Bonjour
Il y a tout de même deux ou trois erreurs à signaler dans ce billet.
A PROPOS DU CHOIX DES VARIETES
- Utiliser essentiellement des variétés anciennes dites « à croissance indéterminée ». Il faut savoir que les tomates anciennes grandissent sans cesse et pourraient vivre plusieurs années (en théorie seulement, car en pratique le gel vient anéantir les plants sous notre climat). Ce qui veut dire que le mildiou met du temps à couvrir toute la plante car celle-ci continue de grandir. Par contre, il faut savoir que les variétés modernes sont au contraire des tomates dites « à croissance déterminée ». Elles sont issues d’un nouveau type de plant qui est apparu en 1913 dans le New Jersey. Au fur à mesure que la sève monte dans le pied, elle s’épuise et les tomates ne peuvent alors dépasser une certaine taille, elles s’arrêtent de grandir. Et comme elles ne grandissent plus, elles sont rattrapées en un temps record par le mildiou. L’idée que les variétés modernes seraient plus résistantes est une idée fausse, c’est exactement le contraire qui se passe. Disons, pour être plus précis, que les tomates modernes ne sont pas plus sensibles au mildiou que les variétés modernes, mais qu’elles n’ont pas la possibilité de « fuir » devant l
L'auteur de ce billet semble croire que toutes les variétés modernes sont à croissance déterminée, ce qui est bien entendu complètement faux.
Tout comme pour les variétés anciennes, la grande majorité des variétés F1 utilisées dans le monde sont à croissance indéterminée, et ceci n'a rien à voir avec la résistance ou la non résistance au mildiou.
Et notons au passage que l'auteur pense que les variétés modernes sont vendues comme possédant une résistance au mildiou. Là aussi, c'est faux, elles possèdent généralement des gènes de résistances (de tolérance plutôt) au fusarium et au verticillium (tolérances notées VF) qui sont des champignons du sol, mais le gène de résistance au mildiou n'existe pas,.
L'auteur confond peut-être un peu toutes les maladies des tomates, cela est confirmé plus bas.
- Il faut qu’il y ait un certain rapport entre la masse du feuillage et celle des fruits. Un pied en bonne santé a généralement beaucoup de feuillage et cela lui permet d’être plus résistant. Cela nous confirme un peu plus dans le choix des variétés anciennes dont le feuillage se développe beaucoup plus. La nécessité d’avoir un bon développement du feuillage implique aussi qu’il ne faut pas trop tailler les tomates, voire ne pas les tailler du tout. Il faut savoir que l’élimination des branches secondaires (que l’on appelle « gourmands »), qui poussent à l’aisselle des feuilles, favorise la pénétration du mildiou dans les plaies provoquées par la taille. De toute façon, les tomates anciennes à croissance indéterminée se comportent infiniment mieux avec trois ou quatre tiges-maîtresses qu’avec une seule. On peut cependant éliminer certains gourmands mais uniquement lorsqu’ils sont petits car la plaie se cicatrise ainsi très vite. Et le but de l’élimination de ces quelques gourmands est aussi de garder un feuillage aéré et sec car les spores du mildiou ne peuvent pas germer sur une feuille sèche. Il faut donc rechercher une manière de garder beaucoup de feuillage mais en faisant en sorte que celui-ci reste cependant suffisamment aéré. Une question d’équilibre donc.
Je ne comprends guère la logique de la phrase "
Un pied en bonne santé a généralement beaucoup de feuillage et cela lui permet d’être plus résistant" : avoir beaucoup de feuillage est-il la cause ou la conséquence de la puissance du plant ?
Mais ce qui me dérange le plus, c'est que l'auteur du billet croie que le mildiou entre par les plaies cicatricielles, ce qui est le mode de contamination par diverses bactéries, pas par le mildiou.
Le mildiou n'est pas une bactérie, même pas un véritable champignon, il est plus proche des algues. Pour qu'il pénètre dans le plant de tomate, il faut qu'il "germe" à la surface d'une feuille humide, et qu'il se développe ensuite en pénétrant dans les tissus.
Si le mildiou arrive sur une plante avec beaucoup de feuilles cachées du soleil (donc humides plus souvent), il passe à l'attaque, qu'il existe ou non des plaies dues à l'élimination des "gourmands". Cela n'a rien à voir.
Ce sont les bactéries qui infectent les plants de tomates en passant par les plaies non refermées, pas le mildiou. L'auteur semble donc confondre le mildiou avec une bactériose.
Cela nous montre la pertinence très relative de sa prose.
La bactériose la plus fréquente qui pénètre par les stomates ou les blessures :
ici
le mildiou dont les tubes germinatifs pénètrent à partir du limbe des feuilles :
là.
- Contrairement à une idée répandue, les tomates n’ont pas besoin d’eau. N’arrosez donc pas vos tomates ! Sauf si l’été s’avère trop sec. Dans ce cas, paillez le pied des plantes et arrosez-le une ou deux fois seulement dans l’été. Il faut toujours garder en tête que l’humidité favorise le mildiou. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il vaut mieux enlever les feuilles de tomates qui touchent le sol car la zone proche du sol est en général très humide, notamment la nuit.
Tiens, une contradiction : il faut ôter des feuilles pour ne pas générer d'humidité, alors que plus haut, il fallait en garder beaucoup.
Un ou deux mois à plus de 35 ° sans une goutte d'eau, ça peut arriver en zone méditerranéenne. Sans eau un plant de tomate ne pousse plus, aucune tomate ne grossit, les jardiniers du coin qui partent en vacances le savent, généraliser le climat caractéristique d'une région à tout le pays, c'est un peu fort.
Été 2010 à Carpentras :
Juillet (
voir ici) > 1 jour de pluie = 5.4 mm d'eau ;
Août (
voir là) > 2 jours de pluie = cumul de 5,4 mm d'eau.
Cela fait moins d'un arrosoir de 11 litres par m² pour alimenter le jardin pendant 60 jours très chauds. Avec 3 ou 4 plants au m², cela donne un apport de 0,07 litre par pied et par jour, un demi-verre d'eau.
Bref, si ne planter que des variétés anciennes, en choisissant exclusivement celles qui sont à croissance indéterminée, en laissant le maximum de feuillage, sans arroser permettait aux jardiniers des zones exposées au mildiou d'y échapper, ça serait super, mais la réalité va indubitablement à l'encontre de ces dogmes.