Enquête sur la mort subite d'un Gingko
Enquête sur la mort subite d'un Gingko
Voilà une mystérieuse mort. Cet arbre dans le jardin d'une cliente avait l'air sain.
« UN QUART D'HEURE AVANT SA MORT, IL ÉTAIT ENCORE EN VIE »
Je suis pépiniériste et jardinier de formation (paysagiste). J'interroge ici les physiatres, les pros des jardins, les amateurs éclairés.
À défaut d'avoir pu le ressusciter j'aimerai beaucoup donner la cause de la mort de cet arbre à notre aimable cliente. D'avance merci pour vos avis et observations.
La victime: Un Ginkgo Biloba bien implanté et d'environ 15 ans, 3 à 4 mètres en cime. Mort subitement il y a deux ans. Ses derniers rameaux (ceux de l'année de sa mort) étaient vigoureux j'ai constaté des pousses de 30 cm.
La scène du crime: Aux abord d'une pâture, un petit jardin de campagne en Franche Comté.
(exposé plein vent, terre calcaire de bonne qualité mais certainement peu profonde)
Les suspects: Un insecte de type scolyte; les chats de la maison; une fosse septique abandonnée; la sécheresse estivale; un campagnol.
Théories cas par cas et rasoir d'Ockham
Suspect #1 Un scolyte du ginkgo?: J'ai d'abord suspecté un insecte ravageur de type scolyte ou autre... l'observation scrupuleuse du tronc m'a permis de constater qu'aucun trous d'insecte ne le perçait, que l'écorce et le cambium restent bien solidaire de l'aubier.
J'ai élimé ce coupable potentiel.
Suspect #2 Les chats: La cliente qui accueille des chats me fait remarquer les griffures de ces derniers sur le tronc. Les plaies sont vraiment superficielles et localisées sur un seule face du tronc. A priori pas de quoi transmettre un champignon ou une bactérie, encore moins un arrêt de sève.
Note: Si vraiment les chats peuvent détruire un ginkgo (l'arbre qui résista à la bombe atomique), alors créons des bombes félines à balancer dans le bureau de Poutin!
Suspects éliminés
Suspect #3 La fuite d'une veille fosse sceptique?:
La cliente me dit que l'arbre est planté à côté d'une fosse sceptique abandonnée et jamais désactivée. Peut être qu'une fuite aurait brulé les racines. Hypothèse dure à vérifier mais à retenir.
Suspect retenu bien qu'improbable.
Suspect #4 Les sécheresses successives? :
Ces dernières années comme partout en France, nous avons subit des sécheresses. Les étés 2018, 2019 et 2020 auraient ils eut raison de cette arbre qui est devenu dans notre imaginaire collectif "l'arbre immortel"?.
Les Ginkgos sont-ils sensible au stress hydrique plus que d'autre arbres? Je l'ignore, mais c'est jusque là l'hypothèse la plus vraisemblable..
Suspect #5 Un campagnol :
C'est en dégageant la terre à la base du tronc pour le couper au plus ras que j'ai découvert l'indice le plus probant.... l'évidence!
L'écorce est complétement manquante sur le collet et les racines. Se serait elle complétement décomposée dans la terre, contrairement à la partie aérienne?
Puis je constate une chose étrange et remarquable.... l'écorce des racines a disparue avant la mort de l'arbre car j'observe une cicatrisation, un cal "vigoureux" s'est formé sur tout le diamètre du collet. (flèche orange de la photo 2)
Au passage je remarque que l'arbre fut planté un peu trop profond. Le collet me semble un peu trop enterré.... c'est une erreur souvent commise par les jardiniers du Dimanche. (on voit le niveau de la terre sur les flèches vertes photo 2) Cependant, cette erreur de" noobs" ne fait pas mourir les arbres mais provoque plutôt la végétation des arbres greffés au sol. (très basse tige)
Pour moi la victime est toute désignée. La campagnol est le ginkgocide!
La bestiole aura consciencieusement rongé tout le tour du tronc et la base des racines Provoquant un arrêt de sève total.
L'arbre aura réagit très vite en formant un cal de cicatrisation (et même ce qui ressemblerait à des départs de nouvelles racines), mais qui n'aura pas suffit sur un blessure aussi conséquente.
Des interrogations subsistent:
Plusieurs questions me taraudent malgré ce suspect tout désigné.
-Les ginkgo sont-ils greffés au niveau du collet? Ce cal est il en faite un cal de greffe?
-Les campagnols sont-ils connus pour s'attaquer aux gingko? Notez que je n'ai pas remarqué de traces de dents sur l'aubier, ni de vielles galeries. mais les faits remontent à plus de deux ans.
