Burons, Plomb et Pulsatille
Publié : mer. 19 août 2009 20:05
Salut
Si quand je dis que je suis heureux dès que je mets un pied dans le Cantal, vous pensez que j'aime écraser du fromage, c'est que vous avez un besoin urgent d'appeler le "15" ! En attendant, jetez un œil à ce petit aperçu des richesses de l'endroit.
La flore et les paysages du Cantal
Toutes les photos sont cliquables pour une vue plus grande.
Situation géographique et géologie du Plomb du Cantal :
Le Plomb du Cantal et ses voisins constituent le plus large volcan d'Europe (60 km), éteint depuis très longtemps (je n'étais même pas né, c'est vous dire) et érodé pendant des millénaires par les glaciers. Voir à ce sujet un document intéressant en cliquant ici.
Il est le plus haut sommet du département du Cantal (15) avec 1855 mètres d'altitude, le Puy de Sancy, situé dans le Puy de Dome (63) le dépassant, du haut de ses 1885 m.
Le Plomb du Cantal, enherbé jusqu'au sommet (la zone est très riche en eau), vu de l'Harpon du Diable :

Les paysages
Sans être de la haute montagne, la zone du Plomb du Cantal est très appréciée par les randonneurs et les cyclistes, car les paysages sont vraiment très beaux. Quand on connait un peu le nom des divers puys, on les retrouve sous plusieurs angles, selon où l'on se trouve.
Exemple : le Puy Griou vu du sud, depuis le hameau des Gardes (commune de Saint-Jacques des Blats) :

Sauriez-vous le retrouver dans cette vue du sommet du Plomb ?

Et le même vu du Puy Mary, du nord :

Un lieu incontournable pour tout visiteur du département est ce fameux Puy Mary, accessible en empruntant un "raidillon" très fréquenté (600 000 visiteurs par an) et qui permet d'avoir une belle vue sur 7 vallées et sur les autres puys.
Le puy Mary vu du Pas de Peyrol (col routier) :

Le Téton de Venus (au centre de la photo), situé au nord de la station de ski de Super-Lioran, a une forme caractéristique :

Les coulées basaltiques, même très anciennes, sont extrêmement résistantes, et ne sont pas érodées mais peuvent se casser, ce qui par endroits crée de jolies cascades, souvent en pleine forêt, comme ici dans le hameau du Chambeuil :
Cette eau servait jadis à faire tourner le charmant moulin située plus bas :

Burons et alpages
L'habitat traditionnel est la ferme en pierre basaltique, et couverte d'ardoise ou de lauzes. Ce type de maisons s'intègre bien dans le paysage. Ici, le hameau des Gardes :

Mais, dès que l'on randonne un peu sur les pentes du Cantal ou autres, on croise d'anciennes constructions abandonnées, dispersées dans les alpages. Ce sont les burons, qui servaient à héberger les bouviers durant l'été, passé dans les prés d'altitude. Le lait étant transformé sur place en grosses tommes de fromage.
Le buron des Gardes, situé à une ou deux heures de marche du hameau précédent, a conservé son ancienne voûte :

Mais la plupart sont plus abimés, comme ici le buron de Pranadag :

Un alpage caractéristique, situé entre le Puy de la Cède et le col de Pourtounes, avec au dessus le GR400, tracé à cet endroit sur une ancienne voie romaine :

La vache traditionnellement laissée aux alpages était et reste la race Salers. Rustique, elle ne craint ni les pentes, ni le froid, ni le chaud, et velle seule dans la montagne :

Elle est encore très présente, même si les vaches allaitantes sont souvent inséminées avec une race plus axée "viande" (charolais) car les veaux que l'on rencontre dans les alpages sont destinés à la boucherie.
On croise aussi des vaches de la race Aubrac. Vache plus petite, elle aussi est résistante, très adaptée aux conditions de liberté en pleine nature :

Un taureau aubrac, et sa cour :

Dans ces zones, la vipère péliade, Vipera berus, a ses habitudes. En voici une, tuée sans doute par un promeneur. Acte inutile et peu compréhensible, l'infortuné reptile se trouvant à 3 km de la première habitation...

