Comment "mieux" nourrir ses légumes ?

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aygues31
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Comment "mieux" nourrir ses légumes ?

Message par aygues31 »


Bonjour à tous,

On lit parfois "mes poireaux sont restés petits", "mes choux ne poussent pas " ou "mes tomates sont malades" ...
... il en est pour les légumes comme pour nous : ils doivent se nourrir pour pousser et pas trop mal nourris, ils seront moins malades.

Le sol d'un potager peut se trouver :
:kiss: au bord d'une rivière, dans une terre noire, profonde et fertile. :top:
On pourra y faire pousser des légumes, magnifiques et rarement malades, sans avoir besoin d'y rajouter quoi que ce soit et pendant plusieurs années.

:angryfire: en haut d'un coteau érodé où la terre arable est peu profonde (le sous-sol est atteint d'un coup de bêche) séchant et peu fertile. Les légumes restent malingres et sont souvent malades.

Le sol est un mélange d'éléments physiques (argile, sables, limons, graviers, matières organiques) et d'éléments minéraux (azote, phosphore, potasse, calcium etc..) que les racines vont aller explorer pour nourrir la plante.
La connaissance du "stock alimentaire" de ce sol n'est pas facile (analyses chères et à renouveler au fil des années) aussi, une solution simple est d'apporter au sol, avant de cultiver un légume, ce que ce légume va prélever au cours de son cycle de végétation.
Ainsi, on touche peu au stock alimentaire du jardin et on apporte au légume ce dont il aura besoin. Faut-il connaître les besoins d'une planche de poireaux, de tomates ou de salades :?:

Les prélèvements d'un légume (comme de toutes les plantes) sont :
:arrow: des "minéraux majeurs" (assez importants en quantités et fondamentaux) comme l'azote (N), le phosphore (P2O5) et la potasse (K2O)
:arrow: des "éléments mineurs" (variables selon le légume) comme le Calcium (Ca) et le Magnésium (Mg)
:arrow: des "oligo-éléments" (très petits besoins) comme le Fer (Fe), le manganèse (Mn) etc...

Ces besoins s'expriment en Unités (c'est le mot utilisé id. au Kg) Fertilisantes : NPK. et c'est exprimé partout : par Hectare (soit pour 10 000 m²)
Quand on lit que les besoins d'un carré de Mâche sont de NPK = 40-20-80 cela signifie que cette salade aura besoin de 40 Kg d'azote par hectare, soit 40 000 g. /10 000 m² = 4 grammes d'azote par m² de salades.

Si on veut apporter ces 4 grammes avec du fumier de ferme (par exemple), il faut connaître la valeur fertilisante de ce fumier. :!:
Et là, il ne faut pas vouloir faire "précis" :pastop: ce sont des calculs grossiers pour faire "le moins mal possible", tout simplement.
Pour ce faire, on se sert de tableaux qui indiquent des valeurs moyennes.
Pour le fumier de ferme on tablera sur NPK (en Kg par 100 Kg de produit brut) de 0,4-0,2-0,5 ... autrement dit, le fumier apportera, en gros, 400 grammes d'azote par 100 Kg soit 4 grammes par Kg brut (frais)

On se résume : mon fumier contient 4g. d'N par Kg et la mâche va manger 4 g. d'N par m², il me faudra mettre alors : 1 Kg de fumier par m².

*** en fait, cet azote fixé sur le fumier n'est pas disponible en totalité la 1ère année ... il ne faut compter que sur 40% ... le reste sera disponible les années suivantes. Il faudrait donc épandre 2 Kg de fumier par m², il restera de l'azote pour l'année suivante.

Ce que je voulais faire comprendre :
:love: On peut faire pousser ses légumes sans jamais rien apporter au jardin.
Tant que ça pousse allons y :top:
Mais si un jour on trouve que ça ne pousse plus comme avant ... c'est qu'on a un peu trop tapé dans le stock ... va falloir le reconstituer. :mrgreen:

:love: Une autre solution est de ménager le garde manger afin de ne pas trop le vider. :lol:
Pour cela, on a des engrais organiques et/ou minéraux à notre disposition.
Sachons les utiliser avec intelligence en faisant un minimum de calculs pour apporter ce qu'il faut, sans trop faire de bêtises. :oops:


Une remarque importante : les besoins des légumes sont très différents.
Pour l'azote :
Les moins exigeants n'ont besoin que de 5 g/m² : mâche, chicorée, navets, cornichons, haricots, chou fleur. mais il en faudrait 20 g./m² pour tomates, concombres et aubergines. soit 4 fois plus. :!:
Pour le phosphore:
Les moins "goulus", avec 5 g./m² sont les épinards, fèves, artichauts, fraisiers et poireaux mais avec les pommes de terre, salsifis et aubergines on est à 15 g./m²
Pour la potasse:
Peu de besoins, autour de 8 g/m² pour mâche, radis et cornichons mais 25 g./m² pour les concombres et les aubergines.

Inutile donc de préciser qu'on ne peut pas penser faire tout pousser au jardin en faisant la même chose pour tous les légumes.
Un minimum d'adaptation de nos apports sera à réaliser suivant les légumes que l'on veut faire pousser.