Voilà j'ai voulu être le plus exhaustif sur cette enquête.
En plus d'obtenir des éclaircissements, je voulais vous montrer ce cas intéressant. Il démontre (malgré l'issue funeste) l'extraordinaire volonté de vivre d'un arbre.
Spécialistes j'attend avec impatience vos rapports d'autopsie!
Photos : [spoiler]
[/spoiler]
Au plaisir de vous lire.
« UN QUART D'HEURE AVANT SA MORT, IL ÉTAIT ENCORE EN VIE »
Je suis pépiniériste et jardinier de formation (paysagiste). J'interroge ici les physiatres, les pros des jardins, les amateurs éclairés.
À défaut d'avoir pu le ressusciter j'aimerai beaucoup donner la cause de la mort de cet arbre à notre aimable cliente. D'avance merci pour vos avis et observations.
La victime: Un Ginkgo Biloba bien implanté et d'environ 15 ans, 3 à 4 mètres en cime. Mort subitement il y a deux ans. Ses derniers rameaux (ceux de l'année de sa mort) étaient vigoureux j'ai constaté des pousses de 30 cm.
La scène du crime: Aux abord d'une pâture, un petit jardin de campagne en Franche Comté.
(exposé plein vent, terre calcaire de bonne qualité mais certainement peu profonde)
Les suspects: Un insecte de type scolyte; les chats de la maison; une fosse septique abandonnée; la sécheresse estivale; un campagnol.
Théories cas par cas et rasoir d'Ockham
Suspect #1 Un scolyte du ginkgo?: J'ai d'abord suspecté un insecte ravageur de type scolyte ou autre... l'observation scrupuleuse du tronc m'a permis de constater qu'aucun trous d'insecte ne le perçait, que l'écorce et le cambium restent bien solidaire de l'aubier.
J'ai élimé ce coupable potentiel.
Suspect #2 Les chats: La cliente qui accueille des chats me fait remarquer les griffures de ces derniers sur le tronc. Les plaies sont vraiment superficielles et localisées sur un seule face du tronc. A priori pas de quoi transmettre un champignon ou une bactérie, encore moins un arrêt de sève.
Note: Si vraiment les chats peuvent détruire un ginkgo (l'arbre qui résista à la bombe atomique), alors créons des bombes félines à balancer dans le bureau de Poutin!
Suspects éliminés
Suspect #3 La fuite d'une veille fosse sceptique?:
La cliente me dit que l'arbre est planté à côté d'une fosse sceptique abandonnée et jamais désactivée. Peut être qu'une fuite aurait brulé les racines. Hypothèse dure à vérifier mais à retenir.
Suspect retenu bien qu'improbable.
Suspect #4 Les sécheresses successives? :
Ces dernières années comme partout en France, nous avons subit des sécheresses. Les étés 2018, 2019 et 2020 auraient ils eut raison de cette arbre qui est devenu dans notre imaginaire collectif "l'arbre immortel"?.
Les Ginkgos sont-ils sensible au stress hydrique plus que d'autre arbres? Je l'ignore, mais c'est jusque là l'hypothèse la plus vraisemblable..
Suspect #5 Un campagnol :
C'est en dégageant la terre à la base du tronc pour le couper au plus ras que j'ai découvert l'indice le plus probant.... l'évidence!
L'écorce est complétement manquante sur le collet et les racines. Se serait elle complétement décomposée dans la terre, contrairement à la partie aérienne?
Puis je constate une chose étrange et remarquable.... l'écorce des racines a disparue avant la mort de l'arbre car j'observe une cicatrisation, un cal "vigoureux" s'est formé sur tout le diamètre du collet. (flèche orange de la photo 2)
Au passage je remarque que l'arbre fut planté un peu trop profond. Le collet me semble un peu trop enterré.... c'est une erreur souvent commise par les jardiniers du Dimanche. (on voit le niveau de la terre sur les flèches vertes photo 2) Cependant, cette erreur de" noobs" ne fait pas mourir les arbres mais provoque plutôt la végétation des arbres greffés au sol. (très basse tige)
Pour moi la victime est toute désignée. La campagnol est le ginkgocide!
La bestiole aura consciencieusement rongé tout le tour du tronc et la base des racines Provoquant un arrêt de sève total.
L'arbre aura réagit très vite en formant un cal de cicatrisation (et même ce qui ressemblerait à des départs de nouvelles racines), mais qui n'aura pas suffit sur un blessure aussi conséquente.
Des interrogations subsistent:
Plusieurs questions me taraudent malgré ce suspect tout désigné.
-Les ginkgo sont-ils greffés au niveau du collet? Ce cal est il en faite un cal de greffe?
