aygues31 a écrit :Bonjour à tous,
Il est bien triste, sur un site comme celui la, de lire ces derniers posts.
A une demande concrète (formulée avec un p'tit effort ludique) de conduite de quelques légumes, j'ai un cours d'agronomie sur des concepts très abstraits même s'ils restent fondamentaux à la compréhension de la vie du sol.
Et que donc, on épate la galerie (même si ce n'est pas l'objectif
) sans avoir répondu à la question.
En fait si. On cherche, sans le dire, à faire comprendre qu'on ne met rien au potager et que les légumes poussent seuls ... rien qu'en les regardant.
Et cela fait un effet terrible
comme dans la forêt (chère à Appius pour ses démonstrations) ou il suffit de se baisser pour ramasser les fraises des bois et les champignons.
c'est pas la peine de faire mousser une polémique là ou il n'y en a pas.
Tu caricatures comme on fabrique des épouvantails, mais Il n'a jamais été question de ne pas nourrir la terre, de ne jamais essayer de lui rendre ce qu'on prend.
Seulement, il y a des pratiques qui, en promouvant des mécanismes naturels d'habitude absents (ou presque) de nos jardins, permettent de mieux utiliser les substances nutritives présentes, aussi bien en empêchant leur fuite qu'en les rendant plus accessibles.
Il n'y a pas de sorcellerie la-dedans, juste un peu de logique et d'observation.
L'exemple le plus éloquent, c'est le sol de la forêt amazonienne:
une fois défriché et confié à l'agriculture, il s'épuise en très peu de temps. Pourtant, ce même sol est capable d'entretenir une forêt luxuriante !
En fait, ce sol n'est pas si riche que ça, comme le montre les résultats médiocre de l'agriculture. C'est juste que les cycles de la matière organiques y ont parfaits :
rien n'est gâché ni perdu, tout est recyclé et utilisé!
Ce sont aussi des agronomes et des chercheurs qui ont observé et théorisé ces cycles, pas des échappés du Larzac ! Claude Bourguignon, qui travaille avec les agriculteurs et surtout les viticulteurs, est un ancien de l'Inra. Gilles Lemieux, un des pionniers du BRF et qui vient de disparaître, travaillait à l'université de Québec. Jean Marie Lespinasse, qui a essayé de transposer ces mécanismes au jardin, est un retraité de l'INRA...
Concrètement, au jardin, il s'agit de :
- réduire le travail du sol : car le travail du sol accélère la minéralisation de l'humus (sa transformation en minéraux).
- fertiliser organique : en confiant aux micro-organismes le soin de diffuser les éléments nutritifs à partir de matières organiques, on fait mieux coïncider cette diffusion avec les saisons et les besoins des plantes.
- accroitre la population des vers : non seulement il remontent inlassablement les éléments nutritifs mais ils fabriquent le complexe argilo-humique qui permet d'emprisonner et de stabiliser ces éléments nutritifs.
- faire revenir les mycorhizes (non travail du sol, BRF) : elles prolongent les racines des plantes et leur donnent accès à des substances hors de leur portée. Pour les plantes, c'est comme marcher sur des échasses, et pour nous, un moyen de réquisitionner des substances nutritives inutilisées.
(et je dois en oublier...)
Cette chasse au gaspi ne remplace pas ce que nous avons prélevé et que nos intestins ont rejeté hors du jardin, mais bien menée, elle explique que les besoins en fertilisant soient moins élevés, et que Lespinasse, pour ne citer que lui, puisse contenter les besoins de son potager pendant 12 ans avec du compost, des paillis, du BRF et des purins.
