Fertiliser les melons ... du compost avant tout.
- aygues31
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Fertiliser les melons ... du compost avant tout.
Bonjour à tous,
Selon la même organisation du premier post ouvert pour les tomates en écrivant ces "fiches sur la fertilisation de nos légumes", je viens de finir celle-ci sur "la fertilisation des melons".
L'intro qui se trouve dans ce post n'est pas, ici, répétée mais l'esprit est le même : aider chacun et chacune à vérifier ses pratiques en matière de fertilisation :


La fertilisation des melons ... en plein champ.
- - Les besoins des légumes sont exprimés en Kg de minéraux par Hectare pour toute la durée du cycle production (cf. le post sur les besoins de nos légumes qui sera écrit bientôt)
- Les apports sont exprimés en Kg de produit brut par hectare en sachant que Kg/Ha = Grammes / 10 m² ou en Kg (voire en grammes) pour une surface de 10 m².
- - Les besoins des légumes sont exprimés en Kg de minéraux par Hectare pour toute la durée du cycle production (cf. le post sur les besoins de nos légumes qui sera écrit bientôt)

Beaucoup d'entre nous ont tenté cette culture et l'ont abandonné ... c'est pas toujours facile, c'est vrai !
A moins de 15° au sol, le melon ne germera pas et la levée des graines demande 8 à 10 jours dans un sol à 25°. La meilleure croissance du melon après germination se réalise avec une t° du sol autour de 21°. "
Autant dire qu'il vaut mieux repiquer des plants que semer en pleine terre !
Le melon demande une terre plutôt calcaire. Il ne poussera pas en terre acide à un pH < 6 mais ses besoins en éléments nutritifs ne sont pas très élevés au regard d'autres légumes.
Beaucoup d'articles parlent de la production du melon et de ses besoins. Toutefois, attention, car beaucoup de documentations parlent de production forcée sous serre.
Nous parlons ici de produire des melons, dehors, au milieu du potager.
Ce doc du CTIFL propose une fertilisation de NPK/Ha de 60-80-180 et Ca-Mg= 300-60 pour un rendement de 30 t. de melons par Ha. On est à Valence dans le Rhône.
Au Maroc on produit beaucoup de melons avec une très haute technicité. La production atteint 40 t. /Ha vec un NPK/Ha de 250-140-400. Un article intéressant à lire sur les fondamentaux de la culture du melon.
La chambre d'agriculture de Haute Provence a testé plusieurs engrais organiques. Les résultats, en plein champ, sont autour de 27 t./Ha avec des fertilisations moyennes très modestes : NPK/Ha =70-70-100. La culture a été installée un 5 juin avec une récolte entre le 6/08 et le 3/09 (en 2008)
Une fiche de synthèse en Languedoc-Roussillon retient une peuplement de 1 melon par m², 300 mm d'eau, une fertilisation de NPK/Ha de 100-80-300 et un rendement de 25 t./Ha
Dans le catalogue d' Agrosemens à la page 59, les critères retenus sont, en plein champ, pour 11000 plantes par Ha; des besoins moyens de NPK/Ha = 90-90-130
Enfin, le GRAB (Groupe Région en bio) a proposé en 2011 une fiche de synthèse où le melon est produit avec un NPK/Ha de 90-90-130 et un rendement en plein champ de 20 t./Ha (contre 30 en tunnel)
NPKCaMg/Ha = 4,4 - 3,5 - 5,4 -12,5 - 3,2
Nous retiendrons ces chiffres pour le potager en les rapportant au rendement que nous réalisons ... quel est-il ?

Il est évident que l'on ne tentera cette culture que si les conditions climatiques le permettent avec soleil et chaleur suffisantes !
Pour un repiquage de plants bien démarrés vers la mi-mai, il faut compter autour de 70-75 jours pour commencer à récolter dans le sud, voire 4 mois en situation plus limite.
Pour des plants installés à 1 mètre entre ligne et 80 cm. entre pied sur la ligne (soit 12 à 13000 pieds / Ha), on peut compter récolter 3 melons de 1,2 Kg par 2 pieds soit autour de 2,3 Kg de melons par m² (23 t. /Ha)
- Au regard des besoins définis plus haut, il faudrait assurer à la culture :
- un NPK/Ha de 100-80-125
- et pour Ca-Mg/Ha : 290-75
- Au regard des besoins définis plus haut, il faudrait assurer à la culture :



