Pour les gens qui sont encore en chambre froide, je suis d'accord avec toi, c'est sans nom.
Pour ce qui est de réapprendre à manger, je serai plus nuancée et souhaite en discuter.
Il est vrai que je ne travaille pas, que j'ai le temps de faire le marché et de cuisiner. Certes, je le faisais aussi quand je travaillais encore car j'aime bien manger (de bonnes choses). Ce que tu décris est malheureusement le cas de la majorité et ça fait boule de neige. C'est parce que les gens boudent les marchés (qui se meurent) que l'on produit du pas bon, pas cher. Les gens s'en contentent et il faut produire plus pour les satisfaire et stocker.... c'est le revers de la médaille.
Quand il y a eu l'histoire de la vache folle plus celle du mouton, mon boucher du marché me disait qu'il était inquiet. Il était obligé de serrer ses prix (on était près de Pâques, imagine) et la marchandise se faisait rare. Je lui ai dit que c'était un mal pour un bien, que les gens allaient revenir au marché pour acheter de la qualité et s'apercevoir, qu'en dehors du goût, ce n'est pas si cher. Et j'avais raison.
Maintenant, je persiste à dire que les gens doivent réapprendre à manger des aliments qui ont du goût, et à les faire cuire eux-mêmes. Ce n'est pas si long que cela, et bien meilleur que les surgelés. On apprend à cuisiner en cuisinant et en mangeant....
J'ai élevé mes filles en faisant tout moi-même, je ne connais pas les infames petits pots (tu as déjà goûté?). Mon époux rentrait le soir et voulait dévorer leur "soupe", purée épaisse, tellement ça sentait bon. Je les ai toujours laissées manger dans notre assiette, de tout. Je leur ai donné toute petite des fromages forts pour leur faire le goût (une gamine qui mange du munster à six mois, ce n'est pas bien courant). Maintenant, elles mangent de tout, des légumes, des plats exotiques, variés et gouteux. Ma grande "fierté" est que ma cadette, 8 ans, ait boudé les hamburgers que je l'ai emmenée manger avec sa soeur, avant d'aller chercher leur père au train, au début de ses vacances d'août... Pour moi, c'est tout sauf de la nourriture. Explique-moi, pourquoi, sans vouloir me vanter, les copains aiment bien venir manger à la maison ? Même une simple côte de boeuf avec des patates sautées, un régal. Si ton épouse travaille, cuisine-t-elle le week-end ? faire le marché, ce n'est pas si long et puis, à la limite on peut se faire livrer ce qui vient du supermarché. Le marché, c'est un plaisir, les odeurs en été, le contact avec les commerçants, tu ne trouves pas ça au carrefour du coin.
Si on ne prend pas conscience de ces choses, si les jeunes ne reprennent pas leur assiette en main, comment veux-tu que les choses évoluent en agriculture ? On continuera à produire, vite, mal, on aura des vaches folles, des nitrates, j'en passe et des meilleures....
Je n'ai jamais arrêté de manger du boeuf, du mouton, du poulet et surtout pas des fromages au lait cru (l'europe, pour certaines choses, quelle infamie....). Je sais d'où ils viennent et j'ai confiance en ceux qui me les vendent. Ah, le chapon de Noël commandé à mon volailler, et son paté de foie de volaille, fait-maison.... (arrêtez, j'ai faim !)
Tu dis que cuisiner prend du temps, c'est faux. Les meilleurs plats sont ceux qui mijotent seuls. Dix minutes de préparation et tu peux t'occuper de tes enfants.
Je me suis régalée à écouter "raler" JP.Coffe sur France Inter, le samedi, comme je me régalais de le voir sur Canal, à la grande famille, il y a une dizaine d'année.
On vit dans un pays très porté sur la bouffe. Mon père travaillait aux halles de Paris, il était "fort", c'est à dire qu'il portait les demi-boeufs. J'ai toujours bien mangé chez moi et c'est un héritage qu'on doit trasmettre à nos enfants. Les choses les plus simples sont souvent les meilleures.
Allez, on continue à discuter, j'attends ta réponse,
Bonne soirée, mon dîner (un tajine) m'attend. J'ai fait une glace à la framboise aussi et j'espère que tous mes commerçants seront rentrés demain matin à mon marché, surtout mon boucher et mon fromager.
Amicalement,
Cathie