Pour poursuivre vos lectures ...
:top: vous irez lire ces pages où Lionnel nous donne plein d'infos pour comprendre ce que sont les engrais, comment respecter l'environnement et comment faire quelques calculs pour les apporter.

:top: vous avez des tableaux sur la valeur des fertilisants et les besoins des légumes sur ce lien

:top: le CFPPA du Rheu a mis en ligne une partie des formations à l'agriculture biologique.
On trouve ICI des renseignements par culture sur les besoins des plantes et la liste des travaux à réaliser.
C'est bien fait et on pourra comparer nos propres conduites à ce qui est proposé.
Les niveaux de fertilisation sont à modérer par rapport à nos jardins familiaux mais les ordres de grandeurs font quand même réfléchir :!:

:top: ce site aborde divers thèmes au potager (on sera d'accord ou pas :lol: ) mais nous donne aussi ce tableau où on retrouve des valeurs indicatives sur les prélèvements en azote, phosphore et potasse des divers légumes.
Si vous voulez apporter à manger à vos légumes, ce sont des infos avec lesquelles vous pourrez travailler.

:top: dans nos colonnes un post sur ce sujet avec 8 pages d'échanges sur ces calculs de fertilisation au potager.

:top: enfin, cet article où diverses infos sur la nutrition des plantes et le rôle des minéraux est à lire
Mais surtout (c'est pour cela que je vous l'ai mis) : à la fin, on trouve une liste de plantes "bio-indicatrices" qui permet de mieux comprendre le sol de son potager en faisant l'inventaire des plantes qui y poussent naturellement.

Bonnes lectures. à+


PS : si pour toi "NPK c'est de la chimie" (voire de la merde au jardin) et qu'on n'est pas là pour s'emmerder à faire des calculs d'apothicaires au potager ....
sois sympa ... tu passes ... merci. :top:
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Re: Comment "mieux" nourrir ses légumes ?

Message par yanh35 »

Bonjour aygues,

Super intéressant cet article, et très instructif.
Merci pour ce partage

A bientôt
Yannick
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aygues31
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Re: Comment "mieux" nourrir ses légumes ?

Message par aygues31 »

yanh35 a écrit : Super intéressant cet article, et très instructif.
Merci Yannick.

Sachons échanger avec curiosité et comprendre ce que fait "l'autre",
Sachons partager nos expériences, sans penser qu'on fait mieux, chez soi,
Sachons lire un témoignage sans pour autant abandonner ses propres pratiques.

Et comme le disait Zifool :top:
<< Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous ayez le droit de le dire >>
cela pourrait être une belle devise pour chacun car ainsi, on avancera.

A coté de "mieux nourrir ses légumes", il y a aussi "les bons gestes au potager".
Un post se prépare en ce moment sur un inventaire de qu'il est souhaitable de faire, en général, au potager ... c'est à lire ICI

Dans les "bonnes pratiques", à la 16ème ligne, on lit :
<< respecter les besoins de chaque espèce en matière de lumière, eau, fertilisation... >> ...
... ce post devrait nous aider à "mieux respecter les besoins de chaque espèce en matière ... de fertilisation."
Suivant la fertilité naturelle de son potager, on fera "sans rien rajouter" (pourvu que cela dure) ou/et sa propre sensibilité, on fera avec des "engrais organiques" ou des "engrais minéraux", c'est selon. :lol: ou "les deux" car ils sont assez complémentaires, aussi.

Toutefois, quand on aura décidé d'apporter un amendement ou un fertilisant ...
... ne serait-il pas bien de se poser quelques questions :
:love: le légume que je vais cultiver a, en fait, besoin de quoi et en quelle quantité :?:
:love: quel produit apporter qui pourrait ménager les réserves alimentaire de mon sol :?:
:love: qu'est-ce qui est contenu dans ce que je vais mettre et donc, en quelle quantité dois-je l'épandre :?:
à+
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Mon Quidam
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Re: Comment "mieux" nourrir ses légumes ?

Message par Mon Quidam »

aygues31 a écrit :
Et comme le disait Zifool :top:
<< Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous ayez le droit de le dire >>
cela pourrait être une belle devise pour chacun car ainsi, on avancera.



Je suis pas tout à fait sûre que ce soit zifool qui l'ait dit en premier, ça! :lol: :lol: :lol:

Très intéressant, y'a plus qu'à regarder ça en détaille et à tête reposée! :top:
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Re: Comment "mieux" nourrir ses légumes ?

Message par colibri87 »

Super interesant ton article, je reviendrai le lire à tête reposée, comme a dit mon quidam :wink: et voir comment l'appliquer :veryhappy:
Il y a quelque chose de plus fort que la mort: c'est la présence des absents dans la mémoire des vivants
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aygues31
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Re: Comment "mieux" nourrir ses légumes ?

Message par aygues31 »

Mon Quidam a écrit : Je suis pas tout à fait sûre que ce soit zifool qui l'ait dit en premier
On ne va pas se lancer dans un débat sur " la diversité intellectuelle et culturelle dans la conduite du potager qui serait engendrée par la tolérance à l'égard des divers process de fertilisation " :lol:

Oui, tu as raison, ce serait de Voltaire mais beaucoup d'auteurs disent que non ... peu importe.
Cette phrase fait allusion "aux ravages de la censure et de l'intolérance" et moi, cela me va bien pour échanger sur les diverses manières de fertiliser ses légumes.