Un apport de 25 Kg de compost sur 10 m² est suffisant aux melons, lors de la préparation du sol, avant le repiquage des plants.
Avec un tel apport de compost, on couvre les besoins en phosphore, en potasse et en magnésium.
..............
On se retrouve avec un gros excès de calcium simplement du à la valeur fertilisante du compost. Cela ne nuira pas à la culture et ce calcium restera fixé sur le complexe argilo-humique et disponible aux cultures suivantes.
Il reste aussi un petit excès d'azote d'une trentaine d'unités par hectare, sans conséquences, non plus.
Ce calcul nous montre que rien n'est nécessaire, en plus, aux melons. Il ne faudra donc rien rajouter tant en engrais minéral ou organique en croyant bien faire !



La plupart des légumes que l'on est amené à cultiver au potager ont des besoins assez élevés en potasse.
Au travers des lectures que l'on peut faire sur les besoins du melon, on se rend compte que ce n'est pas son cas ! Ses besoins sont conséquents en phosphore au regard de ceux en azote et en potasse.
Arrêtons nous un instant sur cette situation particulière :
......
Ces besoins en phosphore conditionnent, chez le melon, la bonne absorption de l'azote et une carence en phosphore réduit la croissance du melon dans de très fortes proportions (de 40% cité dans des études portant sur ce sujet)
Une déficience en magnésie entraine l'arrêt de la croissance du melon et provoque la nécrose des feuilles.
De plus, un excès d'azote et un manque de phosphore présentent, quand ces deux situations se retrouvent ensemble,
les pires conditions pour le loupé de la culture
On assiste alors à un fort développement du feuillage, très peu de formation des fruits qui, pour ceux qui vont arriver à naître, ne grossiront pas
Attention donc aux engrais (nature et dosages), qu'ils soient organiques ou minéraux, que l'on va utiliser ! le pire est vite réalisé.

Compte tenu de ce que nous avons vu ci-dessus, il faudrait travailler avec un ternaire d'équilibre NPK=6-12-24 et en apporter, à la préparation du sol : 650 gr. pour 10 m².
A la préparation du sol on aura aussi apporté, pour couvrir les besoins en calcium et en magnésium : 500 gr. de Lithothamne et 300 gr. de Dolomie, le tout sur 10 m²
.......................
Pour couvrir l'azote qui va manquer on pourra faire 2 apports de 100 gr. d'ammonitrate pour 10 m². Attendu qu'il faudra autour de 75 jours après le repiquage pour commencer à récolter, on fera le premier 20 jours après la plantation et le second, 1 mois plus tard.
Comme il faudra pas mal arroser la culture, on aura ainsi évité un trop gros lessivage de l'azote ainsi apporté.

Les choses se compliquent en culture bio pour assurer le phosphore en quantité suffisante.
Il faudrait trouver un engrais avec un équilibre NPK = 5-4-6 et en apporter 2 Kg sur 10 m² en faisant 2 apports. Le premier de 1 Kg/ 10 m² au moment de la plantation et la même chose 1 mois plus tard.
A défaut de cet engrais, on utilisera l'organo- minéral employé pour les autres légumes (3-7-15) à raison de 850 gr. sur 10 m² à compléter de 100 gr. sur 10 m² de farines d'arêtes de poissons (NPK=5-25-0)
.......................
Il faudra, pour le complément azoté, apporter 550 gr. de farines de sang séché sur 10 m² en 2 apports autour de 20 jours après le repiquage, puis à nouveau 20 jours plus tard.

J'ai trouvé quelques chiffres qui traduisent, au cours du temps, l'évolution des prélèvements du melon en minéraux.
.....................
Les prélèvements d'azote apparaissent importants après le début de la nouaison (début de formation du petit fruit) et jusqu'à la récolte des premiers fruits. C'est la raison de l'utilité d'un fractionnement des apports azotés, de plus très lessivables.
Le phosphore est surtout pompé par la plante pendant le mois de la nouaison. Il faudra que ce phosphore soit disponible à cette période qui va conditionner la réussite de la culture (voir plus haut). La potasse est utile surtout en milieu du cycle et un bon apport de matières organiques assurera ce besoin avec des minéraux qui se libèrent du complexe argile-humus vers la solution du sol.