La flore
La flore de la zone est très intéressante et variée. De la forêt aux pelouses d'altitude, en passant les zones humides et les landes à genets, on trouve pas mal de belles espèces, et ce du printemps à l'automne.
Commençons par l'aconit napel, Aconitum napellus, le casque de Jupiter, plante la plus toxique d'Europe, mais à la beauté certaine :

Elle croit dans les prés humides, mais surtout dans les zones d'altitude (ci-dessous en haut du Puy Mary), là où sa toxicité la relègue, car la plante a été souvent détruite pour ne pas risquer la mort des troupeaux :

Les prairies du sommet du Plomb du Cantal sont par endroits colonisées par la rare Anémone ou pulsatille soufrée (Pulsatilla alpina subsp. apiifolia) et ses splendides fruits vaporeux :

À d'autres endroits, ce sont les gentianes jaunes, Gentiana lutea, qui donnent les divers apéritifs amers à la gentiane qui se dressent par dessus les callunes et autres plants de myrtilliers :

Dans le genre des gentianes, il y a aussi en zone humide et en altitude, la belle Gentiana pneumonanthe et sa charmante gorge bleue :

Apparentée à ce genre, la gentianelle, ou gentiane des prés Gentianella campestris n'est pas avare de belles fleurs :

Une pensée, phénotype violet de Viola lutea, la pensée du Jura (merci à Danièle pour l'identification), est arrivée à pousser à plus de 1 700 m d'altitude :

Les forêts sont généralement composées de sapins ou de hêtres, mais on trouve aussi des plantations d'épicea. Ici, un bois de hêtres :

Parmi les grands sapins et les mystérieux hêtres, on trouve des arbustes aux jolis fruits colorées.
Le sorbier des oiseleurs, Sorbus aucuparia peut atteindre des tailles importantes :

Ce sorbier pousse aussi au milieu d'autres arbustes à fruits colorés, comme le chèvrefeuille noir, Lonicera nigra :

Caractéristique lui aussi des forêts humides et fraîches, le sureau à grappes, Sambucus racemosa, étale ses jolis fruits dans l'attente du passage d'oiseaux :

Dans les bois, on trouve souvent l'angélique, Angelica sylvestris :

Le "thé d'Aubrac", Calamintha grandiflora affectionne aussi les bois, il peut servir à faire des tisanes :

La valériane, Valeriana officinalis, utilisée comme calmant est une habituée des zones humides et ombragées :

La classique et appréciable fraise des bois se rencontre souvent au bord des chemins :

Contrairement aux précédentes, voici une des nombreuses plantes toxiques de la forêt, la belle digitale pourpre, Digitalis purpurea :


C'est aussi en forêt que pousse le haut Cirsium erisithales, en principe jaune :

Mais on en rencontre parfois du pourpre :

Pour terminer, un joli papillon, le petit nacré, Issoria lathonia (enfin, je crois) :


Voilà, en espérant avoir fait passé un petit moment agréable à ceux qui connaissent le coin, et donné envie d'y aller à ceux qui ne connaissent pas.
Lionnel
Si quand je dis que je suis heureux dès que je mets un pied dans le Cantal, vous pensez que j'aime écraser du fromage, c'est que vous avez un besoin urgent d'appeler le "15" ! En attendant, jetez un œil à ce petit aperçu des richesses de l'endroit.
La flore et les paysages du Cantal
Toutes les photos sont cliquables pour une vue plus grande.
Situation géographique et géologie du Plomb du Cantal :
Le Plomb du Cantal et ses voisins constituent le plus large volcan d'Europe (60 km), éteint depuis très longtemps (je n'étais même pas né, c'est vous dire) et érodé pendant des millénaires par les glaciers. Voir à ce sujet un document intéressant en cliquant ici.
Il est le plus haut sommet du département du Cantal (15) avec 1855 mètres d'altitude, le Puy de Sancy, situé dans le Puy de Dome (63) le dépassant, du haut de ses 1885 m.
Le Plomb du Cantal, enherbé jusqu'au sommet (la zone est très riche en eau), vu de l'Harpon du Diable :

Les paysages
Sans être de la haute montagne, la zone du Plomb du Cantal est très appréciée par les randonneurs et les cyclistes, car les paysages sont vraiment très beaux. Quand on connait un peu le nom des divers puys, on les retrouve sous plusieurs angles, selon où l'on se trouve.
Exemple : le Puy Griou vu du sud, depuis le hameau des Gardes (commune de Saint-Jacques des Blats) :

Sauriez-vous le retrouver dans cette vue du sommet du Plomb ?

Et le même vu du Puy Mary, du nord :

Un lieu incontournable pour tout visiteur du département est ce fameux Puy Mary, accessible en empruntant un "raidillon" très fréquenté (600 000 visiteurs par an) et qui permet d'avoir une belle vue sur 7 vallées et sur les autres puys.
Le puy Mary vu du Pas de Peyrol (col routier) :

Le Téton de Venus (au centre de la photo), situé au nord de la station de ski de Super-Lioran, a une forme caractéristique :

Les coulées basaltiques, même très anciennes, sont extrêmement résistantes, et ne sont pas érodées mais peuvent se casser, ce qui par endroits crée de jolies cascades, souvent en pleine forêt, comme ici dans le hameau du Chambeuil :

Cette eau servait jadis à faire tourner le charmant moulin située plus bas :