Zifool me rapportait cette maxime, il y a peu, dans un autre post et je trouvais qu'elle venait à point nommé.
à+
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aloune
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Re: Comment "mieux" nourrir ses légumes ?

Message par aloune »

aygues31 a écrit : Le sol est un mélange d'éléments physiques (argile, sables, limons, graviers, matières organiques) et d'éléments minéraux (azote, phosphore, potasse, calcium etc..)
et d'air et surtout... de nombreux organismes vivants (micro-organismes notamment essentiels à la fertilité)
aygues31 a écrit : une solution simple est d'apporter au sol, avant de cultiver un légume, ce que ce légume va prélever au cours de son cycle de végétation. Ainsi, on touche peu au stock alimentaire du jardin (....)
Attention, certains apports, au contraire, peuvent avoir un impact dommageable (parfois désastreux) sur le sol, y compris sur son "stock alimentaire" et vivant! Cest le cas des apports d'azote sous forme minérale, qui ont pour effet de booster le développement des migro-organismes, qui vont dévorer la matière organique; résultat: dégradation du sol, mort des micro-organismes qui n'ont plus rien à bouffer, chute de la fertilité...
Dernière modification par aloune le sam. 29 sept. 2012 0:03, modifié 4 fois.
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Crystal
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Re: Comment "mieux" nourrir ses légumes ?

Message par Crystal »

colibri87 a écrit :Super interesant ton article, je reviendrai le lire à tête reposée, comme a dit mon quidam :wink: et voir comment l'appliquer :veryhappy:
Moi aussi, :top: :kiss:
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aygues31
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Re: Comment "mieux" nourrir ses légumes ?

Message par aygues31 »

aloune a écrit : et d'air et surtout... de nombreux organismes vivants
et d'eau sans oublier la faune, les mycorhizes etc... il ne s'agit pas de faire un cours exhaustif mais de raconter le principal aux néophytes.

Toutefois, c'est vrai qu'il y a la faune du sol, (dont les vers de terre) si particulière suivant les profondeurs et qu'il est souhaitable de ne pas trop perturber par des retournements parfois bien inutiles.
aloune a écrit : les apports d'azote sous forme minérale ont pour effet de booster le développement des micro-organismes, qui vont dévorer la matière organique

Il n'y a pas de différence entre l'azote apporté par les "engrais minéraux" et celui des "engrais organiques", c'est une erreur qui persiste dans certaines têtes (souvent obnubilées par la guéguerre entre conventionnel et bio) et qu'il serait bien de mieux comprendre.

Je vais tenter d'être simple et clair (on ne se prend pas la tête) :
:love: deux formes d'azote dans les fertilisants de "tout poil" :
L'azote pompé dans le sol par les racines s'y présente sous 2 formes soit "uréique" (ou nitrique) soit "ammoniacale".

:arrow: L'azote uréique est une forme d'azote que le sol ne sait pas retenir.
Il est dissout dans le l'eau du sol et descend dans les couches profondes avec les pluies.
Il se transforme en azote ammoniacal avec des pertes importantes (sous forme gazeuse)
Toutefois, c'est cette forme d'azote qui est la plus disponible pour les racines plantes.

:arrow: L'azote ammoniacal est une forme d'azote qui va se fixer sur le mélange "argile + humus".
Il est donc moins lessivable que l'azote "uréique" mais n'est pas disponible sous cette forme pour les racines.

Ce sont les microbes présents dans le sol qui vont :
- consommer cet azote ammoniacal,
- le transformer en azote nitrique,
- et le rendre ainsi disponible aux racines de nos légumes.

Avoir un sol vivant est donc fondamental et cette vie va de pair avec "un taux de matière organique" suffisant.

:love: deux origines de l'azote pour fertiliser ses légumes :
On a deux solutions pour apporter des engrais ... l'organique ou le minéral.

:arrow: une origine "organique" :
Ces engrais organiques sont les "déchets" végétaux et animaux, riches en azote, que l'on peut apporter au jardin.
Ce sont les fumiers, composts, farines (sang, cornes, plumes), engrais verts, tontes de gazon, urines, fientes, purins, tisanes (et j'en oublie) etc...

:arrow: une origine "minérale" :
Ces engrais minéraux sont des produits industriels qui sont fabriqués à partir d'éléments minéraux riches en azote.
Le plus classique (en engrais minéral azoté) est l'ammonitrate fabriqué à partir de l'air (80% d'azote et 20% d'oxygène)

Tous ces engrais qu'ils soient organiques ou minéraux contiennent les deux formes d'azote uréique ou ammoniacal, en quantités variables, suivant les produits.
Apporter du sang séché ou un engrais minéral comme l'urée ... c'est pareil :!: c'est de l'azote immédiatement utilisable par la plante ou mangeable par les bactéries.
Il faut donc en apporter peu à la fois et il faut que les plantes soient la :!: (donc, pas trop d'un coup et pas en hiver sur un sol nu)

