lachrist a écrit :Je pensais que le skimmia était une plante de terre de bruyère. D'ailleurs, sur les sites, il est classé comme tel et en jardinerie, il est vendu comme tel également.
Eh oui, tout comme les magnolias, hortensias, érables du Japon, camélias et j'en passe. Dès qu'une plante pousse chez elle en sous-bois, qu'elle n'aime pas particulièrement les sols calcaires ou qu'elle exige un sol acide, elle tombe dans la catégorie "plante de terre de bruyère".
Alors, qu'en est-il réellement ?
Il n'en est rien. Ou plutôt, ça dépend, il y a des nuances : non calcaire ne veut pas nécessairement dire acide, il y a des sous-bois aux sols argileux (avec de l'humus de surface), des sols argileux acides, etc.
Pour reprendre à peu près au début, l'horticulture a commencé par ranger les rhododendrons dans ce qu'elle a baptisé la famille des "plantes de terre de bruyère" principalement parce que les racines fibreuses et fragiles de ces plantes avaient du mal à se frayer un chemin dans bon nombre de terres dites "de jardin" contenant une certaine proportion d'argile.
Puis, elle a peu à peu englobé dans cette famille les plantes ne tolérant pas le calcaire. Or calcifuge ne veut pas nécessairement dire acidophile. En d'autres termes, une plante qui n'accepte pas le calcaire n'est pas forcément une plante qui exige un sol acide.
Outre la nuance entre calcifuge et acidophile, on a vite fait l'impasse sur ce qui caractérise la majorité des plantes appartenant à la famille des Ericacées (Rhododendron, Pieris, Leucothoe, Erica, Kalmia...) à savoir la nature fine et fibreuse de leurs racines. Caractéristique que ne partagent pas beaucoup de plantes calcifuges, voire acidophiles.
Ainsi, on a un peu hâtivement classé dans cette famille des "plantes de terre de bruyère" des arbustes ou des arbres dont les racines sont parfaitement capables d'évoluer dans une terre un tant soit peu argileuse : Skimmia (Rutacées), Magnolia (Magnoliacées), Hydrangea (Hydrangeacées) et... Acer palmatum (Acerarées), pour n'en citer que quatre.
Tout ça pour dire que l'expression "plante de terre de bruyère" est une convention qui, à force d'être appliquée à tout et n'importe quoi, ne veut plus rien dire. On confond terre légère et humifère avec terre acide. Une terre lourde et fortement argileuse peut parfaitement être acide, c'est même souvent le cas, tout comme une terre légère peut-être neutre ou même alcaline.
Pour en revenir au Skimmia, j'en ai vu de très beaux en terre argileuse (lourde et qui colle quand il pleut), en cultive moi-même quelques uns dont un dans une argile gris-bleu qui ne fait franchement pas envie (il va très bien, et ce depuis bientôt 5 ans).
Aussi, voire plus important que le sol, le site, le climat et l'exposition sont souvent oubliés (les jardineries sont bien embêtées avec ça, elle ne peuvent pas le mettre en sac et le vendre comme de la terre de bruyère, ce qui fait qu'elles en parlent moins).
J'ai planté le mien (en pot) dans de la terre de bruyère et il se porte très bien.
Pot et pleine terre sont deux mondes différents.