Burons et alpages
L'habitat traditionnel est la ferme en pierre basaltique, et couverte d'ardoise ou de lauzes. Ce type de maisons s'intègre bien dans le paysage. Ici, le hameau des Gardes :

Mais, dès que l'on randonne un peu sur les pentes du Cantal ou autres, on croise d'anciennes constructions abandonnées, dispersées dans les alpages. Ce sont les burons, qui servaient à héberger les bouviers durant l'été, passé dans les prés d'altitude. Le lait étant transformé sur place en grosses tommes de fromage.
Le buron des Gardes, situé à une ou deux heures de marche du hameau précédent, a conservé son ancienne voûte :

Mais la plupart sont plus abimés, comme ici le buron de Pranadag :

Un alpage caractéristique, situé entre le Puy de la Cède et le col de Pourtounes, avec au dessus le GR400, tracé à cet endroit sur une ancienne voie romaine :

La vache traditionnellement laissée aux alpages était et reste la race Salers. Rustique, elle ne craint ni les pentes, ni le froid, ni le chaud, et velle seule dans la montagne :

Elle est encore très présente, même si les vaches allaitantes sont souvent inséminées avec une race plus axée "viande" (charolais) car les veaux que l'on rencontre dans les alpages sont destinés à la boucherie.
On croise aussi des vaches de la race Aubrac. Vache plus petite, elle aussi est résistante, très adaptée aux conditions de liberté en pleine nature :

Un taureau aubrac, et sa cour :

Dans ces zones, la vipère péliade, Vipera berus, a ses habitudes. En voici une, tuée sans doute par un promeneur. Acte inutile et peu compréhensible, l'infortuné reptile se trouvant à 3 km de la première habitation...

La flore
La flore de la zone est très intéressante et variée. De la forêt aux pelouses d'altitude, en passant les zones humides et les landes à genets, on trouve pas mal de belles espèces, et ce du printemps à l'automne.
Commençons par l'aconit napel, Aconitum napellus, le casque de Jupiter, plante la plus toxique d'Europe, mais à la beauté certaine :

Elle croit dans les prés humides, mais surtout dans les zones d'altitude (ci-dessous en haut du Puy Mary), là où sa toxicité la relègue, car la plante a été souvent détruite pour ne pas risquer la mort des troupeaux :

Les prairies du sommet du Plomb du Cantal sont par endroits colonisées par la rare Anémone ou pulsatille soufrée (Pulsatilla alpina subsp. apiifolia) et ses splendides fruits vaporeux :

À d'autres endroits, ce sont les gentianes jaunes, Gentiana lutea, qui donnent les divers apéritifs amers à la gentiane qui se dressent par dessus les callunes et autres plants de myrtilliers :

Dans le genre des gentianes, il y a aussi en zone humide et en altitude, la belle Gentiana pneumonanthe et sa charmante gorge bleue :

Apparentée à ce genre, la gentianelle, ou gentiane des prés Gentianella campestris n'est pas avare de belles fleurs :

Une pensée, phénotype violet de Viola lutea, la pensée du Jura (merci à Danièle pour l'identification), est arrivée à pousser à plus de 1 700 m d'altitude :

Les forêts sont généralement composées de sapins ou de hêtres, mais on trouve aussi des plantations d'épicea. Ici, un bois de hêtres :

Parmi les grands sapins et les mystérieux hêtres, on trouve des arbustes aux jolis fruits colorées.
Le sorbier des oiseleurs, Sorbus aucuparia peut atteindre des tailles importantes :

Ce sorbier pousse aussi au milieu d'autres arbustes à fruits colorés, comme le chèvrefeuille noir, Lonicera nigra :

Caractéristique lui aussi des forêts humides et fraîches, le sureau à grappes, Sambucus racemosa, étale ses jolis fruits dans l'attente du passage d'oiseaux :

Dans les bois, on trouve souvent l'angélique, Angelica sylvestris :

Le "thé d'Aubrac", Calamintha grandiflora affectionne aussi les bois, il peut servir à faire des tisanes :

La valériane, Valeriana officinalis, utilisée comme calmant est une habituée des zones humides et ombragées :

La classique et appréciable fraise des bois se rencontre souvent au bord des chemins :

Contrairement aux précédentes, voici une des nombreuses plantes toxiques de la forêt, la belle digitale pourpre, Digitalis purpurea :


C'est aussi en forêt que pousse le haut Cirsium erisithales, en principe jaune :

Mais on en rencontre parfois du pourpre :

Pour terminer, un joli papillon, le petit nacré, Issoria lathonia (enfin, je crois) :


Voilà, en espérant avoir fait passé un petit moment agréable à ceux qui connaissent le coin, et donné envie d'y aller à ceux qui ne connaissent pas.
Lionnel