Toutefois, le gros intérêt des engrais organiques est d'apporter de la matière organique (en plus de leurs minéraux).
Par opposition, un épandage d'engrais minéraux peut être une bonne pratique à condition qu'il y ait assez de matières organiques dans le sol pour les "fixer".

aloune a écrit : certains apports peuvent booster le développement des migro-organismes, qui vont dévorer la matière organique ... dégradation du sol, ... chute de la fertilité...
Aloune parle ici de ce que l'on appelle la "minéralisation"
Cette minéralisation est le résultat de la décomposition des matières organiques (présentes dans le sol) par les bactéries.
Le carbone va servir de carburant aux bactéries (source d'énergie)
L'azote organique va être transformé en acides aminés et azote ammoniacal.
..... => Les acides aminés vont être mangés par les bactéries (source d'aliments)
..... => L'azote ammoniacal va être transformé en nitrates :
............ => pour les plantes qui vont ainsi pousser.
............ => mais aussi pour la nappe phréatique s'il y en a trop.

L'azote sous forme uréique est donc "l'aliment azoté" des bactéries.
Plus on en apporte au jardin, plus les bactéries vont débobiner la matière organique.
Ce débobinage de la MO bouffe du carbone (énergie des bactéries nécessaire à leur développement) et s'il n'y en a plus assez, donc plus assez de matières organiques, les bactéries vont mourir et tant l'azote débobiné, que celui qu'on a rajouté vont être lessivés sans profit pour la culture.
Il faut maintenir dans nos sols un rapport "carbone/azote" autour de 12 et, pour ce faire, ré-apporter au sol la matière organique qu'il use tous les ans par tous les moyens possibles.

Alors, ne fustigeons pas les apports d'engrais minéraux azotés.
Ils ne sont pas mauvais en soi, mais à quatre conditions :
1°) de maintenir un % de MO suffisant dans le sol,
2°) de bien réfléchir à ce qu'on épand (uréique ou ammoniacal)
3°) de l'apporter à la bonne époque (t° du sol et couverture végétale)
4°) avant de l'épandre, on fait un p'tit calcul des quantités utiles et pas plus :D

Aloune a donc raison ... sans précaution, ces engrais minéraux azotés peuvent être une catastrophe pour l'environnement, pour la vie du sol de nos potagers mais aussi pour notre propre santé avec des légumes "naturels" certes, mais pourris de nitrates :angryfire:

Mes excuses pour la longueur mais j'aime faire comprendre pourquoi "telle pratique est bonne ou mauvaise" (plutôt que d'assener des certitudes mal partagées)... y ai-je réussi :?:
à+
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aloune
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Re: Comment "mieux" nourrir ses légumes ?

Message par aloune »

aygues31 a écrit :
aloune a écrit : les apports d'azote sous forme minérale ont pour effet de booster le développement des micro-organismes, qui vont dévorer la matière organique
Il n'y a pas de différence entre l'azote apporté par les "engrais minéraux" et celui des "engrais organiques",

Si. Il y a une différence, et des impacts potentiellement désastreux sur les sols. L'azote apporté sous forme minéral ne sert pas qu'aux plantes. Il a surtout un impact sur les micro-organismes du sol, qui ont un impact sur la matière organique du sol, etc. Il faut que tu te renseignes à ce sujet.
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Re: Comment "mieux" nourrir ses légumes ?

Message par aygues31 »

aloune a écrit : L'azote apporté sous forme minéral a surtout un impact sur les micro-organismes du sol, qui ont un impact sur la matière organique du sol
Nous sommes ici "au coin du potager".

L'important à mes yeux est de discuter autour du bon usage des apports de fertilisants qu'ils soient organiques ou minéraux.
Cela veut dire :
- comprendre ce que contiennent ces fertilisants,
- comment et quand les apporter dans nos potagers en toute intelligence,
- comment calculer ce dont ont besoin nos légumes pour limiter au strict nécessaire les minéraux que l'on souhaite rajouter à la fertilité naturelle de nos jardins.

Nous ne sommes pas dans un espace "bio" ou "au jardin naturel" pour justifier le non emploi des engrais minéraux en se convaincant que cette forme de fertilisation est néfaste à la vie du sol.

C'est d'ailleurs complètement faux parce que tu confonds les effets d'un usage "raisonné et "raisonnable" des engrais minéraux avec les effets cumulatifs des mauvaises pratiques de la culture conventionnelle, à savoir :

:mrgreen: les labours profonds qui perturbent la faune du sol (entre horizons plus ou moins oxygénés) et surtout favorisent l'oxydation (et donc la disparition) de la matière organique.

:mrgreen: le non retour de matières organiques par disparition des élevages (on n'a plus de fumiers à épandre) et l'exportation des résidus de récoltes (on emballe et enlève les pailles) pour ne pas avoir à les enfouir et travailler ainsi plus vite.