-Les campagnols sont-ils connus pour s'attaquer aux gingko? Notez que je n'ai pas remarqué de traces de dents sur l'aubier, ni de vielles galeries. mais les faits remontent à plus de deux ans.
Voilà j'ai voulu être le plus exhaustif sur cette enquête.
En plus d'obtenir des éclaircissements, je voulais vous montrer ce cas intéressant. Il démontre (malgré l'issue funeste) l'extraordinaire volonté de vivre d'un arbre.
Spécialistes j'attend avec impatience vos rapports d'autopsie!
Photos : [spoiler]
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Au plaisir de vous lire.
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Voisine
- Grossiste en parlotte
- Messages : 3564
- Inscription : ven. 03 mars 2017 12:56
- Région : Aquitaine
Re: Enquête sur la mort subite d'un Gingko
Bonsoir,
Novice ++ , je m’étonne que ne soient pas cités les accidents mécaniques
Dans la liste des suspects, les ennemis n°1 des arbres : tondeuse, rotofil, et toute la gamme des grandes faucheuses ..
Les réponses à tes questions :
oui, quand il y a prolifération de campagnols, il a été notifié qu’ils s’attaquent aussi aux ginkgo.
et oui, selon Charles Baltet, un ginkgo peut être greffé au collet ( ou sur fragments de racines)
D’où 2 scénarios dans le domaine du possible, que l’on pourrait cumuler dans un film catastrophe :
-Si greffé sur fragment de racines, les campagnols s’en sont rassasiés
-Si greffé au collet, les lames sont passés par là
Pas toujours simple de trancher !
Sinon, je laisse à ceux qui s’y entendent, le soin de résoudre ton enquête : je la trouve bien posée.
Bonne suite
Novice ++ , je m’étonne que ne soient pas cités les accidents mécaniques
Dans la liste des suspects, les ennemis n°1 des arbres : tondeuse, rotofil, et toute la gamme des grandes faucheuses ..
Les réponses à tes questions :
oui, quand il y a prolifération de campagnols, il a été notifié qu’ils s’attaquent aussi aux ginkgo.
et oui, selon Charles Baltet, un ginkgo peut être greffé au collet ( ou sur fragments de racines)
D’où 2 scénarios dans le domaine du possible, que l’on pourrait cumuler dans un film catastrophe :
-Si greffé sur fragment de racines, les campagnols s’en sont rassasiés
-Si greffé au collet, les lames sont passés par là
Pas toujours simple de trancher !
Sinon, je laisse à ceux qui s’y entendent, le soin de résoudre ton enquête : je la trouve bien posée.
Bonne suite
Le " gratuit" n'existe pas puisqu'il y a moins cher que gratuit.
Re: Enquête sur la mort subite d'un Gingko
Voisine, grand merci pour cette réponse, l'encouragement et les éclaircissements très intéressants qui l'accompagnent.
J'apprend que les campagnols sont gourmands du ginkgo. Voilà qui va dans les sens de mon principal suspect.
À la décharge de la bestiole, il demeure donc une possibilité que ce cal soit le résultat d'une greffe au collet. On peut déduire que l'écorce du porte greffe se serait tout simplement décomposée différemment de celle du greffon ... ce qui aurait donné cet aspect trompeur de tronc rongé.
Concernant une blessure par les machines, je ne l'ai pas envisagés car la plaie est à un peu moins de 10 cm dans le sol. (voir flèches vertes sur la photo2)
Faudrait vraiment faire exprès et beaucoup insister pour tuer un arbre de ce diamètre au rotofile.
Pour l'instant je dirais que le campagnol est à 95% la cause de ce cal (et donc la cause létale)
Mais 5% de doute demeure sur un possibilité de cal de greffe.... auquel cas la cause de la mort serait à déterminer.
J'apprend que les campagnols sont gourmands du ginkgo. Voilà qui va dans les sens de mon principal suspect.
À la décharge de la bestiole, il demeure donc une possibilité que ce cal soit le résultat d'une greffe au collet. On peut déduire que l'écorce du porte greffe se serait tout simplement décomposée différemment de celle du greffon ... ce qui aurait donné cet aspect trompeur de tronc rongé.
Concernant une blessure par les machines, je ne l'ai pas envisagés car la plaie est à un peu moins de 10 cm dans le sol. (voir flèches vertes sur la photo2)
Faudrait vraiment faire exprès et beaucoup insister pour tuer un arbre de ce diamètre au rotofile.
Pour l'instant je dirais que le campagnol est à 95% la cause de ce cal (et donc la cause létale)
Mais 5% de doute demeure sur un possibilité de cal de greffe.... auquel cas la cause de la mort serait à déterminer.