- Qui ne s'est pas désolé de ne pas voir ses melons arriver au bout ou n'avoir pas beaucoup de goût ! Le melon aura besoin de beaucoup de lumière et de pas mal de chaleur pour produire des fruits, ne l'installons pas n'importe ou !
Il faudrait avoir une t° du sol d'au moins 21° pour avoir une bonne croissance de la plante et une production de fruits satisfaisante.
Une bonne absorption tant de l'eau que des minéraux par les racines demande quant à elle, un minimum de 15° sachant que l'optimum est autour de 18°. Le pire est qu'à moins de 18° au sol, le melon réagit en ne produisant presque que des fleurs mâles. Même avec plein d'abeilles et de bourdons, on n'aura pas de fruit !
Le melon demande "aussi" !!! une température de l'air minimum ...
Le zéro degré de végétation est à 12° de t° de l'air ambiant pour le melon ... en dessous, il ne poussera pas !
Ne soyons pas trop pressés de repiquer nos melons, il vaut mieux attendre les t° suffisantes, du sol en particulier (18 à 19°)
En région un peu froide, pour accompagner les débuts de la culture, le tunnel plastique sera parfois indispensable.

Le melon a besoin de beaucoup d'eau. Les maraichers de plein champ comptent sur 4 à 600 m³ par hectare pour tout le cycle.
Sur une centaine de jours de culture, cela fait 4 à 6 litres d'eau par jour et par m² !
- Afin de réduire au maximum cette dépense, il est plus qu'utile, voir indispensable, de pailler sa planche de melon. Comme on va se retrouver avec une végétation assez luxuriante qui va vite envahir toute la planche, il sera difficile de désherber !
- - Après la fertilisation ci-dessus, on installera sur le sol un réseau d'arrosage en goutte à goutte ou en tuyau poreux en marquant d'un piquet les endroits de repiquage de chaque plant (0,80 m x 1 m.)
- On recouvrira alors toute la planche avec un paillage conséquent, le BRF étant un choix judicieux (sur 5 à 7 cm d'épaisseur)
- On aura plus qu'à repiquer les plants aux endroits des piquets ... la planche est prête pour pousser et produire.
- On tiendra alors la planche au frais avec un débit léger et aussi fréquent que nécessaire pour conserver de l'humidité sans noyer les plants.

... de perdre toute la planche avec une attaque "presque" obligatoire d'oïdium.
Ce n'est pas dans le sujet de la fertilisation, mais je ne pouvais pas passer outre.

Les melons subiront une attaque de ce champignon ! Or, chacun le sait pour l'avoir vécu, on ne sait pas traiter cette maladie quand elle est déclarée

Aussi, dès qu'un petit matin est humide et tiède (gros risques entre 23 et 26°), les spores de l'oïdium vont se développer. Pensons à soufrer immédiatement toute la planche, plutôt le soir (pour éviter les brulures d'un coup de soleil après le traitement.)
A chacun maintenant de témoigner sur ses propres pratiques,
d'intervenir sur les questions qu'il se pose à la lecture de cette fiche
mais aussi de proposer les améliorations de son contenu qu'il juge opportunes.


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Comment tailler nos pieds de melon
















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Re: Fertiliser les melons ... du compost avant tout.
Je devais justement faire un test de culture de melon. Cette fiche tombe à pic.
Merci aygues.
Merci aygues.
Cordialement
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Re: Fertiliser les melons ... du compost avant tout.
Ahhh le melon , petites satisfactions ou échecs cuisants ici . Température, taille, variétés , pollinisation ( pas évident sous tunnel ) et ...................fertilisation . Je réfléchis à un nouvel essai cet année avec le petit gris de rennes en suivant tes recommandations Aygues .
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Re: Fertiliser les melons ... du compost avant tout.
Merci pour cette aide, je ne comprends pas forcément tout mais je glane des informations précieuses. J'ai l'habitude d'apporter du compost directement au pied du melon jusqu'à la nouaison, la plante à t'elle le temps de l'assimiler ? Je remarque que certains pieds comportent presque exclusivement des fleurs femelles (fruits) et que ces derniers ont du mal à grossir. Enfin l'arrosage pose question, je n'arrive que le pieds et pas autour sous les feuilles où cela reste très sec. Comment faites vous ?