:mrgreen: l'usage excessif des engrais minéraux afin de maximiser les rendements, excès qui vont aussi contribuer à la disparition de la MO (indispensable à la vie d'un sol)

Sachons entretenir le taux de matières organiques de nos potagers ... alors l'usage "raisonné et raisonnable" des engrais minéraux ne posera aucun problème.
Quand on a dit cela, c'est bien (pour moi) mais ... faut-il le faire. :top:

Encore une fois, les formes "organiques" tant de l'azote, que du phosphore et que de la potasse, sont des formes que les racines des plantes sont incapables d'utiliser.
Ce sont les bactéries qui vivent intimement liées à la matière organique, avec le carbone (comme carburant) et l'azote (comme aliment) qui vont réaliser ce passage de la forme organique (le stockage) à la forme minérale (l'aliment des plantes).

Tout le secret d'une terre vivante n'est pas dans le non usage des engrais minéraux mais dans le maintient d'un stock de matières organiques suffisant.
Quand on aura compris cela et fait ce qu'il faut au jardin pour l'obtenir ... on aura fait un très grand pas.

Maintenant, si tu as des écrits sérieux et argumentés (et pas de simples affirmations) à nous proposer sur les effets néfastes des engrais minéraux sur la vie du sol, je te propose d'en mettre le lien "au jardin naturel" et de nous inviter à y aller pour les lire.

Ici, nous sommes "au coin du potager" avec des lacunes évidentes dans nos connaissances mais prêts à les combler par cette lecture dans un espace où je n'ai pas encore trouvé une telle information.
à+
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aloune
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Re: Comment "mieux" nourrir ses légumes ?

Message par aloune »

aygues31 a écrit :Maintenant, si tu as des écrits sérieux et argumentés (et pas de simples affirmations) à nous proposer sur les effets néfastes des engrais minéraux sur la vie du sol, je te propose d'en mettre le lien "au jardin naturel" et de nous inviter à y aller pour les lire.
Ici par exemple: http://www.grain.org/article/entries/73 ... e-la-terre
EXTRAITS:
L’efficacité décroissante des engrais industriels n’est pas une surprise en soi. En effet, les experts en sols et les paysans ont toujours su que les engrais industriels épuisent la fertilité du sol en détruisant la matière organique. Quand on applique des engrais chimiques, les éléments nutritifs solubles deviennent immédiatement disponibles en grande quantité, provoquant une vague d’activité et de multiplication microbiennes. Toute cette activité microbienne à son tour accélère la décomposition de la matière organique
(...)
Quand les substances nutritives provenant des engrais se raréfient, la plupart des micro-organismes meurent et la teneur en matière organique du sol diminue. Comme ce processus est à l’œuvre depuis des dizaines d’années et qu’il est aggravé par les labours, le taux de MOS baisse.
(...)
Au fur et à mesure que les sols perdent de la matière organique, ils se tassent et leur capacité d’absorption de l’eau et de rétention des éléments nutritifs se réduit. Les racines y poussent moins bien et ont plus de mal à absorber les éléments nutritifs ; ceux-ci disparaissent plus facilement du sol et il reste moins d’eau disponible dans le sol pour la croissance des végétaux. Finalement, l’utilisation des éléments nutritifs provenant des engrais devient de moins en moins efficace et la seule façon de contrecarrer ce manque d’efficacité est d’augmenter les doses d’engrais, comme on le constate partout dans le monde. Cependant, multiplier les applications ne fait qu’aggraver le problème. Manque d’efficacité et destruction du sol s’accélèrent. On entend souvent les agriculteurs biologiques dire qu’ils se sont tournés vers l’agriculture biologique, parce qu’ils avaient pendant des années utilisé beaucoup d’engrais et que leurs rendements s’étaient écroulés.

AUTRE EXTRAIT:
La mentalité NPK : sols appauvris et nourriture médiocre
Nous savons désormais que dans un sol sain, les plantes absorbent entre 70 et 80 minéraux différents, alors que la plupart des engrais industriels n’en amènent que quelques-uns. Le chimiste allemand Justus von Liebig a mené des expériences dans lesquelles il a analysé la composition des plantes, pour essayer de comprendre quels éléments étaient essentiels pour la croissance. Avec ses appareils assez primitifs, il n’en avait identifié que trois : l’azote, le phosphore et le potassium, connus sous les symboles chimiques N, P et K. Quoique von Liebig ait plus tard reconnu que les plantes contenaient bien d’autres minéraux, ses expériences ont servi de fondement à une industrie agrochimique lucrative qui vend des engrais NPK aux agriculteurs, en leur faisant miroiter des augmentations de rendements miraculeuses. Ces engrais NPK ont indéniablement révolutionné l’agriculture, mais le prix à payer a été la dégradation tragique de la qualité des sols et de notre nourriture.
En 1992, le rapport officiel du Sommet de la Terre de Rio concluait : « Il est extrêmement inquiétant de constater le déclin continu de la teneur en minéraux du sol dans les fermes et les prairies partout dans le monde » Cette déclaration s’appuyait sur des données montrant qu’au cours des cent dernières années, le taux moyen de minéraux dans les sols agricoles avait beaucoup diminué dans le monde, et avait baissé de 72 % en Europe, de 76 % en Asie et de 85 % en Amérique du Nord. Ceci est dû principalement au fait que les engrais chimiques artificiels ont été massivement utilisés, à la place de méthodes plus naturelles encourageant la fertilité du sol. (...)

