Oncle Fritz a écrit :Il me semble que Soltner, dans sa démarche, utilise du terreau/compost acheté (pas cher il est vrai) en déchetterie. En ce cas, il est nécessaire de bien se renseigner sur la démarche de sélection des végétaux utilisés. Dans la déchetterie voisine, avant que passe la très impressionnante machine qui fabrique le terreau, on peut voir que dans le tas se trouve une grosse quantité de résineux. Qu'en est-il de son taux d'acidité?
Par ailleurs, et plus globalement, il me semble plus intéressant d'avoir un politique visant à ce qu'il y ait le moins possible de déchets verts qui parviennent en déchetterie en provenance de particuliers et que le terreau obtenu soit mis en priorité à disposition des agriculteurs, avec, en accompagnement un service d'analyse du sol et du terreau de façon à faire les corrections nécessaires. L'appauvrissement des terres agricoles en humus est un problème majeur.
Sinon, Soltner a fait de très bons bouquins sur la plantation de haie.
Oncle Fritz
Oncle, j'ai pas de réponse sur le taux d'acidité du terreau de déchetterie.
Un ami a laissé composter pendant 2 ans du résineux, résultats : pH7, donc neutralité...
Je ne sais donc pas si le terme d'acidité qui colle à la peau des résineux est approprié.
La lignine des résineux est différente de la lignine des feuillus, ce qui explique qu'avec le BRF, on fasse la distinction. Je ne suis pas spécialiste de la chimie du bois, mais les effets dans les sols des résidus frais des deux familles d'arbres sont différents.
D'après le neveu de Jean Pain, le compostage annule ou réduit les inconvénients des résineux. Pour ma part, je m'en tiens aux feuillus, par mesure de précaution.
Les risques du compost de déchetterie : graines si ça n'a pas assez chauffé, et rémanents toxiques, car les jardiniers français sont des gros utilisateurs de pesticides au m2.
Je suis de mon côté partisan du recyclage sur place de tous les déchets végétaux. Les plates-formes de déchets verts sont pour moi des aberrations. Gaspillage de transport, de surface (les plates formes sont prises sur les surfaces cultivables) et de matière organique. Broyage, compostage en tas, lombricompostage, compostage de surface, les solutions existent ou sont en train de se mettre en place.
Suite à des échanges avec un agronome passionné du sol vivant (Konrad SCHREIBER), je me suis fait la religion suivante sur le compost : le compost est un produit "cuit", qui a perdu une grande partie de sa partie nutritive. Pour prendre une image, c'est comme si on donnait un poulet au compost, puis on redonne les os au jardin, la chair ayant été donnée aux bestioles du compost. Bref, plus rien à manger pour le sol.
D'ailleurs, cette image n'est pas que de la théorie, des sols maraîchers sur sols légers perdent progressivement leur fertilité suite à des apports répétés de compost trop mûr.
Le sol est trop aéré, trop de MO non liée à l'argile, le sol minéralise trop vite, perte de minéraux à l'automne, et insidieusement, progressivement, arrivent la chute des rendements et la sensibilité aux maladies accrues.
L'apport de compost de déchetterie n'est pas à mon avis la solution à la "fatigue" des sols. Le compost apporte de la MO, oui, mais de la MO morte, de la MO cuite.
Pour que l'humus soit fertile, il faut que la MO passe par l'intestin des vers de terre, et les vers de terre consomment de la MO fraîche et boudent la MO cuite (ils n'aiment pas les os de poulets, pour reprendre l'image). Faites un essai : après une journée d'automne ou de printemps bien pluvieuse, recouvrez un carré de terre de 30cmx30cm de compost et un autre carré de même surface de feuilles fraichement coupées. La nuit, visite avec lampe de poche.
Vous verrez ce que préfère les vers ....
Pour en savoir plus sur les vers de terre, voir ici :
http://www.terre.tv/#/fr/protection-de- ... ieres-2007
ici :
http://www.terredhumus.fr/content/view/43/19/
et là :
http://video.google.com/videoplay?docid ... 5699762547
Pour l'agronome cité plus haut : sol vivant = sol non travaillé (ou au minimum) + sol toujours couvert (compostage de surface, BRF, engrais verts ) + toujours des racines dans le sol = cultures associées décalées ou engrais verts.
Bien sûr, il ne s'agit pas de condamner le compost, qui peut être notamment utile en terres lourdes. Je vais le tester cette année comme le propose Soltner : lit de compost, graines, couverture de compost. Il s'agira de mon compost, bien mûr, mais utilisé avec parcimonie.
Le compost de déchetterie utilisé ponctuellement, uniquement sur la ligne de semis n'est à mon avis pas à rejeter. A essayer si on n'en a pas à la maison.