Avis sur taille d'une branche de prunus

[omoise]

Bonjour,

J'ai dû couper des branches basses d'un prunus qui faisaient beaucoup d'ombre.

Je ne suis pas sûr du tout de la qualité de ma coupe : on m'a toujours dit de couper perpendiculairement à l'axe de la branche coupée pour faire une plaie circulaire mais comme ma branche a un angle avec le tronc très fermé, ça laisse un chicot assez important et j'ai peur d'être trop loin du circuit de la sève pour une bonne cicatrisation.

Voilà les photos (désolé pour le torticolis, impossible de les mettre dans le bon sens).

Qu'en pensez-vous ? Faut-il reprendre plus près du tronc ?






Autre cas de figure, j'ai coupé une branche à moitié pourrie, la plaie ressemble à ça : faut-il faire quelque chose pour stopper la pourriture ? Est-il utile de mastiquer dans ce cas ?




Merci !

[Nicole37n]

Bonjour,

La taille me semble bien comme il faut.

Pour la plaie, le mieux est un mélange d'argile avec du rumex pilé + un peu d'eau pour avoir une pâte souple mais pas liquide, à appliquer sur la taille.
Faute de rumex un peu de bouillie bordelaise. Il s’agit juste d’empêcher les insectes xylophages et qqs mauvais champignons de pénétrer car l'arbre cautérisera de lui même la plaie.

[omoise]

Merci pour votre réponse, ça me rassure !

Je ne crois pas avoir de rumex. Pour la bouillie bordelaise, vous conseillez le même dosage que pour les pulvérisations ou on concentre un peu plus ? Pour bien faire, on ré-applique régulièrement ?

A bientôt !

[opusoculi]

Bonne question sur la taille d'une grosse branche.
On peut observer un bourrelet de cicatrisation entre le tronc et la branche coupée, (entre les deux flèches de la photo jointe),
ce qui voudrait dire que le cloisonnement a été probablement fait par l'arbre lui-même en abandonnant sa branche.
Le cloisonnement est un processus naturel qui rend étanche la séparation tronc/branche, c'est une clause de sauvegarde.

Avant de tailler une grosse branche, il est intéressant d'observer où se trouve la ligne de séparation entre le tronc et la branche, elle est peu visible mais toujours perceptible. Cette ligne contient tout ce qu'il faut pour que l'arbre se défende d'une agression plus grave.
On peut tailler le long de cette ligne mais il ne faut jamais la blesser, c'est capital.
Dans le cas présent on peut re-tailler un peu à 1 ou 2cm de la ligne qui fait un bourrelet.

Les cicatrisants et autres baumes sont inutiles en particulier dans ce cas puisque l'arbre a probablement* lui-même fait le boulot. Recouvrir cette taille ne ferait que protéger l'agresseur qui se développera dessous. Par contre du cuivre (1 pour 10 d'eau) passé au pinceau est toujours une bonne précaution.
L'argile est très efficace dans le cas d'une blessure sur bois vert à condition qu'elle soit posée rapidement comme un cataplasme mais l'argile ne peut rien sur chicot mort.

* Probablement...
Ce que l'on ne sait pas, c'est l'âge de ce Prunus pissardii (?); en vieillissant le dépérissement peut rendre le cloisonnement moindre et la décomposition du bois observable sur la coupe peut concerner aussi le tronc (champignon lignicole? fréquent sur les Pruniers en fin de vie).

[omoise]

Merci pour votre belle réponse, pleine d'informations précieuses !

L'arbre doit avoir une vingtaine d'année, il part en deux troncs et effectivement, l'un des deux me semble attaqué par les champignons.

Je ne pensais pas que ce que vous indiquez pouvait être le bourrelet de cicatrisation. Sur des écorces lisses, on les voit beaucoup mieux.

Vous dites qu'on peut retailler. Je décide sur des critères esthétiques ou il y a-t-il une option préférable pour la survie de l'arbre ?

[opusoculi]

Merci pour "belle réponse", la remarque me touche. Bien le dire est aussi un objectif, n'est ce pas ?

-"Je ne pensais pas que ce que vous indiquez pouvait être le bourrelet de cicatrisation. Sur des écorces lisses, on les voit beaucoup mieux."

C'est vrai le bourrelet est plus net sur les bois jeunes tandis-que pour les grosses branches coupées il n'y a pas de cicatrisation complète à proprement parler. Reprenons au début , les nuances sont intéressantes.
La ligne de séparation (dont je parlais) se voit aussi beaucoup mieux sur les bois jeunes . Au cours du vieillissement cette ligne ne disparait jamais, il faut juste s'habituer à la repérer.
(En fait il y a une petite différence génétique entre le tronc et chaque branche, une infime variation d'identité; de sorte qu'on pourrait se représenter un arbre comme un tronc 'papa' avec des branches plantées dessus comme des enfants chacun à peine différent et soudé par une ligne séparatrice. Ce n'est pas extravagant, même si c'est dit avec des images)

Quand on prend l'habitude d'observer comment les branches sont attachées à leur tronc, on peut percevoir une grosseur dessous une branche lourde, c'est un renforcement pour mieux la soutenir, la branche a de l'avenir. Parfois c'est une grosseur sur le côté qui indique un flux de sève qui se développe vers le haut, c'est alors le signe que la branche sera à plus ou moins long terme abandonnée; c'est le cas de ton Prunus; il a probablement annoncé il y a deux ou trois ans, par ce renflement, ce qu'il était en train de faire par ce que la branche devenait horizontale et/ou qu'elle manquait de lumière et donc d'avenir. Quand tout se passe normalement, l'abandon d'une branche s'accompagne d'un cloisonnement interne étanche; dans ce cas, la destruction de la branche par les champignons intervient après son abandon physiologique. C'est ce que l'on peut espérer pour ton Prunus.
'Lire' un arbre c'est lire un roman.

Disons-le mieux que la première fois: le renflement le long de la ligne séparatrice est un renforcement du courant de sève vers le haut , ce n'est pas un bourrelet de cicatrisation véritable mais ce renflement va envelopper très lentement les restes de la branche .
Une grosse branche coupée ne cicatrisant jamais complètement, c'est le grossissement du tronc qui enfermera petit à petit, au cours des années, le reste de la branche morte coupée. Elle finira par paraitre de plus en plus petite, un jour peut-être, il ne restera qu'un trou peu important. Pour la santé de l'arbre il vaut mieux qu'il absorbe le moins de bois mort en lui-même ce qui risquerait devenir une grosse cavité.

Donc tu retailles parallèlement au bord du tronc ce qui sera du même coup plus esthétique.