Tout ceci explique pourquoi la plus grande partie de la nourriture que nous mangeons est déficiente en minéraux. En 1927, des chercheurs du King’s College de Londres ont commencé à étudier le contenu nutritionnel de l’alimentation. Leurs analyses ont été répétées depuis à intervalles réguliers, nous fournissant un tableau unique des changements de composition de notre nourriture au cours du siècle dernier. Les chiffres ci-dessous résument les résultats alarmants des études du King’s College : Notre alimentation a perdu entre 20 et 60 % de ses minéraux.

voir le tableau dans le lien - Réduction de la teneur moyenne en minéraux des fruits et légumes au Royaume-Uni entre 1940 et 1991


(...)
Tiré de : Marin Hum, “Soil mineral depletion”, in Optimum nutrition, Vol. 19, No. 3, Autumn 2006.
Regarde aussi ici:
http://www.labonnepage.com/zsolfor.html
Mes petit et grand potagers 2018: viewtopic.php?f=65&t=189376

Mes listes de recherche et d'échange pour un potager nourricier: viewtopic.php?f=4&t=185758
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aygues31
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Re: Comment "mieux" nourrir ses légumes ?

Message par aygues31 »

Bonsoir Aloune,
Je t'avais demandé des "écrits sérieux" et tu me mets un lien qui a pour titre :
<< La mentalité NPK : sols appauvris et nourriture médiocre >>

On a compris le genre ... merci :paix:

Ce message a été modéré par Alain, motif: Aloune a répondu courtoisement à ta demande d'écrit

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Re: Comment "mieux" nourrir ses légumes ?

Message par jardiniere31 »

dès lundi,je cours m'inscrire à un cours de biologie sinon,je crains de ne plus savoir faire mon potager tellement il faut de science pour cultiver ses salades :top:
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Re: Comment "mieux" nourrir ses légumes ?

Message par ker-asie »

jardiniere31 a écrit :dès lundi,je cours m'inscrire à un cours de biologie sinon,je crains de ne plus savoir faire mon potager tellement il faut de science pour cultiver ses salades :top:
excellent :lol: :veryhappy: :top:
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Re: Comment "mieux" nourrir ses légumes ?

Message par aygues31 »

:D :D :D
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Re: Comment "mieux" nourrir ses légumes ?

Message par ker-asie »

aygues31
Puisque, vous êtes assez calé dans le domaine voilà l'engrais que j'utilise au minuscule potager que je possède et au jardin d'ornement pour ma collection d'arbustes
13/7/18+ S ; que vaut -il ,pour vous et quels sont ces défauts
merci
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Re: Comment "mieux" nourrir ses légumes ?

Message par aygues31 »

ker-asie a écrit : voilà l'engrais que j'utilise 13/7/18+ S ...que vaut -il ... ?
Bonjour ker-asie,
calé :?: non, j'aime bien comprendre ce que je fais, sans obéir à des conseils dont la pertinence n'a pas été vérifiée par celui qui les donne et, parfois, fondés sur des aprioris simplistes et qui se révèlent erronés.

Ton engrais est ce qu'on appelle un "ternaire" car il apporte en une seule fois les 3 composés majeurs qui entrent dans la nutrition des plantes.
Le "13" c'est de l'azote. Tu dois trouver, en plus, sur l'étiquette le "% de 13" apporté par la partie immédiatement utilisable (uréique) et la partie qui va se dégrader plus lentement (ammoniacale)

Si tu connais les besoins de tes plantes, sache que 1 g. de cet engrais va apporter 13 g. d'azote, 7 g. de phosphore et 18 g. de potasse + du soufre.

:roll: Pour le 13 d'azote : C'est un chiffre "moyen-fort" qui va plutôt faire "pousser" que "fructifier".
Il ne faudrait pas en mettre au pied des arbustes plus de 15 grammes par plante et par an (à apporter en 3 à 4 fois dans l'année).

:roll: Pour le 7 de phosphore : C'est un bon chiffre. Les besoins des plantes tournent autour de cela, par an, en épandant 15 g. par m² par an, au total, tant pour les plantes d'ornement qu'au potager.
Cette dose ira très bien pour les aubergines, concombres, tomates et pommes de terre.

:roll: Pour le 18 de potasse : en épandant 15 g./m², tu vas apporter autour de 15x18= 270 unités de potasse par hectare.
C'est fort mais cela correspond aux besoins des tomates et des arbres fruitiers.
Cette potasse est un minéral qui va aider tes plantes à résister aux maladies et permettre aux fruits d'avoir du goût.

C'est donc un bon produit, un peu "passe partout".
N'en met pas trop à la fois et apporte de la matière organique ... tu as tout ce qu'il faut pour être satisfait des résultats de ton "petit jardin" comme tu nous le dis.
Bon dimanche
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Re: Comment "mieux" nourrir ses légumes ?

Message par Solanhom »

Bonjour

En général ces engrais passe partout sont très bons pour débuter, on ne fait pas trop de calcul,, le fabricant indique pour quelle surface le sac doit être utilisé.

Mais comme l'azote se lessive vite alors que les ions P et K sont très peu mobiles, il est préférable de séparer les deux fertilisations (d'où l'impossibilité qu'un produit miracle existe) : engrais de fond à localiser là où viendront les racines (PK mais aussi Mg et S) donc bien incorporé dans le sol forcément quand il n'y a pas encore de culture, et engrais à majorité de N apporté juste avant la culture et en deux fois après, pendant la période de pousse.

