque côté de sa tête, diffusent un venin qui provoque des brûlures sérieuses aux muqueuses et aux plaies.
A manipuler avec précaution, donc, et surtout, bien se laver les mains après avoir constaté comme sa peau est froide, la glace sous les flammes !
Alors vite, il reste un peu de temps pour découvrir la jolie sorcière, une lampe de poche, un ciré, les douze coups de minuit et, pourquoi pas, une petite offrande sous forme de ver de terre...
Et surtout, ne pas bousculer les tas de pierres ou de bois au jardin durant les grands froids, c'est le refuge préféré des hôtes utiles du potager, crapauds, hérissons et salamandres. "
* Un buzug, c'est un ver de terre en breton !
Je précise qu'à l'époque, la maison était en terre battue. C'est pourquoi la salamandre entrait et restait dans la maison, dans une fente de pierre du mur, près de la cheminée.
Voila, ma petite contribution au sujet
