vieumachin a écrit :(...) Oui vous trouverez une poignée de pucerons chez moi sur une tige tendre de rosier ou de viorne, oui j’ai eu trois primevères bouffées par des limaces, oui j’ai deux ou trois feuilles d’arbustes pas «nickel catalogue», … et alors ? C’est une raison de déclencher la guerre en sortant l’artillerie ?, les canons à insecticides et pesticides ou savon noir ou je ne sais quoi encore ?, le tractopelle, les mines, ou les pièges et autres trucs du même genre pour chasser une faillie taupe ?, les pièges à limaces ?, l’importation massive de coccinelles dites bio, … ?
Et surtout pour quel résultat ; puisqu’à priori, à en lire certains, ça semble empirer d’année en année, ou en tout cas ne rien résoudre ?
Alors c’est vrai que je ne comprend pas parce que je n’ai rien de tout ça chez moi : pas de taupes, pas de pucerons, pas de limaces, pas de … ou alors si, j’en ai comme tout le monde, mais je vis avec et les accepte en faisant en sorte qu’ils ne pullulent pas après que j’aie détruits leurs prédateurs naturels par des pulvérisations et remèdes pires que le mal !
Une terre neutre à légèrement acide et suffisamment humide, et je connais pas les limaces : pourquoi ? J’ai eu de la mousse dans ma pelouse et j’en ai plus, pourquoi ? Comme tout le monde j’ai des pucerons au bout des tiges tendres de rosiers et viornes, et puis dans 1 ou 2 mois plus un seul, pourquoi ? Pas d’arrosage automatique, ni même manuel, l’été en plein cagnard au bout de 4 ou 5 mois sans pluie, et tout le monde se porte bien, pourquoi ?
Je pense que quand on aura répondu à toutes ces bizarreries anachroniques pour certains on aura fait un grand pas en avant !
Arrêtons de vouloir faire pousser des palmiers en Sibérie ou de la lavande au pôle nord, de vouloir des greens de golf dans tous les jardins, même en Afrique du nord, … Plantons à l’ombre les plantes qui demandent de la fraîcheur et les cactus en plein soleil, et déjà on pourra remiser pas mal de faux remèdes. Ben oui j’ai des pâquerettes et d’autres trucs pas prévus dans ma pelouse : et alors ? Non je n’ai plus de mousse dans la pelouse depuis que j’ai fait une ou deux trouées de caducs dans mes haies pour laisser circuler l’air, …
Le problème est qu'on veut des jardins "propres", aseptisés, sans une tache ni la moindre plante non invitée. Soit tout le contraire des plantes et de la vie.
Il y a quelques années, je me souviens d'une gamme phyto appelée "J'ai des (pucerons sur mes plantes vertes, taches noires sur mes rosiers, etc.") L'agence de pub ou l'équipe marketing qui a trouvé ce nom a eu une idée de génie : traiter, non pas le problème de la plante (une viorne peut parfaitement vivre avec quelques pucerons, un rosier avec des taches noires) mais celui du jardinier. Le problème n'étant pas les pucerons sur la viorne mais le regard du jardinier sur les pucerons (c'est "sale", "malade", "pas comme il faut").
Il en va de même pour les grands marronniers du jardinage aujourd'hui : taupes, mousse dans le gazon ou mauvaises herbes pour n'en citer que trois. On éduque les gens de façon à ce qu'ils soient persuadés que c'est
mal, hors du droit chemin, dangereux, voire honteux. Le jardin, pour bon nombre de personnes, n'est qu'une pièce supplémentaire de la maison où il faut que le ménage soit bien fait.
Ainsi donc, on va porter en déchetterie (ah la belle invention !) les "déchets" sales du jardin auxquels on préfèrera le terreau "propre" de la jardinerie, on éliminera par tous les moyens possibles et imaginables la mousse du gazon parce qu'il est écrit que c'est mal ("si si, ils l'ont encore dit hier à la télé"), on traitera et traitera encore parce qu'il est capital que le jardin soit conforme et aux normes.
Au lieu de cette gamme "J'ai des...", le produit, ou plutôt le non-produit qu'il aurait fallu inventer, c'est "
Pourquoi ai-je des pucerons" et "les pucerons mettent-ils réellement mes plantes en péril ?"
Vous remarquerez que souvent, sinon presque toujours, les questions sont plutôt du genre "Help ! Pucerons !", on n'a que faire de savoir pourquoi ils sont là (faiblesse de la plante ? mauvaises conditions de culture ?), comment ils sont arrivés et le véritable danger que ces pucerons représentent. Non, l'équation est simple, voire simpliste : pucerons, danger, pas propre, traitement.
Et ce que les fabricants d'"antis" en tous genres évitent soigneusement de dire, c'est que plus on traite, plus il faudra traiter. Forcément, ils n'ont pas la moindre envie de tuer la poule aux oeufs d'or.