Avec un ternaire, soit on apporte l'azote trop en profondeur et une partie est perdue car lessivée par les pluies vers les nappes, soit on ne localise pas assez en profondeur la potasse et le phosphore et ces ions peu mobiles sont peu accessibles aux racines (cas de l'apport à la volée ou du griffage très superficiel).

Un exemple de fertilisation qui tire profit de la séparation de l'azote et du reste des éléments : lors de la mise en place d'engrais vert, de fumier ou autre en automne hiver ou peut apporter P et K (Mg et S aussi) et retourner quelques temps après son potager ; lors de la préparation printanière de son potager, on incorpore alors superficiellement l'engrais à dominance azotée, de l'engrais "gazon" par exemple.

On a alors à la fois une bonne répartition des ions phosphore et potasse, là où seront les racines (donc pas besoin d'en apporter beaucoup) et on a des apports d'azote qui nourrissent les plantes quand elles en ont besoin.

Il est illusoire de penser qu'en faisant un gros apport d'azote sous forme minérale ou organique au pif, la plante va prendre ce qu'il lui faut, que l'azote sera présent exactement à la bonne quantité sans avoir calculé l'apport et que le reste ne partira pas dans la nappe : si l'apport est massif et unique, on a à la fois trop d'azote d'où pollution, mais aussi un risque de manque sur le long terme.

Pour ceux que la pollution azotée préoccupe, il est important de ne pas apporter d'azote assimilable à contre temps, pendant les mois où la végétation est au repos (de la fin de l'été au printemps, en gros). Pour l'azote sous forme organique, il faut lui ajouter des déchets carbonés pour ralentir voire inverser la cession d'azote durant les mois sans culture.

Cette période de repos (enfin, pas sous terre) est donc propice à de faibles apports d'azote toujours doublé d'apport de carbone (fumier très pailleux, etc.) pour ralentir et reporter le moment où de l'azote minéral sera rendu au sol.

Chose dont on parle très peu généralement : il faut savoir que tout sol produit ses propres nitrates par minéralisation de l'humus du sol. L'apport d'azote minéral par le jardinier est au total inférieur à la quantité que le sol en produit au long de l'année par un sol bien formé (argile, sable, matière organique) et bien travaillé, la différence c'est que l'azote apporté par le jardinier l'est pile au bon moment, c'est une variable d'ajustement très importante du jardinage, sa maîtrise permet le rendement en évitant la pollution azotée.

Les professionnels analysent les feuilles et le sol pour savoir quand et combien apporter d'azote, nous jardiniers amateurs, gardons à l'esprit 3 choses importantes : connaître ce que va consommer une culture (confer messages du début) et tenir compte de l'apport dû à la matière organique ; avoir saisi la nécessité de fractionner les apports ; n'apporter de l'azote que lorsque la plante en a besoin.

Ceux qui ironisent sur la nécessité de calculer font donc tout au pif ? Des manques, des surdosages, des apports à contre temps ils se fichent donc. Si cela les fait marrer, ils n'ont qu'à ouvrir un bouquin consacré à la fertilisation, ils vont rire tout le long.

Merci donc à Aygues pour avoir ouvert ce sujet ; ce devrait être un sujet transversal, abordé un peu de partout mais force est de reconnaître qu'aborder les basiques est finalement un comportement courageux.
Consultez e-phytia site de l'INRA sur les maladies des tomates ; e-phy pour les produits phyto et leurs usages.
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Re: Comment "mieux" nourrir ses légumes ?

Message par aygues31 »

Solanhom a écrit : Ceux qui ironisent sur la nécessité de calculer font donc tout au pif ?
C'est évident et incompréhensible car les personnes les plus virulentes à l'égard de ces calculs (pourtant pas bien compliqués) sont aussi celles qui hurlent à la pollution en lisant NPK et engrais minéraux.

Toutefois, pouvoir calculer les apports de fertilisants au jardin demande d'avoir d'abord compris comment la plante se nourrissait.
On entre alors dans la chimie (par le plus petit bout, quand même) et on doit manier la règle de trois (sans se planter) et là ...
.... beaucoup démissionnent.
:pastop:

On prend alors pour excuse que le plaisir de faire pousser ses légumes n'est pas compatible avec tous ces calculs (et on rajoute "savants" ... pour que le rejet soit encore plus fort)

Le résultat de cette approche un peu simpliste au potager est qu'on peut alors lire des messages du genre << tu mets 15 à 20 cm de fumier sur le potager en fin de saison, et tu l'incorporeras au printemps, avec ça tu auras de beaux légumes, >> à lire ICI

Restons positifs :fete: ... quand on se fait pas insulter ... ça passe encore. :top:
Solanhom a écrit : Si cela les fait marrer, ils n'ont qu'à ouvrir un bouquin consacré à la fertilisation, ils vont rire tout le long.

Parce que tu penses que les détracteurs de ces conseils ont ouvert un bouquin sur la fertilisation :!:
Tu rigoles :lol: c'est pour eux "l'ancienne école" et l'incapacité d'aller plus loin que ses acquis.
Mais, passons, ce n'est pas le sujet.
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Re: Comment "mieux" nourrir ses légumes ?

