F1 F2 OP hybrides variétés fixées
Publié : dim. 02 oct. 2005 23:50
Pour faire une mise au point sur ces mots qui semblent faire réagir, parfois de manière épidermique (Voir le sujet OP).
d'abord les termes:
F1 hybride de première génération
F2 hybride de seconde génération
OP open pollinisation
Variété fixée : sélection d’un hybride qui finit par donner des propriétés que l’on retrouve d’une année sur l’autre
Les quelques milliers de variétés de tomates (Lycospermeum esculentum) découlent probablement d’une seule espèce qui donnait des fruits de la taille des tomates apéritif. Cependant comme toute plante (ou espèce animale, et l’homme en particulier) les tomates ont des potentiels de donner autre chose que ce que la nature a sélectionné, par exemple des tomates de différentes tailles, goût, couleur, précocité, résistance aux maladies, taille, etc. Dans la nature ces propriétés existent dans les gènes de la plante et peuvent apparaître spontanément, par exemple un semis fait apparaître une tomate plus grosse mais si les conditions ne sont pas favorables, elle ne se reproduira pas. Les animaux la bouloteront et il n’y aura plus de graines de la plus grosse tomate.
C’est là que l’homme intervient : à partir d’une seule petite tomate trouvée dans la nature, qu’il a ressemée, il a eu des tomates plus grosses ou moins amères, et comme cela était intéressant, il les a semées à nouveau. Plus on répète l’opération plus les gènes cachés « s’expriment » et si quelqu’un intervient à partir d’une petite tomate et que c’est répété sur plusieurs générations, on finit par avoir plusieurs « variétés » et on arrive aux quelques milliers de tomates actuelles. Lorsque les espagnols ont ramené les tomates d’Amérique du Sud, les indiens avaient déjà fait un gros boulot de sélection pour « fixer » des variétés. Cela leur a pris plusieurs centaines d’années.
On commence donc pas diversifier une seule espèce, on obtient plusieurs variétés. On peut alors faire le chemin inverse : croiser ces variétés pour avoir des « hybrides » un recroisement de tomates sélectionnées qui n’ont pas les mêmes caractéristiques que leurs parents. Si chaque fois que l’on sème et re-sème un hybride, on sélectionne les mêmes caractères, on « fixe » une variété.
Donc toutes nos tomates chéries sont des « hybrides » et celles qui ont un nom ont été fixées, c’est à dire que si on les sème on retrouve les mêmes propriétés : goût, aspect, précocité, etc. Le choix des paramètres est fait en fonction de contraintes locales, les russes, canadiens qui ont des étés courts ont par exemple favorisé la précocité. Les sélectionneurs pour supermarchés, l’aspect et la conservation. Ces caractères sont malheureusement incompatibles avec le goût.
Maintenant on peut jouer l’hybridation dans le sens inverse : je veux fabriquer une tomate cerise qui aurait le goût et la texture de « brandy wine » (Franchement idiot de ramener les 400 à 500 g de cette tomate aux 10 grammes d’une cerise. Ce serait plus raisonnable d’améliorer la résistance au mildiou tout en gardant le goût et la texture. Mais c’est juste un exemple).
Mais quelque soit le paramètre choisi, je dois passer par le croisement de tomates existantes, je prends un plant de cerisette, un plant de brandywine et lorsqu’ils sont en fleur, je prends le pollen de l’une (papa) que je mets sur les pistil (maman) de l’autre. Si cela marche je fabrique un hybride F1. C’est çà dire de première génération.
Je reprends les graines et l’année suivante je sème les graines, beaucoup de préférence car j’ai peu de chance d’obtenir ce que je veux, et j’obtiens un peu de tout et n’importe quoi de la brandywine à la cerisette, mais dans les centaines de plants, il y a oh miracle deux plants qui ressemblent à ce que je recherche. Je supprime alors tous les autres plants et je croise ces deux plants, l’année suivante je resème les meilleures et j’obtiens cette fois-ci une quinzaine qui sont OK : ce sont des F2 hybrides de seconde génération, et quelques années plus tard toutes mes tomates se ressemblent : j’ai fixé mes « brandycherry ».
Je suis passé de F1, à F2 puis à une variété fixée. C’est comme cela que toutes les variétés actuelles ont été « crées ». Quand quelqu’un a trouvé que c’était bon, il a déposé le nom et commencé à vendre les graines sous ce nom : par exemple Brandywine vers 1885 par les Amish en Pensylvanie.
