Sylvain a écrit :Tailler (et a fortiori étêter) fragilise, ça ne fortifie pas. Cette idée tant reçue est fausse.
Je suis entièrement d'accord, mais tu luttes contre une idée très très ancrée dans notre société, et que tu ne retrouves pas que sur ce sujet, bien sûr, elle fait partie des fondamentaux de la pensée occidentale du 19è/20è siècle, l'intervention sur la nature ne fait que l'améliorer !
Je pense que ça a commencé au 17è siècle, Les jardiniers royaux, bien avant Le Notre ne se gênaient pas pour planter de grands arbres, en arrosant abondamment, les taillant, les mettant totalement en forme, et en les arrachant quand ils devenaient trop grand. Il fallait soumettre la nature au bon vouloir du Roy afin d'en faire un spectacle agréable pour les yeux.
à cette époque, personne ne prétendait que c'était bon pour les arbres, on disait juste que l'homme est le roi de la nature, par don divin, donc qu'il peut bien en faire ce qu'il veut.
Si les arbres en souffrent ça n'a pas d'importance, on les arrache et on en met d'autres. D'ailleurs l'idée même de souffrance d'un arbre n'était pas un thème à la mode. S'il était moche, couic.
C'est au 19ème siècle seulement que l'on a commencé à employer d'autres arguments, en particulier le fait que c'est "bon pour la nature" le droit divin s'est peu à peu transformé en "maître de la nature" et améliorateur. ça démarre sans doute avec Comte, mais disons que tout le 20è siècle va être marqué par ça : plus l'homme intervient et plus ça améliore.
Et nous sommes les héritiers de ça.
En plus, il y a aussi la production agricole, où les arbres sont taillés, soignés, arrachés avec un seul objectif, la production.
Tiens, dans mon coin il y a plein de saules taillés en tétard. La boule centrale est extrêmement abimée, en général trouée, pourrie, ce qui n'empêche pas les nouvelles branches de se former, jusqu'à ce que l'arbre soit trop malade, alors il est abattu et remplacé.
Mais les paysans du coin ne prétendent pas que c'est bon pour l'arbre ! c'est juste un produit d'exploitation.
Voilà, c'était notre minute sociologique du dimanche. A propos sociologie, c'est un mot inventé par Comte.