Enfin, pour répondre au lien sur le site du Gnis, donné par Sonette et plébiscité par Markus, voici un autre son de cloche !!!
"Le GNIS ironise sur le fait que Kokopelli, censé protéger la
biodiversité de nos "aïeux", distribue des variétés provenant des USA
et même d'autres parties du monde.
Nous avons assurément une notion très planétaire de la biodiversité de
nos aïeux! En effet, que pensez-vous que nous mangerions si l'on
n'avait dans nos assiettes que la biodiversité agricole consommée du
temps des Gaulois? Et bien, du seigle, du panais, quelques choux et
peut-être quelques carottes. C'est tout. Il suffit d'ailleurs de lire
les aventures d'Astérix le Gaulois pour découvrir que nos ancêtres se
délectaient avant tout de sangliers! (en fait, les civilisations de
chasseurs-cueilleurs jouissaient d'une alimentation très équilibrée
parce que très diversifiée; cela est amplement démontré par les
découvertes archéologiques récentes mais c'est une autre histoire).
Tout ce qui constitue la base de notre alimentation quotidienne vient
d'ailleurs:
- d'Amérique centrale: tournesol, maïs, courge, piment, amaranthe à
grain, ananas, papaye.
- d'Amérique Latine: pomme de terre, piment, tomates, courge, quinoa,
amaranthe à grain, arachide, haricots, manioc, cacao.
- d'Asie: riz, sarrazin, aubergine, melon, concombre, thé, soja, pois
chiche, radis, laitue, mangue, banane, citron, orange, échalotte,
oignon, orge.
- d'Afrique : pastèque, sorgho, millet, riz, gombo, café.
- d'Europe orientale: blé.
- d'Europe du nord: betterave, chou-rave, côte de blette.
- d'Europe méridionale: chou, chicorée.
De plus, si tant est que nous en ayons le souhait, il nous serait très
difficile de protéger les anciennes variétés potagères françaises des
siècles passés qui ont été éradiquées et remplacées par des hybrides F1
non reproductibles.
Quant au fait que "de nombreuses variétés distribuées par Kokopelli
proviennent des Etats-Unis", nous souhaitons maintenant rappeler aux
pseudo-historiens (à la mémoire courte) du GNIS que les USA sont un
pays jeune et même très jeune. Les peuple indigènes exterminés par les
blancs en Amérique du nord cultivaient certaines espèces abondamment et
certaines autres peu ou pas du tout. La tomate fut une espèce très peu
cultivée aux USA avant le milieu du 19 ème siècle.
Un peu d'histoire de la tomate.
Les tomates sont originaires de l'Amérique latine. Elles étaient
abondamment cultivées au Mexique mais très peu par les peuples
d'Amérique du nord. Elles commencèrent à être cultivées dans les pays
méditerranéens aux alentours de 1540.
Aux USA, les tomates furent principalement introduites à partir de
1745, d'une part, par les Anglais et les Irlandais: par exemple, Dr.
John de Sequeyra en 1745, Dr Samuel Green en 1771, Robert Squibb en en
1780, David Hepburn en 1780; et d'autre part, par les Français: par
exemple, des semences de tomates étaient exportées de France vers
Philadelphie en 1793 et de nombreuses variétés arrivèrent également aux
USA avec les Français et les Créoles réfugiés après la révolte des
esclaves à Haïti en 1791. Thomas Jefferson (troisième président des
USA et très grand jardinier) ramena aux Etats-Unis des semences de
tomates de Paris et commença à les cultiver dans ses jardins de
Monticello en 1781. En 1809, Thomas Jefferson reçut des semences de
tomates espagnoles envoyées par le Général John Mason.
Il fallut, cependant, attendre 1830/1840 pour que la culture de la
tomate commence à prendre son essor aux USA, à savoir 300 ans plus
tard qu'en Europe méridionale. Le plus grand sélectionneur de tomates
aux USA que fut Alexander Livingston travailla (entre 1870 et 1893) à
partir de variétés de tomates améliorées, sélectionnées par des
générations de jardiniers et de paysans originaires de tous les pays
d'Europe. En 1886, Liberty Hyde Bayle, agronome, évalua 76 variétés de
tomates distribuées par les semenciers US. En 1887, il évalua 147
variétés de tomates dont la moitié provenait de semenciers Anglais,
Français et Allemands.
Il y eut un flux ininterrompu de tomates et d'autres espèces potagères
entre l'Europe et les USA à partir du 17 ème siècle (période
d'introduction des tomates par les Espagnols en Floride, Georgia et
Caroline) jusqu'à ces jours puisque les nombreuses expéditions
impulsées par le Seed Savers Exchange (une association soeur de
Kokopelli quant à ses fondements) ont introduit aux USA une
impressionnante collection de tomates, piments, melons, courges en
provenance d'Europe de l'Est et des pays de l'ancienne zone soviétique.