Donc F1 ne signe pas mauvais à priori, juste que si on récupère les graines, elles ne seront pas comme les parents. Mais c’est peut-être aussi le point de départ pour fixer les propriétés. Si je sais que ce sont des F1, et qu’elles sont excellentes cela ne me dérange pas. Ma tomate apéritif orange préférée « Sungold » est une F1 et je n’ai pas trouvé une seule tomate apéritif qui approche son goût. 5 plants me suffisent, j’achète un paquet tous les 3 ans. Elles sont aussi bonnes une année sur l’autre.
Avoir des caractéristiques identiques est un point est important pour celui qui les cultive pour les vendre et les critères de la grande distribution ne sont peut-être sont pas ceux que je souhaite dans mon jardin. On a heureusement (encore) la possibilité de choisir d’autres variétés. Mais même dans ce cas, on souhaite aussi que ce que l’on sème donne ce qui est attendu. Si quelqu’un sème une variété réputée excellente et qu’il se retrouve avec une tomate quelconque il aura l’impression de s’être fait avoir.
Variétés fixées : toutes les variétés fixées ne sont pas à priori bonnes. Les termes insipides, farineuses, quelconques, etc. ne sont pas réservées aux tomates de supermarché. C’est pourquoi le classement des tomates préférées de ce site a du succès car dans les plus de 2000 variétés fixées et nommées, autant aller aux meilleures. On peut en rajouter quelques unes en plus (si on a de la place) pour se faire une idée personnelle, parce que la curiosité est un excellent défaut.
OP et croisements involontaires. En semant des graines de variétés fixées, vous n’êtes pas non plus sûrs d’avoir la variété souhaitée, si votre fournisseur de graines cultivent 20 variétés différentes sur un petit espace, en pollinisation ouverte (OP) et récupère les graines, vous semez peut-être des F1 sans le savoir, les abeilles et bourdons l’auront faits pour vous. Ce ne sera pas forcément mauvais (une bonne variété croisée à une autre a de bonnes chances de donner de bonnes tomates) mais ce ne sera plus la variété fixée que vous pensez avoir semée et si vous récupérés les graines, vous participez à la « tromperie ».
C’est bien le problème des OGM, où les gènes apportés n’existaient dans aucune variété de la plante qui a été « trafiquée » et non pas simplement hybridée. En plus ces gènes ne restent pas où on les avait mis. La résistance aux désherbants, par exemple se retrouvera dans les mauvaises herbes, ce qui donnera juste l’inverse de ce qui avait été souhaité, sans compter la dépendance au fournisseur de graines. Mais c’est un sujet complètement différent (même s’il est proche).
Voilà : tous les commentaires sont bien venus.

d'abord les termes:
F1 hybride de première génération
F2 hybride de seconde génération
OP open pollinisation
Variété fixée : sélection d’un hybride qui finit par donner des propriétés que l’on retrouve d’une année sur l’autre
Les quelques milliers de variétés de tomates (Lycospermeum esculentum) découlent probablement d’une seule espèce qui donnait des fruits de la taille des tomates apéritif. Cependant comme toute plante (ou espèce animale, et l’homme en particulier) les tomates ont des potentiels de donner autre chose que ce que la nature a sélectionné, par exemple des tomates de différentes tailles, goût, couleur, précocité, résistance aux maladies, taille, etc. Dans la nature ces propriétés existent dans les gènes de la plante et peuvent apparaître spontanément, par exemple un semis fait apparaître une tomate plus grosse mais si les conditions ne sont pas favorables, elle ne se reproduira pas. Les animaux la bouloteront et il n’y aura plus de graines de la plus grosse tomate.
C’est là que l’homme intervient : à partir d’une seule petite tomate trouvée dans la nature, qu’il a ressemée, il a eu des tomates plus grosses ou moins amères, et comme cela était intéressant, il les a semées à nouveau. Plus on répète l’opération plus les gènes cachés « s’expriment » et si quelqu’un intervient à partir d’une petite tomate et que c’est répété sur plusieurs générations, on finit par avoir plusieurs « variétés » et on arrive aux quelques milliers de tomates actuelles. Lorsque les espagnols ont ramené les tomates d’Amérique du Sud, les indiens avaient déjà fait un gros boulot de sélection pour « fixer » des variétés. Cela leur a pris plusieurs centaines d’années.
On commence donc pas diversifier une seule espèce, on obtient plusieurs variétés. On peut alors faire le chemin inverse : croiser ces variétés pour avoir des « hybrides » un recroisement de tomates sélectionnées qui n’ont pas les mêmes caractéristiques que leurs parents. Si chaque fois que l’on sème et re-sème un hybride, on sélectionne les mêmes caractères, on « fixe » une variété.