Message par rebelle »

Solanhom a écrit :Bonjour

Avec un ternaire, soit on apporte l'azote trop en profondeur et une partie est perdue car lessivée par les pluies vers les nappes, soit on ne localise pas assez en profondeur la potasse et le phosphore et ces ions peu mobiles sont peu accessibles aux racines (cas de l'apport à la volée ou du griffage très superficiel).

Peut-on espérer qu'en non travail du sol, les vers de terre et cie déplacent les ions P et K au niveau des racines aussi bien que le labour ?
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Re: Comment "mieux" nourrir ses légumes ?

Message par aygues31 »

rebelle a écrit : Peut-on espérer qu'en non travail du sol, les vers de terre et cie déplacent les ions P et K au niveau des racines aussi bien que le labour ?
Bonjour rebelle,
La mobilité des ions P et K n'est que de quelques cm dans le sol.
Fixés sur les argiles, ils se libèrent dans la solution du sol qui, elle, est assez mobile.
Toutefois, ce sont les racines qui doivent aller "chercher" les éléments minéraux plus que la faune du sol qui va les "amener".

Tu as un très bon papier sur ce sujet pour les ions K+.
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Re: Comment "mieux" nourrir ses légumes ?

Message par ker-asie »

aygues31 a écrit :
ker-asie a écrit : voilà l'engrais que j'utilise 13/7/18+ S ...que vaut -il ... ?
Bonjour ker-asie,
calé :?: non, j'aime bien comprendre ce que je fais, sans obéir à des conseils dont la pertinence n'a pas été vérifiée par celui qui les donne et, parfois, fondés sur des aprioris simplistes et qui se révèlent erronés.

Ton engrais est ce qu'on appelle un "ternaire" car il apporte en une seule fois les 3 composés majeurs qui entrent dans la nutrition des plantes.
Le "13" c'est de l'azote. Tu dois trouver, en plus, sur l'étiquette le "% de 13" apporté par la partie immédiatement utilisable (uréique) et la partie qui va se dégrader plus lentement (ammoniacale)

Si tu connais les besoins de tes plantes, sache que 1 g. de cet engrais va apporter 13 g. d'azote, 7 g. de phosphore et 18 g. de potasse + du soufre.

:roll: Pour le 13 d'azote : C'est un chiffre "moyen-fort" qui va plutôt faire "pousser" que "fructifier".
Il ne faudrait pas en mettre au pied des arbustes plus de 15 grammes par plante et par an (à apporter en 3 à 4 fois dans l'année).

:roll: Pour le 7 de phosphore : C'est un bon chiffre. Les besoins des plantes tournent autour de cela, par an, en épandant 15 g. par m² par an, au total, tant pour les plantes d'ornement qu'au potager.
Cette dose ira très bien pour les aubergines, concombres, tomates et pommes de terre.

:roll: Pour le 18 de potasse : en épandant 15 g./m², tu vas apporter autour de 15x18= 270 unités de potasse par hectare.
C'est fort mais cela correspond aux besoins des tomates et des arbres fruitiers.
Cette potasse est un minéral qui va aider tes plantes à résister aux maladies et permettre aux fruits d'avoir du goût.

C'est donc un bon produit, un peu "passe partout".
N'en met pas trop à la fois et apporte de la matière organique ... tu as tout ce qu'il faut pour être satisfait des résultats de ton "petit jardin" comme tu nous le dis.
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merci pour la réponse
le potager se limitant à trois pieds de courgettes, une vingtaine de plant de pomme de terre , et deux planches de salade en repiquage décalé pour une consommation tout au long de la saison , donc ce type d'engrais allié au fumier de lapin et de poulet (production maison) me convient, et pour le jardin d'ornement j'ai déjà remarqué les avantages et les inconvénients; mais en le dosant savamment, j'obtiens de bon résultat sur la plupart des arbustes de ma collection (156 variétés, beaucoup venant d'Asie)
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Re: Comment "mieux" nourrir ses légumes ?

Message par ro-zanna »

rebelle a écrit :
Solanhom a écrit :Bonjour

Avec un ternaire, soit on apporte l'azote trop en profondeur et une partie est perdue car lessivée par les pluies vers les nappes, soit on ne localise pas assez en profondeur la potasse et le phosphore et ces ions peu mobiles sont peu accessibles aux racines (cas de l'apport à la volée ou du griffage très superficiel).

Peut-on espérer qu'en non travail du sol, les vers de terre et cie déplacent les ions P et K au niveau des racines aussi bien que le labour ?
En voilà une bonne question Rebelle! :wink:
Posée en ces termes, il faudrait peut-être s'intéresser à la composition des turricules pour avoir une idée quelque peu fiable de la faible mobilité des macro éléments. :mrgreen:
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Re: Comment "mieux" nourrir ses légumes ?

Message par aygues31 »

ro-zanna a écrit : il faudrait peut-être s'intéresser à la composition des turricules
C'est vrai que c'est absolument fondamental, en particulier pour la pousse des radis, en pleine lune :lol:
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