La grande majorité des tomates que nous distribuons avec des noms
"américains" sont en fait soit des variétés introduites aux USA par les
colons Européens, soit des sélections ou améliorations de ces mêmes
variétés.
Donc, en fait, Kokopelli ne fait que "rapatrier" des USA des variétés
de tomates originaires d'Europe!
Le grand charme de la biodiversité alimentaire, c'est qu'elle a
beaucoup voyagé sur toute la planète. Prenons l'exemple des pastèques
(qui originellement viennent d'Afrique). La grande majorité des
variétés de pastèques modernes que l'on trouve aux USA (et donc aussi
dans nos pays d'Europe occidentale) est en fait issue de la
biodiversité russe et au-delà. En 1898, l'agronome US Niels Ebbesen
Hanse ramena de Moscou, de Transcaucasie, de la Volga et du Turkestan
287 variétés de pastèques et de melons "au service" de l'agriculture
états-unienne.
Que distribue Kokopelli?
Le GNIS nous accuse de ne distribuer "que" 286 variétés de tomates. Le
GNIS a oublié que nous avions aussi 177 variétés de tomates dans notre
gamme collection!
En effet, en sus du millier de variétés que nous distribuons
commercialement, nous avons une gamme "collection" de 520 variétés
potagères et de céréales qui sont distribuées GRATUITEMENT à nos
adhérents actifs et bienfaiteurs.
Le concept de gratuité est sûrement totalement étranger aux intérêts
financiers qui se cachent derrière le GNIS. Mais c'est aussi un des
fondements majeurs de notre association et c'est pour cela que l'an
passé nous avons distribué GRATUITEMENT de très grandes quantités de
semences bios à près de 300 communautés rurales dans tout le
Tiers-Monde.
Nous sommes très fiers que notre petite association, sans subventions
de l'Etat, puisse sauvegarder 463 variétés de tomates et en fait nous
en sauvegardons encore plus que cela car des centaines de parrains et
de marraines se sont engagés à en préserver des variétés dans leurs
jardins.
Le GNIS: de l'argent public jeté par la fenêtre.
Dans son communiqué, le GNIS mentionne "ces variétés précieuses" (et
l'on peut presque entendre les trémolos d'émotion dans la voix de son
directeur des communications) et ces "entreprises de semences, qui,
aux côtés d'un certain nombre d'associations, se sont investies dans la
conservation de milliers de variétés anciennes, souvent depuis des
dizaines d'années, et qui sont à l'origine des grandes collections
nationales françaises."
Sans plaisanter, tout cela est émouvant. Une telle abnégation des
entreprises de semences (à savoir les trois multinationales qui
contrôlent 80 à 85 % des variétés potagères dans le catalogue
français). Au service de quoi? Au service de la biodiversité ou au
service de leurs propres intérêts? Car les progrès technologiques ne
permettent pas encore de créer des clones ou des chimères génétiques à
partir de l'air du ciel. On subodore donc, qu'en effet peut-être, il
existe une certaine conservation de variétés à partir desquelles sont
créées les hybrides F1.
Cependant, les maraîchers n'y ont pas accès, les jardiniers n'y ont pas
accès et Kokopelli n'y a pas accès non plus.
Pourrions-nous demander au GNIS une liste de variétés de conservation
ouverte au public et que Kokopelli pourrait régénérer dans son réseau
de producteurs ou son réseau d'adhérents parrainant une variété?
Par ailleurs, nous serions bien curieux de connaître le budget du GNIS,
organisation "sous tutelle de l'Etat" et la partie de son budget
consacrée aux vastes campagnes de communication que d'aucuns
qualifieraient plutôt de campagnes d'intoxication.
L'apologie des OGMs est en effet totale sur leur site internet et le
GNIS, au service soi-disant des consommateurs, semble oublier que 86%
des consommateurs ne veulent pas d'OGMs dans leurs assiettes.
La fiche technique sur la déficience en vitamine A et le riz
génétiquement modifié
(
http://www.gnis-pedagogie.org/pages/docbio/chap3/2.htm ) est admirable
de construction logique à partir de fausses prémisses. Le GNIS présente
le couplet habituel de la déficience en vitamine A sans préciser bien
sûr les causes de cette déficience pour en arriver à la création d'un
riz OGM augmenté en vitamine A tout en passant par l'IRRI qui conserve
dans ses banques 80 000 variétés de riz. De la poudre aux yeux.
La réalité est toute autre. En Inde, par exemple, la grande farce de la
révolution verte a détruit les systèmes d'alimentation traditionnelle
diversifiée en imposant des monocultures de blé et de riz pour
l'export. En Inde, il reste une cinquantaine de variétés de riz en
culture (sur les 150 000 qui existaient avant la révolution verte) et
les variétés modernes sont un échec total, complètement dépendantes des
poisons agricoles et d'une irrigation forcenée et avec une moyenne
nationale de productivité d'1,7 tonne par hectare.
La supercherie de ce riz génétiquement modifié avec un gène de
jonquille a déjà été amplement dénoncée.
