Captain Igloo a écrit :... J'ai de vieux livres de maîtres jardiniers d'antan, qui disent exactement le contraire.
Il serait peut-être temps d'en acheter des nouveaux. Et puis de faire des essais aussi, en oubliant un peu les livres.
Lorsque j'ai commencé à jardiner, à planter, j'ai souvent amendé les trous de plantation à la louche, sans compter. Parfois moins, parfois quasiment pas du tout. Comme tout le monde, j'ai perdu des plantes et c'était rarement celles qui avaient bénéficié (si on peut dire, à voir le bénéfice qu'elles en ont tiré) des amendements les plus généreux.
Quand on voit des semis spontanés de Cotoneaster, Aucuba, houx, "laurier" cerise (Prunus laurocerasus), cornouiller ou autres se débrouiller tous seuls, sans terreau et sans engrais, ça fait douter.
Petit à petit, j'ai commencé à comprendre que "le grand trou avec beaucoup de terreau et de l'engrais au fond", en fait c'est un grand pot. Les racines n'ont pas du tout envie d'en sortir. Et comme toutes les plantes en pot, elles nécessitent d'être régulièrement arrosées et fertilisées (pendant ce temps-là, le semis de Cotoneaster pousse très bien - et pas moins vite ou en tout cas, pas
mieux - sans arrosage et sans rien demander à personne. Pourquoi ? Parce que ses racines sont déjà loin, qu'elles se sont immédiatement adaptées au sol et qu'elles sont beaucoup plus fortes que celles du même Cotoneaster dans son trou plein de terreau).
Alors bien sûr, l'argument (qui se tient... jusqu'à un certain point), c'est "oui, mais les arbustes qu'on achète en pot poussent dans du terreau et de l'engrais, ça va être dur pour eux de devoir pousser dans la terre, il faut bien une transition, une période d'adaptation". Oui et non, et puis il faut nuancer, on a parfois des surprises. Au lieu de continuer dans l'assistanat (plein de terreau dans le trou pour que l'arbuste ne soit pas dépaysé), on peut faire le chemin inverse : planter petit, racines nues, en enlevant tout ou partie du substrat du pot. J'ai essayé, ça marche, parce qu'on donne plus de chances aux racines d'aller le plus loin possible et le plus vite possible. La fameux "choc", si souvent évoqué, n'est pas si terrible et on se trompe souvent en sous-estimant la force des plantes.
Ça suppose aussi qu'on plante à la bonne époque (c'est pour cette raison, à mon avis, que le célèbre argument "les plantes en pot peuvent se planter toute l'année" est à fortement relativiser).
Après, ça dépend aussi du sol existant. Sans connaître la nature de celui-ci, conseiller systématiquement "un grand trou avec beaucoup de terreau et de l'engrais au fond" n'a aucun sens. L'argile ? La liste est longue des arbustes qui y sont parfaitement adaptés : Abelia, Viburnum (viorne), Cornus (cornouiller), Euonymus (fusain), Aucuba, Ilex (houx), Osmanthus (osmanthe - superbes arbustes, les osmanthes, trop peu plantés), Photinia, Escallonia, Choisya, Weigela, Buddleia, Mahonia, Prunus laurocerasus ("laurier" cerise), Nandina, Skimmia, Cotinus, Forsythia, Deutzia, Elaeagnus, Spiraea (spirée), Philadelphus (seringat), Hydrangea...
Cela étant dit, je ne suis pas du tout contre le fait de nourrir et de chérir sa terre, bien au contraire (c'est même ce que je fais sans relâche), mais globalement, pas localement. Tout ce qui vient de la plante doit retourner à la plante, 100% d'accord là-dessus. Sans perdre de vue que seules les matières organiques nourrissent la terre (qui nourrira les plantes), les engrais de synthèse, ou dits "chimiques", l'appauvrissent.