Donc toutes nos tomates chéries sont des « hybrides » et celles qui ont un nom ont été fixées, c’est à dire que si on les sème on retrouve les mêmes propriétés : goût, aspect, précocité, etc. Le choix des paramètres est fait en fonction de contraintes locales, les russes, canadiens qui ont des étés courts ont par exemple favorisé la précocité. Les sélectionneurs pour supermarchés, l’aspect et la conservation. Ces caractères sont malheureusement incompatibles avec le goût.
Maintenant on peut jouer l’hybridation dans le sens inverse : je veux fabriquer une tomate cerise qui aurait le goût et la texture de « brandy wine » (Franchement idiot de ramener les 400 à 500 g de cette tomate aux 10 grammes d’une cerise. Ce serait plus raisonnable d’améliorer la résistance au mildiou tout en gardant le goût et la texture. Mais c’est juste un exemple).
Mais quelque soit le paramètre choisi, je dois passer par le croisement de tomates existantes, je prends un plant de cerisette, un plant de brandywine et lorsqu’ils sont en fleur, je prends le pollen de l’une (papa) que je mets sur les pistil (maman) de l’autre. Si cela marche je fabrique un hybride F1. C’est çà dire de première génération.
Je reprends les graines et l’année suivante je sème les graines, beaucoup de préférence car j’ai peu de chance d’obtenir ce que je veux, et j’obtiens un peu de tout et n’importe quoi de la brandywine à la cerisette, mais dans les centaines de plants, il y a oh miracle deux plants qui ressemblent à ce que je recherche. Je supprime alors tous les autres plants et je croise ces deux plants, l’année suivante je resème les meilleures et j’obtiens cette fois-ci une quinzaine qui sont OK : ce sont des F2 hybrides de seconde génération, et quelques années plus tard toutes mes tomates se ressemblent : j’ai fixé mes « brandycherry ».
Je suis passé de F1, à F2 puis à une variété fixée. C’est comme cela que toutes les variétés actuelles ont été « crées ». Quand quelqu’un a trouvé que c’était bon, il a déposé le nom et commencé à vendre les graines sous ce nom : par exemple Brandywine vers 1885 par les Amish en Pensylvanie.
Donc F1 ne signe pas mauvais à priori, juste que si on récupère les graines, elles ne seront pas comme les parents. Mais c’est peut-être aussi le point de départ pour fixer les propriétés. Si je sais que ce sont des F1, et qu’elles sont excellentes cela ne me dérange pas. Ma tomate apéritif orange préférée « Sungold » est une F1 et je n’ai pas trouvé une seule tomate apéritif qui approche son goût. 5 plants me suffisent, j’achète un paquet tous les 3 ans. Elles sont aussi bonnes une année sur l’autre.
Avoir des caractéristiques identiques est un point est important pour celui qui les cultive pour les vendre et les critères de la grande distribution ne sont peut-être sont pas ceux que je souhaite dans mon jardin. On a heureusement (encore) la possibilité de choisir d’autres variétés. Mais même dans ce cas, on souhaite aussi que ce que l’on sème donne ce qui est attendu. Si quelqu’un sème une variété réputée excellente et qu’il se retrouve avec une tomate quelconque il aura l’impression de s’être fait avoir.
Variétés fixées : toutes les variétés fixées ne sont pas à priori bonnes. Les termes insipides, farineuses, quelconques, etc. ne sont pas réservées aux tomates de supermarché. C’est pourquoi le classement des tomates préférées de ce site a du succès car dans les plus de 2000 variétés fixées et nommées, autant aller aux meilleures. On peut en rajouter quelques unes en plus (si on a de la place) pour se faire une idée personnelle, parce que la curiosité est un excellent défaut.
OP et croisements involontaires. En semant des graines de variétés fixées, vous n’êtes pas non plus sûrs d’avoir la variété souhaitée, si votre fournisseur de graines cultivent 20 variétés différentes sur un petit espace, en pollinisation ouverte (OP) et récupère les graines, vous semez peut-être des F1 sans le savoir, les abeilles et bourdons l’auront faits pour vous. Ce ne sera pas forcément mauvais (une bonne variété croisée à une autre a de bonnes chances de donner de bonnes tomates) mais ce ne sera plus la variété fixée que vous pensez avoir semée et si vous récupérés les graines, vous participez à la « tromperie ».
C’est bien le problème des OGM, où les gènes apportés n’existaient dans aucune variété de la plante qui a été « trafiquée » et non pas simplement hybridée. En plus ces gènes ne restent pas où on les avait mis. La résistance aux désherbants, par exemple se retrouvera dans les mauvaises herbes, ce qui donnera juste l’inverse de ce qui avait été souhaité, sans compter la dépendance au fournisseur de graines. Mais c’est un sujet complètement différent (même s’il est proche).
Voilà : tous les commentaires sont bien venus.