Les OGMs continuent de semer le chaos en Asie. En Inde, dans un seul
district de l'Etat d'Andhra Pradesh, un paysan cotonnier se suicide
toutes les 8 heures. Maintenant.
Des dizaines de milliers de paysans-cotonniers se sont suicidés en Inde
depuis quelques années. Ce sont les résultats spectaculaires de la
première révolution verte et de la seconde révolution
bio-technologique.
Pourquoi ne pas proposer un moratoire planétaire de 20 ans sur les
OGMs? Pendant ces 20 années, les dirigeants et actionnaires des
multinationales pourraient se dévouer à ne consommer que des aliments
génétiquement modifiés (afin de prouver leur non-nocivité) avec, en
apéritif, pourquoi pas, un petit verre de Round-Up biodégradable ou
tout autre pesticide inoffensif pour l'environnement (selon les "normes
autorisées" par la réglementation en vigueur).
Impossible, nous répliquera-t-on! Pourquoi? Parce que les grandes
sociétés d'assurances refusent d'assurer les OGMs. Difficile, en effet,
d'imaginer que des PDGs de multinationales puissent se passer de
solides polices d'assurance. (sans parler d'autres polices!).
Mais, au fait, pourquoi, ne peut-on pas assurer les risques liés aux
OGMs puisqu'ils ne représentent aucun risque?
Des directives Européennes.
Selon le GNIS, ce n'est pas de la faute de la France (la bonne élève,
c'est bien connu!) que les directives ne soient pas appliquées. Et
pourtant, Mr Guiard du GEVES avait bien précisé dans un courrier, l'an
passé, à l'un des nos producteurs (qui demandait les modalités
d'inscription dans la liste de conservation) que la France était en
train de travailler à une mise en application.
Comment se fait-il, d'ailleurs, que la région de Toscane en Italie ait
déjà mis en application une directive Européenne de protection des
variétés de conservation? Peut-être les Italiens sont-ils plus
gourmets?
Quant à la précision du GNIS que ce n'est pas une directive de l'Europe
qui va permettre à Kokopelli "de vendre des variétés américaines non
inscrites, nullement menacées d'érosion génétique", nous souhaiterions
préciser que:
- ces mentions répétitives de "variétés américaines" frisent
l'obsessionnel. Et pourtant, dans le catalogue de "variétés pour
amateurs" du GNIS, 44 parmi les 83 variétés de tomates inscrites
portent bel et bien un nom à résonance anglo-saxonne?
- une grande partie des variétés de tomates "américaines" sont menacées
d'extinction. Indeed.
Voici une analyse pour les seules tomates de couleur verte de la gamme
de Kokopelli quant à leur distribution en Amérique du nord:
Charlie's Green : non mentionnée dans le Garden Seed Inventory.
Dorothy Green : distribuée par 4 semenciers parmi les 274 semenciers
répertoriés en 2004.
Evergreen: distribuée par 37 semenciers parmi les 274 semenciers
répertoriés en 2004.
Green Sausage: distribuée par 2 semenciers parmi les 274 semenciers
répertoriés en 2004.
Green Velvet: distribuée par 5 semenciers parmi les 274 semenciers
répertoriés en 2004.
Green Zebra: distribuée par 55 semenciers parmi les 274 semenciers
répertoriés en 2004.
Lime Green: distribuée par 5 semenciers parmi les 274 semenciers
répertoriés en 2004.
Moldovan Green: distribuée par 1 semencier parmi les 274 semenciers
répertoriés en 2004.
Raisin Vert: distribuée par 43 semenciers parmi les 274 semenciers
répertoriés en 2004.
Green Bell Pepper: distribuée par 2 semenciers parmi les 274 semenciers
répertoriés en 2004.
Green Pineapple: distribuée par 3 semenciers parmi les 274 semenciers
répertoriés en 2004.
Ainsi sur 11 variétés de tomates vertes, seules 3 variétés sont
largement distribuées aux USA et au Canada. Les autres sont quasiment
inconnues.
- Pour être encore plus précis quant à la fragilité de la biodiversité
aux USA même, voici quelques précisions. En 2004, il y avait 8494
variétés potagères non-hybrides aux USA (et Canada). Cependant, 4226
variétés ( à savoir 50 %) ne sont accessibles que d'une seule source.
Qui plus est, 10 compagnies semencières seulement (sur les 274 en
existence) sont la source de 58,1 % de ces 4226 variétés.
Qui plus est encore en 2004, de ces 274 semenciers, 261 ont moins de 20
ans d'âge. En effet, en 1984 il y avait 230 compagnies semencières
proposant des variétés non-hybrides. Vingt années après, il n'en
restait que 13: toutes les autres avaient fermé ou été rachetées par de
grands groupes semenciers.
Nous espérons que ces chiffres très officiels permettront
définitivement de faire taire tous les bruits de couloirs mal aérés.
Kokopelli est réellement au service de la protection de variétés
potagères en danger d'érosion génétique."